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EGYPTE : L’ÉLECTROCHOC
Par Zvi MAZEL
Ancien ambassadeur d’Israël en Égypte
Fellow of the Jerusalem Center for Public Affairs
copyright © Temps et Contretemps
http://benillouche.blogspot.co.il/2012/08/egypte-lelectrochoc.html#more
L’attentat sanglant, qui a fait au moins quinze morts parmi les soldats égyptiens, à proximité du poste-frontière Kerem Shalom, triple point de passage entre l’Égypte, Israël et Gaza, a provoqué stupeur et indignation sur les bords du Nil.
Les égyptiens, toutes tendances confondues, ont du mal à comprendre comment des terroristes musulmans, appartenant sans doute à la mouvance djihadiste, ont pu s’attaquer à des soldats «frères» en les massacrant froidement pour s’emparer des blindés dont ils avaient besoin pour lancer une opération contre Israël. Les lecteurs assidus de ce blog savaient, eux, que dans la péninsule du Sinaï devenue zone de non-droit, les attaques contre les forces de l’ordre étaient devenues monnaie courante.
Sinaï zone de non-droit
Les forces de sécurité égyptiennes s’étaient montrées incapables d’agir pendant les derniers 18 mois alors que ces mêmes organisations djihadistes attaquaient stations de police et barrages routiers, tuant des dizaines de policiers égyptiens. Seulement on parle beaucoup de complicités à partir de la bande de Gaza, alors qu’il y a quelques jours à peine, les responsables du Hamas, Khaled Mechaal et Ismaël Haniyeh étaient reçus en grande pompe au palais présidentiel, pour la première fois de leur histoire.
Mechaal reçu par Morsi
Le Hamas a compris à quel point cette opération embarrassait le nouveau président égyptien et a publié un communiqué démentant toute responsabilité. Pour sa part Abu Marzouk, numéro deux du Hamas, rejetait vertueusement toute éventualité d’implication et accusait Israël. Quant à la confrérie des Frères musulmans, le mouvement dont est issu Mohamed Morsi, elle affirmait avec sérieux que le responsable était le Mossad. Elle envoyait d’ailleurs ses militants manifester devant la résidence de l’ambassadeur d’Israël, en réclamant à grands cris son expulsion.
Un gouvernement sans renouveau
Le président égyptien, qui comptait se consacrer aux problèmes internes, n’avait vraiment pas besoin de ce dernier développement. Il avait promis que ses cent premiers jours seraient marqués par un changement profond annonçant «le renouveau». Hélas on en est loin. Le gouvernement formé par Hisham Kandil a été fort mal reçu ; seule la feuille de choux du parti «Liberté et Justice» des Frères musulmans en a salué la composition. Il est vrai qu’il avait fallu 35 jours au président pour trouver un premier ministre capable de former un gouvernement dont les liens avec les Frères musulmans ne soient pas trop voyants. Il devait tenir compte, non seulement des exigences de la junte militaire qui détient toujours des pouvoirs exceptionnels, mais encore des pressions des américains qui appellent à une plus grande démocratie et au respect du traité de paix avec Israël.
Kandil, illustre inconnu d’une cinquantaine d’années, ingénieur de formation chargé du ministère de l’irrigation dans le gouvernement précédent, est dépourvu d’expérience politique, économique ou même administrative. Évidemment, selon des sources concordantes, il est très proche des Frères musulmans et a expliqué qu’il portait la barbe par conviction religieuse. Les ministères de l’information et de l’éducation, considérés comme portefeuilles-clés pour la Confrérie ont été confiés aux membres du parti des Frères «Liberté et justice». Défense, politique étrangère et sécurité intérieure restent aux mains du Conseil Suprême des Forces Armées dont le chef, le Maréchal Tantawi, conserve le portefeuille de la Défense. Mohammad Kamel, qui était ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement précédent, reste à son poste. Le nouveau ministre de l’intérieur était le numéro 2 du ministère dans le précédent gouvernement – après avoir dirigé les forces de sécurité intérieures.
Oubli des minorités
Il ne reste pas grand-chose de l’égalité entre tous les courants et du respect des minorités qu’avait promis Morsi lors de la campagne électorale. Il n’y a que deux femmes sur 35 ministres, l’une d’entre elles censée représenter aussi les coptes. Les salafistes, avec leurs 25% de sièges au parlement, avaient réclamé le ministère de la religion. Comme on leur a proposé le ministère de l’écologie, ils sont partis en claquant la porte. Bref, au lieu des personnalités de premier plan et d’expérience et des opposants de la première heure au régime Moubarak, il n’y a là que des hommes, certes de bonne volonté mais de second rang. Une exception cependant, le ministre de la Justice, Ahmed Mekki, juriste réputé pour son indépendance, n’avait pas hésité par le passé à affronter le régime Moubarak.
Pour la quasi-totalité de la presse, ce n’est pas le gouvernement issu de la révolution que le peuple attendait mais bien un gouvernement derrière lequel se profilent les Frères musulmans, même s’il lui faut pour l’instant partager le pouvoir avec le Conseil militaire issu de l’ancien régime. Maintenant, il est clair que l’homme qui tirera les ficelles dans l’ombre pour tout ce qui touche aux finances, à l’économie et à la société sera Khairat el-Shater. Il représente l’homme fort de la Confrérie puisqu’il avait été le premier candidat des Frères à la présidence. Mais il fut, on s’en souvient, disqualifié pour avoir été frappé d’inéligibilité après avoir passé quelques années en prison pour infractions économiques.
Kandil et son équipe seront-ils en mesure de sortir l’Égypte de la crise économique et de rétablir l’ordre dans la rue ? On n’y croit guère en Égypte, d’autant que le président est toujours empêtré dans l’imbroglio politico-juridique qui l’oppose à la junte, laquelle est pour le moment seule détentrice du pouvoir législatif. Les généraux sont toujours en position de force. Ils dictent dans une large mesure la politique étrangère et ont la haute main sur l’armée et les services de sécurité qui assurent le dialogue avec Israël.
Fuites politiques
Le quotidien à large diffusion «Al Masri Al Yom» a publié le 19 juillet des fuites attribuées à des sources au sein des Frères musulmans. Elles concernent les conversations entre Hillary Clinton, Mohammed Morsi et le général Tantawi, chef de la junte et ministre de la défense, à l’occasion de la visite en Égypte de la secrétaire d’État. Selon ces révélations, Clinton aurait demandé à Morsi de reconnaître la légitimité d’Israël et de s’engager à respecter les accords de paix. Le président égyptien a rétorqué que la reconnaissance d’Israël était contraire à l’idéologie de son parti. Il se serait contenté de réponses évasives sur le traité de paix.
Clinton aurait alors «insisté lourdement» pour que Morsi confie les trois ministères-clés, évoqués plus haut, au Conseil militaire de façon à éviter que les Frères soient chargés du dialogue avec Israël. Morsi aurait confirmé que des négociations sur ce point étaient en cours avec la junte. Cette information sensationnelle a disparu d’Internet au bout de quelques heures, sans doute parce qu’elle jetait un éclairage cru sur les relations entre l’Égypte et les États-Unis et mettait en lumière les pressions exercées par Washington sur le Caire.
Il faut probablement voir la main de la junte dans l’épisode de la lettre par laquelle le président Morsi répondait aux vœux envoyés par le président Pérès à l’occasion du Ramadan. S’il ne fait pas de doute que cette lettre a été très officiellement transmise par l’ambassade égyptienne en Israël, ce n’est surement pas Morsi qui l’a rédigée mais plus probablement le ministère des Affaires étrangères sous le contrôle du Conseil Militaire. Cette courte lettre protocolaire comprenait en effet des expressions telles que «reprise du processus de la paix» ou « sécurité pour le peuple israélien» qui sont en contradiction complète avec l’idéologie des Frères musulmans.
Incidences politiques
Reste à savoir dans quelle mesure les événements du Sinaï vont influencer les deux pays qui sont directement menacés par le terrorisme djihadiste. Les optimistes se prennent à espérer que la nécessité de combattre l’ennemi commun va renforcer la coopération militaire. Aujourd’hui déjà, la presse égyptienne souligne qu’Israël avait lancé un avertissement concernant une attaque imminente et relève que ce pays a riposté avec vigueur et efficacité, éliminant tous les terroristes infiltrés sans avoir subi une seule perte. Une bloggeuse, peu connue pour sa sympathie pour Israël, a été jusqu’à écrire que les premières informations sur ce qui était en train de se passer avaient été données par la télévision israélienne alors que la télévision égyptienne était restée muette, ajoutant que «L’armée de défense d’Israël a tué les terroristes et a sauvé la situation.» Ce sont là des accents auxquels la presse égyptienne ne nous avait guère habitués.
Seulement les Frères musulmans sont au pouvoir et leur idéologie a inspiré toutes les organisations djihadistes, y compris le mouvement dont sont issus ces mêmes fanatiques islamistes qui ont tué, sans état d’âme, les soldats égyptiens sur la base de cette idéologie. Alors comme on l’a vu, la propagande officielle est en marche. Il faut «oublier» les véritables coupables et charger Israël et, pourquoi pas, réclamer la remilitarisation du Sinaï pourtant contraire aux accords de paix.
Il est pourtant évident que pour changer la situation au Sinaï, il faut lancer des réformes de grande envergure pour améliorer les conditions de vie des bédouins. L’Égypte, qui traverse une crise économique sans précédent, n’en a pas les moyens. Israël se doit d’être plus que jamais sur le qui vive. Tant que le Conseil Suprême des Forces Armées conserve ses pouvoirs, on peut espérer qu’il fera le maximum pour reprendre le contrôle dans la péninsule, mais rien ne dit que cette situation va perdurer. Tout de même, le gouvernement égyptien a fermé la frontière avec Gaza et a bombardé les tunnels. Le bon sens l’emportant pour une fois sur l’idéologie – pour le moment, mais jusqu’à quand ?
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par : Par Charles Carrasco
DECRYPTAGE – Cette région est le théâtre de tensions entre l'Egypte, Israël et le Hamas.
http://www.europe1.fr/International/Le-Sinai-bouscule-le-Proche-Orient-1198607/
La région du Sinaï peut-elle faire basculer les relations entre les grands acteurs régionaux ? Rien n'est moins sûr. Mais l'attaque attribuée à des activistes islamistes, qui ont tué dimanche 16 gardes-frontière égyptiens, met la pression sur l'Egypte pour qu'elle reprenne le contrôle de la région et bouleverse les relations avec ses partenaires.
L'Egypte, qui avait promis de venger Israël, a lancé mercredi la plus importante opération militaire dans la région à la recherche des responsables de cette attaque qui ont depuis été neutralisés. Les forces égyptiennes ont annoncé avoir tué 20 "terroristes" lors de raids aériens dans cette région. Une offensive saluée par Israël.
Quelle est la situation dans le Sinaï ?
Cette péninsule égyptienne longe le canal de Suez à l'ouest et la frontière israélo-égyptienne au nord-est. C'est la première fois, depuis des décennies, que des frappes aériennes de l'armée sont rapportées dans le Sinaï, où sa présence est restreinte par le traité de paix signé en 1979 avec Israël qui prévoit une démilitarisation de la zone.
Cette région est relativement calme mais l'insécurité a fortement progressé depuis la chute du président Hosni Moubarak en février 2011. L'armée avait lancé il y a un an une vaste offensive contre des groupes radicaux installés dans cette région désertique et accidentée, propice aux activités clandestines. Les Bédouins, qui constituent la majorité de la population, entretiennent de longue date des relations difficiles avec le pouvoir central à qui ils reprochent de les délaisser et de n'accorder d'attention qu'aux lucratives stations touristiques de la côte ainsi qu'au pompage de gaz vendu à Israël.
Récemment, plusieurs roquettes avaient été tirées depuis le Sinaï vers Israël, notamment pendant l'élection présidentielle en Egypte qui a porté Mohamed Morsi, le candidat des Frères islamistes au pouvoir.
Quelles répercussions en Egypte ?
Le gouvernement fait face à sa première crise de souveraineté, comme l'explique le correspondant du Figaro en Egypte. Cette attaque a fait monter la pression sur le régime pour rétablir la sécurité dans le Sinaï, mais elle pourrait aussi amener Le Caire à réclamer avec davantage d'insistance une révision partielle du traité de paix avec Israël, qui limite sa présence militaire dans la péninsule.
Certains en Egypte redoutent par ailleurs que cette affaire n'aggrave les tensions entre le camp islamiste, dont est issu le nouveau président Mohamed Morsi et l'armée. Des divergences sont en effet apparues sur l'attitude à adopter vis-à-vis des Palestiniens de Gaza et du mouvement islamiste Hamas qui contrôle l'enclave, proche idéologiquement des Frères musulmans égyptiens.
Alors que du temps du président Hosni Moubarak, Israël pouvait compter sur l'hostilité viscérale du pouvoir égyptien envers les islamistes palestiniens, la nouvelle donne politique au Caire rend la situation plus compliquée. "Ce crime va renforcer les institutions sécuritaires face à Morsi, et notamment leur donner des arguments pour contrer sa volonté d'alléger les restrictions sur les sorties des Palestiniens de Gaza", estime Emad Gad, du Centre Al-Ahram d'études politiques et stratégiques du Caire.
Quelles répercussions en Israël ?
Pour Israël, la multiplication ces derniers mois des attaques menées à partir du Sinaï, nécessite une réponse vigoureuse. Les responsables israéliens affirment que la coordination sécuritaire fonctionne avec Le Caire, tout en estimant que les Egyptiens n'ont pas assez pris la mesure du danger. "L'an dernier, Israël a autorisé sept bataillons égyptiens à entrer dans le Sinaï mais les autorités égyptiennes n'ont pas saisi l'occasion pour agir", affirme le général de réserve Dan Harel, ancien commandant de la région militaire sud.
La menace de voir le Sinaï devenir une terre pour les djihadistes est prise très au sérieux par le pouvoir israélien. Comme le souligne le Figaro, la présence d'islamistes dans les immensités du Sinaï reste une équation difficile à résoudre. Dans les prochaines semaines, une clôture électrifiée le long de la frontière avec l'Egypte devrait être achevée.
Quelles répercussions pour le Hamas ?
Selon le commentateur du quotidien israélien Yédiot Aharonot, Alex Fishman, le Hamas est "totalement paniqué" après cette attaque. Il relève notamment la rapidité avec laquelle le mouvement islamiste a fermé les tunnels reliant la bande de Gaza à l'Egypte.
De son côté, le Hamas, qui a démenti que les auteurs de l'attaque soient des Palestiniens, a été sérieusement ébranlé. Il doit désormais faire face à des mouvements radicaux dans le Sinaï. qui mettent à mal ses relations déjà très difficiles avec Israël mais également ses liens "amicaux" avec le nouveau pouvoir en Egypte.
Vers une coopération régionale renforcée ?
L'expert pour les affaires arabes, Guy Bechor estime que la menace provenant du Sinaï devrait forcer Israël, l'Egypte et le Hamas à coopérer. "Ces trois parties sont toutes menacées par le terrorisme islamique international, et maintenant elles sont obligées de coopérer", écrit-il sur son blog.
"Israël commence à avoir de bons renseignements dans le Sinaï mais il ne peut agir sur le sol égyptien. L'Egypte peut atteindre les centres terroristes et les éliminer, mais n'a pas les renseignements. Et le Hamas peut arrêter des haut membres de ces organisations alors qu'ils sont encore à Gaza si l'Egypte fait pression sur lui", conclut ce spécialiste.
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Cinq choses à savoir sur la crise au Sinaï
Par LEXPRESS.fr, publié le 08/08/2012 à 18:10, mis à jour à 18:21
L'armée égyptienne a tué une vingtaine d'activistes ce mercredi dans le Sinaï, trois jours après la mort de 16 gardes-frontières dans une attaque attribuée à des islamistes extrémistes. Quels sont les enjeux de ces affrontements. Explications.
RAFAH, frontière égyptienne. La situation au Sinaï, une région désertique propice à de nombreux trafics, est délicate du fait de la faible présence de l'armée égyptienne, en raison de la démilitarisation de cette zone conformément aux accords de paix israélo-égyptiens de 1979.
Reuters
Les origines de la crise
Dimanche soir 8 août, peu avant l'Iftar, le repas de rupture du jeûne du ramadan, des hommes armés (35, selon un porte-parole militaire) vêtus comme des Bédouins du Sinaï arrivent à bord de 4x4 à Massoura, au sud du poste-frontière de Rafah.
Ils s'emparent de deux véhicules blindés et se dirigent vers le poste-frontière de Karm Abou Salem (Kerem Shalom, en hébreu). Ce point de passage frontalier à cheval entre l'Egypte, Israël et Gaza est utilisé par les ONG pour acheminer de l'aide humanitaire, sous supervision israélienne, précise l'éditorialiste égyptien Issandr el-Amrani sur son blog. Ils ouvrent alors le feu sur le poste-frontière. Seize soldats et officiers des gardes-frontière sont tués, d'après le ministère de la Santé.
Les assaillants parviennent ensuite à pénétrer sur le territoire israélien avec l'un des blindés, avant d'être neutralisés. "Une explosion s'est produite dans un des véhicules avant qu'il n'atteigne le territoire israélien, tandis que le deuxième véhicule a été attaqué par l'armée de l'air israélienne", a indiqué un porte-parole de Tsahal. La télévision égyptienne a plus tard indiqué qu'un blindé avait été retrouvé près de Karm Abou Salem. Après cette attaque, le poste frontière de Rafah et les tunnels de contrebande ont été fermés.
Selon l'agence officielle égyptienne Mena, des éléments islamistes infiltrés depuis Gaza via les tunnels de contrebande se seraient joints à des djihadistes basés dans l'est du Sinaï. "Hamas n'a rien à voir avec les tensions frontalières, a très vite rétorqué l'un des dirigeants du Hamas, Mahmoud Al-Zahar. Au contraire, le Hamas est soucieux de la sécurité nationale égyptienne et n'utiliserait jamais d'armes contre l'armée égyptienne", a-t-il déclaré à Ahram Online.
Pourquoi le Sinaï est-il une zone d'instabilité?
La situation au Sinaï, une région désertique propice à de nombreux trafics, est délicate du fait de la faible présence de l'armée, en raison de la démilitarisation de ce secteur conformément aux accords de paix israélo-égyptiens de 1979. Depuis la chute de Moubarak et la désorganisation des services de sécurité, la région du Sinaï est devenue plus instable encore. "La zone était déjà sensible sous le raïs mais la situation s'est aggravée avec les trafics venus de Libye et la question des bédouins réislamisés qui apporteraient leur soutien à des mouvements radicaux palestiniens en rivalité avec le Hamas, expliquait Sophie Pommier, spécialiste de l'Egypte, à L'Express en avril dernier. "La vérité, c'est qu'on ne sait pas trop ce qui s'y passe", ajoutait-elle. De nombreux enlèvements se sont produit dans la région ces derniers mois, et le gazoduc qui alimente Israël et la Jordanie a fait l'objet d'une quinzaine d'attaques.
Par ailleurs, "des voix s'élèvent en Egypte pour faire remarquer que la solution au Sinaï ne peut se limiter à des mesures sécuritaires ", relève Ahram Online. En effet, les Bédouins qui peuplent en grande majorité cette région ont trop longtemps été marginalisés par les autorités égyptiennes.
Les répercussions sur la scène intérieure
Alors que le bras de fer se poursuit entre les forces armées égyptiennes qui contrôlent le pays et le nouveau président Mohamed Morsi, la crise du Sinaï "pose la question de qui décide quoi en Egypte en matière de sécurité et de politique extérieure". Le président, les services secrets, l'armée, le ministre des Affaires étrangères ou tous à la fois", s'interroge Issandr el-Amrani. Jusqu'à présent, sur le plan diplomatique en tout cas, l'Egypte a eu une politique étrangère bipolaire, l'une conduite par la présidence et l'autre par les militaires associés aux services secrets ", ajoute-t-il.
Cette crise a aussi mis en relief une certaine cacophonie entre le président Mohamed Morsi et le mouvement des Frères musulmans. Morsi est le premier président civil de l'Egypte depuis 1952, mais surtout le premier président issu de la confrérie. Dès dimanche, il a qualifié "cette attaque de "lâche" et déclaré qu'elle ne "resterait pas sans réponse (...) et que ceux qui ont commis ce crime le paieront cher". Le chef de l'état a également assuré avoir donné des "instructions claires" pour reprendre "le contrôle total du Sinaï".
De leur côté", les Frères musulmans ont évoqué une possible implication des services secrets israéliens dans l'attaque. Le président qui entendait améliorer les relations entre Le Caire et Gaza afin notamment de soulager le sort des Palestiniens de ce territoire soumis au blocus israélien, se trouve en porte-à-faux avec ses engagements, après la fermeture de la frontière et des tunnels.
Pourquoi l'armée égyptienne a-t-elle intérêt au maintien du calme à la frontière avec Israël
L'armée ne peut pas entrer en conflit avec Israël à la fois parce qu'elle n'en n'a pas les moyens militaires mais aussi parce qu'elle ne veut pas se mettre en porte à faux avec les Etats-Unis, soutien indéfectible de l'Etat hébreu. L'armée égyptienne est en effet totalement dépendante de Washington. Sur les 1,7 milliard de dollars que Le Caire reçoit comme aide américaine, 1,3 milliard sont destinés à l'armée.
Les répercussions de cette crise à Gaza
La fermeture du passage de Rafah, entre l'Egypte et la bande de Gaza, unique fenêtre extérieure de l'enclave palestinienne non contrôlée par Israël, est un coup dur pour la population palestinienne. D'autant que tous les accès aux tunnels ont aussi été bloqués, mettant fin aux fructueuses activités véhiculées par ce biais depuis le début du blocus imposé par Israël en 2006.
Selon des responsables des services de sécurité palestiniens, il existe des centaines de tunnels à Rafah. Omar Shaaban, un économiste qui dirige PALThink, un groupe de réflexion basé à Gaza, estime à un demi-milliard de dollars par an le montant du chiffre d'affaires des tunnels. Fermer ces tunnels peut avoir "un effet dévastateur pour les habitants de Gaza", estime-t-il.
Bien que quelques allégements soient intervenus dans le blocus, Israël maintient un contrôle strict sur ce qui peut être importé, y compris de nombreux matériaux de construction, dont une bonne partie passe ainsi par les tunnels. Leur fermeture prolongée provoquerait une paralysie du bâtiment et réduirait au chômage 15 000 ouvriers.
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L’ÉGYPTE S’ENFLAMME
Par Zvi MAZEL Ancien ambassadeur d’Israël en Égypte
Fellow of the Jerusalem Center for Public Affairs
copyright ©
Temps et Contretemps :
Le combat des chefs se poursuit, indécis, fait de rebondissements juridiques et de coups fourrés. Chacune des parties marque des points à son tour et il est encore trop tôt pour déterminer qui, des généraux ou des Frères musulmans, l’emportera en fin de compte.
Gouvernement de technocrates
La Haute Cour a jugé la déclaration constitutionnelle promulguée par la junte conforme à la constitution mais a remis à septembre sa décision concernant la légalité de l’assemblée constituante. En attendant, ladite assemblée met les bouchées doubles et continue à mettre au point une série d’articles à forte connotation islamique, affirmant la supériorité absolue du pouvoir civil et subordonnant l’armée au président. Elle ne cache pas son but, qui est de terminer la rédaction de la constitution et de la soumettre au referendum avant que la Haute Cour n’ait rendu son arrêt.
En effet, une fois la constitution ratifiée par référendum, on voit mal comment la Haute Cour pourrait prendre une décision allant contre la volonté du peuple, démocratiquement exprimée. Pour le moment, la junte, qui s’est donné les moyens d’intervenir dans la rédaction de la constitution, ne bouge pas, sans qu’il soit possible de savoir si elle attend son heure ou si elle s’apprête à jeter l’éponge.
Après bien de tergiversations le président Morsi a choisi le premier ministre chargé de prendre en main les destinées du pays. Il s’agit d’un technocrate peu connu, mais proche des milieux de la confrérie des Frères musulmans. Hisham Kandil s’est entouré de ministres technocrates ou Frères musulmans ; certains appartenant aux deux groupes à la foi. Cependant un général devient ministre de l’intérieur tandis que le maréchal Tantawi garde son poste de ministre de la défense. Seulement deux femmes, dont un copte, sur les 35 ministres. Le nouveau gouvernement commence à fonctionner tant bien que mal.
Les services publics en panne
Pendant ce temps, le ramadan et ses contraintes rendent fou un peuple qui n’en peut plus d’attendre l’amélioration de son sort. La chaleur a battu des records historiques, entraînant de fréquentes coupures d’électricité et d’eau, très mal supportées par les dizaines de millions d’égyptiens qui jeunent du lever au coucher du soleil. La pénurie de pétrole s’installe et le gaz butane manque. Sans la précieuse bouteille, indispensable pour la cuisson dans ce pays où le gaz de ville ne touche qu’une petite partie de la population, impossible de préparer le repas qui marque la fin du long jeune.
Alors, dans les longues files d’attente sous un soleil de plomb, les esprits s’échauffent vite. La semaine dernière, début d’émeute dans la queue : bilan, cinq morts. Partout les nerfs sont à fleur de peau et le moindre incident peut transformer la rue en champ de bataille. Voici quelques exemples tirés de la presse égyptienne ces derniers jours. En Haute Égypte, des soldats importunent des femmes respectables et tout le village se soulève contre les forces de sécurité. Les soldats ripostent en tirant à balles réelles : quatre morts.
Incidents sanglants
En plein cœur du Caire, un individu armé d’un couteau entre dans le luxueux complexe des Tours du Nil et réclame de l’argent. Un policier intervient et tire. L’individu est tué. Aussitôt c’est l’émeute. Affrontements, bâtiments endommagés, véhicules incendiés. L’ordre revient mais, avec la nuit, les affrontements reprennent. Les arrestations se multiplient tandis qu’un déluge de gaz lacrymogène s’abat sur les taudis où s’entassent des familles entières.
La situation ne fait qu’aggraver les tensions intercommunautaires d’autant que les extrémistes musulmans et les salafistes ont l’impression d’avoir le vent en poupe. Les coptes en payent le prix. Dans la grande banlieue cairote, un repasseur copte brûle accidentellement la chemise d’un client musulman, les injures fusent, le ton monte et le quartier s’embrase ; bilan un mort, des dizaines de blessés ; plus grave encore, des familles coptes sont priées, sans ménagement, de quitter leur logement et d’aller chercher refuge ailleurs.
Le président Morsi a lancé un appel au calme et a promis de faire respecter la loi, mais ce sont là des promesses creuses. Cela fait des mois que l’insécurité va grandissante. Les plus riches emploient des gardes du corps pour accompagner leurs enfants à l’école après une série d’enlèvements pour rançon. Les agressions verbales ou physiques contre les femmes sont monnaie courante. Les hôpitaux doivent fermer leurs portes à clé pour tenter de se protéger contre les trafiquants armés venant y chercher de la drogue.
Souk du Caire
Et les touristes, source vitale pour des millions d’égyptiens, se font rares. Les commerçants de Khan el-Khalili, l’immense souk du Caire, sont sortis de chez eux pour la première fois de l’histoire pour aller manifester dans la rue. Comme toujours, il y a ceux qui cherchent un bouc émissaire : les États-Unis, bien sur, mais surtout Israël. Ainsi une station de télévision a l’heureuse idée de convoquer des personnalités en vue pour ce qu’ils croient être une interview pour la télévision allemande : une fois dans le studio, on leur «révèle» qu’il s’agit en fait de la télévision israélienne. Fou de rage, un acteur se jette sur la speakerine, la frappe et la jette à terre…
Autre exemple : le président israélien Shimon Pérès ayant envoyé au président Morsi ses vœux à l’occasion du Ramadan, l’ambassade égyptienne à Tel-Aviv lui a fait parvenir tout à fait officiellement une réponse polie de la présidence égyptienne. La publication de cette réponse provoque un tel tollé dans la presse égyptienne que le porte-parole de la présidence en vient à en démentir l’existence !
L'Egyptien Alaaedin Abouelkassem, premier escrimeur africain médaillé olympique
Tout de même, cette fin de semaine a apporté trois bonnes nouvelles. Un accord a enfin été conclu avec la Banque Mondiale qui va prêter de l’argent à l’Egypte à long terme et à un taux très bas. L’Égypte a remporté une médaille d’argent au fleuret aux Jeux Olympiques. Enfin et plus important encore pour les masses, le nouveau ministre des sports a promis de rétablir les matches de football, interrompus depuis les incidents sanglants qui avaient fait des dizaines de morts à Suez il y a quelques mois.
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Hicham Kandil |
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«En Egypte, la situation d’insécurité endémique est aggravée avec la révolution»
Interview de de Jean Pierre Filiu (photo ci contre) Par Manon Rivière
http://www.rfi.fr/afrique/20120808-egypte-situation-insecurite-endemique-est-aggravee-revolution
L’Egypte n’a pas tardé à riposter. Des frappes aériennes ont été menées dès ce mercredi 8 août dans la matinée dans le Sinaï, quarante-huit heures après l’attaque d’un poste frontière, qui avait fait seize morts côté égyptien. Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po, spécialiste des mouvements jihadistes est l’invité de Manon Rivière.
Qui officie aujourd’hui dans le Sinaï ? Quels sont les groupes qui prolifèrent dans cette région de l’Egypte ?
Fondamentalement, on a toute une série de groupes, avec une assise tribale, qui considèrent que l’Etat égyptien les a délaissés, voire opprimés, voire traités comme une armée d’occupation, au cours de toutes ces années, ne s’occupant que des stations balnéaires ou de l’oléoduc qui dessert Israël. Et donc, depuis 2005, et les attentats de Charm el-Cheikh contre cette station balnéaire, il y a une situation d’insécurité endémique, mais qui s’est aggravée avec la révolution.
Et pourquoi cela s’est aggravé, justement, après la chute d’Hosni Moubarak ?
D’abord on a eu une quantité d’armes importante, qui a été mise en circulation, des détenus qui se sont évadés de prison, et même un moment tout à fait exceptionnel, où une garnison égyptienne proche de la bande de Gaza a été alimentée par les Palestiniens de Gaza, parce que les communications avaient été rompues avec Le Caire. Il faut voir qu’il y a un vide de sécurité dans le Sinaï, qui est institué par le traité de paix israélo-égyptien de 1979, qui interdit le déploiement important d’unités militaires dans cette région. Il y a déjà eu un amendement à ce traité depuis la révolution, amendement de fait et à la demande d’Israël, avec déploiement d’unités, mais qui à l’évidence, ne sont pas en nombre suffisant. Cette fois ce sont des policiers qui ont été attaqués et qui n’avaient pas l’armement nécessaire pour se défendre il y a quarante-huit heures.
Donc une situation sécuritaire, vous le dites, difficile à maîtriser. Est-ce que les nouvelles autorités égyptiennes ont les moyens de lutter contre ces groupes armés ou est-ce que la riposte à laquelle on assiste aujourd’hui est surtout un moyen pour le président Mohamed Morsi de calmer l’opinion égyptienne ?
Il y a évidemment pour le président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, un test de crédibilité très important. Il a affirmé de manière tout à fait martiale qu’il allait reprendre le contrôle total du Sinaï. Pour reprendre ce contrôle il faut aussi l’accord d’Israël. Je crois que maintenant, une mise à niveau officielle du traité de paix de 1979, est inévitable, pour permettre ce déploiement de l’armée égyptienne, que jusqu’à présent Israël refusait. On peut aussi constater que Morsi, tout en étant issu des Frères musulmans, n’a pas tardé, en fait, à se retourner contre le Hamas qui gouverne la bande de Gaza. Et comme je l’affirmais de manière répétée, la solidarité entre islamistes ne joue plus beaucoup, une fois qu’ils arrivent au pouvoir, où les intérêts nationaux rentrent en ligne de compte.
Jean-Pierre Filiu, vous avez publié cette année aux éditions Fayard Une histoire de Gaza. Aujourd’hui, dans quelle position se trouve le Hamas, face au pouvoir égyptien ? Est-ce que l’Egypte ne considère pas, dans un sens, que le Hamas a failli à sa mission, en termes de sécurisation de la zone ?
Effectivement, il peut y avoir ces échanges d’accusations qui s’opèrent, même si on voit des thèses plus nauséabondes sur un complot du Mossad, qui sont reprises ici ou là. Il faut voir qu’à Gaza, le Hamas avait consacré une énergie tout à fait considérable à maintenir une forme de cessez-le-feu avec Israël. Cessez-le-feu, de fait, qui n’a jamais été formalisé, mais une condition expresse, qui était qu’aucun chef militaire ne soit frappé par Israël sur le territoire palestinien, alors qu’Israël se donnait toute latitude pour le faire de manière répétée.
Et puis, il y a les groupes que l’on dit salafistes qui sont nombreux à Gaza et difficiles à contrôler. Le 14 avril 2011 ils avaient kidnappé un humanitaire italien, Vittorio Arrigoni. Ils l’avaient pendu avec une mise en scène macabre. Ils ont déjà mené des opérations de défi à l’égard de Hamas. C’est sans doute eux qui, en liaison avec ces groupes jihadistes dans le Sinaï, et par le biais des tunnels de contrebandes, sont à la source de l’escalade de ces derniers jours. Effectivement, la situation est très préoccupante.
Quelle est pour vous la marge de manœuvre pour Israël aujourd’hui ? On sait que les rapports avec l’Egypte sont tendus. Mais l’Etat hébreu a proposé son aide, Israël a dit souhaiter que l’opération égyptienne d’aujourd’hui soit un succès. Est-ce qu’ils sont obligés de coopérer contre cet ennemi commun et concrètement, que peut faire ou que doit faire Israël ?
Il y a un an, il y avait eu un raid sanglant sur Eilat. Dans la ville israélienne d’Eilat, il y avait eu huit morts, dont six civils, et les Israéliens avaient exercé un droit de poursuite en Egypte. Il y avait effectivement un commando, mais aussi cinq policiers égyptiens. Là, à l’évidence, ils ont compris qu’il valait mieux laisser faire l’Egypte. Je pense qu’une mise à niveau du traité de paix de 1979 va assez vite être envisagée. Mais on voit que tout cela, c’est une réponse de l’ordre du sécuritaire. Et à titre personnel, ayant travaillé sur le terrain, je crois que le sécuritaire ne pourra jamais produire que d’autres crises, même s’il peut les différer.
On sait qu’actuellement, Gaza est en état de siège et que ce sont ces tunnels de contrebande, qui justement, alimentent la subversion jihadistes, parce que pour les entretenir c’est toute une économie souterraine. Il est beaucoup plus rentable de faire le commerce des armes et des explosifs, que des produits de première nécessité. Donc, je ne crains pas le paradoxe, en disant que c’est bien plutôt la levée du blocus de Gaza et la responsabilisation de toutes les parties concernées, qui pourraient permettre d’éviter la répétition de tels drames.
’analyse de Dario S. (Rome)
Egypte : le président Mohamed Morsi mène un coup d’Etat en douceur contre l’armée.
Il vient de remplacer le ministre de la défense et le chef d’état-major de l’armée
dimanche 12 août 2012 - 17h38, par Dario S. (Rome)
par Média arabe
La présidence de la République égyptienne vient de confirmer le remplacement du maréchal Mohamed Hussein Tantawi au ministère de la Défense, et le général Sami Anan à la tête de l’état-major de l’armée égyptienne. Selon plusieurs sources, il s’agit d’un coup d’Etat mené en douceur par le président Mohamed Morsi contre les militaires, pourtant confirmés à leur poste dans le dernier gouvernement Qandil.
Le président Morsi a ainsi signé un décret mettant à la retraite le maréchal Tantatwi et le général Anan, remplacés respectivement par Saïd Al-Sissi, nouveau ministre de la Défense et commandant en chef des forces armées, et Sedki Sobhi Sayyed Ahmed nouveau chef d’état-major. Sans doute pour la forme, le maréchal Tantawi, confirmé pourtant au ministère de la Défense il y a moins de deux semaines, a été nommé conseiller à la présidence, alors que Mahmoud Mohamed Makki a été nommé vice-président de la République.
Ces changements interviennent alors que les forces armées égyptiennes sont engagées dans des opérations de grande envergure contre des terroristes armés, dans le Sinaï. Ces islamistes, liés à des groupes radicaux palestiniens, avaient mené une attaque, dimanche dernier, contre l’armée égyptienne, tuant une quinzaine de soldats, avant de pénétrer en Israël pour commettre des attentats d’envergure.
Au lendemain de ces attaques meurtrières près de Rafah et à Al-Arich, Le président Morsi et le maréchal Tantawi avaient pourtant affiché une solidarité exemplaire et une détermination sans faille pour éradiquer le terrorisme. Mais quelques jours plus tard, des sources médiatiques influencées par les Frères musulmans, le parti islamiste dont est issu le président Morsi, avaient accusé l’armée égyptienne de vouloir profiter de la situation dans le Sinaï pour fragiliser le président élu, et consolider le statut des militaires au sein du nouveau pouvoir. Certains commentateurs proches de la mouvance islamistes avaient même soupçonné les militaires issus de l’ancien régime de Hosni Moubarak d’avoir fomenté l’attaque de Rafah.
Dès lors, le limogeage à peine voilé de Mohamed Hussein Tantawi et de Sami Anan, une semaine après l’attaque terroriste, sonne davantage comme un coup d’Etat mené par Morsi contre l’armée, au moment où celle-ci reprend la situation en main au Sinaï. En Egypte, certains s’interrogent, non sans inquiétude, sur la nature de la réaction de l’armée et de son commandement face à cette situation. Les militaires se laisseraient-ils décapiter aussi facilement, après avoir permis à Morsi de l’emporter contre le général Ahmed Chafiq, qui aurait pourtant obtenu la majorité des voix ?
Le plus inquiétant est que les changements apportés par Morsi au ministère de la Défense et à la tête des forces armées se sont accompagnés de l’abrogation, pure et simple, de la déclaration constitutionnelle complémentaire que le Conseil suprême des forces armées (CSFA) avait décrétée à la veille du deuxième tour des présidentielles afin de sauvegarder ses prérogatives. Cette abrogation vise, sans nul doute, à permettre au président Morsi de reprendre le pouvoir et de se libérer de l’emprise du CSFA. Les Égyptiens retiennent leur souffle et attendent avec inquiétude la réaction des militaires.
Dario S.
La judéophobie en Egypte est devenue pathologique
http://philosemitismeblog.blogspot.fr/2012/08/la-judeophobie-en-egypte-est-devenue.html
"Tout pays où l'antisémitisme est considéré comme une forme de patriotisme est en extrême difficulté."
Jeffrey Goldberg (In Egypt, Anti-Semitism Is Back in Fashion - ) donne un conseil aux dirigeants internationaux qui se rendent en Egypte.
Si par hasard l'envie leur prenait d'insulter un interlocuteur ce qui est absolument à proscrire c'est de le traiter de juif.
L'antisémitisme, ce socialisme des imbéciles, est en train de devenir l'opium des masses égyptiennes. Mais pas seulement des masses. L'Egypte n'a jamais été particulièrement philosémite (il suffit de demander à Moïse), mais aujourd'hui, il est tout à fait acceptable que les classes instruites et créatives diabolisent les Juifs et défendent les théories conspirationnistes antisémites les plus abjectes. Toute association, aussi éphémère soit-elle, avec des Juifs et des Israéliens est susceptible de porter préjudice à une carrière professionnelle.
Le niveau de l'antisémitisme en Egypte a des conséquences sur la paix au Moyen-Orient et la sécurité des Juifs. Mais il a surtout des conséquences sur le bien-être de l'Egypte elle-même. La révolution qui a renversé le dictateur du pays, Hosni Moubarak, était pleine de promesses, mais elle a également révélé les énormes défis politiques et culturels auxquels le pays fait face. Et l'antisémitisme a toujours été un signe, entre autres, d'une culture profondément dégradée.
Comme l'a écrit Walter Russell Mead sur son blog "les pays où sévit un antisémitisme monstrueux sont presque toujours arriérés et pauvres". Ils ne sont pas arriérés et pauvres parce que les Sages de Sion conspirent contre eux. Ils sont arriérés et pauvres parce que, comme l'affirme Mead, ils n'ont pas la capacité de "voir le monde clairement et de discerner les rapports de cause à effet dans des contextes sociaux complexes." Il appelle l'antisémitisme la "sociologie du confusionnisme" ["sociology of the befuddled"].
< class="TitreMarron">Le divertissement pathologique - La télévision égyptienne est remplie de ce type de sociologie. Une série populaire dépeint un diplomate égyptien en poste à Tel-Aviv et qui, comme activité d'appoint, vole les banques israéliennes. Le spectacle a été diffusé sur une chaîne satellitaire moyen-orientale qui a affirmé qu'elle "surprendrait le public avec les blagues les plus douces sur le Juif vulgaire ["the cheap Jew"]."
Une émission de télévision appelée "Il Hukm Ba'd il Muzawla," une sorte de "Camera cachée" au rabais, fournit une preuve supplémentaire que la judéophobie en Egypte est devenue pathologique. Le spectacle attire des célébrités à donner une interview en faisant croire qu'elle sera diffusée sur une station de télévision étrangère, puis tente de les destabiliser en prétendant qu'en réalité elles sont interviewées pour un show israélien.
Jeffrey Goldberg ajoute que si le leadership iranien est radicalement antisémite, il n'a jamais, lors de ses voyages en Iran, personnellement ressenti la haine des Juifs au niveau populaire.
Ce n'est pas le cas en Egypte, où le virus s'est largement répandu. Comme on l'a vu dans la région du Sinaï, où des militants ont tué 16 soldats égyptiens et a essayé de prendre d'assaut la frontière israélienne, le 5 août, l'Egypte a de graves problèmes, et ils n'ont pas grand-chose à voir avec ces "cheap Jews".
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Autres sources
Bonjour l'Egypte : journal donnant beaucoup de petites nouvelles souvent inédites, et qui a peu d'analyse de fond. Un complément indispensable.
http://bonjouregypte.com/news.php?id=9063
Metula News Agency : Beaucoup d'articles de fond, assez peu sur l'Egypte, toutefois l'article de Sami El Soudi est particulièrement interessant, Metula News Agency est très stricte sur le copy right, ce qui expliquep pourquoi cet article n'est pas reporté ici
Sami el soudi Menapress « Et l’Egypte devint une dictature islamiste (info # 021308/12) »
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