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François Hollande parle aux Algériens


samedi, 29-Déc-2012
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trefle
 

Un voyage à haut risque, notre président ne s'en est pas trop mal tiré grâce à l'éloge de Messali Hadj et de personnalités françaises qui ont milité pour que la France fidèle à elle même, accorde la dignité et la liberté au peuple Algérien. C'est une nouvelle page qui doit être tournée grâce à la connaissance commune d'une même histoire. Mais au delà des bonnes nouvelles économiques dont tout le monde a besoin, la méfiance reste de de mise, d'un côté on craint le colonialisme français, et de l'autre l'invasion des sarrasins.
Voir après l'article les commentaires de lecteurs...

 

Comme ses prédécesseurs Valérie Giscard d'Estaing, François Mittérand, Jacques Chirac, et Nicolas Sarkozy François Hollande a fait le voyage d'Alger afin d'améliorer les relations entre les deux pays qui ont été liés par plus de 130 ans de vie commune, et d'y signer un pacte d'amitié.

L'héritage colonial

La guerre d'indépendance de l'Algérie, a été présentée en France à l'époque comme des opérations de maintien de l'ordre, aujourd'hui en Algérie, on la décrit comme une lutte contre l'occupant. Ces deux visions sont fausses, car il s'agissait d'une véritable guerre civile entre les Algériens, d'un côté ceux qui voulaient rester français surtout les chrétiens et les juifs, mais aussi un grand nombre de musulmans, et de l'autre ceux qui voulaient l'indépendance : la majorité des musulmans. L'histoire a été tragique, les pères fondateurs de l'indépendance ne voulaient pas un tel divorce, l'histoire de Messali Adj est édifiante, cependant le MNA Mouvement National Algérien a été liquidés par le FLN (Front de Libération National). Beaucoup de berbères des Aurès ou de Kabylie souhaitaient retrouver leurs racines, ils ont combattu l'armée française avec fureur mais ont été ensuite méprisés par le FLN qui leur a imposé une arabisation forcée.

bL'Algérie est gouvernée par de façon autoritaire, et les dirigeants ont la réputation d'être corrompus, ils doivent faire face à une puissante opposition islamiste. La situation économique est mauvaise, certaines zones berbères ou kabyle sont au bord de la révolte, aussi le gouvernement navigue, louvoie, se compromet ou fait preuve d'autorité. Afin d'essayer de calmer ses oppositions, le président Bouteflikha fait assault d'islam et de nationalisme. Il fait construire une mosquée pharaonique, accuse l'héritage français et à l'occasion agite l'épouvantail israélien.

 

Le gouvernement Algérien avait exigé de la France des excuses pour les crimes commis pendant la colonisation, la gauche, en particulier les communistes y souscrivaient avec enthousiasme, mais la droite tenait surtout à mettre en avant le rôle positif de la colonisation. En fait les deux ont raison, la colonisation s'apparente à un viol, puis à une vie conjugale, avec le bon et le moins bon.

La France a été colonisée par les Romain et en est sortie plus riche, l'Algérie avait été colonisée par les arabes, puis par les turcs, il n'est pas sûr que la colonisation turque ait apporté autant que la colonisation française. Si la conquête française a été sanguinaire, la France a bâti des infrastructures qui aurait permis au pays de se développer et d'être une des principales puissances d'Afrique sans cette guerre qui a tout gâché et a provoqué le départ des élites.

Le Président Bouteflikha tenait à cette rencontre historique avec la France

 

En difficulté face à son opinion, le président Bouteflikha a tenu à faire de ce voyage un succès de prestige. Pour cela, il a fait repeindre en blanc certaines rues et certains bâtiments de la Capitale. Le président Hollande a eu droit à des bains de foule, toujours accompagné du président Algérien tout sourire. L'accueil a été chaleureux, sans être délirant. On a filmé un homme qui sortait de la foule pour baiser la main du président Hollande, la presse nationaliste le lui a repproché, il a répondu, qu'en Algérie on avait le sens de l'hospitalité.

 

François Hollande s'était engagé avant de partir pour Alger : « Je ne viens pas ici pour faire repentance ni excuses, ... mais pour engager un nouvel âge entre la France et l'Algérie. " Il ne parlera pas ni des effets positifs de la colonisation, ni d'excuses publiques.

Si le Président Français a été très bien accueilli par le président algérien Bouteflikha qui espérait ainsi profiter de l'effet d'image d'une manifestation de sympathie, en France, on attendait François Hollande à tous les coins de son discours.

Le discours à l'assemblée nationale Algérienne

L'assemblée nationale Algérienne était réunie au grand complet pour écouter le discours du président français, qui a été applaudi à plusieurs reprises.

 

 

François Hollande a parlé d'histoire, et à beaucoup insisté sur la nécessité d'une vision commune du passé, afin de pouvoir bâtir un avenir commun.

François Hollande a probablement été sincère en dénonçant les crimes de guerre bien réels de l'armée française à Sétif par exemple, mais il n'a pas osé rappeler ceux du FLN, même s'il a cependant invité les Algériens à fouiller leur passé, qui n'a pas toujours été glorieux ... «Connaître, établir la vérité, c’est une obligation, et elle lie les Algériens et les Français. Et c’est pourquoi il est nécessaire que les historiens aient accès aux archives, et qu’une coopération dans ce domaine puisse être engagée, poursuivie, et que progressivement, cette vérité puisse être connue de tous. »

Il n'a pas mis en avant l'aspect positif de la colonisation, mais il a parlé de Clémenceau, Messali Hadj, André Mandouze, Germaine Tillion, Albert Camus et François Mauriac tous des adversaires solides du système colonial, mais des ennemis de la violence aveugle et des crimes nationalistes qui ont ruiné l'espérance d'un civilisation franco-maghrébine qui aurait pu naître sur l'autre rive de la Méditerranée.
Faut-il rappeler que Messali Hadj, seul algérien cité, a été le fondateur du nationalisme algérien et que ses partisans ont été massacrés par le FLN ? Contrairement à ce que la gauche communiste a l'habitude de dire, François Hollande n'a pas mentionné les français qui ont pris part au combat contre la présence française en Algérie comme Jean Paul Sarthe, et Franz Fanon et d'autres français qui ont pris fait et cause pour les insurgés et qui n'ont pas eu de pitié pour le sang des français d'Algérie.

A droite, on ne lui a pas pardonné sa condamnation de la colonisation pour Guy Milière « Dire que la France se situe d’ «égal à égal» avec l’Algérie n’était pas nécessaire, et constitue un honteux abaissement» il lui repproche surtout d'avoir glissé dans son discours : «Pendant cent trente-deux ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste, brutal et destructeur. Je reconnais ici les souffrances que le système colonial a infligé au peuple algérien», et d'avoir cité les massacres dont la France s'est rendu coupable à Sétif, Guelma et Kherrata en oubliant les crimes tout aussi impardonnables commis par les indépendantistes algériens.

La main tendue aux algériens

Globalement, François Hollande était venu pour faire des affaires, il n'a pas souhaité parler de la corruption, des atteintes aux droits civiques en particulier contre les minorités chrétiennes ou Kabyles, il n e s'est pas élevé contre le mauvais sort qui est réservé à la langue française, par contre il a flatté son auditoire et s'est fait longuement applaudire par les députés lorsqu'il a parlé du vote français à l'ONU en faveur de l'état Palestinien. A la demande des Algériens, il n'a pas parlé des sujets qui fâchent, par exemple du soutiens français aux insurgés Syriens : Comment proposer de combattre les islamistes au Mali en leur donnant le pouvoir à Damas ?

Un passage important, François Hollande a rappelé pourquoi les relations entre la France et l'Algérie étaient aussi passionnelles : « Un très grand nombre de français sont liés sentimentalement à l'Algérie de façon indéffectible : Je pense aussi à ces jeunes Français nés de parents algériens qui sont pleinement Français, qui doivent être regardés
toujours comme tels et qui en même temps sont en famille ici, chez vous en Algérie. Ces jeunes Français se sont engagés dans tous les domaines de l’économie, de la culture, du cinéma, de la littérature, du théâtre, du sport et même de la politique. Et nous avons attendu d’ailleurs trop longtemps ce moment, enfin les assemblées parlementaires françaises comptes désormais des élus d’origine algérienne.
Il y a aussi tous ces Français nés en Algérie et qui sont partis dans les conditions que chacun connait et avec le déchirement dont ils ne se sont pas remis mais qui portent toujours je vous l’assure, l’Algérie dans leur coeur. Je ne vais pas faire de comptabilité mais il y a des millions de mes concitoyens en France qui ont vis-à-vis de l’Algérie un fonds commun de références, de passion, d’émotions et qui loin d’affaiblir la France, renforce encore cette passion d’être ce qu’elle est aujourd'hui.
»

Il a annoncé de bonnes nouvelles à Alger, en particulier une nouvelle usine de montage de voitures Renault près d'Oran, tout en enrobant cette aannonce de propos rassurants pour les ouvriers français qui craignent pour leurs emplois en métropole. Il a aussi promis de facilité les études en France, en lançant une sorte d'Erasmus pour les étudiants maghrébins.


Le peuple Algérien, au delà des discours officiels a été déçu devant les réponses plutôt évasives sa principale demande : l'augmentation du nombre de visas.

Si la France et l'Algérie ont un grand besoin urgent de bonnes nouvelles économiques, sur le fond, les deux pays se craignent. L'Algérie ne veut à aucun prix d'un retour du colonialisme français, et la France refuse de se faire islamiser par une immigration incontrôlée. On a peur d'une conquête réciproque, et c'est la thèse que Georges-Marc Benhamou avait développé dans son livre "Un mensonge français". De Gaulle aurait volontairement laissée l'Algérie au FLN pour que les ponts entre les deux pays soient brisés, afin que la France ne devienne pas algérienne. Ce n'est bien sûr qu'une hypothèse, mais la crainte est bien réèlle encore aujourd'hui.

Michel Lévy

 

Pour en savoir plus :

Le discours intégral de François Hollande (Pdf)

Série d'articles de presse qui m'ont permis d'écrire cet article

 

J'ai recu les remarques suivantes d'Aziz qui m'a écrit depuis l'Algérie...

J'ai lu ton article, un papier équilibré et qui fait le tour sur la majorité des questions abordées dans la visite présidentielle de François Hollande.

Il en reste quand meme, que l'affaire de l’assassinant des moines de Tibhirine, n'a pas été évoquée dans ton article, les français veulent que la vérité aboutisse, tandis que coté Algérien, le flou persiste toujours sur ce dossier.

L'autre dossier que tu n'a pas évoqué dans ton article, c'est la situation sécuritaire au Sahel, les français veulent une intervention militaire au Mali, tandis que les Algériens, plaident pour la nécessité du dialogue entre toutes les parties au Mali. Il me semble qu'une intervention militaire est irrévocable, si on laisse faire, la branche d'AQMI au Maghreb, prendra de terrain dans cette région du monde, reste à savoir comment peut-on organiser cette intervention militaire, sans nuire à la stabilité des pays des voisinages, à prendre en considération aussi, le trafic d'armes de provenance de Libye, tout est lié vois-tu.

Cette visite présidentielle, avait un caractère économique aussi, l'usine de Renault, donnera plusieurs avantages aux français, l'exemption fiscale, l'exclusivité de 03 ans. La presse n'a pas évoquée l'existence d'un usine similaire au Maroc, un accord a été signé bien avant cet usine et la capacité de l'usine Renault au Maroc et de 03 fois que celle de l'usine de Renault à Oran.

Toujours dans le volet économique, la règle des 51/49 embrasse les français, sans le dire publiquement, les deux parties ont pu évoquer cette règle certainement...

Dans le volet politique, il faut soulever que 2 rassemblements ont été empêché en Kabylie et à Alger. Le premier organisé par le MAK et le deuxième par SOS Disparu. Avec une courte rencontre avec une partie de la société civile Algérienne, le président français, n'a pas voulu énerver son homologue Algérien, en ne pas parlant des dossiers des droits de l'homme, la démocratie, les minorités chrétiennes en Kabylie notamment et le droit du peuple Kabyle, à sa langue, sa culture sa prise de destin en mains.

Enfin, coté Algérien, on évoque toujours la questions de l’octroie des visas, rares les journalistes qui soulèvent la difficultés des français qui veulent se rendre en Algérie, pour divers raisons, d'octroyer un visa, la réciprocité doit être appliquée. Un français, n'a pas besoin d'un visa pour se rendre en Tunisie ou au Maroc, mais il a besoin de ce document pour visiter l'Algérie!

Voila, en gros les points que j'ai voulu soulevé, en espérant que je n'étais pas long.
Avec mes amitiés, Aziz