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Les attentats d'OSLO30 juillet 2011 |
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Attentats d'Oslo : chronologie d'un drame Vendredi en milieu d’après-midi à Oslo, une voiture piégée explose en plein cœur du quartier officiel, à proximité immédiate de l'immeuble abritant le siège du Premier ministre norvégien, absent à ce moment-là, et d'un autre immeuble occupé par la rédaction du plus grand tabloïde norvégien, le Verdens Gang. L’explosion a été entendue à des kilomètres à la ronde. Elle a soufflé les fenêtres du bureau du Premier ministre et l'imposante tour brune était endommagée sur toutes ses façades, ce qui permettait littéralement de voir de part en part du bâtiment. "Il y a du verre partout. C'est le chaos total. Les fenêtres de tous les immeubles environnants ont été soufflées", a commenté une journaliste de la radio publique NRK présente sur place. Un porte-parole de la police a rapidement appelé les habitants d'Oslo à "éviter les grands rassemblements" et à rentrer chez eux. Le quartier a été entièrement bouclé et des chiens renifleurs ont passé l'endroit au peigne fin à la recherche d'autres explosifs éventuels tandis que des pompiers luttaient contre les flammes dans un paysage de désolation urbaine. On parle de "plusieurs dizaines" de personnes hospitalisées pour des blessures plus ou moins graves. Une heure après l'explosion dont la police a été alertée à 15H26, les sirènes des secours retentissaient encore dans la capitale norvégienne. |
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Courriers Humour |
Une fusillade dans un meeting travailliste Peu après, vers 16h50, un homme armé d’un fusil automatique déguisé en policier ouvre le feu dans un meeting de la jeunesse travailliste à Utoeya, une île en grande banlieue d'Oslo. Pendant 45 minutes l’homme tire sur les jeunes, tous âgés entre 14 et 20 ans. Le Premier ministre Jens Stoltenberg devait initialement s’y rendre. L'homme s'est introduit dans le camp en prétendant vouloir s'assurer de la sécurité des participants après l'explosion d'Oslo et a tiré sur les participants. L'unité spéciale de la police ne serait arrivée sur place que vers 18h25. Le chef du district de police estime qu'il a fallu 45 minutes aux forces de l'ordre pour atteindre le lac. Elles n'ont pas pris d'hélicoptère pour rejoindre l'île car il n'y en avait pas de disponible. Lorsque les agents de police arrivent finalement, des dizaines de jeunes sont déjà morts ou gravement blessés. Le tireur s'est alors directement rendu sans que plus aucun coup de feu ne soit tiré. La police locale n'a reçu l'information sur la fusillade à 17h27 et l'auteur fut maîtrisé à 18h27, selon le chef de police. "Nous sommes partis dès que nous avons eu la nouvelle. Nous avons, en outre, demandé l'assistance de la police d'Oslo qui dispose d'une unité spéciale", a-t-elle affirmé. Vers 19 heures la presse norvégienne annonce que l'auteur de la fusillade a été arrêté. A cette heure, on parle de 4 ou 5 morts suite à la fusillade… La thèse d’un double attentat commence également à être évoquée. La police norvégienne redoute que des explosifs aient été placés sur l'île. Ces craintes s'appuient sur des témoignages recueillis auprès de des participants au camp visé par la fusillade. Certains des quelque 600 jeunes présents ont tenté de s'enfuir à la nage en se jetant à l'eau. Celui-ci leur a néanmoins tiré dessus alors qu'elles s'enfuyaient à la nage."J'ai reçu un SMS qui disait: "Ca tire, je me cache"", a raconté le compagnon d'une des jeunes filles participant à l'université d'été. A 22 heures, la police fait état de 10 morts et sept blessés sur l’île norvégienne. Vers 23 heures, le Premier ministre annonce qu’un norvégien de 32 ans, Anders Behring Breivik, a été arrêté. Il a été entendu par la police. Il déclare également que sept personnes sont mortes dans l'explosion d'une bombe près du siège du gouvernement et qu’"environ dix" autres sont gravement blessées. "Plusieurs de nos jeunes sont morts et plusieurs autres sont portés disparus", dit-il en évoquant la fusillade. La police annonce ensuite que des explosifs non détonés ont été retrouvés sur l'île d'Utoeya. L'homme est vraiment lié aux deux attaques, selon les enquêteurs qui disent ne toujours pas savoir s'il a agi seul. La Norvège s’éveille dans l’horreurSamedi matin, le bilan fait état de 80 morts suite à la fusillade. Sept personnes ont été tuées et neuf autres grièvement blessées dans l’explosion de la bombe en plein cœur du quartier officiel d’Oslo. Les Etats-Unis, l'Otan et l'Union européenne et de nombreux pays ont condamné l'explosion et adressé leurs condoléances. Le suspect est islamophobe et chrétien Les éléments postés par le suspect sur internet laissent penser qu'"il a certains traits politiques penchant vers la droite et antimusulmans mais il est trop tôt pour dire si cela a été un motif pour son geste", déclare le commissaire de police Sveinung Sponheim. Sur son profil Facebook, l'homme se décrit comme "conservateur", "chrétien", célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux vidéo tels que "World of Warcraft" et "Modern Warfare 2". Le bilan grimpe à 91 morts Vers 10 heures samedi, la police norvégienne relève 91 le nombre de morts dans les deux attaques sanglantes perpétrées la veille à Oslo. Au moins 84 personnes sont mortes dans la fusillade et sept autres ont péri dans l'explosion d'une bombe. Des rescapés de la fusillade, certains blessés, ont été rassemblés dans l'hôtel de Sundvollen, non loin de l'île. "Certains jeunes sont blessés, avec des problèmes aux jambes ou des coupures", précise un porte-parole de la police. "Leurs proches, leurs parents, leurs frères et soeurs sont ici et parlent de l'épisode d'hier", dit-il, en indiquant qu'ils étaient soutenus par des pasteurs et des psychologues. Quatre ou cinq personnes toujours portées disparues Dimanche, un des blessés de la fusillade sur l'île d'Utoeya est décédé à l'hôpital, le bilan s’élève à 93 morts. La peine maximale est de 21 ans de prison en Norvège, ce qui a conduit certaines voix à se prononcer sur internet pour un rétablissement provisoire de la peine de mort Une minute de silence La famille royale norvégienne, le chef de gouvernement et des milliers d'anonymes ont observé une minute de silence à midi précise en hommage aux 93 morts du carnage. Par solidarité, les autres pays nordiques ont aussi appelé leurs citoyens à respecter une minute de silence. Un bilan revu à la baisse Lundi soir, le bilan est ramené à 76 morts par la police qui faisait auparavant état de 93 morts. Le nombre de morts dans la fusillade a été ramené à 68 contre 86 jusqu'à maintenant, des corps ayant été comptés plusieurs fois par erreur, et celui de l'attentat à la bombe contre le siège du gouvernement a été relevé à huit morts au lieu de sept. Le Vif.be, avec Belga |
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«Anders Breivik est un nouvel avatar du terrorisme global»
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Une démarche « rationnelle » dans les massacres en Norvège !?28 juillet 2011 : http://michellemeyerpol.canalblog.com/archives/2011/07/28/21694948.html Reçu Par Michelle Meyer d’Alfred Zimmer le texte ci-dessous auquel elle a ajouté quelques précisions. Le 24 juillet les agences de presse font connaitre une vidéo, publiée par le suspect le jour des massacres, Elle le montre sur une photo en position de tir avec un fusil d'assaut sur lequel est écrit « chasseur de marxistes ». Son manifeste de 1 500 pages, finalisé et publié le même jour, contient de violentes diatribes « contre l'islam, le marxisme et le multiculturalisme ». Il précise : « Avant de commencer notre Croisade, nous devons faire notre devoir en décimant le marxisme culturel". Or sont qualifiés de « marxistes » par la plupart des extrémistes de droite, tous ceux qui sont à leur gauche. Pour cet extrémiste norvégien, cette lutte passait par "décimer" les jeunes travaillistes norvégiens et le gouvernement en place ! « C’était un acte cruel mais nécessaire » a-t-il déclaré. « Le Parti du Progrès » (FrP), une formation de la « droite populiste » norvégienne, a déclaré que le suspect avait adhéré au parti de 1999 à 2006. Ce dernier reprochait à son ancien parti de ne pas lutter contre «le multiculturalisme»... ! Le suspect avoue ses massacres à l’explosif et aux armes de guerre qu’il manie avec calme, d’après les témoins. Il préparait l’opération depuis 2009. Si certains le traitent « d’illuminé », malgré sa minutie et sa constance, il n’a pas été illuminé spontanément en dehors du contexte. Combien de coups d'Etats et de guerres ont été organisés par les néolibéraux (ou néoconservateurs) depuis 1973 avec Pinochet au Chili, en passant par Tatcher, Reagan, Bush père et fils, Eltsine, Ten Tsiao Ping, les Présidents français... |
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Terrorisme en Norvège: la religion d'Anders BreivikJean-François Mayer 28 Jul 2011 Dans les heures qui ont suivi l'arrestation d'Anders Breivik, l'auteur des attentats commis en Norvège le 22 juillet 2011 s'est trouvé qualifié de "chrétien fondamentaliste". L'examen des textes qu'il a rédigés laisse apparaître une image très différente. Quelles sont donc ses croyances religieuses?
Dans un article publié sur un autre site, nous avons procédé à une analyse préliminaire assez détaillée de l'idéologie et des motivations de Breivik ainsi que de son cheminement vers l'attentat d'Oslo et la tuerie sur l'île d'Utoeya. Nous y renvoyons les lecteurs pour une vue d'ensemble. Le présent article se concentre exclusivement sur la question religieuse: le terroriste était-il chrétien et des motivations religieuses l'ont-elles conduit à commettre ses actes? Comme toujours sur ce site, l'analyse s'efforce d'être factuelle, sans entrer en matière sur la question de ce qu'est une bonne ou une mauvaise interprétation d'une religion. Comme nous l'avons expliqué dans l'article plus général sur l'idéologie de Breivik, celui-ci a la vision d'un ordre de nouveaux templiers, "chevaliers justiciers", qui sauveraient l'Europe et exécuteraient les "traîtres". Mais nul besoin pour eux d'être de fervents croyants: "Si vous voulez combattre pour la croix et mourir sous la 'croix des martyrs', vous devez être un chrétien pratiquant, un chrétien agnostique ou un chrétien athée (chrétien culturel)." (p. 1362) "Il suffit d'être un chrétien agnostique ou un chrétien athée (un athée qui veut préserver au moins les fondements de l'héritage culturel chrétien européen: fêtes chrétiennes, Pâques et Noël). (p. 1363) L'ennemi religieux principal est évidemment l'islam, même si Breivik, qui s'efforce de penser stratégiquement, estime qu'il n'y a pas de sens à s'en prendre à des cibles musulmanes et qu'il faut plutôt éliminer les "traîtres" en Europe afin de prendre le pouvoir et de résoudre ensuite le problème musulman. Mais, comme nous l'avons observé, il manifeste quelques traits de mimétisme par rapport à des courants djihadistes, en reprenant des expressions telles que "opérations de martyre", ou en donnant des instructions précises pour laisser des photographies avantageuses des combattants avant de lancer une opération (pour des objectifs de relations publiques), exactement comme le font des djihadistes avant un attentat suicide. Et de même que la littérature djihadiste prend grand soin de distinguer l'"opération de martyre" du suicide, Breivik procède à la distinction entre le martyre du chevalier justicier (qu'il pense destiné un jour à devenir objet de vénération dans les églises) et le suicide, strictement interdit: ces raisonnements ne sont pas sans rappeler des arguments que l'on lit dans la littérature djihadiste (p. 1348-1350). Il ne fait pas de doute que la sensibilité de Breivik exprime un conservatisme, voire un traditionalisme sur le plan religieux. Et sa critique du protestantisme — qu'il l'ait rédigée lui-même ou, plus probablement, empruntée partiellement à d'autres auteurs — ne se limite pas aux aspects extérieurs, mais touche aussi des éléments de doctrine et de philosophie. Néanmoins, ce qui transparaît à travers tout le texte est que la cause qu'il met en avant est politique. Il adhère au christianisme essentiellement en tant que partie intégrante de l'héritage culturel européen, mais ce n'est nullement la religion qui le guide dans ses actions ou les justifie. Certes, il consacre six pages à expliquer que la Bible justifie l'autodéfense (puisque, à ses yeux, ses actes relèvent de l'autodéfense): mais les nombreux versets bibliques cités ne sont pas le fruit d'une étude personnelle des Saintes Ecritures, il a simplement repris ces informations sur quelques sites (pp. 1329-1335). Nous ne trouvons pas ici face à un croyant qui sonde anxieusement la Bible pour y trouver réponse à ses interrogations. Probablement résume-t-il le mieux son approche en écrivant: "Moi-même et beaucoup d'autres comme moi n'ont pas nécessairement une relation personnelle avec Jésus-Christ et avec Dieu. Nous croyons cependant dans le christianisme en tant que plateforme culturelle, sociale, identitaire et morale. C'est ce qui fait de nous des chrétiens." (p. 1309) "La chrétienté est après tout le principal facteur qui unit les Européens." (p. 1139) Avec son ordre de nouveaux templiers "justiciers", Breivik veut créer une structure d'action clandestine, pas un groupe religieux. Si Breivik se considère comme chrétien, il se montre avant tout intéressé par la religion pour son rôle au service du projet de sauvetage et de reconstruction de l'Europe. En outre, il subordonne la place sociale de la religion aux impératifs politiques qui l'emportent sur toute autre considération. Sa vision même d'une Eglise chrétienne unie à venir reflète cette subordination de la religion à des objectifs politiques: elle n'est pas sans rappeler — analogiquement, car ce n'est pas une inspiration pour Breivik — certains rêves nationaux-socialistes d'une "Eglise allemande" dont la théologie aurait été entièrement soumise aux orientations idéologiques et aux projets politiques du régime. Il déclare sans ambiguïté: "notre future Eglise européenne reflétera nos doctrines politiques", en ajoutant que la vision du monde chrétienne devra s'aligner sur les doctrines nationalistes (p. 1138) Cela n'a donc guère à voir avec du "fondamentalisme", quelle que soit la définition donnée de celui-ci. L'idéologie de Breivik ne se fonde pas sur des Ecritures ou un corps de doctrines religieuses considérées comme infaillibles et règles absolues au-dessus de toutes les règles humaines. Sur le rapport entre Eglise et science, il explique qu'il est "essentiel que la science jouisse d'une prééminence indiscutée sur les enseignements bibliques. L'Europe a toujours été le berceau de la science et il doit toujours en rester ainsi." (p. 1405) De même, comme l'a souligné Massimo Introvigne, on n'imagine guère qu'un fondamentaliste chrétien puisse être en même temps franc-maçon. Même en utilisant une définition plus large du fondamentalisme (en tant qu'idéologie de type politico-religieux), Breivik subordonne au contraire clairement la religion à sa vision politique. La religion n'est pas au cœur de son projet: certes, elle est destinée à occuper une place d'honneur, mais appelée à servir une vision politique, sans autre influence sur les affaires publiques que celle que l'Etat voudra bien lui accorder. Si nous pouvons donc rejeter l'étiquette de "fondamentaliste chrétien" pour décrire Breivik, peut-on en revanche le qualifier de "terroriste chrétien"? Cette question est plus délicate. Elle a été soulevée — avec une réponse affirmative — dans un commentaire écrit par un éminent spécialiste de la violence religieuse, Mark Juergensmeyer. Reprenant son modèle de la violence religieusement motivée comme hissant un conflit au niveau d'une guerre cosmique, Juergensmeyer estime que, chez Breivik, "derrière le conflit terrestre, il y avait une guerre cosmique, une bataille pour la chrétienté" — chrétienté plus que christianisme, en effet. Certes, concède Juergensmeyer, Breivik est beaucoup plus préoccupé par la politique et l'histoire que par les croyances religieuses. Mais, ajoute-t-il, on pourrait dire la même chose de Ben Laden, de Zawahiri et d'autres activistes islamistes: "Si Ben Laden est un terroriste musulman, Breivik [sûrement] un [terroriste] chrétien." L'observation mérite réflexion. Elle interpelle; pourtant, le parallèle n'est pas entièrement convaincant. Il y a une nuance, car le discours ne semble pas au même niveau. Il est exact que bien des propos de Zawahiri, par exemple, évoquent plus l'activiste politique que le doctrinaire religieux, malgré les occasionnelles citations de versets du Coran. Mais Ben Laden ou Zawahiri font de l'islam tel qu'ils le comprennent l'axe de leur combat: c'est au nom de l'islam et des musulmans qu'ils se lèvent. L'essentiel du discours de Breivik ne fait pas appel au christianisme, mais à l'Europe: cependant, la chrétienté est indissolublement liée à l'existence de celle-ci — dans un sens culturel, pas nécessairement religieux. Le combattant djihadiste est pieux: tous les récits des vies de "martyrs" du djihad insistent sur ce point. Le combattant tel que l'envisage Breivik est aussi déterminé que son homologue djihadiste, il lui est recommandé d'envisager de prier avant une "opération de martyre", mais il peut parfaitement être athée. Il est vrai que cela peut aussi refléter des environnements culturels dissemblables quant au rôle social de la religion: la place de celle-ci dans la vie quotidienne de la société norvégienne n'est assurément pas la même qu'en Egypte, en Arabie saoudite ou en Afghanistan. Il faut donc admettre que ces différences, tout en méritant d'être relevées, ne suffisent pas à infirmer la thèse de Juergensmeyer — thèse qui vient utilement nous interroger par rapport aux étiquettes que nous collons à des faits et personnages. Car, finalement, telle est la question: chacun d'entre nous a plusieurs identités, et plusieurs étiquettes peuvent nous être appliquées. Ce n'est pas parce qu'un terroriste est issu d'une culture musulmane, par exemple, qu'il est automatiquement un terroriste musulman: les militants palestiniens qui commettaient des actes terroristes dans les années 1970, par exemple, n'étaient pas qualifiés de terroristes musulmans, même si certains d'entre eux l'étaient, car la cause pour laquelle ils se battaient n'était pas celle d'une interprétation de l'islam, mais du peuple palestinien. L'étiquette n'est utile que si elle précise l'orientation idéologique de l'acte, sa motivation centrale, mais pas si elle est utilisée pour servir à des desseins polémiques ou pour catégoriser sans réflexion. Breivik a commis des attentats. Il se décrit lui-même comme un conservateur révolutionnaire, comme un adversaire de l'islam, du "marxisme culturel" et du multiculturalisme, comme un défenseur de l'Europe face à des menaces considérées comme existentielles, comme un "chrétien culturel" attaché à l'idée de chrétienté comme un élément de ciment pour l'Europe — et comme un franc-maçon, même si cela n'apparaît presque pas dans le manifeste. Il n'est donc pas impossible de le qualifier de "terroriste chrétien", puisque telle est bien une part de son identité revendiquée. On peut tout aussi bien le définir comme "terroriste islamophobe", "terroriste conservateur", "terroriste antimuticulturaliste", "terroriste antimarxiste" (il arborait sur un uniforme une inscription Marxist Hunter, "chasseur de marxiste"), "terroriste européen"... laquelle de ces étiquettes choisir? Nous restons indécis, tout en pensant (nullement pour des raisons de protection d'une religion) que mettre en avant l'étiquette "chrétienne" tend à privilégier, dans la construction idéologique de Breivik, un élément qui n'est pas le plus central: ce qui n'aide donc pas à comprendre adéquatement la nature de la démarche qui l'a conduit à ses actes du 22 juillet 2011. Mais le débat reste ouvert. Jean-François Mayer |