7-déc-24 |
Meeting des partisans du boycott d'Israël,
à Paris VII mercredi, 07-Mar-2012 |
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Indigne boycottage d'universitaires israéliens24.02.12 par Pascal Binczak, président de l'université Paris-VIII Les réactions suscitées par ma décision de retirer l'autorisation préalablement accordée à la tenue, à l'université Paris-VIII, d'une manifestation présentée comme un colloque universitaire intitulé : "Des nouvelles approches sociologiques, historiques et juridiques à l'appel au boycott international : Israël, un Etat d'apartheid ?" me conduisent à éclaircir certains points et à m'interroger sur le sens et les causes de la polémique en cours. Suite à un communiqué publié par le site Mediapart intitulé : "Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) ordonne la censure, Paris-VIII obéit" a succédé une pétition soutenant les organisateurs, au nom d'une liberté d'expression qui aurait été sacrifiée. La rhétorique développée par les polémistes ne saurait masquer la réalité de faits qui ont été passés sous silence mais dont l'établissement montre que ma décision ne remet nullement en cause la liberté d'expression, bien au contraire. Passé sous silence le caractère conditionnel de l'autorisation accordée, les conditions émises tenant notamment au respect des principes énoncés par la loi rappelant que "le service public de l'enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l'objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions". Passé sous silence l'emploi abusif du terme "colloque universitaire" sous la bannière duquel se présentait cette manifestation, celle-ci relevant davantage d'une action militante où le pluralisme des opinions, le caractère contradictoire des débats, la haute exigence intellectuelle caractérisant le travail universitaire importent moins que la finalité politique. Passé sous silence moins le caractère polémique de l'objet du "colloque" que les dogmes auxquels il renvoie, comme en attestent les positions radicales d'intervenants appelant à rompre toute relation avec les universitaires israéliens, ce qui est inacceptable. Passés sous silence les risques de troubles à l'ordre public, recouvrant aussi ce que le droit public nomme "les troubles de conscience" et impose le respect des valeurs et principes d'autrui. Si certains se sont émus d'une prétendue atteinte à la liberté d'expression, d'autres ont pu être, sinon émus, attentifs aux réactions suscitées par l'annonce de cette manifestation heurtant les consciences, choquant collègues ou étudiants, de quelque obédience qu'ils soient. De quelle liberté d'expression disposent-ils face à une puissante action militante dont l'ouverture est symbolisée et en même temps contenue par le seul point d'interrogation ponctuant l'intitulé : "Israël, un Etat d'apartheid ?" et à qui fera-t-on croire que la réponse n'était pas dans la question ? Correspondant aux conditions indispensables pour garantir les libertés, l'ordre public commande que soient prévenus ces troubles de conscience qui affectent par nature la liberté d'expression. Passées sous silence mes propositions d'intervention afin qu'un autre lieu héberge ce "colloque" et que d'autres intervenants puissent être associés à un débat contradictoire. Au regard de tous ces faits passés sous silence, la liberté d'expression est d'autant moins menacée qu'un autre lieu a été proposé dès mardi 21 février aux organisateurs. J'ai aussi recueilli l'accord de professeurs de Paris-VIII afin qu'ils participent à la manifestation et garantissent a minima le pluralisme des opinions. A ce jour, mes propositions sont restées sans réponse. A un exposé objectif de ces faits, les organisateurs ont préféré cette annonce choc : "Le CRIF ordonne la censure, Paris-VIII obéit". Propagande rodée, rappelant la théorie du complot, développée notamment dans cette citation de choix : "La complicité des Européens dans le maintien de l'occupation et de l'oppression israéliennes est obtenue par la menace, l'intimidation, la brutalité." Dans leur enthousiasme, ils ont aligné sous leur communiqué le soutien d'associations dont plusieurs ont ensuite précisé n'être pas solidaires de leur démarche, dont la Ligue des droits de l'homme. les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils préfèrent éviter Qu'il me soit alors permis de réagir à de telles manoeuvres bien éloignées de la probité intellectuelle qui caractérise un colloque universitaire, en songeant au philosophe Kierkegaard écrivant que "les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils préfèrent éviter". Le silence fait sur les principes républicains interroge. Des pétitionnaires ont pu être trompés dans leur appréciation des faits, tant il est vrai, dit Hannah Arendt, que "la liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat". Mais à aucun moment les pétitionnaires ne font allusion aux principes républicains. Dans cette polémique, ces principes passent à la trappe, alors qu'ils auraient été convoqués avec force dans d'autres cas. A quel moment ces principes républicains ont-ils été invoqués dans notre affaire, au cours de la polémique, si ce n'est à son origine, lorsqu'ils ont fondé ma décision ? Jamais. La véritable menace que révèle cette affaire ne pèse pas sur la liberté d'expression, mais vise nos fondamentaux républicains Ce constat doit nous alerter individuellement et collectivement, car la véritable menace que révèle cette affaire ne pèse pas sur la liberté d'expression, mais vise nos fondamentaux républicains et notre vouloir vivre ensemble. Cette "Université-monde" qu'est Paris-VIII, riche de ce vivre ensemble, forte des cent cinquante nationalités représentées parmi ses étudiants, est certes un lieu sensible. Récemment, j'ai dû ordonner la destruction d'une banderole sur laquelle l'étoile de David était associée à la croix gammée, ou faire repeindre des murs souillés par des graffitis antisémites. Qu'il me soit donné acte d'avoir pris aussi en considération des risques de dérapages indignes de nos valeurs républicaines. Ce risque que la manifestation rencontre, selon la formule de Michel Wieviorka dans La Tentation antisémite (Robert Laffont, 2005), "une forme extrême et exceptionnelle de dérive" suffit en soi à justifier ma décision. Comme par le passé, j'oeuvrerai au développement de nos relations privilégiées avec des universités comme Al-Aqsa et Beit Berl. La mobilisation en faveur d'une issue politique pour la liberté du peuple palestinien, cause que j'ai soutenue et continuerai à soutenir, mérite mieux que cette polémique qui divise et oppose. (Le colloque intitulé "Des nouvelles approches sociologiques, historiques et juridiques à l'appel au boycott international : Israël, un Etat d'apartheid ?" devait se tenir les 27 et 28 février sur le site de l'université Paris-VIII. Après l'avoir autorisé, est revenu sur sa décision et a préféré l'annuler. |
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Courriers Humour |
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Un colloque sur l'apartheid en Israël à nouveau censuréPoint de vue | | 24.02.12 | 13h49 • Mis à jour le 24.02.12 | 13h53par François Dubuisson, Ivar Ekeland, Julien Salingue et neuf autres intervenants au colloque Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) sont coutumiers des attaques contre toute expression d'idées ne se conformant pas à leur position de soutien inconditionnel à Israël : campagnes contre France 2, son journaliste Charles Enderlin et l'émission "Un oeil sur la planète", protestation contre la diffusion par Canal+ de la série "Le Serment", pressions sur l'Ecole normale supérieure (ENS) pour interdire une conférence de Stéphane Hessel... Cette fois, le CRIF et le BNVCA ont appelé la présidence de l'université Paris-VIII à annuler un colloque intitulé "Des nouvelles approches sociologiques, historiques et juridiques à l'appel au boycott international : Israël, un Etat d'apartheid ?", que Paris-VIII avait préalablement autorisé et financé à hauteur de 2 500 euros. Paris-VIII qui, en retirant son autorisation, a porté une lourde atteinte à la liberté d'expression En notre qualité d'intervenants à ce colloque, et malgré nos opinions diverses quant aux thématiques abordées, nous nous insurgeons contre ces accusations graves, et contre le manque de courage de la présidence de c, établissant un dangereux précédent. Des chercheurs ne pourraient plus présenter leurs travaux dans une université, au motif que le thème de leurs recherches serait "sensible" ? Selon la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), "la liberté d'expression vaut non seulement pour les "informations" ou "idées" accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent". La CEDH a de plus tracé la frontière séparant critique d'Israël et antisémitisme en établissant la distinction entre la "critique politique ou idéologique du sionisme et des agissements de l'Etat d'Israël", qui est protégée, et la "diffamation raciale" ou "l'incitation à la haine", qui sont condamnables. C'est cette distinction que le CRIF et le BNVCA veulent voir s'estomper afin de faire taire toute critique d'Israël. Les sujets abordés au colloque peuvent donner lieu à polémiques, mais il ne suffit pas que des associations partisanes les décrètent "choquantes" ou "illégales" pour les exclure du débat public. La question de savoir si le terme "apartheid" est pertinent pour qualifier les pratiques d'Israël n'est pas nouvelle. En 2007, le rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, John Dugard, concluait que "les deux régimes ont beau avoir leurs différences, les lois et les pratiques israéliennes dans le territoire palestinien occupé rappellent certains aspects de l'apartheid". La question n'est pas davantage un tabou en Israël. Dès 2002, Avi Primor, ex-ambassadeur d'Israël auprès de l'Union européenne, condamnait la "stratégie "sud-africaine"" d'Ariel Sharon, tandis qu'un éditorial du quotidien Haaretz évoquait, en janvier, un "glissement sur la pente de l'apartheid". La problématique posée par le colloque s'inscrit donc dans un débat légitime, en cours sur le plan international. INTIMIDATIONS Devrait-on en outre s'abstenir de discuter de la campagne de boycottage, désinvestissement, sanctions visant Israël, lancée en 2005 par un ensemble d'ONG ? Selon le CRIF, cette campagne serait illégale, ce qui interdirait d'en parler dans un colloque. Si en France certaines décisions de justice ont condamné des actions de boycottage, le CRIF omet de préciser qu'un récent courant jurisprudentiel s'est prononcé en sens contraire : "Dès lors que l'appel au boycottage des produits israéliens est formulé par un citoyen pour des motifs politiques et qu'il s'inscrit dans le cadre d'un débat politique relatif au conflit israélo-palestinien, débat qui porte sur un sujet d'intérêt général de portée internationale, l'infraction de provocation à la discrimination fondée sur l'appartenance à une nation n'est pas constituée." Il est dès lors difficile de concevoir en quoi la discussion de ces sujets serait de nature à "troubler l'ordre public". On est pour le moins surpris que la présidence de Paris-VIII ne se soit pas posée en garante de la liberté d'expression et donne du crédit aux accusations du CRIF et du BNVCA, qui font planer la menace de "troubles" qu'ils semblent appeler de leurs voeux. Pour la préservation d'un espace de débat démocratique, il serait déplorable qu'une institution universitaire cède aux intimidations d'associations s'érigeant en censeurs. |
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Le Crif ordonne la censure, l'université Paris 8 obéit17 Février 2012 Par Julien Salingue, membre fondateur du Cercle des chercheurs sur le Moyen-Orient, réagit à la décision de l'université Paris 8 de retirer son autorisation au colloque «Israël, un État d'apartheid?» prévu les 27 et 28 février prochains et auquel il devait participer: «Comme l’an passé à l’ENS, la direction d’un établissement public d’enseignement supérieur a cédé aux injonctions» du Conseil représentatif des institutions juives de France. ----------- Dans un courrier daté du 17 février 2012, le président de l’université Paris 8 a informé les organisateurs du colloque «Des nouvelles approches sociologiques, historiques et juridiques à l'appel au boycott international: Israël, un État d'apartheid?», prévu les 27 et 28 février prochains, qu’il retirait l’autorisation qu’il avait accordée à cette initiative. Prétextant de possibles «troubles à l’ordre public», la direction de l’université a donc décidé d’annuler deux journées de conférences-débats réunissant des spécialistes venus, entre autres, de France, d’Italie, de Belgique et de Grande-Bretagne. Universitaires, journalistes, membres du Tribunal Russel sur la Palestine… n’ont donc pas droit de cité à Paris 8, héritière de l’université de Vincennes. Les fondateurs de cette dernière apprécieront. Michel Foucault et Gilles Deleuze doivent se retourner dans leur tombe. Cette décision a de quoi surprendre ceux qui, comme moi, ont suivi de près l’organisation du colloque. L’université avait en effet non seulement accordé son autorisation mais également soutenu l’initiative en lui attribuant un financement du Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes (FSDIE). Le programme et les intervenants du colloque étaient alors connus. Que s’est-il passé depuis? Il y a 3 jours, le Crif publiait sur son site un «communiqué» dans lequel il dénonçait l’organisation du colloque. Invoquant la «provocation à la discrimination nationale, raciale ou religieuse», le Crif demandait la censure du colloque, diffamant au passage l’un des intervenants, Omar Barghouti, en affirmant que «les thèses prônées par ce dernier ont été jugées à plusieurs reprises comme constituant un délit de provocation à la discrimination précitée», alors que Barghouti n’a jamais été condamné. Le CRIF ne se contentait pas d'appeler à la censure, mais menaçait: «De par sa nature, ce colloque pourrait être susceptible de provoquer des troubles manifestes à l'ordre public». Comme l’an passé à l’ENS, certains «amis d’Israël» ont donc décidé d’exercer des pressions sur une institution universitaire, foulant au pied la liberté d’expression et les libertés académiques. De toute évidence, le débat n’est pas le point fort du Crif et de ses affidés, pour qui certaines questions ne méritent même pas d’être posées dans l’espace public. Et comme l’an passé à l’ENS, la direction d’un établissement public d’enseignement supérieur a cédé aux injonctions et aux menaces d’un organe qui prétend représenter la communauté juive de France mais qui n’est en réalité qu’une représentation diplomatique bis de l’État d’Israël. La direction de l’université Paris 8 n’en sort pas grandie. Espérons que la communauté universitaire et tous les défenseurs de la liberté d’expression et de la liberté académique réagiront à cette consternante décision. Et attendons aussi, sans trop d’espoir, la réaction des dirigeants politiques qui se sont récemment pressés au dîner du Crif. Nul besoin de partager les points de vues des différents intervenants au colloque, qui sont en outre très loin d’être unanimes sur les questions qui seront discutées, pour comprendre ce qui est en jeu ici. Que le Crif refuse d’entendre tout propos critique au sujet d’Israël est une chose. Qu’une université s’incline face à des menaces de cet ordre en est une autre. Car ce sont bien des libertés démocratiques essentielles qui sont ici bafouées, et nul ne sait qui sera la prochaine victime de ces campagnes d’intimidation et de censure. «Plus on prendra de soin pour ravir aux hommes la liberté de la parole, plus obstinément ils résisteront» (Spinoza). Annexe Pour information, le résumé de l'une des deux interventions que j’ai préparées pour le colloque. Chacun pourra ainsi juger sur pièces. L’administration civile de l’apartheid Les colons israéliens, bien que résidant eux aussi en Cisjordanie, ne sont pas sujets aux mêmes lois et réglementations. Divers mécanismes juridiques leurs permettent en effet d’échapper aux ordres et aux tribunaux militaires, et de ne répondre qu’aux lois et à la justice civile israéliennes, moins contraignantes et plus respectueuses des droits de la défense. Coexistent donc, au sein d’un même territoire, deux systèmes judiciaires qui traitent de manière différenciée les habitants de Cisjordanie en fonction de critères ethnico-religieux. Comment est organisé ce système discriminatoire? Comment se manifeste-t-il au quotidien?
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