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L'Ukraine déchirée


jeudi, 27-Mar-2014
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Poutine est un remarquable joueur d'échecs, ce stratège rend à la Russie sa fierté, il inspire crainte et respect ce dont les Russes ont le plus grand besoin. Ses manoeuvres pour reconstituer une sorte d'URSS se heurte frontalement au nationalisme Ukrainien tourné vers l'Europe Centrale. Le risque d'une déstabilisation généralisée à l'Est se précise, espérons que les impératifs économiques rendront les maîtres du Kremlin prudents, réalistes et opportunistes.

 

 

Ukraine, le nom même de ce pays d’Europe centrale signifie en russe « entaille » ou « frontière ». L'Ukraine a une histoire tourmentée, une existence intermitente, c'est un pays Slave, au contour fluctuant, comme un «barbapapa» si cher à tous les anciens enfants. Le peuple Rouss, d'où vient le mot Russie est d'origine Ukrainienne.
L'Ouest, rêve de l'Europe Centrale, l'Est se tourne vers l'immensité Russe, sous terre, vit le fantôme du Yiddishland.

La religion et la nation

La rupture entre l'influence polonaise et russe, se manifeste par la langue et la religion, les Ukrainiens étaient orthodoxes, et les polonais naturellement catholiques. En effet la religion permet très souvent de sauvegarder l'identité nationale. Menacés à l'Ouest par les Allemands protestants, et à l'Est par les Russes orthodoxes, les Polopnais se sont accroché à l'église catholique et romaine, pour la même raison, les irlandais et les québéquois sont restés catholiques fervents, par ce que les anglais sont protestants . Contre l'Espagne, les Pays Bas se sont ralliés à la réforme.
L'Ukraine a été évangélisé par des chrétiens d'orient, donc orthodoxes, mais l'église orthodoxe Ukrainienne, a rompu avec l'église russe, pour se rapprocher de l'évèque de Rome. Ainsi on a vu naître, en même temps que le sentiment national Ukrainien, L'Église gréco-catholique (de rite byzantin, mais rattachée à Rome et au pape) et l’Eglise orthodoxe dissidente dite du patriarcat de Kiev — qui a rompu depuis l’indépendance de 1991 avec l’orthodoxie majoritaire à l’Est dépendante de la Russie et du patriarcat de Moscou

Bien entendu ces églises militent pour le rapprochement avec l’Union européenne,  l’Église gréco-catholique reste l’un des maillons les plus profonds de la résistance à l’influence russe. Elle compte aujourd'hui 3.000 prêtres et 6 millions de fidèles, vivant surtout en Ukraine occidentale.

 
   
 

Les drames du XX ième siècle

Après la révolution d'octobre, les dirigeants Russes ont tenu à faire une paix rapide avec l'Allemagne, et le traité de Brest-Litvosk, cédait l' Ukraine à l'Allemagne. Puis l'Ukraine a été le champ de bataille d'une guerre civile impitoyable, entre les troupes de l'anarchistes Ukrainien  Nestor Makhno, les forces de la république populaire ukrainienne de Petlioura (coupables d'atrocités contre les juifs), les armées tsaristes de Denikine, et l'armée rouge de Lénine. Le triomphe bolchevick a rattaché solidement l'Ukraine à la Russie, et les mesures autoritaires pour mâter les véléités d'indépendance ont été mortelles. On a accusé Staline d'avoir volontairement provoqué une famine dans les années 30 qui a fait périr des millions d'Ukrainiens.

Lorsqu'en 1941, les allemands envahissent l'Ukraine, ils sont accueilli en libérateurs, et une foule d'Ukrainiens s'engagent dans l'armée nazie, ou comme supplétif pour aller assassiner les juifs. Après le désastre de Stalingrad, afin de regonfler les effectifs, les Ukrainiens ont eu le "privilège" de pouvoir s'enrôler dans les Waffen SS, s'ils le désiraient.
On a fusillé des millions de juifs en Ukraine.
Bien sûr la lune de miel avec les nazis n'a pas duré, et des milices se sont formées pour combattre à la fois les allemands et les russes. La victoire alliée, le KGB ont mis fin provisoirement à toute expression publique de nationalisme ukrainien jusqu'en 1989... alors, la chute du mur de Berlin, l'indépendance des pays baltes, le discrédit de l'URSS. La mauvaise gestion de la crise de Tchernobyle ont donné des ailes aux nationalistes Ukrainiens, l'indépendance est proclamée en 1991

L'alternance contrariée

La Russie a concédé du bout des lèvres l'indépendance de l'Ukraine, elle conserve une base militaire importante en Crimée, et n'accepte à aucun prix de voir l' Ukraine devenir un pays occidental appartenant à l' OTAN.
Viktor Ianoukovytch, candidat du "parti des Régions" modérément pro-russe, est élu président en 2004, mais on l'accuse d'avoir tenté d'empoisonner son rival pro occidental, Viktor Iouchtchenko et d'avoir triché, pour remporter les élections, aussi des manifestations violentes se déroulent à Kiev, c'est la révolution orange. En fin d'année des élections plus démocratiques amènent au pouvoir un Viktor Iouchtchenko défiguré par des pustules probablement dues à la dioxine qu'on lui aurait fait absorber.

En février 2008, l’Ukraine adhère à l’ OMC , l’Union Européene et l’Ukraine ont lancé des négociations concernant la mise en place d’une zone de libre-échange approfondie et complète, composante essentielle de l’accord d’association à venir .

Toutefois, la situation économique restait très mavaise, et des élections en 2010 ont remis en place son prédécesseur,  Viktor Ianoukovytch Président du parti des Régions. La carte des résultats montre toujours le clivage entre l'est et l'ouest de l'Ukraine.

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La non signature de Vilnius

Le 30 mars 2012, un accord de libre échange avec la communauté européenne est quand même signé, le président élu avait souhaité publiquement voir l'Ukraine adhérer à cette communauté. La signature devait être officialisée à Vilnius, le 23 novembre 2013 . Or la rencontre de Vilnius avait pour but de faire entrer l'Ukraine, et d'autres (Biélorussie, Moldavie, Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie) dans une Association économique avec l'UE, qui comportait une clause de libre-échange. Tout ceci dans ce qu'on appelle le Partenariat oriental, un de ces noms bien bureaucratiques donnés par Bruxelles à des montages techniques entre États.

L'Union économique d'Eurasie

Le président Vladimir Poutine, lui avait d'autres projets. Son autoritarisme commençait à déplaire à sa propre opinion, et des manifestations hostiles avaient lieu à Moscou. Lui même et le peuple russe regrettaient le temps de l'URSS ou de l'Empire, et voiyait avec tristesse le territoire national ansi amputé. Aussi a-t-il conçu l'Union Economique d'Eurasie, les contours n'étaient pas encore très clairs. En gros, cette union ne serait pas seulement douanière, les Etats membres mettraient en commun leur politique judiciaire, une partie de leur armée et de leur politique étrangère. Le tout étant dirigé par un organe suprême, contrôlé par le Kremlin et charpenté autour d'une sorte d'idéologie commune, conservatrice et autoritaire.
Mais, pour l'instant, seuls le Kazakhstan, la Biélorussie et l'Arménie ont dit qu'ils souhaitaient en faire partie, et encore en mettant beaucoup de bémols. Ce n'est pas suffisant pour rendre crédible cette nouvelle URSS, surtout aux yeux des Russes. A cette alliance, il manquait son joyau : l'Ukraine.

L'Ukraine étant au bord de la faillite, Viktor Ianoukovitch est parti à Moscou et demander de l'aide au puissant voisin. Ce dernier avait les moyens d'imposer sa volonté, il exigea que Kiev ne signe pas l'accord longuement négocié avec la Communauté Européene qui devait être conclu à Vilnus; et a fait pression pour que l' Ukraine adhère à l'Union Economique Eurasienne, Ianoukovitch louvoie sur l'adhésion à l'Union Économique d'Eurasie, mais renonce à se rendre à Vilnius.

Aussitôt, Poutine accorde à Kiev, au bord de la faillite, un crédit de 15 milliards de dollars et une baisse du prix du gaz importé correspondant à une économie de plusieurs milliards de dollars.

Les nationalistes prennent le pouvoir Place Maïdan

svobodaLes Ukrainiens sont stupéfaits, ils se réunissent, ils savaient Viktor Ianoukovitch autoritaire et corrompu, ils ne comprennent pas ce changement brutal de politique. La foule se masse pendant quinze jours sur la place Maïdan de Kiev, qui serait le « plus grand rassemblement pro-européen de l'histoire ».
Après le  21 novembre 2013 , les manifestations tournent à l'épreuve de force, on a compté entre 400 000 et 800 000 manifestants à Kiev.
Au côté des pro européens, et des démocrates, on trouvait aussi des nationalistes. Ces derniers sentent le souffre, leur histoire ne plaide pas en leur faveur, ils vouent un véritable culte à la légion Galizien, armée admise en 1944 dans les SS, est qui a contribué avec enthousiasme à l'extermination des juifs. Depuis une dizaine d'année des manifestations de réhabilitation des SS ont lieu en Ukraine, alors que l'antisémitisme monte. On assiste à nouveau à des agressions contre les juifs, il faut rappeler qu'il reste encore une communauté juive en Ukraine de quelque 200 000 personnes, contre 2 millions avant guerre.

maidan
Si Le parti Svoboda, de Yulia Timochenko s'appelait en 2004 le parti national socialiste ukrainien, il n'est pas le seul à manifester place Maïdan, et de loin, contrairement à ce que les amis de Vladimir Poutine veulent faire croire, les manifestants sont avant-tout pro européens .
En février 2014, des affrontements éclatent sur le Maïdan, des snipers tuent des manifestants, on dénombre plus de quatre-vingts morts.
La propapande de Ianoukovich et de Moscou dénoncent des pro nazis, et diffuse des photos de snipers parmi les manifestants, mais personne n'a entendu parler de victime parmi les forces de l'ordre, ou leurs amis.

Ces tirs provenaient très probablement d'individus agissant personnellement ou sur ordre pour dissuader l'opposition au régime en place de manifester.

Le 22 février, Victoir Ianoukovytch s'enfuit, il est aussitôt destitué et remplacé par Oleksandr Tourtchynov, et met en place d'un nouveau Gouvernement dirigé par Arseni Yatseniouk.

Premier geste fort de la nouvelle équipe : la libération de la Dame de fer ukrainienne et ex Premier ministre, Yulia Timochenko, détenue depuis 30 mois dans un hôpital-prison, l’Ukraine entre dans une nouvelle ère.

Cette libération, est saluée par la communauté internationale, la dame de fer, apparait affaiblie sur un fauteil roulant, elle a été visiblement très mal traitée pendant sa détention.
En attendant de nouvelles élections présidentielles, la nouvelle direction du pays se lance dans des projets les uns plus nationalistes que les autres, Le 22 février 2014 , La Rada Suprême aboli la loi sur les bases de la politique linguistique d'Etat qui octroyait au russe le statut de langue régionale, cette décision a été soutenue par 232 députés, mais elle est très mal vécue par les citoyens habitant l'Est du pays, et donne des arguments à Vladimir Poutine pour préparer sa contre attaque.

Moscou devient menaçant

Après avoir versé trois milliards de dollars fin décembre, les autorités russes ont suspendu en janvier leur aide. Elles ont annulé à la dernière minute le versement d'une tranche de deux milliards de dollars, expliquant attendre un retour au calme. Si la Russie revenait sur son soutien, S&P estime que l'Ukraine, qui doit rembourser pour 13 milliards de dollars de dette cette année, ferait défaut. Le prix du gaz est aussitôt remonté en flèche.
Les chancelleries occidentales ont miraculeusement trouvé des fonds pour renflouer l'Ukraine au bord de la faillite.

La Crimée rejoint la Russie, Poutine l'a un peu aidé.

C'est en Crimée que la réaction Russe a été la plus forte, cette presqu'île a une histoire tourmentée, posession mongole, islamisée, puis prise aux Ottomans en 1774 par Catherine II elle a vécu de terribles guerres, la confrontation entre les tartares et les russes pris fin lorsque Staline en 1944 a décidé de déporter la majorité de leur population. Khrouchtchev, pour des raisons difficilement compréhensibles, a attribé en 1954 la presqu'il à l'Ukraine.

Profitant des désordre à Kiev, et du désarroi des populations russophones, les miliciens inconnus se sont emparés des principaux points névralgiques de la Crimée. Appuyé par une large part de la population, on a vu "spontanément" des drapeaux russes fleurir partout, et en un temps record, le parlement de Crimée a voté son rattachement à la Russie. La décision a aussitôt été entérinée par un référundum le 15 mars 2014 donnant un taux de participation de 76 % et un "oui" à 95 %. Le dirigeant sécessionniste de Crimée Serguiï Axionov, commentant le résultat du référendum de rattachement à la Russie, a lancé dimanche soir à la foule à Simféropol: «Nous rentrons à la maison»«La Crimée va en Russie», a-t-il ajouté, avant d’entonner avec la foule et une chorale de chanteurs en tenues de marins de la Flotte de la mer Noire l’hymne russe.

Avec un tel résulats, reconnu comme valable par Valdimir Poutine, il y avait un risque de dépasser les 100 % de "oui", le bourrage des urnes est une opération délicate, mais les russes sont experts. Quoi qu'il en soit, tous les observateurs sur place confirment que la population serait majoritairement pro russe, même si les tatars sont morts d'inquiétude, et si beaucoup d'ukrainiens restent fidèle à leur ancienne patrie. Petit à petit, les forces armées Ukrainiennes abandonnent leurs places fortes et casernes et quittent la presqu'ile. La Russie a conquis la Crimée sans verser une goutte de sang.

L'Offensive Russe ne s'arrête pas à la Crimée

A côté de cela, la Russie entretien de l'agitation dans la Région de Kharkov, et à l'Est du Dniepr, partout où les russophones sont majoritaires.
On voit aussi la Russie à la manoeuvre pour empêcher la Moldavie de se rapprocher de l'occident, pour récupérer la Transinistrie, on se rappel de l'offensive qui a emputé la Georgie du tiers de son territoire.
Par ailleurs Poutine agit au Proche Orient, en Syrie, il soutient sans faiblesse Bachar El Assad, qui remporte victoire sur victoire, il vient de signer un énorme contrat pour réarmer l'Égypte qui quitte le clan des pays pro occidentaux. Parralèlement, une campagne très forte appuie levs chrétiens d'Orient pour permettre un libre accès au Saint Sépulcre pour les chrétiens palestiniens. La Russie reprend-elle aussi le flambeau de l'orthodoxie à la reconquête des Lieux Saints ?

Les occidentaux sont décontenancés.

Bouger les frontière est un risque énorme, beaucoup de pays ont des minorités chez le voisin, des hongrois en Roumanie, des Kurdes dans tous les pays du moyen orient, François Hollande menace, mais quel est son poids ? des mesures seront prises, signature dans l'urgence d'un contrat d'association entre l'Union Européenne et l'Ukraine, refus de visas à des personnalités russes, gèle des avoirs financiers de personnalités, annulation de contrats de vente d'armes, annulation de la réunion Union Européenne Russie etc... Quel est le poids de ces mesures, quand toute l'économie européenne dépend du gaz Russe ?
Si la Russie fermait le robinet du Gaz, les pays balte, ou la Pologne s'effondreraient. Si on refusait de vendre des armes, en particulier des bateaux déjà en construction à Saint Nazaire, ce serait l'économie française qui serait la première touchée.

Et demain que va-t-il se passer ?

On peut espérer que Vladimir Poutine qui est un homme rationnel, saura limiter ses ambitions. Qu'il continuera lentement à tisser sa toile, en évitant le clash et la guerre. Il sera probablement ferme sur la Crimée, et j'espère qu'il se contentera de pressions sur l'Ukraine, en la menaçant de troubes dans les régions russophones, sans tenter véritablement de s'emparer de l'Est du pays.
Poutine ne pourra pas continuer à aller trop loin sans risquer un retour à la guerre froide dont l'économie mondiale en générale et russe en particulier ne pourrait que souffrir. Si le peuple russe est satisfait du retour de la Crimée et de la fierté retrouvée, elle n'acceptera pas un retour massif de la misère et la guerre sur son sol. Poutine devra donc équilibrer sa politique pour ne pas rompre avec ses partenaires occidentaux et chinois.

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Michel Levy

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Alain
:

Je reçois souvent avec curiosité les mails de Mivy. Il y a cependant des limites qui me semblent indépassables, ceci n'étant pas dit pour entamer une discussion ou une polémique : comment considérer le bourreau de la Tchétchénie, cette espèce de soudard, comme un " remarquable joueur d'échec".

Nous pouvons encore nous offrir le luxe, dans cette Europe où monte le péril de l'extrémisme et où le sentiment moral s'estompe, d'essayer de faire le partage entre le bien et le mal et de considérer que porter atteinte à des vies humaines ne relève pas du bien. N'y renonçons pas sous prétexte de "Realpolitik".

Je tiens à ne reconnaître aucune qualité à cette brute, et d'abord pas celle de fin politique : j'ai lu Machiavel, mais il n'a pas les qualités ni le détachement du Prince, et fait passer ses pulsions et son ressentiment avant tout le reste

J'écris cela en ma qualité de vieil adhérent et de responsable de la Licra, de disciple de Levinas également.

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