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Un bilan en mi teinte pour Nelson Mandela, la nouvelle icône mondiale qui vient de s'éteindre à 95 ans.
Il a réussi deux exploits : sortir de l'apartheid sans guerre civile, et se retirer du pouvoir avant de voir son image ternie, ce qui lui a permis de rejoindre Ghandi au Panthéon de la diplomatie mondiale. |
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Au commencement était l'Afrique du Sud
L'Afrique du Sud c'est deux fois et demi la France, mais un peu moins d'habitants, 47 millions, contre 65, et sa croissance démographique est plus forte.
Le pays est resté longtemps très peu peuplé, les premières migrations importantes ne remontent qu'au X ième siècle, où des tribus d'africains ont commencé à s'installer au Nord. Dès la fin du XV ième siècle, les européens ont débarqués par le Sud, les anglais vers le Cap, les Hollandais plus au Nord où ils ont fondé l'état libre d'Orange. Renforcés par l'arrivée de français Huguenots, les hollandais ont résisté tant qu'ils ont pu aux anglais qui rêvaient d'un empire allant du Caire au Cap. C'est au cours d'une de ces guerres entre les Boers, parlant Afrikaans (Hollandais d'Afrique du Sud), que Baden Powel a fondé le scoutisme.
Les noirs sont divisés entre de nombreuses ethnies dont les plus importantes sont les Zoulous et les Xhosas, ils ont résisté à l'invasion blanche, et ont obtenus certains succès militaires importants. Par exemple en 1879, l'armée britannique a été défaite à la bataille d'Isandhlwana.
Au début du XX ième siècle, l'Afrique du Sud est réunifiée et pacifiée sous la domination britannique qui en font un dominion, un état semi indépendant, comme le Canada ou l' Australie.
Toutefois les tensions restent forte entre Boers, Anglais, Zoulous et Xhosas. Le pays comporte aussi une forte communauté indienne, des métis, et de nombreux autres peuples noirs moins importants.
Le système de l'Apartheid
La ségrégation raciale en Afrique du Sud est un phénomène récent et court dans l'échelle l'histoire. Il n'a commencé qu'en 1913, et s'est terminé en 1991. En 1927, la loi Herzog interdit les rapports sexuels hors mariage entre noirs et blancs, les mariages mixtes étant déjà interdits depuis longtemps. Le droit de vote n'est accordé qu'aux blancs (métis et noirs exclus). En 1948 la politique d'Apartheid est lancée. "développement séparé" se base sur le principe de l'inégalité des races. Les noirs ne seraient pas aptes à diriger, et leur mentalité les empêchent de se comporter comme des gens civilisés. On les considère comme des aliénés, des gens dangereux et menaçants dont il faut se protéger. Tout est fait pour les éloigner des "blancs", ils sont méprisés au plus haut point. J'avais rencontré en 1960 dans une auberge de jeunesse en Angleterre un jeune Sud Africain qui m'expliquait sans frémir que le noir le plus intelligent d'Afrique du Sud était plus bête que le noir le plus idiot qu'on puisse rencontrer en France.
Tout était fait pour écarter les noirs, qui étaient invités à habiter des "townships" ou des "bantoustan", zones où les blancs étaient interdits. Il y avait des plages, des bancs, séparées, les écoles n'étaient pas les mêmes, et dans la vie professionnelle, les noirs étaient cantonnés aux tâches d'exécution. Bien entendu, la police, l'armée et la justice était entièrement entre les mains des blancs.
Les noirs n'acceptaient pas cette mise à l'écart
Les noirs ont fait de la résistance passive, en refusant souvent d'habiter dans les banlieues éloignées où on voulait les cantonner. Face à cela, le système policier s'est alourdi, obligation d'avoir sur soi un laisser passer, interdiction de syndicats noirs, puis des syndicats mixtes.
C'est justement pour protester contre l'obligation d'avoir un passeport qu'une manifestation a eu lieu en 1960 à Sharpeville, une township près de Johanesburg, sans que personne ne l'ait souhaité, les manifestants ont fait peur aux policiers trop peu nombreux, qui pris de panique ont tiré, on a dénombré 69 morts et près de 200 blessés. Cet événement a été exploité par ceux qui souhaitaient radicaliser la lutte contre l'apartheid, et la faire entrer dans une phase violente. |
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Nelson Mandela, leader de l'ANC
Nelson Mandela était avocat, né en 1918 d'une famille cultivée, il s'est engagé très tôt dans la lutte pour l'égalité. Il participait à l'ANC, l'African National Congres. Mais après le drame de Sharpeville, l'ANC a été interdite, et il est entré dans la clandestinité. Mandela met en place des actions de sabotage, mais il est rapidement arrêté en 1962, et en 1964 est condamné à la prison à vie. Il y restera 27 ans.
Un système injuste ne peut pas perdurer ni assurer la prospérité. La répression a pu éviter des émeutes plus sanglantes, mais le climat s'est continuellement détérioré. L'opinion internationale stigmatisait sans cesse l'Afrique du Sud, le spectre de violences encore plus forte, voir d'une guerre civile faisait peur aux milieux d'Affaires. La majorité des anglais du Cap, et l'élite intellectuelle cherchait une sortie du système.
Le 11 février 1990, les autorités Sud Africaines décident de prendre le risque de libérer Nelson Mandela, le président de l'ANC et le prisonnier politique le plus célèbre du monde. Dès sa libération, il exige la libération de tous les prisonniers politiques et la fin du régime de l'apartheid.
Il conclut accord avec Frederik de Klerk représentant des "blancs" pour bâtir la «Nation arc en ciel» et mettre fin officiellement à toutes les discriminations raciales. Après les élections en 1994, l'ANC s'empare du pouvoir, et Nelson Mandela devient président de la République. On change le drapeau, l'hymne national, les bourgeois noirs peuvent habiter les beaux quartiers blancs... et le chômage et la violence augmentent surtout parmi les noirs, quelque 1,3 million d’emplois ont été supprimés et l’indice du développement humain, agrégé par l’ONU, est en baisse constante.
Mandela n'est pas resté longtemps au pouvoir, il s'est vite retiré en 1999, en laissant le pays dans un état critique, rongé par le sida. 14 % des noirs, et 0,3 % des blancs étaient séro-positifs. Il a réussi toutefois à éviter le phénomène Rhodésien, au Zimbabwé voisin, où le dictateur Robert Mougabé a chassé les blancs et ruiné le pays.
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L'Afrique du Sud reste un pays raciste
Toutefois l'Afrique du Sud reste un pays très profondément raciste et xénophobe. Les tensions restent vives entre Zoulous et Xhosas, les violences dues à la criminalité ordinaires font fuir lentement beaucoup d'européens, (Il y a plus de 100 000 juifs sud africains en Israël), des émeutes raciales visent les populations immigrées qui fuiyaient des pays encore plus pauvres et plus instables comme le Zimbabwe ou le Mozambique. La «Nation Arc en Ciel» n'a pas encore pu s'assurer un avenir paisible et confiant.
L'ONU a organisé à Durban en 2001 et 2009 deux conférences mondiales contre le racisme, et ce fut un déferlement d'antisémitisme ahurissant. Les arabes avaient réussi à dresser l'opinion Sud Africaine noire contre les israéliens et contre les juifs. Pour cela, ils s'étaient aussi servi des relations ambigües entre Israël et le régime d'Apartheid.
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Les relations entre Israël et l'Afrique du Sud sont compliquées
La communauté juive d'Afrique du Sud est très ancienne, elle s'est mobilisée pendant la Shoah pour tenter d'aider les réfugiés, puis a milité pour l'indépendance d'Israël. Les institutions juives tenaient à avoir de bonnes relations avec le pouvoir, ells se méfiaient des Afrikaans, souvent antisémites et pro nazis. Elles étaient plus proches des anglais du Cap.
Beaucoup de juifs ne supportaient pas le racisme, et parmi les plus ardents opposants à l'apartheid on en trouvait beaucoup, Nelson Mandela a partagé sa cellule avec plusieurs d'entre eux. En 2011, le Bureau des Députés Juifs d’Afrique du Sud (SAJBD) s’est associé, en partenariat avec la Fondation Umoja, pour publier les Mémoires Juives de Mandela, un récit racontant l’histoire de Mandela, selon le point de vue de différentes personnalités juives qui ont fait partie de sa vie. Nelson Mandela, aurait même été formé dans l'armement et le sabotage par des agents du Mossad en 1962, quelques mois avant son arrestation en Afrique du Sud.
Jusqu'à la guerre des six jours, Israël n'avait que des relations très discrètes avec l'Afrique du Sud, elle s'est associée aux mesures de boycott destinées à faire tomber ce régime décrié par la communauté des nations.
Mais après le revirement anti israélien de la France sous l'impulsion du Général de Gaulle en 1967 (l'embargo sur les armes), Jérusalem s'est rapproché de Prétoria dans une vision stratégique de défense. Lutte commune contre "le terrorisme", solidarité entre pays boycottés, alliance économique basées sur les diamants, et les armes. Cette coopération a été particlièrement active entre 1975 et 1987.
Depuis le triomphe de l'ANC, Israël tente de rétablir des relations normales, mais elles sont terriblement fragiles, car l'Afrique du Sud, Mandela en tête soutient la cause palestinienne. Certains voient une relation entre l'apartheid et la situation des arabes dans l'ancienne Palestine. |
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Israël a-t-il un régime d'apartheid ?
La carte ci contre montre la situation en 2008 de la Cisjordanie, on voit en vert les zones administrées par les arabes, en orange celles contrôlées directement par Israël et où habitent des israéliens.
En orange rayée, la vallée du Jourdain qu'Israël aimerait contrôler our des raisons de sécurité.
Pour les Sud Africain, cette carte leur évoque les Bantoustans. Et naturellement ils se mettent à la place des Palestiniens.
Il n'y a que très peu de travail en Cisjordanie, et pour avoir un emploi en Israël il faut un laisser passé, ce qui rappele de vilaines choses au Sud de l'Afrique.
Il y a en Israël même une ségrégation au niveau du logement, on construit des villes pour les juifs, où les arabes ne sont pas les bienvenus, par ailleurs, il est impossible pour un juif d'habiter une ville arabe et réciproquement, non pas en raison d'une règlementation raciste, mais par ce que les habitants y sont fortement hostiles et parfois, des mesures non écrites l'interdisent. Nazareth principale ville arabe de Galilée, souffre de tensions entre musulmans et chrétiens. Sur les hauteurs, on a construit une ville juive Nazareth Illit. Certains arabes souhaitent s'y s'installer, et la municipalité rechigne, et va jusqu'à interdire la scolarisation des arabes dans les écoles juives de la ville.
Toutefois il existe des différences fondamentales entre la situation d'apartheid et celle des arabes en Israël. Nelson Mandela n'a jamais pensé qu'Israël était un pays d'apartheid, même s'il a toujours soutenu le combat des palestiniens. Contrairement à Desmond Tutu, l'évèque sud africain, il n'a jamais été tenté par l'antisémitisme.
* Il n'existe pas en Israël de théorie des races, et les arabes qui adhèrent à l'état d'Israël et qui en ont les capacités, peuvent accéder à toutes les fonctions tant civiles que militaires.
* Aucun lieu ne leur est interdit, il n'existe pas de différence de salaire, et la loi punit les discriminations raciales. L' État fait des efforts pour augmenter le nombre de fonctionnaires arabes à son service.
Les difficultés proviennent de l'État de guerre et du terrorisme, on a vu plusieurs employeurs se faire assassiner par un de leur salarié arabe, pour des motifs nationalistes. Les terroristes, ont pour but de faire peur, il suffit de peu de monde pour assurer la panique, mais pour rétablir la confiance il faut beaucoup de patience et de temps. Les arabes souffrent donc d'un déficit d'image au sein de la société israélienne, "on" se méfie d'eux, et souvent "on" ne les aime pas. Faut-il rapeler que pour être aimé il faut être aimable ? ? et que la violence arabe est elle-même nourrie par la violence et l'hostilité des populations juives ? ?
Est-ce l'oeuf qui a fait la poule ou la poule qui a fait l'oeuf ? ?
La cohabitation amicale entre populations d'origine, de langue, de religion, et d'histoire si différente n'est pas facile au Proche Orient, les exemples libanais, Irakiens, Egyptiens sont là pour le prouver. Les juifs sont venus en Israël pour se retrouver entre eux, pour ne plus être minoritaires en milieu hostile, ils ont peur de se retrouver noyés dans une population arabe plus nombreuse et démographiquement plus dynamique. Les arabes ne supportent pas d'être devenu minoritaires dans leur propre pays. D'où l'idée de séparer le territoire en deux, et c'est l'objet de discussions difficiles et interminables.
Il y a du racisme au Proche Orient et le conflit national n'est pas racial. Avec la création d'un état palestinien, les arabes d'Israël pourront se définir, soit comme des palestiniens de 1948 et devenir palestiniens avec tous les droits qui vont avec, soit comme des citoyens israéliens responsables et patriotes.
Quel raport avec l'apartheid ?
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L'enterrement de Mandela, un événement mondial
Tous les grands de ce monde se sont précipités pour les funérailles de Nelson Mandela, on y a vu côte à côte François Hollande et Nicolas Sarkozy, il y avait Barak Obama, Vladimir Poutine, Angela Merkel etc... tout le monde y était sauf Netanyahu !! !
Le premier ministre faisait la grève, il avait prétexté le coût faramineux du déplacement, mais en réalité, il voulait son avion privé, comme Obama ! ! son Bibi air-force-1 ! ! ! et "on" refusait de le lui offir.
Autre anecdote, l'interprête en langage des signes, n'y connaissait rien, cet imposteur avait entendu des voix qui lui dictaient ce qu'il devait faire ! !
Une photo : Obama plaisantant avec le premier ministre danois... la tête de son épouse jalouse a fait le tour de la blogosphère
Le monde entier est reconnaissant à Nelson Mandela d'avoir réussi le délicat virage de l' Afrique du Sud vers la démocratie en évitant la guerre civile et la ruine du pays. Il a rejoint Ghandi au Panthéon de la diplomatie mondiale.
Michel Lévy
Une petite revue de presse ici |
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