L'appel angoissé du patriarche maronite le cardinal Bechara Boutos Raï
MARIE-LUCILE KUBACKI
CRÉÉ LE 25/04/2015
Présent en France pour une visite pastorale et politique de plusieurs jours, le cardinal Raï, Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient pour les Maronites a lancé un appel poignant à la communauté internationale depuis la tribune de l'Unesco le 25 avril.
« Je viens porter ici la voix de ceux à qui on a ravi la voix; je viens attester ici de la détresse de millions de refugiés, de déplacés, d'enfants, de vieillards, de femmes et d'hommes qui ont perdu les leurs, à qui on a volé leur pays, leurs biens et détruit leur avenir;
je viens témoigner ici devant vous de l'immense et indicible douleur de ceux qu'on a persécutés pour leur foi, de ceux dont on a insulté l'identité au nom de Dieu cause invoquée par d'impitoyables meurtriers;
je viens crier ici la cause de ceux qui attendent la fin de la nuit et qui espèrent leur salut s'une communauté intenternationale qui tarde malheureusement à arrêter l'œuvre de mort d'assassins sans foi et sans frontières »,
a lancé à la tribune de l'Unesco le cardinal Raï, Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient pour les Maronites le 25 avril, devant un parterre de diplomates et de religieux. Un discours particulièrement fort où il a décrit la « situation dramatique » du Moyen Orient. La voix vibrant d'émotion, il a lancé un appel à la communauté internationale « pour arrêter les guerres, imposer le retour des déplacés dans leur région et la récupération de tous leurs biens et leurs droits ».
Dans cette allocution d'une demi-heure, le patriarche maronite a rappelé le rôle crucial de la présence chrétienne bi-millénaire au Moyen Orient, expliquant que les différentes Eglises avaient « constitué avant l'apparition de l'Islam au VIIè siècle et la création des Etats actuels du Moyen-Orient la base culturelle de toute cette région moyen-orientale. »
Ainsi, a-t-il affirmé, « l'exode actuel des chrétiens des pays d'Orient à cause des guerres, des conflits, des crises socio-économiques et des persécutions fait perdre au Proche Orient d'irremplaçables artisans de paix et de développement ». Sans compter, a-t-il ajouté, que « cet exode affaiblira aussi le rôle des musulmans modérés qui constituent jusqu'à présent la grande majorité des musulmans du Proche-Orient » et qu'il « fera perdre en plus aux Etats arabes la qualité d'Etats pluri culturels et pluri confessionnels dans un monde globalisé où les chrétiens jouent le rôle de conciliateurs dans le conflit, de promoteurs d'ouverture et de garants de rencontre. »
Pour sauvegarder la présence chrétienne au Moyen Orient, il a avancé 5 pistes :
a) Résoudre d'abord le conflit israélo - palestinien et israélo - arabe qui est à l'origine de tous les conflits et guerres qui enflamment le Moyen - Orient. Il y a déjà des Résolutions du Conseil de Sécurité à exécuter, et des Résolutions à prendre.
b) Mettre fin aux guerres en cours entre les pays sunnites et les pays shiites, en Syrie, Irak et Yémen, à travers les négociations politiques et le dialogue entre les parties en conflit.
Par conséquent cesser de soutenir les belligérants en armes et en argent, et de les protéger politiquement, ainsi que les organisations terroristes.
Quant à celles - ci il faut identifier les causes qui les ont provoquées et les remédier avec moins de dégât, afin d'endiguer le terrorisme et sauver la paix dans le monde.
Il faut absolument aider les pays de la région à se dégager des conflits sanglants qui les consomment, peuples et civilisations.
c) Reconstruire le vivre ensemble européen et musulman sur les deux rives de la méditerranée, par un réengagement des européens sur la côte sud de la méditerranée, en remplacement de l'assistanat et de la force militaire.
La méditerranée devrait devenir le pont culturel entre ces deux mondes, au lieu d'être la frontière de leur conflit. "L'union de la méditerranée", à l'initiative de la France, est le projet le plus vital pour que les chrétiens d'Orient restent sur leurs terres avec toute leur efficacité et que les européens reviennent et contribuent de nouveau au progrès et développement de l'Orient, comme ils l'ont fait dans le passé. Les chrétiens orientaux sont bien positionnés pour réaliser cette "union".
d) Déployer les forces nécessaires pour que l'Islam, aujourd'hui en éruption violente, ne se sente coincé, défié ou peu respecté et n'entre en confrontation avec l'Europe et l'Occident. Les chrétiens d'Orient et particulièrement ceux du Liban sont des collaborateurs essentiels pour cette mission si importante pour le monde.
e) Reconnaître que les chrétiens d'Orient, surtout les chrétiens du Liban, sont stratégiques pour une solution politique à long terme, une solution interculturelle intrinsèque, au lieu d'une solution militaire imposée, comme c'est le cas aujourd'hui en Palestine, Syrie, Irak et Yémen.
f) Sauvegarder le Liban et le rôle efficace des chrétiens pour garantir la marche vers la démocratie, les valeurs de la modernité et le développement dans la région. Car seul le Liban sépare entre Religion et Etat, où chrétiens et musulmans sont en pleine égalité de droits et obligations.
Seulement au Liban, les chrétiens ont une présence politique respectable dans leur propre pays et dans le monde arabe.
Le Liban, grâce à sa culture de convivialité, reste le seul espoir du vivre ensemble entre chrétiens, musulmans et autres.
Son président chrétien Maronite de par le Pacte National est le garant de cette convivialité. Malheureusement l'élection d'un nouveau Président a été liée forcement aux issus des conflits en cours en Syrie et dans la région.
Voilà qu'aujourd'hui même s'accomplissent onze mois de vacance présidentielle, due au boccage des séances parlementaires.
Nous comptons sur la médiation des pays amis du Liban, et ceux qui ont une influence politique sur l'Iran et l'Arabie Saoudite, pour débloquer cette impasse parlementaire.
« Parler d'un Moyen-Orient sans chrétiens est une chose impossible », a-t-il lancé sous les applaudissements avant de conclure sur un cri : « Du cœur de la nuit qui nous recouvre au plus sombre des ténèbres qui nous enveloppent, je lance un appel angoissé à tous les guetteurs d'aurore d'Orient comme d'Occident, d'Europe, du monde arabe et du monde entier, de la Chrétienté comme de l'Islam, pour qu'ils nous aident à faire lever l'espérance et conforter encore plus des populations abandonnées, désemparées, persécutées dans cette âpre volonté qui est la leur de ne pas se résigner au malheur.»
Conclusion
La paix est le don du Christ, "Prince de la paix" (Is 9 : 6). Lui-même est notre paix (Eph. 1 : 14). Elle se construit tous les jours. Elle est le fruit de la justice (Is 32 : 16) et porte un nouveau nom celui du développement (Paul VI, Populorum Progressio, n.76). Engageons - nous ensemble pour rendre à la terre du Moyen - Orient, d'où l'Evangile de la paix a été annoncé au monde, sa vocation originelle d'être le lieu de la rencontre et de la paix.
Je Vous remercie !
SUR LE MÊME SUJET
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Texte intégral ici
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5 @ imho : qui parle pour ne rien dire ! - 30/04/2015 à 19:45
Vous êtes désespérant, sourd à l'appel angoissé du Patriarche Bechara Boutros Raï... et pourtant je ne sais s'il sera entendu, mais il a raison, à commencer par demander de "cesser de soutenir politiquement, financièrement et en armes les belligérants et les organisations terroristes" en Syrie.
mickaeljeaubelaux :
2 "La solution libanaise"?!!! - 28/04/2015 à 11:39
Au Liban, les chrétiens sont marginalisés, c'est le Hezbollah qui commande! Les chrétiens libanais se sont enfuis! J'en connais un qui m'a reproché d'avoir laisser la France se faire envahir par les musulmans!!! On le comprend, il a fui le Liban, pour ne pas les subir las-bas, il les retrouve ici, et ce sont eux qui font la loi...Le pire pour lui, c'est qu'au moins au Liban, ils vivent séparés alors qu'ici il est obligé de les subir dans des quartiers "hallalisés et voilisés" ou les "mangeurs de cochons" ne sont pas les bienvenus.Comme dit Jean-François Colosimo :"les chrétiens en Irak, c'est fini!". Quant à l'Europe, ils débarquent en masse sur les côtes italiennes...Le Liban n'est pas un modèle, il est lui-même en danger.Les chrétiens en Orient sont le moins en danger lorsqu'ils sont au milieu des chiites. Mon ami me disait que là où le Hezbollah dominait aucune église n'a été endommagée. Alors qu'ailleurs des nonnes ont été violées et crucifiées! Je ne sais pas ce qu'il faut faire, sinon prier pour ces gens et oeuvrer pour que ni la France ni l'Europe ne se libanisent! Ce qui malheureusement est déjà d'actualité dans notre pays, les zones musulmanes où les chrétiens ("les blancs" comme dit Tariq Ramadan ou les "souchiens" comme dit Bouteldja) ne sont pas les bienvenus sauf s'ils sont décidés à se convertir! se multiplient
imho :
3 Cela s'appelle parler pour ne rien dire et c'est mal dans ce cas-ci - 28/04/2015 à 06:49
Ces cinq "pistes " ne mènent nulle part et en fait, elles n'ont même pas de point de départ .
Ce qu'il faut aux chrétiens d'Orient, c'est de la géographie, pas de l'histoire, pour redire ce fameux mot d'esprit .
Ils ne seront jamais plus en sécurité en Orient en encore moins en situation de vivre librement .
Le Liban n'est plus une solution depuis longtemps, appauvri, envahi, ensauvagé comme il est ;
les meilleurs Libanais se sont exilés .
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