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L'accord mirage


vendredi, 19-Jul-2013
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trefle
 
L'Europe veut imposer à Israël de conclure une paix sur la base de deux états pour deux peuples, or ni les dirigeants israéliens, ni les dirigeants palestiniens n'ont mandat pour le faire. Le but ne devrait pas être de créer un état arabe de plus, mais d'arriver à la paix, et les conflits régionnaux ne prêtent pas à l'optimisme.
 

John Kerry, envoyé spécial du président Obama a pris son bâton de pélerin, et a décidé de faire le forcing pour qu'Israéliens et Palestiniens reprennent les négociations de paix. C'est que la question redevient urgente en pleine tourmente régionale :

  • L'Egypte va de révolution en révolution, les islamistes ont été chassé du pouvoir, mais se rebiffent et organisent des "maquis" dans le Sinaï, ils n'hésitent plus à attaquer l'armée.
  • La Syrie est en pleine guerre civile, et cette fois, il y a quatre partis en cause, le pouvoir fascisant d'Assad soutenu par l'Iran et la Russie, les Islamistes soutenus par l'Arabie, les islamistes irakiens, et les djihadistes internationaux. Les syriens libres qu'on aimerait voir soutenus par l'occident, les Kurdes séparatistes qui se rapprochent des kurdes irakiens. Le pays est au bord de l'implosion.
  • L'Irak, plus divisée que jamais, le Kurdistan quasiment indépendant, le pouvoir central aux mains des chiites, vassaux de l'Iran, les sunnites dominés par les islamistes à la recherche d'une unité avec les Syriens.
  • Le Liban au main du Hezbolah vassal de l' Iran au bord de la guerre civile a de fortes chances de se laisser entraîner dans la guerre sunnites-chiites dont le conflit syrien est un des aspects parmi les plus inquiétants.
  • La Jordanie au bord de l'asphyxie à cause des centaines de milliers de réfugiés syriens qui s'entassent dans d'immenses camps. Le pays n'a ni l'eau ni l'argent pour subvenir à tant de miséreux. Ces réfugiés peuvent être manipulés par des islamistes, se joindre à des groupes palestiniens toujours au bord de la révolte et qui rêvent de prendre le pouvoir.

Dans ce contexte, où domine la guerre Israël reste un îlot de sécurité, mais les palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie sont malheureux d'une situation sans espoir où ils se voient marginalisés. Ils n'ont pas les moyens d'organiser une véritable révolte, ni encore moins de faire une guerre, les pays arabes qui pourraient les aider sont eux même en train de nager pour ne pas couler.

 

Israël serait en position de force pour négocier... s'il avait un gouvernement capable de prendre une position claire.

Par ce qu'Israël est relativement fort, malgré l'inquiétude que suscite l'instabilité ambiante et la menace iranienne, les occidentaux pensent qu'il est en mesure d'assurer des mesures fortes pour mettre fin à la guerre de cent ans qui l'oppose aux arabes de Palestine.

Les américains veulent relancer l'initiative de Genève. C'est la démarche de John Kerry. Il s'agit d'une paix négociée basée sur la coexistence de deux états. Or du côté israélien, le discours est inaudible. Tout le monde veut la paix, parle de paix, jure sur la paix, mais la coalition au pouvoir est plus divisée que jamais. Alors que Benjamin Netanyahu déclare vouloir vivre à côté d'un état palestinien démilitarisé dont il ne précise pas les frontières, son partenaire Benett dit à qui veut l'entendre qu'il n'y aura jamais d'Etat Palestinien, alors que sa ministre Tsipi Livni appuie les accords de Genève basés sur un retour d'Israël sur les frontières de 1967.

Les américains disent à qui veut bien les entendre que les points de vue se sont rapprochés et que les négociations directes vont reprendre, cependant, l' Autorité Palestinienne refuse de s'asseoir à la table des négociations sans conditions, elle ne souhaite pas faire plaisir mais arriver à des résultats. Elle demande :

1°) Qu'Israël présente la carte où la frontière israélo-paletinienne serait marquée. Cette carte qui pourra être l'objet de négociation. Elle devra être proche des frontières de 1967, et présenter des échanges de territoires négociables => les grands blocs d'implantation seraient annexés à Israël, alors qu'Israël céderait des territoires équivalents en surface à la Palestine.

2°) Qu'Israël s'engage à long terme à ne plus construire dans les territoires contestés, en effet, à quoi bon négocier un état Palestinien si on fait l'impossible pour qu'il ne soit pas vivable.

3°) Qu'Israël libère un certain nombre de prisonniers palestiniens en gage de bonne volonté.

Mais Israël est bien incapable de satisfaire ces demandes, car cela imposerait un changement d'alliance, l'éclatement du parti Likoud de Netanyahu, et des alliances avec la gauche, voir avec les partis arabes. On ne sait pas si Bibi pourrait faire comme Sharon et créer son nouveau parti.

 

Les Européens veulent obliger Israël à accepter "les accords de Genève"

C'est dans cette ambiance bloquée, que Madame Ashton, "ministre" des affaires étrangèrescat de la communauté européenne a décidé de prendre parti dans le conflit israélo-palestinien pour forcer Israël a accepter un état Palestinien à ses côté.

Pour cela elle vient de prendre deux mesures successives, l'une est d'étiquetter différemment les produits israéliens selon qu'ils proviennent des territoires ou de l'intérieur de la ligne verte, puis une seconde interdisant formellement à tous les membres de l'union de passer des accords commerciaux, culturels ou autre entre un pays de l' Union Européenne et les territoires occupés par Israël, et ceci dès début 2014. La directive, publiée au journal officiel de l'Union, dispose que "tous les accords entre l'Etat d'Israël et l'UE doivent indiquer sans ambiguïté et explicitement qu'ils ne s'appliquent pas aux territoires occupés par Israël en 1967". Elle concernera notamment tous les prêts et instruments financiers financés par l'Union européenne.

Cette mesure a provoqué immédiatement une levée de bouclier en Israël, en effet, non seulement c'est le début d'un boycott, mais en plus cela obligera toutes les entreprises et administrations israéliennes, si elle veulent avoir des contrats avec l'Europe, qui est malgré tout le principal débouché économique du pays, à reconnaître que la Cisjordanie et Jérusalem Est ne font pas partie de l'État d'Israël.

Dans le journal Haarez, on voit encore plus loin : "Selon la ministre de la Justice, Tzippi Livni, : L'Europe pourrait ne pas se satisfaire d’un boycott des colonies, et l’étendre jusqu’à englober l’ensemble de l’État d’Israël lui-même. Ces évolutions sont le reflet d’une nouvelle réalité internationale, laquelle prend rapidement forme. À l’heure actuelle, et pour la plupart, il ne s’agit encore que de simples signaux d’alarme – mais de ceux qu’Israël ne saurait ignorer.

Jusqu’à présent, les gouvernements européens se sont évertués à conserver de bonnes relations avec Israël, en dépit de l’impasse des négociations de paix et de la poursuite de la construction dans les implantations [5] – au grand dam parfois de secteurs croissants de la population dans leurs propres pays. La position des États-Unis et l’héritage légué par l’histoire des pays d’Europe ont empêché l’adoption de mesures plus rigoureuses. Il apparaît cependant que leur patience soit aujourd’hui près du bout."

Les israéliens n'ont rien vu venir, Shimon Peres monte au créneau, et Benjamin Netanyahu proteste vigoureusement.

Israël n'acceptera aucun "Diktat", martelle Netanyahou, les frontières seront définies après négociations avec les palestiniens. D'ailleurs la ligne de démarquation de 1948 n'est pas une frontière internationale reconnue. Israël fait remarquer que Chypres est en partie occupée par la Turquie, que le Sahara Espagnole par le Maroc, et que les conflits territoriaux sont nombreux sur la planète, la focalisation sur les territoires Palestiniens est discriminatoire.

J’aurais pensé que ceux qui s’inquiètent pour la paix et la stabilité dans la région n’évoqueraient une telle question qu’après avoir réglé des problèmes légèrement plus urgents, comme la guerre civile en Syrie et la course de l’Iran pour se doter d’armes nucléaires”, a ironisé M. Netanyahou.

Cette prise de position correspond à un alignement de la communauté européenne sur les positions de l'Autorité Palestinienne, qui ne peut plus être considérée comme neutre dans le conflit.

Et maintenant que peut-il se passer ?

Israël a toutes les raisons de se méfier des européens, l'Europe se moque d'Israël et des palestiniens comme de sa première chemise, elle voit l'orient musulman en pleinde ébullition, et ce maudit petit conflit gène considérablement toutes les démarches politique et commerciales avec une grand partie du monde. Il n'est pas sûr du tout que les États Unis continuent à soutenir Israël comme ils le font, car cela leur cause aussi un déficit d'image considérable.

Israël se trouve donc dans une situation qui peut évoquer la Tchécoslovaquie de 1938, l'Europe croit être de son intérêt de soutenir un milliard et demi de musulmans, et d'imposer sa volonté à un petit pays qui pourtant défend les mêmes valeurs que lui, sans tenir compte de ses impératifs de sécurité. Les Palestiniens se définissent comme un peuple depuis peu, ils sont avant tout une fraction du peuple arabe de la région, comme les Sudètes étaient une fraction du peuple allemand.

Toutefois, quelque soit la façon dont on retourne le problème, on voit bien qu'Israël ne souhaite pas se transformer en état multi-ethnique, qu'il ne réussit même pas à faire des arabes israéliens de bons citoyens, et qu'incorporer à l'Etat des millions d'arabes en plus risque de mener à des affrontements et à de grandes difficultés. Avoir deux états amicaux côte à côte est quand même la solution la plus réaliste. Seulement, elle ne peut pas, elle ne doit pas être imposée de l'extérieur, car on risquerait d'arriver à une solution à l'Algérienne, c'est à dire des désordres et pour finir l'exil des habitants juifs. Vous avez ici un lien montrant ce que pourraient devenir les frontières d'Israël.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=E_eX6t5a53M

Il faut donc un accord négocié assurant la sécurité de tous, il n'est pas possible avec le gouvernement israélien actuel compte tenu des positions des députés de droite qui appuient Netanyahu, or il existe une majorité de rechange .
2etats

Il y a un autre obstacle à résoudre, le leader Palestinien n'a aucune légitimité, il ne contrôle pas Gaza, il n'a pas été réelu depuis des siècles, et tout accord signé par lui sera ipso facto contesté. Il risque rapidement d'être débordé par plus nationaliste que lui, et rien n'indique que les arabes cesseront par miracle leurs revendications en cas d'accord, que les dirigeants mèneront vraiment une politique de paix, en imposant par exemple une éducation tournée vers la paix, et des programmes de télévision porteurs de fraternité.

La cause palestinienne est une véritable croisade, le seul élément fédérateur pour l'ensemble du monde musulman, il est peu probable qu'elle disparaisse suite à un accord quelconque. On trouvera bien un tyran à droite ou à gauche pour la réactiver en brandissant le droit au retour, ou le sort des arabes israéliens nécessairement brimés par les sionistes.

Israël a été échaudé par la paix signée avec l'Egypte et la Jordanie, où il a réussis a obtenir des relations correctes avec les gouvernements, mais n'a pas du tout réussis à faire la paix avec les populations qui restent profondément hostiles.
S'il n'y a pas de nouvelle guerre, c'est en raison de la faiblesse arabe.

Il existe toujours deux risques, celui de ne pas conclure quand il le fallait, et celui de concllure quand il ne fallait pas, et ni Israël, ni les palestiniens ne peuvent éviter de prendre des risques lourds de conséquences.

Israël a la capacité de signer et de tenir ses engagements grâce à une majorité de rechange, les palestiniens ne l'ont pas en raison de l'indépendance de Gaza et du manque de démocratie. Cet obstacle devrait être pris en compte par les chancelleries occidentales.

Michel Lévy

Mini revue de presse ici et