Les Européens veulent obliger Israël à accepter "les accords de Genève"
C'est dans cette ambiance bloquée, que Madame Ashton, "ministre" des affaires étrangères de la communauté européenne a décidé de prendre parti dans le conflit israélo-palestinien pour forcer Israël a accepter un état Palestinien à ses côté.
Pour cela elle vient de prendre deux mesures successives, l'une est d'étiquetter différemment les produits israéliens selon qu'ils proviennent des territoires ou de l'intérieur de la ligne verte, puis une seconde interdisant formellement à tous les membres de l'union de passer des accords commerciaux, culturels ou autre entre un pays de l' Union Européenne et les territoires occupés par Israël, et ceci dès début 2014. La directive, publiée au journal officiel de l'Union, dispose que "tous les accords entre l'Etat d'Israël et l'UE doivent indiquer sans ambiguïté et explicitement qu'ils ne s'appliquent pas aux territoires occupés par Israël en 1967". Elle concernera notamment tous les prêts et instruments financiers financés par l'Union européenne.
Cette mesure a provoqué immédiatement une levée de bouclier en Israël, en effet, non seulement c'est le début d'un boycott, mais en plus cela obligera toutes les entreprises et administrations israéliennes, si elle veulent avoir des contrats avec l'Europe, qui est malgré tout le principal débouché économique du pays, à reconnaître que la Cisjordanie et Jérusalem Est ne font pas partie de l'État d'Israël.
Dans le journal Haarez, on voit encore plus loin : "Selon la ministre de la Justice, Tzippi Livni, : L'Europe pourrait ne pas se satisfaire d’un boycott des colonies, et l’étendre jusqu’à englober l’ensemble de l’État d’Israël lui-même. Ces évolutions sont le reflet d’une nouvelle réalité internationale, laquelle prend rapidement forme. À l’heure actuelle, et pour la plupart, il ne s’agit encore que de simples signaux d’alarme – mais de ceux qu’Israël ne saurait ignorer.
Jusqu’à présent, les gouvernements européens se sont évertués à conserver de bonnes relations avec Israël, en dépit de l’impasse des négociations de paix et de la poursuite de la construction dans les implantations [5] – au grand dam parfois de secteurs croissants de la population dans leurs propres pays. La position des États-Unis et l’héritage légué par l’histoire des pays d’Europe ont empêché l’adoption de mesures plus rigoureuses. Il apparaît cependant que leur patience soit aujourd’hui près du bout."
Les israéliens n'ont rien vu venir, Shimon Peres monte au créneau, et Benjamin Netanyahu proteste vigoureusement.
Israël n'acceptera aucun "Diktat", martelle Netanyahou, les frontières seront définies après négociations avec les palestiniens. D'ailleurs la ligne de démarquation de 1948 n'est pas une frontière internationale reconnue. Israël fait remarquer que Chypres est en partie occupée par la Turquie, que le Sahara Espagnole par le Maroc, et que les conflits territoriaux sont nombreux sur la planète, la focalisation sur les territoires Palestiniens est discriminatoire.
“J’aurais pensé que ceux qui s’inquiètent pour la paix et la stabilité dans la région n’évoqueraient une telle question qu’après avoir réglé des problèmes légèrement plus urgents, comme la guerre civile en Syrie et la course de l’Iran pour se doter d’armes nucléaires”, a ironisé M. Netanyahou.
Cette prise de position correspond à un alignement de la communauté européenne sur les positions de l'Autorité Palestinienne, qui ne peut plus être considérée comme neutre dans le conflit.
Et maintenant que peut-il se passer ?
Israël a toutes les raisons de se méfier des européens, l'Europe se moque d'Israël et des palestiniens comme de sa première chemise, elle voit l'orient musulman en pleinde ébullition, et ce maudit petit conflit gène considérablement toutes les démarches politique et commerciales avec une grand partie du monde. Il n'est pas sûr du tout que les États Unis continuent à soutenir Israël comme ils le font, car cela leur cause aussi un déficit d'image considérable.
Israël se trouve donc dans une situation qui peut évoquer la Tchécoslovaquie de 1938, l'Europe croit être de son intérêt de soutenir un milliard et demi de musulmans, et d'imposer sa volonté à un petit pays qui pourtant défend les mêmes valeurs que lui, sans tenir compte de ses impératifs de sécurité. Les Palestiniens se définissent comme un peuple depuis peu, ils sont avant tout une fraction du peuple arabe de la région, comme les Sudètes étaient une fraction du peuple allemand.
Toutefois, quelque soit la façon dont on retourne le problème, on voit bien qu'Israël ne souhaite pas se transformer en état multi-ethnique, qu'il ne réussit même pas à faire des arabes israéliens de bons citoyens, et qu'incorporer à l'Etat des millions d'arabes en plus risque de mener à des affrontements et à de grandes difficultés. Avoir deux états amicaux côte à côte est quand même la solution la plus réaliste. Seulement, elle ne peut pas, elle ne doit pas être imposée de l'extérieur, car on risquerait d'arriver à une solution à l'Algérienne, c'est à dire des désordres et pour finir l'exil des habitants juifs. Vous avez ici un lien montrant ce que pourraient devenir les frontières d'Israël.
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=E_eX6t5a53M
Il faut donc un accord négocié assurant la sécurité de tous, il n'est pas possible avec le gouvernement israélien actuel compte tenu des positions des députés de droite qui appuient Netanyahu, or il existe une majorité de rechange .
Il y a un autre obstacle à résoudre, le leader Palestinien n'a aucune légitimité, il ne contrôle pas Gaza, il n'a pas été réelu depuis des siècles, et tout accord signé par lui sera ipso facto contesté. Il risque rapidement d'être débordé par plus nationaliste que lui, et rien n'indique que les arabes cesseront par miracle leurs revendications en cas d'accord, que les dirigeants mèneront vraiment une politique de paix, en imposant par exemple une éducation tournée vers la paix, et des programmes de télévision porteurs de fraternité.
La cause palestinienne est une véritable croisade, le seul élément fédérateur pour l'ensemble du monde musulman, il est peu probable qu'elle disparaisse suite à un accord quelconque. On trouvera bien un tyran à droite ou à gauche pour la réactiver en brandissant le droit au retour, ou le sort des arabes israéliens nécessairement brimés par les sionistes.
Israël a été échaudé par la paix signée avec l'Egypte et la Jordanie, où il a réussis a obtenir des relations correctes avec les gouvernements, mais n'a pas du tout réussis à faire la paix avec les populations qui restent profondément hostiles.
S'il n'y a pas de nouvelle guerre, c'est en raison de la faiblesse arabe.
Il existe toujours deux risques, celui de ne pas conclure quand il le fallait, et celui de concllure quand il ne fallait pas, et ni Israël, ni les palestiniens ne peuvent éviter de prendre des risques lourds de conséquences.
Israël a la capacité de signer et de tenir ses engagements grâce à une majorité de rechange, les palestiniens ne l'ont pas en raison de l'indépendance de Gaza et du manque de démocratie. Cet obstacle devrait être pris en compte par les chancelleries occidentales.
Michel Lévy
Mini revue de presse ici et là
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