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L’AUTRE FACETTE POLITIQUE DU GUIDE SUPRÊME OVADIA YOSSEF
Le rabbin Ovadia Yossef, originaire de Bagdad où il est né en 1920, Guide spirituel des juifs orthodoxes sépharades, est mort des suites d'une maladie contre laquelle il luttait depuis plusieurs mois, à l'hôpital Hadassah de Jérusalem. Grand sage religieux, il s'est cependant montré un piètre politique.
C'est un demi-Dieu qui disparait après avoir occupé l'espace politique israélien, depuis 1984, lorsqu'il a décidé d'améliorer le sort des Juifs séfarades, traditionnellement attachés à la pratique religieuse du judaïsme mais victime d'une ségrégation de la part des ashkénazes qui les avaient écartés du pouvoir politique et religieux. Plus de 700.000 de ses fidèles, habillés paradoxalement de la tenue noire des ashkénazes, l'ont accompagné à sa dernière demeure ce qui, comparé à la taille d'une population juive de 7 millions d'âmes, représente un record pour des obsèques à Jérusalem. |
Trois leaders du Shass
Les manœuvres politiques avaient commencé dès le début de son agonie parce qu’il laisse un empire dont la succession n’a pas été suffisamment préparée. En effet, il avait fait le vide autour de lui en mettant aux postes les plus sensibles ses proches. L’homme, qui personnifiait le Messie, s’en est allé laissant orphelins les juifs orientaux issus de toutes les contrées, Maroc, Tunisie, Inde, Yémen et Ouzbékistan qu’il avait réussi à fédérer au sein du même parti pour redonner son lustre à l’identité séfarade.
Ovadia Yossef avait été imprégné de l’atmosphère fervente juive de Bagdad puis du Caire où il a présidé le Tribunal rabbinique de 1947 à 1950 et où il a affiné sa culture et son éducation religieuses. De là date son expertise exceptionnelle dans le domaine de la Halakha, la loi juive. Mais il s’était écarté de ses pures activités religieuses en passant ses dernières années à arbitrer le conflit politique entre ses deux fils spirituels, Elie Yishaï et Aryeh Deri, ce dernier étant ouvertement son préféré. Malgré une condamnation à trois ans de prison ferme pour corruption et fraude, Aryeh Deri a retrouvé sa place de responsable du Shass à sa sortie de prison, après avoir écarté le leader en place, Elie Yishaï, sur injonction du Guide suprême.
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Ovadia Yossef et Arieh Deri |
Cette haine entre les deux dirigeants risque de conduire à une lutte fratricide pour la prise du pouvoir. D'ailleurs Elie Yishaï a été peu vu en première ligne durant les obsèques comme s'il était tricard. Ovadia Yossef a tellement verrouillé son parti qu’il s’est rendu irremplaçable jusqu’à rendre sa succession problématique. Il n’est pas certain que son parti Shass survive à sa disparition tant il est miné par les ambitions personnelles et par les fractures.
Méthodes anachroniques
Mais sous couvert de cette lutte interne, le rabbin Ovadia Yossef a créé une véritable dynastie religieuse fondée en grande partie sur la ségrégation, le népotisme et l’antisionisme. Il ne recherchait pas la compétence religieuse pour les promotions aux postes dans ses différents rabbinats mais plutôt le lien avec sa famille ou le degré de soumission au Guide spirituel. Pour un pays moderne, réputé pour sa haute technologie et sa démocratie, ces méthodes anachroniques laissent rêver car le rabbin dictait seul la liste des candidats aux élections législatives, en imposant ses hommes. On raille les méthodes iraniennes mais le parti Shass disposait de la même structure de Conseil des Sages dominé par le Guide suprême, considéré comme le grand décisionnaire du judaïsme orthodoxe séfarade.
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Les nouveaux Grands rabbins Lau et Yossef |
Ovadia Yossef était certes sincère au début de son combat pour donner aux séfarades, s’estimant discriminés, la réelle place qu’ils méritaient compte tenu de leur poids électoral. Mais il s’est ensuite fourvoyé vers un mysticisme et une dictature politique qui conduisaient ses fidèles à friser l’idolâtrie. Alors que de nombreux rabbins, issus des universités rabbiniques, se distinguaient par leur expertise religieuse et même leurs qualités de leader politique, le «hasard» a voulu que l’un de ses fils, le rabbin Yitzhak Yossef, ait été récemment été élu Grand Rabbin séfarade d’Israël dans un vote où le résultat était connu d’avance décision irrévocable du Guide suprême.
Un véritable empire financier devra trouver son nouveau leader capable de brasser les millions de dollars amassés par l’organisme de certification Badatz Bet Yossef de la cacherout, disant le droit religieux sur la qualité des aliments et sur leur acceptation dans la liste des produits autorisés à consommer par les juifs pratiquants. C’est dire le pouvoir exorbitant que détiennent les censeurs qui font la pluie et le beau temps et font payer cher le droit pour un produit d’être inscrit comme «cacher»
En France le Consistoire dispose d’une autorité centralisée, le Beth Din sous le contrôle du Grand rabbin de France, chargée de distribuer pour toute la France, moyennant cotisations élevées, les autorisations pour les restaurants, les boucheries, les industries alimentaires, les vignerons et les hôtels. Mais en Israël chaque ville dispose de sa propre organisation décisionnaire sous la tutelle du rabbin de la ville avec toutes les dérives qui peuvent en résulter, comme la taxation double de produits ayant déjà subi un prélèvement dans le pays d’origine, et parfois dans la ville israélienne d’origine.
Ces taxes servent certes à financer les œuvres sociales orthodoxes, les écoles talmudiques où sont pris entièrement en charge les étudiants, les salaires des fonctionnaires du rabbinat et à l’occasion les primes à certaines personnalités méritantes soutenant cette communauté orthodoxe. Cette dépendance financière d’une classe sociale défavorisée assure ainsi au parti Shass un matelas de voix, à chacune des élections législatives, qui lui permettent d’obtenir entre 11 à 13 députés à la Knesset, le rendant parti charnière pour toute coalition gouvernementale.
Bataille pour la succession Rabbins Ovadia Yossef et Shlomo Amar
La bataille pour la succession s’explique parce qu’il s’agit de pourvoir un poste très influent en Israël. Pour lui succéder, certains recherchent le pouvoir financier et le leadership politique du parti Shass. D’autres préfèrent la domination spirituelle sur des centaines de milliers d’adeptes, prêts à tout pour faire avancer la cause du judaïsme orthodoxe. Tandis que la lutte politique se déroulait entre Eli Yishaï et Aryeh Deri, le rabbin Yossef installait ses enfants, tous rabbins, Yaakov, Abraham, David et Moshe aux commandes des rabbinats des principales villes du pays. D’ailleurs les deux fils Itzhak et David et la belle-fille Yéhoudit veillent actuellement au grain pour ne pas laisser échapper un pouvoir qui, selon eux, leur revient de droit divin.
Deux clans, aux contours strictement politiques, ont depuis été constitués pour prétendre à la succession. L’ancien Grand rabbin d’Israël Amar, successeur putatif mais désavoué, s’est allié à Elie Yishaï, ancien secrétaire du parti, face au rabbin Shalom Cohen, membre du conseil rabbinique de Shass associé au secrétaire actuel du parti Aryeh Deri. Mais la désignation du Guide suprême prendra finalement l’allure d’une cooptation plutôt que d'une élection démocratique car tout se décide dans les alcôves du parti.
Le rabbin Ovadia Yossef avait œuvré pour que son monde religieux reste un monde à part, avec ses règles, ses clans et ses intérêts personnels. Il a perpétué une séparation anachronique entre deux clans du judaïsme qui n’a pluAs cours à notre époque. Les communautés juives séfarades et ashkénazes dans le monde sont depuis longtemps tellement imbriquées qu’il est difficile aujourd’hui d’en voir les véritables contours et surtout les véritables différences. Mais il n’y a qu’en Israël où l’on maintient cette dichotomie dans une sorte de ségrégation volontaire, appliquée d’ailleurs depuis l’âge de l’école.
Cependant Ovadia Yossef n’a pas été la cible des laïcs parce qu’il avait institué une dynastie religieuse à l’image des dynasties royales. Il a aussi, par mimétisme avec ses maitres ashkénazes, favorisé l’inspiration antisioniste de son parti et de ses synagogues. De nombreux orthodoxes en sont arrivés à réfuter l’idée même de l’existence d’Israël en intoxiquant des jeunes qui ont fini par confondre décisions humaines et lois divines.
Le Guide Suprême a été l’instigateur d’une dérive inquiétante anti sioniste qui ne s’inscrit pas dans le passé du pays mais vers un culte à forte composante mystique : «Lorsque l’État d’Israël reviendra à la Torah, nous célèbrerons Yom Haatsmaout, la fête de l’Indépendance». Il s’est attaqué au symbole même de l’État d’Israël en supprimant de la liturgie la bénédiction faite à l’État au moment de l’ouverture du tabernacle alors que cette prière est lue dans toutes les synagogues du monde, en France en particulier pour remercier la République Française de prendre soin de ses sujets juifs. Ces orthodoxes antisionistes refusent aussi de bénir
«les soldats de l’armée de défense d’Israël» parce qu’une «armée où les femmes et les hommes sont mélangés ne mérite aucune bénédiction».
Mais il ne s’est pas borné à occuper l’espace religieux. Il a réussi à polluer l’espace politique israélien en imposant des restrictions religieuses aux laïcs tout en monnayant des votes politiques en échange de subventions pour ses écoles talmudiques. D’ailleurs, Tsipi Livni avait anticipé cette pression puisqu’après avoir gagné les élections législatives de 2009, elle avait refusé de constituer un gouvernement incluant le Shass .
Déclarations intempestives
Le rabbin Ovadia Yossef s’était aussi distingué par un certain nombre de déclarations publiques incendiaires bien ciblées que certains voulaient mettre sur le compte de sa sénilité alors qu’il avait gardé jusqu’au bout une parfaite lucidité. Il est alors sorti de son rôle de sage religieux pour revêtir les habits d'un politicien.
En 2000, il avait prétendu que les victimes de la Shoah étaient des «âmes pécheresses réincarnées qui devaient expier par ce biais». En juillet 2001, il s’était attaqué aux Arabes de Jérusalem : « Dans la vieille ville de Jérusalem les Arabes fourmillent. Qu’ils aillent en enfer et le Messie les y conduira vite». Il n’avait pas ménagé en novembre 2003 les juifs de l’Est : «Tous les problèmes viennent des Ashkénazes. Vous les juifs ashkénazes, vous avez été en Occident, en enfer. Pourquoi êtes-vous venus ici ? Ce que vous dites ou faites est sans importance».
Ses déclarations racistes ont souvent choqué. Les Américains ont eu aussi leur lot de paroles violentes, en particulier en 2005 après l’ouragan Katrina : « Il y a eu un tsunami et il y a eu des désastres terribles, parce qu’on n’étudie pas assez la Torah. Les Noirs habitent là-bas, la Nouvelle Orléans. Les Noirs étudient-ils la Torah ? Dieu a dit envoyons-leur un tsunami et noyons-les. Bush était derrière les expulsions de Gush Katif à Gaza, il a encouragé Sharon à vider Gush Katif. Nous avons eu 15.000 expulsions en Israël, et il y a eu aux États-Unis 150.000 morts. C’était la rétribution divine ; Dieu donne à chacun ce qu’il mérite».
Plus près de nous, en 2010, il avait souhaité que le président palestinien Mahmoud Abbas et d'autres«disparaissent de notre monde». Fort de sa culture biblique, il a interprété en octobre 2010 les Lois de la Torah sous un angle restrictif, tout à fait personnel : «les Goyim (non juifs) ne sont nés que pour nous servir. En dehors de cela ils n’ont aucune place dans ce monde sauf celle de servir le peuple d’Israël. En Israël, la mort n’a pas d’emprise sur eux. Ils vont travailler, ils vont labourer, ils vont récolter. Nous nous assiérons comme un effendi pour manger. C’est pour ça que les Goyim ont été créés».
Parce qu’ils lui faisaient de l’ombre, il a descendu en flammes les religieux sionistes dirigés par le ministre Naftali Bennett. Ainsi il a estimé que ces religieux modernes, qui font l’armée et participent à la vie économique du pays, «ne doivent pas être considérés comme religieux et sont des goyim qui cherchent à abolir la Torah». Ses critiques excessives ont fini par le déconsidérer auprès de ceux qui le respectaient encore.
En fait il s’est attaqué à tout ce qui n’était pas juif orthodoxe séfarade en suscitant une ségrégation qui n’a pas été du goût de tout le monde. Il a ciblé les Arabes, les laïcs et les non-juifs, mais aussi les religieux sionistes et les conservateurs américains d’obédience libérale dont il a mis en doute leur judaïsme.
Enfin il a exploité le renouveau religieux des juifs francophones, inspirés par le charismatique Grand rabbin Joseph Sitruk, pour développer auprès d’eux ses thèses anti arabes et extrémistes. Et parce qu’il représentait pour certains la «lumière», ses adeptes frisaient l’idolâtrie tant ils étaient subjugués par une dialectique plus haineuse que religieuse.
Malgré toutes ces foucades, ses fidèles intoxiqués cautionnaient ses paroles comme ils cautionnent celles d’un gourou. Les plus indulgents se bornaient à qualifier ses propos de paroles futiles ne méritant pas que l’on y prête attention. Ils devront se battre pour faire vivre un judaïsme anachronique qui risque de ne plus avoir cours en 2014.
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Les choix d'Ovadia
Par Uri Avneri le 11/10/2013 sur le site de Gush Shalom
http://zope.gush-shalom.org/home/en/channels/avnery/1381494630/
Quand Rabbi Ovadia Yossef est apparu pour la première fois sur la scène nationale, j'ai eu un soupir de soulagement. Ici était l'homme dont j'ai révé, un leader charismatique des juifs orientaux, un homme de paix, un porteur de la tradition religieuse modérée.
Rabbi Ovadia, comme tout le monde l'appelait qui est mort cette semaine à l'âge de 93 ans, est né à Bagdad, il est venu en Palestine à l'âge de quatre ans, a gagné un grand respect comme étudiant en religion.
Pendant la guerre de 1948, il était grand rabbin d'Egypte, plus tard il devient le grand rabbin sépharade d'Israël. Sa nommination n'était pas due à des intrigues obscures, il a fondé un nouveau parti polique, le Shas qui est rapidement devenu une force politique en Israël.
Il a d'abord attiré mon attention, lorsque, contrairement à la plupart des rabbins importants, il a décidé que la loi Juive, la Halakha permettait de donner une part du pays d'Israël pour la cause de la Paix. Le sauvetage de la vie est prioritaire.
Sépharades et orientaux
D'abord, laissez moi vous définir quelques termes. Sépharade et oriental sont souvent confondus. Mais, ils ne sont pas identiques. Sépharade veut dire Espagne, les juifs sépharades sont les descendants des juifs qui ont été expulsés d'Espagne par les Rois Très Catholiques Ferdinand et Isabelle en 1492. La quasi totalité d'entre eux ont fuit l'antismitisme d'Europe et se sont implantés dans des pays où reignait les règles bienveillantes musulmanes, du Maroc à la Bulgarie. L'empire Ottoman tait basé sur un system de " Millets" les communautés ethnico-religieuses qui s'auto-gouvernaient sous la coupe de leurs propres responsables, lois et traditions. Les juifs de l'empire étaient gouvernes par un "H'aham Bashi", le grand rabbin, qui bien sûr était sépharade. Cette fonction était séculaire, dans la loi Juive, il n'y a pas de grand rabbin ni de pape. Tous les rabbins sont égaux, et chaque juif peut choisir le rabbin de son choix.
Quand les anglais ont pris le pouvoir, ils ont tenu a imposer un Grand Rabbin Ashenaze en plus. Depuis, nous avons deux grands rabbins dans ce pays, un sépharade et un achkenaze, chacun conservant les traditons de leur communauté. Cependant, la grande majorité des juifs venus des pays islamiques ne sont pas sépharades. Pour cela, ils préfèrent être appels "Mizrah'im" (orientaux). En fait, les mots Séphardis et Oriental se confondent et signifient la même chose.
Le nombre de personnes qui ont pris part aux funérailles de Rabbi Ovadia a été estimé à 800 mille, plus que la population totale du pays le jour où le pays a été fondé. Même en supposant que ce nombre est largement sur estimé, l'événement est extraordinaire. Jérusalem a été pratiquement bloqué, le véhicule transportant le coprs a eu du mal à atteindre le cimetière. Tous les centaines de milliers de personnes, toutes masculines, portaient les habits des juifs orthodoxes. Habits noirs, avec chemise blanche, grand chapeau noir. Beaucoup pleuraient et se lamentaient. On a frisé l'histérie collective.
Un érudit où un penseur ?
Les éloges des leaders religieux et laïques furent sans limite. On l'a qualifié de plus grand leader juif sépharade depuis 500 ans, un "Grand de la Torah" dont l'echo durera des siècles.
Je dois confesser que je n'ai jamais compris tout à fait sa grandeur en tant que penseur, religieux ou autre chose. Je me suis toujours rappelé ce que Yeshayahu Leibowitz m'a dit un jour : "La religion juive est morte il y a 200 ans, ne laisant derrière elle qu'une coquille vide de rituels" .
Rabbi Ovadia a écrit 40 livres de jugements et d'interprêtations de la loi religieuse. Tandis que les rabbins Ashkenazes générallemnt essayaient à rendre plus plus compliquées les injonctions religieuses, Yossef essayaient de les rendre plus faciles. En cela, il suivait la tradition orientale, qui était toujours plus modérée (comme l'était l'islam jusqu'à une date récente).
Yosef permis aux veuves de soldats tombés de se remarier (une procédure compliquée en suivant la Halaha). Il a décidé que les Falashas éthiopiens étaient juifs, et ainsi pouvaient venir en Israël avec la loi du retour. Dans des cas individuels innombrables, il a rendu plus facile aux gens de se débarrasser de restrictions trop strictes. Parce qu'une grande partie des affaires privées comme le mariage et le divorce sont régi par les lois religieuses et administrés par les rabbins, c'était très important pour les laïques aussi.
Mais était-il un penseur profond ? un sage moderne ? J'ai des doutes. Comme un commentateur a osé le faire remarqué, le nouveau pape a, en quelques mois, fait plus pour changer la théologie et le regard extérieur de son église que Rabbin Ovadia dans toute sa vie. Le judaïsme réformé a fait beaucoup plus pour moderniser le judaïsme que Yossef.
Mais mon appréciation initiale, et ma déception finale avec le rabbin ne concerne pas les questions religieuses.
La déception vient de la politique
Rabbi Ovadia était une figure de proue de la politique israélienne. Environ la moitié des juifs israéliens sont d'origine orientale. Jusqu'à son apparition, c'était une classe défavorisée, éloigné des contres du pouvoir, souvent humiliée et souvent désunie. Tous les essais pour changer ceci en force politique on échoué lamentablement. Alors, le rabbi vient. Il a fondé un parti puissant qui a souvent servi d'arbitre dans la politique israélienne. Il a redonné aux orientaux leur dignité, les a unifié. Ce fut un grand succès. Mais pourquoi ?
J'espérais qu'une fois les juifs orientaux ayant reconquis leur propre respect, ils se rappelleraient leur passé, l'âge d'or de la coopération judéo-musulmane dans l'Espagne médiévale, quand les poètes juifs fleurissait en langue arabe, quand les grands penseurs religieux comme Moïse Maïmonide était le médecin personnel de Saladin, le chef musulman qui a vaincu les croisés. Dans cet espoir, j'ai choisi les protégés de Yossef et son porte-étendard Aryeh Deri, comme homme de l'année pour mon nouveau nouveau magazine à l'âge tendre de 29 ans. Comme son maître, Deri qui est né au Maroc, était un homme de paix, et prônait ouvertement un accord avec les palestiniens.
Mais le rêve s'est évaporé. Le parti Shas s'est rapprohcé sans cesse de l'aide droite, et a soutenu les politiques extrêmes anti-arabes. Le rabbi, expert en malédictions arabes et hébraïques, a maudit les arabes autant que ses opposants juifs. (Il a annoncé une fois que le jour où Shulamit Aloni serait mort, il y aurait une grande fête). Il y a beaucoup de raisons - psychologiques et sociales - qui expliquent pourquoi la communauté orientale est devenue anti-arabe et anti- paix. Ce n'est pas seulement la faute de Yossef, et de Deri, mais ils n'ont rien fait pour le contrecarer. Au contraire, ils ont courru avec la foule, accélérant le processus.
Il s'est comporté comme un pape
Rabbi Ovadia a régit le parti Shas comme un pape, nommant et révoquant ses leader selon sa volonté. Le parti n'a pas d'institutions démocratique, pas d'élections internes. Le Rabbi prend ses décisions seul. En rejoignant le choeur ant-arabe, il a commis un grave pèché, bien qu'il n'ait jamais renié son jugement autorisant l'abandon de territoires occupés pour sauver des vies. Etant le parti des opprimés, on aurait pu espérer que que le Shas serait au moins le leader de la contestation sociale. En effet, Rabbi Ovadia et ses sous fifres parlaient sans fin du sort des masses orientales, des pauvres et des exclus. Mais, dans la vraie vie, ils n'ont absolument rien fait pour atténuer leur sort par une politique gouvernementale, des réformes sociales, en soutenant l'état du bien être. En fait, leurs opposants les ont accusé de conserver volontairement leur électorat dans l'ignorance et la pauvreté, de façon à les conserver dans un état de dépendance.
Qui a crée un immense empire financier
En la matière, Ovadia et son parti ont utilisé son pouvoir politique considérable d'extorsion pour soutirer au gouvernement d'immenses sommes d'oragent pour leur système d'éducation indépendant, et pour rien d'autre.
Ce sytème va du jardin d'enfants jusqu'au hautes Yeshivot. Dans ces écoles, rien n'est enseigné sauf les textes saints, un peu comme les madrassas islamiques. Le jour après les funérailles, Benjamin Netanyahu fit une visite de condoléance à la famille, les fils ne lui parlèrent pas de paix ou de réformes sociales. Ils lui parlèrent uniquement du mal que la conscription militaire ferait à leurs enfants.
Les mauvaises langues dirent à ce sujet que la famille de Yossef controle un empire économique important, basé sur la certification cachère de l'industrie. Ses admirateurs insistent pour avoir leur nourriture certifiée comme strictement cachère par des personnes en qui il avait confiance, ce qui a un prix, bien sûr. Personne ne connaît le montant du capital amassé par l'empire familial de Yossef.
Il restait une figure attachante
Pour les juifs israéliens non orthodoxes, qui sont la majorité, Rabbi Ovadia était un extrentrique, plutôt une personnalité attachante. La télévision aimait sa façon affectueuse de donner une petite tape sur la joue de ses visiteurs, hauts placés ou modestes. Ses malédictions sont devenues parties du folklore. (Une fois, il a appelé Netanyahu "oie aveugle"). Son habit le distinguait. Cependant après qu'il fut démis du poste de Grand Rabbin Sépharade, il a insisté pour cesser de porter l'habit brodé d'or, l'uniforme turc que cette fonction.
Comme la plupart des leaders de ce type, il ne laisse pas de successeur. Il n'y a pas de second Rabbi Ovadia, et il n'y en aura pas pendant longtemps. Pour construire un tel leadership, charismatique et érudit, cela prend des décades. Aucun candidat n'est en vue.
Même la survie du Shass avec Deri n'est pas assurée. Pour moi, c'est une histoire triste. Israël réclame un grand leader Sépharade, capable mobiliser les masses pour la paix et le progrès social. J'espère seulement qu'il apparaîtra avant le messie !
Uri Avneri |
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Le Rabbin Obadya Yossef ou la fin d'un mythe |
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Il n’est pas de juste sur terre qui fasse le bien sans jamais fauter. »
(Ec 7, 20)
La mort d’un érudit
Le Rabbin Obadya Yossef (1920-2013), qui vient de disparaître, était véritablement une encyclopédie vivante. Certainement l’un des rabbins qui a le plus produit dans le judaïsme. Il était alors encore un jeune homme lorsqu’il publia ses premiers ouvrages, et il a continué à produire jusque ses derniers jours. Il serait trop long de détailler l'ampleur de son savoir. Quelles que soient les critiques qu’on peut avoir sur le personnage, aussi véhémentes soient-elles, il est clair qu’il était un monument de la connaissance juive et qu’à ce stade il mérite toute notre attention.
Après avoir côtoyé plus d’une vingtaine d’années le monde de la Torah, années durant lesquelles j’ai eu la chance de rencontrer des maîtres, qui comptent parmi les plus grands de notre époque – la plupart ne sont plus de ce monde –, je peux affirmer sans aucune exagération que sous un certain aspect aucun d’entre eux n’a pu susciter autant l’admiration. Rav Obadya Yossef était ce qu’on peut appeler un vrai panier plein de livres[1], au sens le plus abouti. Plus de cinquante pour cent des œuvres qu’il mentionne dans ses ouvrages sont quasiment inconnus même des plus grands érudits.
Je me souviens lorsque j’étudiais à la yéchiva j’entretenais une étude régulière sur ses livres, j’avais alors un cahier dans lequel je notais mes vives interrogations sur ses écrits. J’ai très vite compris l’absurdité de ma démarche. Non que j’aie pu trouver des réponses à mes questions, j’ai simplement vite réaisé que la Torah ne saurait servir d’instrument juste dans le but de détruire les arguments de l’autre[2] et à plus forte raison lorsqu’on a affaire à un monument halakhique tel que lui. Certes aucun auteur n’est infaillible ; « si un élève n’est pas d’accord avec son maître, disent les sages, il lui est interdit de se taire »[3], mais on ne peut systématiser une démarche qui aurait pour objet de chercher la faille chez l’autre en le croyant incapable de justifier son propos sans tenir compte de son immense érudition[4].
Le mérite de permettre vaut plus que celui d’interdire
Aussi on ne peut réduire le personnage uniquement au champ politique et occulter le bien qu’il a pu aussi apporter au peuple juif, principalement en matière de législation rabbinique. Que ce soit dans ses capacités immenses de trouver des permissions à des femmesagounot[5] ou à des enfants issus d’unions interdites et qui selon la halakha ne peuvent se marier. Le rav Obadya Yossef avait réellement autorité en ces domaines, à l’instar d’un rav Moshé Feinstein en son temps ainsi que quelques autres du même acabit. Il était le dernier sur qui on pouvait compter, il savait apporter des permissions entièrement fondées sur la halakha jusque dans les situations les plus complexes.
Pour le Talmud[6], en effet, il y a un plus grand mérite à permettre qu’à interdire. Car, nous dit Rachi, lorsqu’un sage interdit il n’a pas besoin de justifier son propos autant que lorsqu’il permet. Dans ce dernier cas il lui faudra alors démontrer son argumentation sur des bases solides. Et c’est surtout ici qu’excellait l’auteur du Yabia Omer. Personne ne pouvait à ce stade raisonnablement rivaliser avec lui. Lorsqu’il démontrait qu’une chose est permise, y compris contre l’évidence, sa force de persuasion était telle,qu’il était capable de justifier ses positions en s’appuyant sur une telle quantité d’ouvrages que personne ne pouvait lui donner tort ou au moins ne pas admettre qu’il avait sur qui s’appuyer.
LeTalmud[7] cherche à savoir ce qui est le plus important, la connaissance générale des textes, Sinaï[8], ou bien l’approfondissement des sujets étudiés, OkerHarim[9]. Sa conclusion est que même s’il est nécessaire de maîtriser en profondeur les sujets, ce qui permet d’éviter les contresens, rien ne vaut l’étendue du savoir :car « on a tous besoin de celui qui détient la farine ». Le Rav Obadya Yossef n’était certes pas en reste pour ce qui est de l’approfondissement des textes, mais c’est bien davantage en matière d’érudition pure qu’il s’est démarqué de ses contemporains, c’est chez lui qu’on allait chercher la farine.
Le dernier d’une époque
Les sages disent : que « si les anciens sont des fils d’anges, nous sommes des fils d’hommes. S’ils sont des fils d’hommes, c’est que nous ne sommes que des ânes »[10]. Le Rav Simha Elberg (1911-1996)[11] disait que si la providence a permis que se chevauchent les générations entre elles c’est afin de nous montrer par l’exemple de nos anciens une idée de ce qu’étaient les maîtres des siècles passés. Même si ça peut paraître étonnant il suffit d’un œil avisé pour se rendre compte d’à quel point cette assertion est juste. Il est en effet impossible de comparer les sages des quelques générations précédentes à ceux de notre époque. Il est clair par exemple, à moins d’un miracle, le peuple juif ne produira plus un Maïmonide, un gaon de Vilna, un Baal Hatanya, un Rav Haïm de Brisk etc…, il ne s’agit pas de dénigrer les contemporains mais de bien comprendre que si la connaissance va au fur et à mesure des années en s’augmentant c’est justement parce que l’accès au savoir est facilité, mais pas qu’on a gagné en subtilité intellectuelle, bien au contraire. C’est pour cette raison que, paradoxalement,il devient de plus en plus difficile de tirer son épingle du jeu sur le terrain des connaissances. Ceci est d’autant plus vrai à l’aune d’internet où les sources sont devenues accessibles y compris aux non initiés, et ce, pas toujours pour la meilleure des causes.
C’est pourquoi de nos jours la qualité d’un érudit ne s’exprime pas tant dans le fait d’être un panier plein de livres, comme c’était le cas avant, mais dans le fait de bien saisir le sens des sujets étudiés, et d’être capable d’innover à savoir de produire du hidoush dans l’enseignement de la Torah.
Ainsi il faut admettre que sur le terrain de la profondeur il y eut dans les dernières décennies des érudits capables d’apporter un éclairage réellement nouveau dans l’enseignement rabbinique, avec une subtilité intellectuelle hors du commun. On peut citer sur ce registre la subtilité intellectuelle d’un Ravde Brisk, ou plus récemment du Rav Moshé Feinstein, ou du Rabbi de Loubavitch, la liste n’est pas exhaustive. Aussi même si nous l’avons dit le Rav Obadya Yossef n’était pas démunis d’une certaine profondeur, c’est surtout sur l’étendue de l’érudition qu’il s’est particulièrement fait remarqué. À l'instar de ce que nous dit le Talmud : « Un disciple des sages c’est celui qui est capable de répondre à une question posée sur n’importe quel sujet, y compris sur le traité talmudique de la fiancée », traité que personne n’a l’habitude d’étudier[12].
Et même si on a émis des réserves sur le personnage notamment depuis sa contribution dans la politique israélienne et surtout dans certaines de ses dérives verbales qui ont défrayé la chronique, il n’est ni le lieu ni l’heure de nous attarder sur ce point, il n’en demeure pas moins que cet homme était certainement la dernière image qui restait au peuple juif des grands d’Israël. Une époque qui avec lui, signe sa fin, comme si nous devions tourner la page d’un univers définitivement révolu.
Torah et grandeur
Les Sages disent que depuis la mort de Rabbi Yéhouda ha Nassi on a plus trouvé en un seul endroit Torah et grandeur[13] ; en ce sens, sans porter jugement, le Rav Obadya Yossef n’était certes pas un exemple de grandeur morale, mais il est certainement le dernier grand en matière de connaissance religieuse. Il ne s’agit pas pour moi de faire dans l’apologie, ou de rattraper ce qui ne doit pas l'être, mais de montrer uniquement l’évolution de ce qu’on peut appeler l'histoire de l'enseignement rabbinique.
L’auteur du Yabia Omer était, peut-être même malgré lui, le signe de la fin d'une époque. Le dernier d’une lignée de sages qu’on ne trouvera plus ; « Dommage pour ceux qui partent et que l’on ne retrouve plus »[14].
Le fait que ce signe soit rendu visible à partir d’un personnage qui a aussi fait polémique montre certainement encore plus la pertinence de mon propos. Tout se passe comme si lui même n'était pas à la hauteur de s'auto-représenter. La décadence étant tombé à un point tel que la responsabilité inhérente à un homme de Torah tel que lui était trop immense pour qu’il puisse en être le digne représentant. La charge qui s'incombait à lui était certainement trop lourde à porter. Mais les faits son tenaces et têtus. La mort du leader du parti Shass n’est pas simplement la disparition d’un rabbin de plus parmi d’autres, mais signe la fin de ce que le Judaïsme a pu produire de meilleure en matière de génies de la connaissance juive.
À mon avis c’est ce que l’histoire retiendra dans les décennies à venir dans lesquelles on sera loin d’épuiser ce qu’il reste à découvrir de ce que ce rabbin a pu apporter à la réalité du peuple juif.
Hervé élie Bokobza
- [1] Cf.Méguila 28, b.
- [2] Cf.le commentaire des Tossafot, entre autres, Pessahim 50, b.
- [3] R. Josef ‘Habiba (XVe siècle), (Nimoukey Yosef sur Sanhédrin 36, a)
- [4] Cf. Baba Batra 129, b – 130, a.
- [5]Il s’agit de femmes qui ne peuvent se remarier ou bien parce qu’elles n’ont pas reçu le divorce de leur mari ou bien parce qu’on ne sait plus s’ils sont vivants.
- [6] Cf. Betsa 2, b.
- [7] Horaïot14, a.
- [8] Façon de dire qu’il maitrise la connaissance telle qu’elle a été donnée au Sinaï.
- [9] Littéralement « qui déracine les montagnes ».
- [10] Shabbat112, b.
- [11] Auteur du Shalmé Simha, rav qui a fait parti des étudiants de la yéchiva de Mir qui sont allés étudier à Shanghai, et qui comptait parmi les plus grands érudits des États Unis.
- [12] Shabbat114, a et le commentaire de Rashi.
- [13] Littéralement grandeur dans le sens de richesse ou de pouvoir politique. Rabbi Yéhouda ha Nassi était en effet très riche. Mais on peut aussi voir la « grandeur » sur le plan moral, le fait d’exceller dans les vertus.
- [14]Sanhédrin 111, a.
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Rav Ovadia Yossef : le décisionnaire si humain
ואיכה חשכה אור ההלכה Hélas, elle s'est obscurcit la Lumière de la Loi התלמוד כמו גלמוד מי יבונן Et le Talmud est solitaire, qui l'approfondirait ? ומי הוא זה עלי הדור יגונן... Et qui est celui pour lequel se lamentera la génération ?
(extrait des kinot de Tishea Beav) |
Hier, Rav Ovadia Yossef nous a quitté. De retour du Nord d’Israël vers Jérusalem, l’image que je n’oublierai pas est celle de milliers de voitures garées le long des 4 kilomètres d’autoroute menant à Jérusalem. Plus de 700 000 personnes sont arrivées rendre un dernier hommage au plus grand décisionnaire du 20e siècle, à l’un des Grands Rabbins les plus illustre de l’État d’Israël, au guide politique et au grand être humain qu’était le Rav Ovadia Yossef.
700 000 ! Plus d’un dixième de la population israélienne, environs un juif israélien sur huit, plus que le nombre de juifs vivant en Israël en 1948. Selon la police, il s’agirait des plus grandes obsèques qu’ait jamais connu l’État d’Israël. À peine quatre heures après son décès, 700 000 personnes quittaient travail et occupations habituelles pour dire adieu au Rav.
On peut parler de Rav Yossef sous bien des angles, je souhaiterai rappeler l’angle qui m’est le plus cher et qui j’espère, restera dans les mémoires : le décisionnaire courageux, humain et génial.
Rav Benny Lau a publié un statut facebook quelques heures après le décès. Grand spécialiste de la philosophie halakhique de Rav Ovadia Yossef, il l’avait rencontré à de nombreuses reprises dans le cadre de l’écriture de son doctorat, qui lui était consacré.
Dans ce statut, Rav Lau raconte qu’un après-midi, en 2000, il se trouvait chez le rav quand soudain arrivèrent des dizaines de membre d’une même famille israélienne, extrêmement émus, pleurant et remerciant le Rav.
Le secrétaire de Rav Yossef expliqua la situation au Rav Lau : la grand-mère était une rescapée de la Shoah qui s’était remariée après la guerre, en Israël. Son premier mari, qu’elle croyait décédé, était brusquement réapparu il y a quelques années. Selon la Halakha, tous les descendants du second mariage de cette femme était désormais mamzerim, un statut terrible qui leur interdit de se marier avec tout autre juif. Un drame.
Rav Ovadia Yossef avait réussi à trouver un moyen halakhique pour libérer cette famille de cette malédiction, et voilà que tous les descendants venaient le remercier à chaudes larmes.
Après le départ de la famille, Rav Ovadia Yossef se tourna vers Rav Lau :
“Touche ma main – elle est humide. As tu vu leurs larmes ? As tu vu les larmes des opprimés ?”.
Et Rav Yossef continua en citant le Midrash (Vayikra Rabba 32) : “J’ai vu les larmes des opprimés (Ecl. 4:1) – ce sont les mamzérim. Qui les opprime ? Le Sanhedrin, qui les a jugé”.
Ce Midrash est vu par la plupart de décisionnaires contemporains comme définissant les limites de la Loi : parfois, le possek ne peut que condamner, donner le terrible verdict. Mais Rav Ovadia Yossef ne s’arrêta pas là et rajouta : “Et qui les consolera ? JE les consolerai !”.
Le message des maîtres séfarades résumé en une phrase. Non, ce Midrash n’est pas un constat mais une critique. Une critique de ceux qui transforment la loi divine, “lumineuse et éclairante”(Ps. 19:9) en loi cruelle et déicide. Le rôle du décisionnaire n’est pas de condamner mais de trouver des solutions pour sauver les opprimés.
Tout au long de sa vie, Rav Ovadia Yossef a sauvé bien des opprimés, bien des oubliés du système légal glacé et inhumain d’une partie du monde juif actuel. Tout d’abord, il a sauvé l’ensemble des juifs éthiopiens en osant, malgré les nombreuses pressions, affirmer que leur judaïté n’était pas à discuter. Il a sauvé des milliers de femmes agounot, “liées” à des maris disparus pendant les guerres d’Israël. Il a sauvé le peuple juif en favorisant une conversion rapide pour les descendants israéliens des juifs d’URSS.
Durant ces dernières 24h, j’ai lu bien des messages honorant la mémoire de Rav Yossef. Incroyablement, tous tournés autours de ce point, des grands discours aux témoignages personnels.
Son fils a rappelé avec quelle insistance il avait demandé à rentrer chez lui après son premier infarctus, avant son opération. Les médecins s’y opposaient, mais Rav Yossef insistait : “J’écris un responsum pour libérer une femme “agouna”. Si l’opération se passe mal, que deviendra t-elle ?!”.
Hannah Kehat, la dirigeante de l’organisation féministe-religieuse “Kolech” a raconté que son organisation avait organisé une campagne de sensibilisation au cancer du sein chez le public harédi, après avoir constaté que le taux de décès du au cancer était de 30% plus élevé dans ce public. À son grand effroi, la plupart des dirigeants de ce public refusaient de soutenir cette campagne. Le seul qui l’écouta, l’encouragea et lança cette campagne fut Rav Ovadia Yossef.
Rav Aviner a raconté comment Rav Yossef fut le seul rabbin à avoir le courage d’autoriser un jeune cohen à épouser une fille éthiopienne (malgré le processus de conversion lah’oumra que cette fille avait passé).
Certains ont simplement raconté comment Rav Ovadia Yossef les avait soutenu lors de crises familiales, de divorces, de veuvages et d’autres drames.
Malgré les positions et déclarations politiques sujettes à polémiques, malgré l’action discutable du parti Shass, des gens de tous les bords se sont rendus à ces funérailles.
Shimon Peres, le président de l’État d’Israël, a interrompu une rencontre avec le président tchèque pour se précipiter à son chevet. Des hommes politiques opposés à Shass ont rejoint la foule. Des vieux, des jeunes, des ultra-orthodoxes, des sionistes-religieux et des juifs sans kippa ont formé la plus grande foule jamais réuni pour des obsèques en Israël, afin rendre un dernier hommage au plus grand décisionnaire de notre génération mais également au plus humain.
תהא נפשו צרורה בצרור החיים
La famille Yossef, fin des années 40
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Leader spirituel incontesté, leader politique contreversé
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Le rav Ovadia Yossef, commandant en chef de la Torah
Article à la gloire du Grand Rabbin, par le rabbin 'Haim Levy
publié dans http://www.aish.fr |
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Le rabbin Ovadia Yossef et la menace iranienne:
http://alyaexpress-news.com/2012/08/le-rabbin-ovadia-yossef-et-la-menace-iranienne-il-faut-prier-devant-dieu-de-tout-notre-coeur-nous-sommes-en-danger-nous-sommes-tous-en-danger/#sthash.aMLY30ir.dpuf
Le rabbin Ovadia Yossef et la menace iranienne: » il faut prier devant Dieu de tout notre cœur … nous sommes en danger, nous sommes tous en danger … »
26 août 2012 | Classé dans: Judaïsme,L'Actualité en Israël | Publié par: Alyaexpress-News
Le Grand Rabbin séfarade, le Rav Ovadia Yossef Chlita, a déclaré que nos prières de Rosh Hashanah doivent être dirigée contre l’Iran et le Hezbollah.
Il a appelé aujourd’hui tous les Juifs pour la nouvelle année, à demander dans nos tefilot la fin de nos ennemis qui nous haïssent (Iran) et l’extermination de leur pays en incluant le Hezbollah et les supprimer de la surface de la Terre.
Le mois de Tichri approche, a déclaré le Rav Ovadia et lors de Roch Hachana, nous mangeons des aliments qui symbolisent nos demandes pour la nouvelle année. Nos demandes seront dirigées vers nos ennemis comme l’Iran, qui menace Israël .
Ayant abordé la menace iranienne, en disant: «Il (l’Iran) est le mal, et il est sur le point de nous détruire…Il faut prier devant Dieu de tout notre cœur … Nous sommes en danger, nous sommes tous en danger … Nous n’avons personne sur qui compter que sur Notre Père. Prier avec foi. »
La semaine dernière , le conseiller à la sécurité nationale, le major-général Jacob Amidror, s’est rendu chez le Rabbin Ovadia Yossef, afin de lui informer la situation sur le programme nucléaire de l’Iran
Le système politique a estimé que la réunion faisait partie des efforts du Premier ministre Benjamin Netanyahou pour convaincre le soutien du Shas en cas de besoin d’attaquer les installations nucléaires de la République islamique. |
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5 commentaires:
« je suis qq peu étonné que dans ton article tu ignores 3 ou 4 faits importants pour la société israélienne..
je pense au fait qu'il a reconnu les karaites ds la communauté juive,puis aussi les éthiopiens,aussi les agounot au lendemain de la guerre de kippour,problème épineux et douloureux.
enfin je dois te rappeler que dans les années 70 il a déclaré ce qui a valeur de fait que la paix est plus importante que les territoires ..pour tes lecteurs il m a paru important de le signaler,sans prendre partie sur la personnalité du grand rabbin ovadia yossef.
Ce portrait à charge est un modèle de l'incompréhension totale qui peut exister entre les orthodoxes et le reste de la population. Tout d'abord, comme le rappelle Claude, il a pris "tackhles" des positions d'un très grand courage notamment pour sortir les "agounots" de leur statut après la guerre de kippour. Ensuite, sur le plan religieux a fut un très grand maître , et très permissif ce qui est particulièrement remarquable. Quant à toutes ses positions critiquables, il est bon de rappeler qu'il arrive directement du 19è siècle irakien, et non du 21è siècle israélien; ses commentaires sont le reflet de cette culture un peu "simpliste"; et il faut reconnaître qu'il aurait dû se cantonner à la Thora!
Édifiant!! En Israël - en 2013 - voir que ce genre de Gourou est autant d'emprise sur des centaines de milliers de juifs me sidère. Combien encore de Sabbataï Tsevi faudra-t-il supporter?
Merci à Claude et José pour leurs commentaires qui permettent de tempérer les propos tenus dans ce billet.
Mr Benillouche n'aime décidément pas beaucoup les juifs orthodoxes ou du moins ne les comprends pas ...
Bonjour
Je me souviens d'une personne âgée de ma famille, aujourd'hui décédée, qui avait été très pertubee par les propos du défunt Ovadia Yossef sur la Shoah. Elle m'avait répété ; "Alors, si ma sœur et ses enfants n'ont pas été sauves, c'est parce qu'ils ne le méritaient pas ?"
Je ne sais pas si le défunt rabbin était sénile, ou si ses propos ont été sciemment déformés par des commentateurs,en tout cas ce personnage ne faisait pas l’unanimité.