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En décembre 2009, un courrier électronique a circulé sur le net. Son intention était de "prouver" à l'aide de 13 citations du Talmud et du Shoulhan Arouh, l'absence d'éthique financière dans le judaïsme. Nous verrons ci-après que pour 12 citations, nous avons à faire à des traductions manipulées et à des textes tronqués pour démontrer un vieil à priori. Quant à l'autre citation, bien que formellement correcte, son interprétation est totalement erronée.
L'accusation : voici le message tel qu'il m'a été transmis:
A l'inverse le manque d'éthique de la finance juive est dans le corpus même du Talmud comme en témoigne les extraits suivants :
- 1 Babba Bathra 54b: "La propriété du non-juif appartient au Juif qui l'utilise le premier."
- 2 Baba Kamma 37b: "Les non-juifs sont hors de la protection divine et Dieu a exposé leur argent à Israel".
- 3 Baba Kamma II 3a: "Les Juifs peuvent mentir (utiliser des subterfuges pour tromper les non-juifs".
- 4 Baba Kamma 113a: "Tout Juif est autorisé à mentir et à être parjure pour ruiner un non-juif."
- 4 Choschen Ham 156, 5 Hagah: "Le Juif est autorisé à faire commerce avec le Gentil (non-juif), le tromper et prendre son argent parce que la richesse des non-juifs doit être considérée comme une propriété commune qui appartient au premier qui peut en prendre possession."
- 6 Choschen Ham 183, 7: "Si deux juifs ont trompé un non-juif ils doivent partager le profit."
- 7 Choschen Ham 266, 1: "Un juif peut garder tout ce qu'il trouve si ce qu'il a trouvé appartient à un non-juif. Celui qui retourne un bien à un non juif accroît la puissance des non-juifs. Il est louable toutefois de retourner le bien au Gentil si cet acte conduit les non-juifs à considérer les juifs comme honorables ».
- 8 Sanhedrin 57a: "Un juif peut ne pas payer le Gentil pour le travail effectué par celui-ci."
- 9 Schabouth Hag. 6b: "Les Juifs peuvent prêter un faux serment par subterfuge (en jouant sur le sens des mots). "
- 10 Talmud IV/1/113b: "Le Juif est autorisé à exploiter l'erreur d'un non-juif pour le tromper".
- 11 Talmud IV/2/70b: "Le Juif est autorisé à pratiquer l'usure sur le non-juif."
- 12 Sotah, 12a: "L'argent du Juif pieux est plus précieux pour lui que son propre corps."
- 13 Schulchan Aruch, Choszen Hamiszpat 348: "Toute la propriété des autres nations appartient à la nation juive qui est par conséquent habilitée à s'en saisir sans scrupules."
source:Chiourim.com : comparaison des finances juives et musulmane, et accusations contre le talmud
J'ai repris les arguments dans l'ordre, je les ai numérotés et y ai répondu.
« A l'inverse le manque d'éthique de la finance juive est dans le corpus même du Talmud comme en témoigne les extraits suivants: |
1) Babba Bathra 54b:
"La propriété du non-juif appartient au Juif qui l'utilise le premier."
Ceci est une diffamation venant de quelqu'un qui ne sait pas lire l'araméen.
Ce n'est écrit nulle part.
Mais je vais tout de même citer ce qui y est écrit pour clarifier d'où vient l'erreur.
"A l'occasion d'une transaction entre un idolâtre (vendeur d'un bien immobilier) et un juif (acheteur de ce bien) la propriété de l'idolâtre (concernant le bien en question) est comme le désert: le premier qui se l'approprie en devient légalement propriétaire.
Pour quelle raison?
Par ce qu'une fois que l'idolâtre a reçu son argent il se considère comme n'étant plus le propriétaire du bien en question, n'étant personnellement pas concerné par la législation juive.
Tandis qu'aux yeux de celle ci la transaction ne prend valeur qu'une fois le contrat de vente [dûment rempli] est transmis du vendeur à l'acheteur.
C'est pourquoi [entre le moment du paiement et celui de la transmission du contrat] ce bien immobilier se retrouve sans propriétaire (le premier s'étant retiré, suivant la conception païenne, alors que le second n'en a pas encore pris possession, suivant la loi juive) et, comme tout terrain qui se trouverait dans le désert, la personne qui se l'approprierait (à ce moment là) en deviendrait légalement propriétaire".
Donc si quelqu'un vient prendre possession du terrain entre les deux opérations, c'est le juif qui est perdant et non l'idolâtre !
Et celui qui se l'est approprié devra rembourser la somme déboursée, et il est de plus considéré comme un impie pour avoir fait cela.
Voir la conclusion détaillée dans le Shoulh'an Arouh' Hoshen Mishpat 194-2 (voir aussi dans Rashi ad loc.) où il est explicite que:
- 1) c'est interdit de le faire (mikré rasha)
- 2) il devra rembourser la somme ( venoten larishon et adamim)
- 3) que tout ceci n'est valable que dans le cas où il n'y a aucune autre loi locale mais si la loi du pays est différente et stipule qu'il ne devient pas possesseur du terrain , on suit la loi du pays. (bamé dvarim amourim bemakom shéein mishpat yadoua lameleh, aval im …. ossim kefi mishpat ameleh)
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2) Baba Kamma 37b: "Les non-juifs sont hors de la protection divine et Dieu a exposé leur argent à Israel"
Ça c'est faux. Premièrement la référence n'est pas exacte, c'est Baba Kamma 38a , et ensuite ce n'est pas exactement ce qui y est écrit, en effet, il ne s'agit pas d'être en dehors de la "protection divine" mais de ne pas respecter les commandements divins, c'est à dire les 7 lois noahides … ) et il est donc dit que Dieu a "exposé" l'argent des personnes qui transgressent ces lois noahides (les voleurs assassins etc…). et encore cela ne signifie pas qu'il soit permis de les voler mais simplement de ne pas leur courir après pour leur restituer une erreur en leur défaveur qu'ils auraient commis en rendant la monnaie.
C'est à dire, que si un assassin/ voleur… me rend trop de monnaie (après que je lui aie acheté quelque chose) je ne suis pas tenu de le lui faire remarquer dans la mesure où c'est lui qui s'est trompé et pas moi qui l'ai trompé.
Et la raison est qu'étant donné que cette personne est dangereuse et fait le mal sur terre, même s'il est évidemment interdit de la voler, il est permis de ne pas lui restituer ce genre d'erreur pour ne pas lui permettre de commettre de nouveaux crimes avec cet argent.
Mais bien entendu il ne s'agit pas de n'importe quel non-juif comme ce que veut laisser croire la personne qui a cité cette référence (sans avoir vérifié la source), prompte à croire tout le mal que l'on peut inventer sur les juifs, malgré le ridicule que comporte ces accusations.
D'ailleurs sur la page en question dans tous les talmuds du monde, il y a les gloses "Shita Mekubetset" (en bas à gauche de la page, dans les éditions classiques) où est cité le Méiri (célèbre commentateur du Talmud au tout début du XIVème siècle- ) qui écrit clairement que ceci ne concerne que ceux qui transgressent les 7 lois noahides et qui sont par conséquent des barbares sans foi ni loi, mais un peuple qui respecte les 7 lois noahides et à plus forte raison qui respecte un quelconque code religieux ou civil (oumot agdourot bedarkei datot ounimoussim) est évidemment exclu de ces considérations.
Est aussi imprimé, sur la même page, le commentaire du rabbin Jonathan (fin du Moyen-Age) qui souligne clairement que cette loi ne concerne que les malandrins enclins à transgresser tous les préceptes des " 7 préceptes noahides" (ahzarim velev ra laem vehashoudim al kol sheem metsouvin mishéva mitsvot…)
Enfin, bref, on pourrait multiplier les références parmi les commentateurs mais à quoi bon? Il semble clair que la personne en question est soit mal intentionnée soit parle de ce qu'elle ne connaît pas. Car pour ne pas voir au moins ce qui est imprimé sur la page même, il faut soit beaucoup de mauvaise volonté soit beaucoup d'ignorance.
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3) Baba Kamma II 3a: "Les Juifs peuvent mentir (utiliser des subterfuges pour tromper les non-juifs".
4) Baba Kamma 113a: "Tout Juif est autorisé à mentir et à être parjure pour ruiner un non-juif."
Dans un concours de mauvaise foi , je crois que notre mal intentionné aurait toutes ses chances pour remporter le 1er prix. Car une fois de plus tout ceci est faux et ne figure pas dans les textes en question. ...
... Ici encore je vais devoir citer ce qui est écrit dans ces textes afin de clarifier d'où vient l'erreur - ou comment le texte a été déformé.
Le Talmud dit qu'il est interdit de revêtir un habit comportant du shaatnez (mélange de lin et laine. Cf. Lévitique XIX , 19) même par-dessus dix autres vêtements (et donc il ne tire pas profit de l'habit) dans le but de dissimuler un habit à la douane.
Le Talmud s'étonne et rappelle qu'il est interdit de frauder la douane et qu'il faut respecter les lois et payer la douane! Et il répond qu'il s'agit d'un cas où il est permis de frauder : dans le cas où le douanier profite de sa situation et prend plus que la part qui lui revient, il est donc permis de dissimuler une partie de la marchandise afin de ne payer que ce que l'on doit réellement payer d'après la loi locale, sauf s'il est nécessaire pour cela de transgresser l'interdit de shaatnez, là il faudra se résigner à se faire "taxer" par ce douanier malhonnête.
Suite à cela le Talmud propose une deuxième possibilité (qui justifierait le fait de dissimuler des habits pour éviter de payer la douane): si le douanier est cananéen (et que l'argent des droits de douane lui revient).
Aussitôt le Talmud s'étonne et dit qu'il est malgré tout interdit de voler un cananéen. et le Talmud répond qu'il est interdit de le voler, mais qu'il est permis de ne pas lui donner tout ce qu'il réclame (en dissimulant une partie des habits sous d'autres habits – toujours s'il n'y a pas d'infraction de shaatnez-) .
Et là encore il ne s'agit pas des non-juifs de manière générale mais bien du cananéen qui ne respectait pas les 7 lois noahides. Et là encore , sur la page même, dans tous les talmuds du monde, il est écrit (toujours "Shita Mekoubetset" par le Méiri): "et ceci ne concerne évidemment que les cananéens adorateurs d'idoles, voleurs, et qui n'ont aucun code de loi etc…" (vezé davka beknaanim ovdé élilim, anassim, shéeynan gdourim bedarkei adatot ….)
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5) Choschen Ham 156, 5 Hagah: "Le Juif est autorisé à faire commerce avec le Gentil (non-juif), le tromper et prendre son argent parce que la richesse des non-juifs doit être considérée comme une propriété commune qui appartient au premier qui peut en prendre possession. Ici encore c'est de la mauvaise foi, ou de l'ignorance de l'hébreu. Tout d'abord la référence correcte est Hoshen Mishpat 156,5 , et idem pour les suivantes nommées Choschen Ham: il faut dire Hoshen Mishpat (ou Choshen Mishpat, la 1ère lettre est un Het).
Ensuite, de nouveau, il ne s'agît pas du "Gentil" ni du "non-juif" mais du "oved kohavim oumazalot" – en abrégé: "akoum" – soit l'adorateur d'étoiles et d'astres. C-à-d l'idolâtre qui adore les étoiles et s'en remet entièrement à ces dernières, qui –selon lui- ne lui interdisent ni le meurtre ni le vol etc… tout comme ces adorateurs du Baal dont la Bible parle; des barbares qui sacrifiaient des enfants dans le feu pour leurs idoles, qui pratiquaient l'inceste et autres crimes au nom des étoiles.
Et encore une fois, la citation, ignorance et/ou mauvaise foi, est tout à fait inexacte.
Voici ce qui y est dit: "Un artisan juif qui à l'habitude de se faire employer par un certain idolâtre,[ Il y a certains endroits où le tribunal rabbinique interdit à tout autre juif d'essayer "d'empiéter sur le terrain" du premier juif et de se faire engager à sa place chez l'idolâtre. Par contre il existe d'autres endroits où] le tribunal rabbinique n'empêche pas un autre juif [d'aller chez cet idolâtre, et, par exemple, de lui prêter de l'argent afin d'entrer en contact et ensuite] "d'empiéter sur le terrain du premier juif" en proposant ses propres services à l'idolâtre en question. Car le tribunal rabbinique ne serait pas en mesure d'imposer sa loi à l'idolâtre et donc ne se mêle pas de sa décision. Ses biens sont donc considérés "hors-législation" et sont à comparer au cas de "biens sans propriétaire", dans lequel le tribunal rabbinique n'intervient pas (pour trancher entre deux personnes qui seraient en rivalité pour acquérir des biens abandonnés; le premier à s'en saisir en deviendra le propriétaire et l'autre ne pourra argumenter avoir "pensé" s'en saisir avant). Ici aussi puisque l'idolâtre échappe à la législation juive, le tribunal ne s'en mêle pas".
Donc, la propriété de l'idolâtre n'a été comparée aux "biens abandonnés" que pour dire que le tribunal ne se mêlera pas de la dispute entre deux juifs qui rivalisent pour être employés par un idolâtre, et non pour dire que les juifs peuvent s'emparer de la propriété d'un idolâtre comme si c'était un bien abandonné. |
6) Choschen Ham 183,7: "Si deux juifs ont trompé un non-juif ils doivent partager le profit".
Encore une fois , c'est faux! il n'est pas question de non-juif, mais de "akoum"
Et voici ce qui y est dit: si Mr X envoie Mr Y récupérer de l'argent qu'un "akoum" (=criminel…) lui devait, et que ce "akoum" se trompe et donne plus que la somme due, Mr Y s'il s'en est rendu compte peut garder l'excédent. Par contre si Mr X n'envoyait pas Mr Y récupérer une dette du "akoum", mais que Mr X et Mr Y vendaient quelque chose au "akoum" et que ce "akoum" s'est trompé etc… là Mr Y doit partager la somme en question avec Mr X.
Et encore une fois tout ceci n'est pas applicable vis-à-vis d'un non-juif "normal" (= qui n'est pas assassin voleur etc…).
Je dirais même plus: un non-juif "normal" aussi est tenu -tout comme les juifs- de ne pas restituer l'erreur dans la monnaie du "akoum" au "akoum", (car ce dernier l'utiliserait pour ses crimes, comme par exemple pour payer un tueur professionnel pour un contrat). Mais il est malgré tout interdit de le voler "directement" –et ce même s'il ne s'en rend pas compte, car "voler" est mauvais et c'est la porte ouverte à d'autres délits, mais aller lui rendre la différence de monnaie lorsqu'il s'est trompé n'est pas jugé convenable dans la mesure où l'on sait qu'il en fera un usage criminel.
Et bien entendu, comme toujours en matière d'argent , si la loi locale interdit cette pratique et oblige le citoyen à rendre une erreur de monnaie même à un assassin, le juif est tenu de suivre la loi locale et d'aller rendre la somme –même infime, et à plus forte raison si elle est importante- au "akoum" assassin ,et ce, même si l'on sait clairement que le "akoum" prépare un mauvais coup. Car en matière d'argent , tout juif est tenu par le Talmud (Nedarim 28a, Baba Kama 113a et 113b, Guitin 10b, Baba Bathra 54b et 55a) de donner la priorité aux lois du pays (=Dina demalhouta dina).
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7) Choschen Ham 266, 1: "Un juif peut garder tout ce qu'il trouve si ce qu'il a trouvé appartient à un non-juif. Celui qui retourne un bien à un non juif accroît la puissance des non-juifs. Il est louable toutefois de retourner le bien au Gentil si cet acte conduit les non-juifs à considérer les juifs comme honorables ».
Encore des mensonges, je vais donc citer le texte , : "l'objet perdu par un "akoum" est permis (à celui qui le trouve), et celui qui le lui restitue commet un péché car il lui permettra de commettre des crimes avec. (=avedat akoum mouteret. Veamahzira aré zé over avéra mipné shéou mahzik yedé ovré avéra)".
Encore une fois il ne s'agît que du "akoum" Il est donc évident que cette loi ne s'applique pas en France par exemple, tant que la personne qui a perdu l'objet n'est pas un criminel avéré, ni non plus dans n'importe quel pays civilisé où les habitants ne sont pas des barbares, ce qui, Dieu merci est de plus en plus rare sur terre (car les pays sont régit par des lois).
Voir aussi le commentaire du Méiri sur Sanhédrin 76b (dans l'édition classique de Zihron Yaakov 1978, c'est tome 6 page 73 en bas) précisant une fois de plus que cette loi ne concerne évidemment que les "ovdé aélilim vekayotsé baem mibaalé aémounot akdoumot…" = les adorateurs d'idoles et ceux qui leur ressemblent parmi ceux des croyances anciennes – comme les adorateurs du Baal etc…
| 8) Sanhedrin 57a: "Un juif peut ne pas payer le Gentil pour le travail effectué par celui-ci."
Là aussi, il ne s'agît que d'un idolâtre mais pas du "Gentil". Voir aussi le Méiri ad loc. (tome 6 page 59 en haut) je cite: "mais s'il s'agît d'un non-juif qui respecte les 7 lois noahides il n'est pas concerné , car tout non-juif qui respecte les 7 lois noahides (=qui est civilisé et honnête) fait partie des "justes des nations" (hassidé oumot aolam) et des gens qui respectent une religion, et il aura part au monde futur (veyesh lo helek leolam aba)".
| 9) Schabouth Hag. 6b: "Les Juifs peuvent prêter un faux serment par subterfuge (en jouant sur le sens des mots). "
Là ça va être difficile de trouver la source falsifiée, car "Schabouth Hag" ça ne veut rien dire et n'existe pas. Ce n'est pas le titre d'un volume du Talmud ni non plus une référence au Shoulhan Arouh, ni à aucun livre juif.
Il y a bien un traité du Talmud dont le nom est Shevouot mais "Hag" ne correspond à rien, et en page 6b de Shevouot il n'y a rien qui puisse – même une fois déformé- ressembler à ce que notre accusateur prétend y avoir trouvé.
Et le problème c'est que dans tout le Talmud on ne trouvera pas cette phrase. Mais j'imaginerais bien un texte qui parlerait du cas où un "akoum" adorateur du Baal voudrait forcer un juif à renier sa foi et à jurer qu'il ne servira plus que le Baal, sur quoi le Talmud dirait que ce malheureux juif doit encore trouver une formule qui permette de jouer sur les mots et ne pas se contenter de dire que ce serment n'a pas de valeur car il a été arraché par la force…
Et tout ceci, car le Talmud est extrêmement pointilleux sur l'importance de l'engagement et de la parole. Il faut donc à tout prix éviter de ne pas respecter un serment, et même si l'on est forcé de prononcer un serment sous menace, situation où tout être humain ne s'inquièterait pas outre mesure et n'accorderait aucun poids à cet "engagement", le Talmud recommande malgré tout de prononcer une phrase ambiguë et de jouer sur les mots pour ne pas à avoir à "transgresser" même un serment "forcé".
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10) Talmud IV/1/113b: "Le Juif est autorisé à exploiter l'erreur d'un non-juif pour le tromper".
Talmud IV /1/113b est une autre manière de renvoyer à Baba Kama 113b (car Baba Kama est le premier traité du tome IV de certaines éditions anciennes) référence déjà citée en n°3 plus haut (113a).
Donc, en fait c'est lui qui joue sur les mots ! L'accusation est fausse, comme d'habitude. Il n'y est dit que ce que l'on a déjà dit, à savoir qu'il n'est pas écrit "nohri" (=non-juif) mais "akoum" (= criminel). Inutile de répéter.
Par contre il est peut-être utile de souligner une nouvelle fois le ridicule de ces accusations qui ne prouvent que la mauvaise information ou la mauvaise foi de l'accusateur. |
11) Talmud IV/2/70b: "Le Juif est autorisé à pratiquer l'usure sur le non-juif."
La référence telle qu'elle est citée est: Talmud IV/2/70b , en fait le 2ème traité du tome IV se nomme Baba Metsia, et en page 70b il est écrit que le juif peut compter au non juif des intérêts (ribith) sur un prêt d'argent. Mais l'usure est une pratique interdite.
La différence entre le prêt à intérêt et l'usure, c'est que le 1er est ce qui se fait partout en France comme ailleurs, lorsqu'on prête une somme importante, puisqu'on aurait pu la faire fructifier sur la durée. Par conséquent il est juste que l'emprunteur [qui dispose de cette somme pendant cette durée] paye des intérêts au prêteur. Par contre l'usure c'est de prendre beaucoup trop "d'intérêts", plus que ce que la logique et la loi ne le permettent, en profitant de la difficulté de la situation de l'emprunteur, et ça c'est interdit. (Voir à ce sujet les "décisions doctrinales du Grand Sanhédrin" à Paris en 1807 imprimées en 1812. article 9).
Donc ce que le Talmud permet, c'est ce que la loi française permet (et souhaite) ; demander un taux raisonnable d'intérêt. D'ailleurs s'il était interdit de prendre des intérêts sur un prêt important, qui prêterait une grosse somme à un tiers alors qu'il pourrait la faire fructifier en la plaçant ? Par ailleurs l'emprunteur pourrait, lui, faire fructifier cette somme et en quelque sorte s'enrichir aux frais du prêteur. C'est pourquoi il est logique qu'il partage le bénéfice avec le prêteur en lui payant des intérêts.
Mais je m'arrête là, j'ai l'impression d'expliquer une évidence. Est-il nécessaire de justifier le Talmud qui permet le prêt à intérêt dans le but de développer l'économie? |
12) Sotah, 12a: "L'argent du Juif pieux est plus précieux pour lui que son propre corps."
Pour une fois, il (=notre accusateur ou son informateur d'origine) n'a pas ajouté de mots, il a seulement mal compris le texte.
Ce qui indique que c'était probablement la seule citation qui sans déformation allait dans son sens. Dans les autres cas il savait bien qu'il ajoutait ou retranchait ou déformait pour arriver à ses fins, tandis que là c'est vraiment le texte, mais tout à fait mal compris.
Comment un être doté d'un minimum de bon sens pourrait s'imaginer que le Talmud dirait de ses propres adeptes et des plus pieux parmi eux, qu'ils préfèrent leur argent à leur vie?
Que faire de l'argent une fois mort? Seuls quelques insensés hésiteraient entre "la bourse ou la vie". Dès lors comment croire que le Talmud dirait cela de tout juif pieux? ...
Il y est dit: plus que son "corps" et pas plus que son "âme"/ sa "vie". C'est-à-dire que l'homme pieux qui utilise chacune de ses possessions pour répandre le bien autour de lui, que ce soit en distribuant de l'aumône aux pauvres, ou d'une autre manière, et qui fait extrêmement attention de ne pas utiliser l'argent des autres, préférera son argent au confort de son corps.
Par conséquent il ne dépensera pas son argent futilement dans l'achat d'une voiture luxueuse, par exemple, s'il sait qu'il peut aider des pauvres avec cet argent. Il se contentera donc du minimum pour lui, afin de pouvoir donner le maximum aux autres. Voilà ce que veut dire ce texte du Talmud.
Comment peut-on croire ce que notre détracteur voulait lui faire dire? |
13) Schulchan Aruch, Choszen Hamiszpat 348: "Toute la propriété des autres nations appartient à la nation juive qui est par conséquent habilitée à s'en saisir sans scrupules."
Il faut dire Hoshen Mishpat 348. A part ça, c'est de la haute fantaisie!
C'est peut-être pour cela qu'il n'a pas donné la référence avec précision et s'est contenté d'indiquer le "siman" (=chapitre) 348 sans préciser le "séif" (=paragraphe) (alors que plus haut, à chaque fois que le Shulhan Arouh était cité il précisait aussi le "séif". Voir citations n° 5,6,et 7). En fait il s'agit de 348,2 et voici ce qui y est dit:
"Celui qui vole même une "perouta" (= 1 centime) transgresse l'interdit de la Thora "tu ne voleras point" et est obligé de restituer l'objet volé (même s'il faut voyager jusqu'au bout du monde pour rembourser un centime volé - cf. Baba Metsia 55a),
...
et ce, sans distinction; qu'il ait volé un juif ou un même un "akoum", et sans distinction; qu'il ait volé un adulte ou un enfant". Et là-dessus le "Rama" ajoute au texte du Shoulhan Arouh qu'il est interdit de voler le "akoum" mais qu'il est permis de ne pas lui restituer l'erreur de monnaie (comme on l'a déjà expliqué plus haut), et ce, uniquement pour le "akoum" mais non pour le non-juif.
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Le judaïsme ne tolère pas la discrimination raciale
Il ne faut pas perdre de vue que le judaïsme est l'une des seules religions qui NE PEUT PAS TOLERER DE DISCRIMINATION RACIALE dans la mesure où elle prévoit aussi un rôle aux autres peuples (et pas seulement à ses adeptes) et leur réserve la félicité dans le monde futur s'ils se conduisent bien (selon l'entendement moral ; ce qu'on appelle respecter les 7 lois noahides).
C'est pour cela que c'est la seule religion monothéiste qui ne prône pas le prosélytisme, en effet puisqu'on peut être un non-juif tout en étant aimé de Dieu, en se comportant bien (les 613 commandements ne concernant que les juifs), il n'y a pas de raison de vouloir convertir un non-juif au judaïsme.
Un bon musulman ou un bon chrétien sera accueilli à bras ouverts par Dieu. Ils n'ont pas besoin de se convertir au judaïsme; lorsqu'on n'est pas juif on peut le rester sans compromettre son avenir dans le monde futur. Le judaïsme promet la félicité dans le monde futur à tout homme intègre sans distinction de race ni de couleur ni de sexe ni de religion. Voir par exemple Tana Debé Eliaou §9 (au début du chapitre) : "je prends à témoin le ciel et la terre que tout homme, juif ou non juif (beyn israel beyn nohri), homme ou femme, esclave ou servante, en fonction de ses actes, l'esprit saint (rouah akodesh) l'habitera". C-à-d que même l'esprit saint peut habiter tout homme, juif ou non-juif, sans distinction de religion, ni de sexe, ni de classe sociale. Dieu est proche de tout homme intègre.
Voir aussi Sanhédrin 59a : "même un non-juif qui respecte les lois que lui indique la Thora (=les 7 lois noahides) est comparable au grand prêtre du Temple de Jérusalem (aré ou kecohen gadol).
Et il y a encore dans le Talmud, de nombreux textes qui vont dans ce sens . Comment , dès lors , s'imaginer que le Talmud ne respecterait pas la propriété d'un non-juif alors qu'il le hisse au rang le plus élevé du judaïsme: "comparable au grand prêtre…"
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Ces insultes remontent au XIX ième siècle
J'ai peine à croire que l'auteur de ces références n'aie pas honte de falsifier systématiquement les textes. C'est pourquoi j'ai déjà écrit plus haut que je suis sûr que c'est en fait une liste toute faite de références que quelqu'un sans les connaissances nécessaires s'est contenté de reproduire, mais qu'il n'est certainement pas allé vérifier si ce qu'il écrivait se trouvait réellement dans ces livres.
Nous constatons que l'accusateur ne s'est pas donné la peine de vérifier si ce qu'il avançait était vrai. Bref , il est vraiment dommage, quand on ne sait pas lire l'araméen (ou au moins l'hébreu), de citer dans ces langues des références soit disant accusatrices !
Les références sont apparemment empruntées à la vaste littérature antisémite de la fin 19ème - début du 20ème siècle – époque sombre où l'on se permettait de fausser les textes, étant assuré que personne n'irait vérifier. Mais voilà, certains sont allés vérifier et ont rendu compte de ces nombreuses falsifications, ce qui a couvert de honte les auteurs en question de telle sorte que ces ouvrages ne sont qu'histoire ancienne dénuée de crédit.
Je pense ici particulièrement à l'abbé August Rohling – Docteur en théologie et philosophie et professeur à l'université de Prague au XIXème siècle- qui écrivit une brochure intitulée "Der Talmud-Jude" (le juif talmudiste) (1871) dans laquelle il avança une longue liste de textes falsifiés pour accuser le judaïsme de tous les maux et qui servit de source d'inspiration à de nombreux antisémites par la suite (et probablement à notre accusateur qui a certainement trouvé ses sources dans ce livre ou dans un autre inspiré de ce dernier).
Lors de l'affaire "Rohling-Bloch", le rabbin autrichien Joseph Samuel Bloch (soutenu par des hommes de lettres chrétiens) s'est opposé aux accusations mensongères de Rohling et a prouvé que tout était falsification. Suite à quoi Rohling s'est trouvé couvert de honte, et le ministère de l'éducation lui a demandé de bien vouloir démissionner de son poste.
Ce qui n'a pas empêché Hitler de citer Rohling de manière élogieuse dans son "Mein Kampf" , ce qui a dû encourager Goebbels à qualifier Rohling du titre de "le vieux maitre"].
(Ma bibliothèque personnelle contient une cinquantaine d'ouvrages de ce genre, tous de l'époque en question, et non réédités depuis fort longtemps. La lecture de ces livres m'a permis de constater que dans 90% des cas l'auteur ne comprend pas l'araméen ni l'hébreu, et se contente de citer ce que d'autres de ses collègues ont déjà cité ou ce qu'une connaissance qui lit l'araméen lui a dit.
Ils ne se donnent jamais la peine d'essayer de vérifier un tant soit peu, que ce soit en questionnant des non-juifs instruits en langues sémitiques, ou en utilisant des dictionnaires ou des traductions des textes etc… et se permettent même de supprimer quelques mots des références déjà falsifiées par leurs prédécesseurs, pour faire bonne mesure.)
Mais voilà qu'une personne mal intentionnée ressort ces citations falsifiées du placard de l'Histoire et s'imagine qu'elle pourra faire admettre ces contre vérités conformes à son idéologie.
Que peut-on pour ce personnage si ce n'est prier pour qu'il guérisse de ses obsessions ?
Les croyants musulmans est chrétiens savent aussi interprêter les textes
Chez les musulmans - parmi lesquels on trouve malheureusement aujourd'hui des représentants de cet antisémitisme borné, nombreux sont ceux qui n'hésitent pas à dire clairement que c'est de la bêtise entretenue au sein des croyants par des dirigeants fanatiques et mal informés.
J'ai personnellement discuté et me suis lié d'amitié avec des musulmans qui fréquentent des mosquées dignes de ce nom et un imam digne de son titre, et je peux vous assurer qu'ils sont terriblement gênés par les dérives de certains de leurs coreligionnaires, qui selon eux "font honte à l'Islam".
Toutes ces références au talmud, ne sont qu'un tissu de mensonges, si l'on voulait mal interpréter les textes des Evangiles ou du Coran, ce serait très facile aussi, et on y trouverait tout ce que l'on veut.
Seulement le fait qu'il y ait eu et qu'il existe encore des adeptes de ces religions qui sont intègres, nous prouve bien que tout est une question d'interprétation.
S'il fallait se baser sur le comportement ou sur la compréhension du Coran des fanatiques qui se réclament de l'Islam, on aurait vite fait de condamner le Coran sans réfléchir comme étant un texte qui excite les masses et les poussent au meurtre.
On peut imaginer que si Mahomet était vivant, il aurait lui-même mis un terme à tous ces excès qui ternissent l'image de l'Islam dans le monde. Mais heureusement qu'il y a eu des Avicenne (Ibn Sina) puis Averroes (Abou al-Walid Ibn Roushd) et encore d'autres qui étaient très croyants et très respectueux de la vie humaine, ils étaient droits, sages et intègres.
Aujourd'hui aussi il y en a, seulement ils se font moins remarquer que les fanatiques, dont les médias préfèrent parler.
De même, s'il fallait juger l'Eglise sur son passé fort peu glorieux, et sur ses crimes durant de longs siècles pendant lesquels elle a brulé vifs juifs, musulmans, protestants, ou toute personne qui avait une autre conception de "l'amour du prochain" que celle de ses papes et rois "très chrétiens".
Mais il y a eu heureusement des justes parmi les chrétiens et il y en a encore, Dieu merci. En conclusion , j'encouragerais vivement les chrétiens et les musulmans qui s'intéressent au judaïsme à se renseigner auprès de gens sensés [et de préférence pas trop ignorants des textes fondateurs], pour disposer de renseignements objectifs. Je pourrais encore faire part d'autres conseils ainsi que de plusieurs remarques sur l'éthique plus qu'exigeante du Talmud qui vise l'intégrité et l'irréprochabilité.
J'ai aussi des remarques sur les Evangiles et le Coran que j'aimerais partager avec des spécialistes qui seraient en mesure de me répondre convenablement, (et je suppose que l'auteur des citations malveillantes n'est pas la bonne personne, je cherche donc ailleurs).
Mais le fait de ne pas les avoir encore trouvés ne m'empêche pas de garder intacte l'estime que j'ai pour ces religions, car elles ont toutes deux été les religions d'hommes remarquables et tous les crimes perpétrés par certains de leur coreligionnaires ne suffiront pas à faire disparaitre de l'Histoire ces hommes droits et justes. J'ai aussi plusieurs sujets de théologie à partager avec des interlocuteurs sensés, et des réflexions à adresser à la jeunesse musulmane qui parfois s'égare du fait d'une absence d'information objective alors qu'il existe aujourd'hui, même à Paris, des imams dignes de ce titre. C'est vraiment dommage.
On pourrait tellement bien vivre dans un respect mutuel.
Kleineyid |
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