Le ministère israélien de l'Education et le mémorial de la Shoah à Jérusalem, Yad Vashem, ont lancé un nouveau programme pédagogique pour enseigner l'histoire de l'Holocauste dès la maternelle.
"Il s'agit du premier programme complet d'enseignement de la Shoah destiné aux élèves de tout âge, de l'école maternelle au lycée (...), qui prend en compte leurs aptitudes cognitives et émotionnelles", a indiqué le ministère de l'Éducation dans un communiqué reçu vendredi.
Ce nouveau programme, obligatoire dans toutes les écoles publiques et qui entrera en vigueur en septembre prochain, a été annoncé à la veille des commémorations annuelles de la journée de la Shoah en Israël qui débuteront dimanche soir.
Le ministère de l'Éducation estime que, sans suivi pédagogique, les enfants les plus jeunes exposés aux commémorations nationales de la Shoah peuvent vivre cette expérience comme un traumatisme.
"Le jour des commémorations, ou le lendemain, les enfants recevront des explications des enseignants qui devront éviter de développer chez eux des sentiments d'angoisse ou d'insécurité", explique le ministère dans une plaquette que s'est procurée l'AFP.
"Il faudra expliquer que les sirènes (qui retentissent dans tout le pays pendant la journée de la Shoah, NDLR) servent à se souvenir d'une "époque difficile" qui a eu lieu avant que leurs parents ne soient nés et dans des 'pays lointains'", peut-on également lire dans le document.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes israéliens ont moqué vendredi cette initiative, estimant que l'enseignement de l'Holocauste dès l'âge de trois ans était inapproprié.
"Utiliser la méthode de l'histoire à raconter est pourtant la bonne", a déclaré à l'AFP le psychologue scolaire Daniel Brami, en poste dans une école de Rishon Letzion (centre d'Israël).
Selon M. Brami, il faudrait "expliquer aux enfants que c'est arrivé avant la création de l'Etat d'Israël (en 1948) et de son armée car cela peut aider à les rassurer tout en les rapprochant de leur pays".
A l'automne dernier, au moment de l'annonce de ce projet, le quotidien de gauche Haaretz avait mis en garde contre un risque de récupération idéologique de la Shoah.
"Aujourd'hui l'Holocauste sert de référence constante aux politiciens, en particulier au Premier ministre Benjamin Netanyahu qui fait presque chaque jour le lien avec la situation diplomatique actuelle d'Israël", écrivait un éditorialiste, craignant que les enfants israéliens ne grandissent dans un climat de "danger permanent d'extermination".