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Commentaires à chaud sur Facebook | |
Wagihe El Halouat : Bonjour ! Je me lève et je regarde I-Télé avec surprise ! Le peuple Anglais quitte l'Europe ! Je ne suis pas surpris l'Europe des sociaux libéraux et de la la droite libéral va dans le mur !
Nous Français on a voter Non a cette Europe de la finance et ultra liberal il y'a 10 ans ou est passer notre vote ???
Ariane Beldi Le petit problème, Wagihe, c'est que ceux qui ont lancé le Brexit trouve que l'UE n'est pas assez libérale!
C'est pour cela qu'ils voulaient en sortir! Tout au long de leur campagne, en plus des discours outranciers à l'égard des réfugiés, accusés de voler le travail et les avantages sociaux aux Britanniques, ils n'ont pas arrêté de présenter l'UE comme une pieuvre administrative de type socialiste, qui se mêle de tout et empêche les entreprises de faire leur business.
De fait, les milieux précaires qui ont voté pour le Brexit viennent de se tirer une gigantesque balle dans le pied! Contrairement à ce qu'ils espèrent, les mouvements à l'origine du Brexit, une fois qu'ils seront au pouvoir en Angleterre, accéléreront le retrait de l'Etat social en Grande Bretagne (qui va probablement disparaître, parce que l'Ecosse et l'Irelande du Nord veulent être dans l'UE et en ont marre des Anglais)
Paul Brousse C'est vrai. Mais tout ce qui peut mettre "une balle" à ce château de carte qu'est l'UE est bon à prendre. Plus vite ce "cauchemar européen" prendra fin, plus facile il sera pour les nations européennes de s'en remettre.
Ariane Beldi Mais oui, bien sûr! Et si ce sont des ultra-libéraux qui prennent le pouvoir dans ces "nations" européennes? Parce que c'est bien le risque, hein.
Les mouvements qui travaillent à la fin de l'UE (et qui ont un certain poids électoral, parce que l'extrême-gauche, elle, compte pour du beurre, littéralement) sont des adeptes de la dérégulation à tout crin et du minimum d'Etat (et surtout du moins possible d'Etat social.... si les pauvres et les précaires en ont marre d'être pauvres ou précaires, ils n'ont qu'à arrêter d'être pauvres et précaires....pour paraphraser un Républicain américain adepte de la dérégulation totale...)!
Par ailleurs, il ne faudrait pas oublier que l'UE est née de la volonté de ces mêmes nations à la sortie d'un véritable cauchemar, à savoir deux gigantesques conflits qui ont fait des millions de morts, détruit l'Europe et laissé derrière des populations exsangues, mourant de faim et de maladies! Mais bon, je suppose que ça, c'est peanuts, face à certains problèmes actuels de l'UE!
Daniel Auguste : Les citoyens Britanniques ont décidés de quitter l'Europe qui semble de plus en plus contestée avec la montée dans des nombreux pays de la zone euros. Cette regrettable et historique décision va créer une vraie cassure entre les peuples d'Europe avec ses conséquences économiques et la stabilité dans le monde.
Marc Guillemin il faut sortir de l union européenne. on paye plus ce que l on nous rend. Il faut un référendum en France et dire non au dictat de L UE. Et ne plus nous raconter des salades que tout va s ecrouler
Suzy Declerck Je soupçonne carrément la Grande-Bretagne de tromperie, de polygamie avec leur amant USA (leur chouchou) Un mal pour un bien les anglais nous prouvent leur infidélité totale Qu ils nous quittent mais alors qu ils ne cherchent pas à avoir des traitements de faveurs avec nous l Europe !
Loïc Chabrier Vive l'Ecosse indépendante et l'Irlande réunifiée !
Patrick Kineider Qu'on le veuille ou non, les populistes ont encore marqué un point. En France, les tenants d'un référendum du même type s'expriment.
Le référendum de 2005,.SANGATTE, la jungle de CALAIS, les migrants...la sécurité internationale et la participation différenciée des pays..le secret des négociations sur le TAFTA.. . Cette UE est en train d'accumuler les échecs, si on veut accélérer la dislocation, faisons des référendums dans tous les pays!?!
J'étais ado lors du traité de ROME.. Mais on est tous devenus fous.
Bernard Musicant : Un trader en pleurs au tel: "Des milliards sont en ce moment en train de quitter la Grande-Bretagne" La Livre perd plus de 10%
Le #Brexit rappelle le référendum de 2005 où déjà une déconnexion avec l'UE était flagrante & ouvrait un bd aux populistes. On fait quoi?
Franck Cisinski Se sont nos gouvernants qui ont ouvert un boulevard aux populistes, car, en 2005, 53% des français ont voté NON et il nous a été imposé. Ce fut un déni flagrant de démocratie et le peuple français s'en souviendra....
Gilles Orselly des milliards quittant la GB gouvernée par les conservateurs pour la France gouvernée par le Parti Socialiste, je me marre ! (les occasion sont rares, il faut en profiter)
Erez Lévy ne nous emballons pas du côté de la critique... quoiqu'on puisse dire du sens donné à la construction institutionnelle européenne, quelque soit l'importance que l'on accorde à la liberté de contester, de discuter, cette construction institutionnelle, avec ses principes législatifs et ses mécanismes de soutien financier, est l'armature manifestement irremplaçable de la vie économique du continent. Rien que cela.
Et ces institutions comportent des cadres démocratiques permettant (théoriquement, pourra-t-on dire) des réorientations. Ce qui n'est pas le cas de toutes les régions du monde. Alors, il faut tempérer ses envolées contre les institutions européennes, quelles que soient les limites qu'on peut pointer à plus ou moins bon escient.
Anthony Marimbert Les anglais ont quasiment toujours été septique envers l'UE, ils n'ont pas adopté l'Euro, ne font pas parti de l'espace Schengen (même si celui-ci n'est pas exactement lié à l'UE), et ont souvent bloqué les décisions qui auraient pu faire avancer l'UE en terme de fonctionnement. Cela est principalement dû au fait qu'ils avaient peur de perdre une partie de leur indépendance au niveau politique, économique,.. de déléguer aux institutions de l'UE une part de leur pouvoir. Espérons dorénavant que sans le blocage de l'Angleterre, l'UE puisse avancer et prendre les décisions qui s'imposent.
Georges Kabi l'Union Europeenne n'a jamais su tenir ses promesses. Il fut d'abord un conglomerat d'Etats ayant des interets economiques et financiers communs. Et cela s'arreta la! Il n'y a pas d'Union Europeenne Sociale, pas d'Union Europeenne fiscale, pas d'Union Europeenne legale, pas d'Union Europeenne culturelle, pas de...
Lu un peu plus tard...
Robert Alfonsi : Le vote britannique , si on en croit de nombreux commentateurs , ne serait du qu'aux réflexes xénophobes et pour ainsi dire primaires , des vieux , des bacs moins 5 et pour aller vite , de la populace émotive et sans réflexion .
Ils n'en sont pas encore à réclamer le retour au scrutin censitaire , mais ça ne va pas tarder .
Pour alimenter le débat je soumets à la réflexion cette analyse d'un financier britannique , un peu moins triviale .
" ce vote est nourri par la faiblesse de la croissance et des salaires réels enregistrés depuis des années . En outre nombre de citoyens ont le sentiment que les aides fournies au secteur bancaire n'ont pas vraiment profité à l'économie réelle et que les inégalités se sont renforcées avec la crise " .
Peut être plus proche de la réalité cette analyse que le mépris qui suintent dans la plupart des commentaires depuis 48heures .
Raphaël Spina : · «La triste réalité c'est que ce sont les classes défavorisées qui ont voté pour le Brexit contre les élites, car elles se sentaient en précarité économique, et que ce sont elles qui vont le plus souffrir en terme de perte d'emplois et d'investissements. La deuxième tragédie est que nos jeunes ne pourront plus étudier et travailler librement dans 27 pays. On ne mesure pas le nombre d'opportunité perdues, d'amitiés et même de possibilités de mariages dont leur auront privé leurs parents, oncles et grands-parents en votant pour la sortie de l'Union. Troisièmement, et c'est peut-être la plus importante, le triste constat que nous sommes dans une démocratie post factuelle qui préfère les mythes aux faits... Et le journal de conclure: Les Britanniques en avaient peut-être assez des experts, mais citez-nous une seule fois où une culture d'anti-intellectuels a mené à autre chose qu'à l'intolérance et la bigoterie.»
Robin Ferali : Les anglais ont votes pour protester contre la politique de Cameron en pensant que jamais ils ne sortiraient de l'Europe. Et bim !! Ils découvrent la puissance d'un vote. Cela pose question à toutes démocraties: le peuple est il suffisamment mature pour décider de choses qui parfois le dépasse ...
Rudy Reichstadt "Selon The Washington Post, de nombreux Britanniques ont voté sans avoir réellement pris connaissance de ce qu'est l'Union européenne. Selon des données transmises par le moteur de recherche Google au Royaume-Uni, le nombre de personnes posant la question "que se passera-t-il si nous quittons l'UE" a plus que triplé quelques heures après la fermeture des bureaux de vote. La deuxième question la plus souvent posée dans Google, ce vendredi : "Qu'est-ce que l'Union européenne ?"
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Europe /
12H30 - vendredi 24 juin 2016
Brexit : le divorce, signe d'un mariage raté
vendredi 24 juin 2016 - 12H30
On le dit beaucoup aujourd'hui lorsqu'un mariage vole en éclats : les torts sont partagés. À l'heure de la sortie du Royaume-Uni de l'Europe, surtout, ne l'oublions pas.
Au commencement, le mariage.
D'une part, il y a l'amour, ce débordement de désir, ce désir de fusion, fusion jusqu'à perte de soi ; de l'autre il y a le mariage : un contrat. Après le prononcé public de vœux, pieux, de fidélité, assistance et solidarité, l'accord est scellé d'un baiser mais surtout d'une signature. Puis, en voiture ! Les portes claquent et le cortège s'ébranle. Ce soir, on va danser, boire – trop – et rire – on ne rit jamais assez. Enfin, on rentrera chez soi et, bientôt, dégrisera. L'heure du travail sonnera –car le mariage, c'est du boulot – et quelques années plus tard, parfois, on divorcera.
Qui se ressemble s'assemble, dit-on, mais au-delà des ressemblances, ce sont les dissemblances qu'il s'agira d'harmoniser, les différends de gérer, après les grandes, et belles !, promesses, les joies de la nuit de noces et l'ivresse de la lune de miel. Tout l'art étant de se construire ensemble au fil des conflits et resserrer les liens pour traverser les crises. Apparemment les dirigeants de l'Union des pays d'Europe n'y ont pas réussi.
On a fini par s'habituer à ces ruptures qui autrefois, au-delà du scandale, éveillaient tant de craintes : actuellement, en Europe, les mariages capotent près d'une fois sur deux. Mais le divorce qu'aujourd'hui nous inflige par les urnes le peuple du Royaume-Uni est difficile à digérer. Il en est qui déjà pensent aux mesures de rétorsion. Pendant les renégociations des traités commerciaux, on leur tiendra la dragée haute à ces traitres de Britanniques qui osent vouloir nous quitter. Certains jubilent et rêvent tout haut d'une dissolution générale. Si eux s'en vont, pourquoi pas nous ? Sûr, vive le célibat ! Être seul, entre soi et soi, avoir raison sans discussion, ne rien devoir concéder. Et il y a ces autres, dont je suis, qui sont tristes. Tout simplement. Car un divorce est toujours le constat d'un échec, et cet échec souvent la dernière chose partagée par les anciens partenaires. La dernière chose qui les unit et les unira à jamais.
Que faire, donc, aujourd'hui ? Je ne suis pas une spécialiste de géopolitique, mais un peu de divorce. Des journaux ont parlé de « gueule de bois », et c'est bien vu. Alors mon conseil du jour est de commencer par cuver. Le temps de la gueule de bois n'est pas celui de l'action ni de la réflexion, mais du retour sur soi. Ensuite viendra celui de l'analyse critique, et de l'autocritique. On n'y coupera pas. Si les Européens – non ! pas seulement les Britanniques – aiment de moins en moins leur Union, il y a des raisons. Il nous faudra poser le juste diagnostic, développer les bons remèdes, les appliquer et observer les réactions des peuples – leur bien-être, leur malaise. Ils sont le corps de l'Europe.
Quant à nos frères humains de l'autre côté de la Manche, je les regrette déjà et c'est pourquoi aussi je leur souhaite bon vent, bonne chance et… à bientôt, j'espère.
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Marine Le Pen exulte et réclame un « Frexit »
LE MONDE | 24.06.2016 à 10h37 • Mis à jour le 24.06.2016 à 11h21 |Par Olivier Faye
La première pièce du jeu de dominos est tombée avec la victoire du « Brexit » lors du référendum organisé au Royaume-Uni, jeudi 23 juin. Pour Marine Le Pen et ses alliés eurosceptiques, qui veulent disloquer l'Union européenne, tout l'enjeu est désormais de savoir si les autres pièces du jeu ont été correctement alignées, et si elles seront entraînées par la chute de la Grande-Bretagne
Seul parti politique français majeur à avoir ouvertement fait campagne en faveur d'une sortie des Britanniques de l'UE, le Front national jubile. Le parti d'extrême droite s'est empressé de réclamer, vendredi, l'organisation d'un référendum similaire sur la participation de la France aux institutions européennes. « Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l'UE », a écrit la présidente du FN Marine Le Pen dans un message posté sur Twitter. Ce scrutin devrait même avoir lieu « le plus vite possible » a surenchéri son bras droit, vice-président du parti, Florian Philippot, pour qui « la liberté des peuples finit toujours par gagner ».
26 % des Français en faveur d'un « Frexit »
Les néologismes sont désormais de sortie : « Frexit » en France ; « Nexit » auxPays-Bas… Geert Wilders, chef de file du PVV néerlandais, allié du FN au Parlement européen, a lui aussi souhaité l'organisation d'un référendum dans son pays. « Maintenant, c'est à notre tour », a lancé de son côté le patron de la Ligue du Nord italienne, Matteo Salvini, autre partenaire du FN. « Le temps est mûr pour une autre Europe, une Europe des nations », s'est réjouie quant à elle Frauke Petry, présidente de l'AfD en Allemagne, qui plaide pour un rapprochement de son parti avec le FN.
Figure de proue de l'euroscepticisme sur le Vieux Continent, Marine Le Pen vafaire du « Brexit » un argument électoral jusqu'à l'élection présidentielle de 2017. Pour les frontistes, la France a « plus de raisons de sortir de l'UE » que le Royaume-Uni ne pouvait en avoir lui-même, puisqu'elle appartient, contrairement aux Britanniques, à la zone euro et à l'espace de libre circulation de Schengen.
Le parti lepéniste propose depuis 2013 l'organisation d'un référendum sur l'Union européenne ou sur le maintien de la France dans la monnaie unique. Une proposition qui continue d'effrayer une partie de l'électorat, en particulier les retraités, peu enclins à voter pour la formation d'extrême droite. Selon une enquêteOpinionWay parue en juin, seulement 26 % des Français voteraient en faveur d'un « Frexit » et 51 % contre (le reste des personnes interrogées ne se prononce pas).
Mantra répété sans fin
Ces derniers mois, le mot d'ordre lepéniste était donc de faire « comme les Anglais » en cas de victoire en 2017 : d'abord, négocier avec les autorités européennes pour tenter de rapatrier les « souverainetés » françaises (« législative », « monétaire », « judiciaire », « frontières ») ; ensuite, organiser un référendum en cas d'échec des négociations, pressenti comme certain. Quoi de plus rassurant, aux yeux de l'opinion, que de singer un premier ministre conservateur britannique comme David Cameron, figure de l'« establishment » ?
« Victoire de la liberté », « printemps des peuples »… Le Front national essaye autant que possible de parer son message d'atours positifs, lui qui a souvent été accusé de progresser sur une rhétorique de peur. A rebours d'une UE qui génère, selon elle, de la « confusion », du « désordre », du « conflit », du « chaos », Marine Le Pen propose une « Europe des nations », projet qui se veut, bien entendu, « réaliste », « sérieux », « serein », « prospère », « apaisé ». Le dernier mot est même devenu le slogan de la présidente du parti frontiste depuis le début de l'année, un mantra répété sans fin pour essayer d'en finir avec une image toujours clivante.
Victoire par procuration
« L'UE est en déliquescence, elle craque de partout. Soit on attend le déluge, l'explosion, ou alors on se met autour d'une table et on construit l'Europe des nations, qui remplacera l'UE totalitaire que nous connaissons aujourd'hui », a déclaré Mme Le Pen sur TF1, mardi 21 juin. L'épreuve des faits risque néanmoins de s'avérer bien plus décisive que le choix des mots pour le FN. Si les conséquences du Brexit devaient s'avérer malheureuses, notamment d'un point de vue économique, l'exemple britannique prendrait du plomb dans l'aile.
En tout cas, Marine Le Pen peut enfin se targuer d'une victoire par procuration. En mai, le FPÖ et son candidat Norbert Hofer avaient échoué d'un cheveu lors de l'élection présidentielle autrichienne. Il y a un an, le FN se désolait du choix du premier ministre grec Alexis Tsipras de maintenir son pays coûte que coûte dans la zone euro.
En ce mois de juin, la députée européenne fête le premier anniversaire de la création du groupe Europe des nations et des libertés (ENL), qu'elle préside au Parlement européen, et qui lui sert de tribune pour s'adresser aux chefs d'Etats et de gouvernements. Ses coups de boutoir permanents s'accompagnent de brèches sur la scène politique française.
Bruno Le Maire, candidat à la primaire des Républicains, a promis, vendredi, l'organisation d'un référendum en France sur une « nouvelle orientation européenne » s'il était élu. « La leçon est que l'Union européenne, on la change ou on la quitte (...) L'heure du plan B va sonner. Ma candidature pour l'élection présidentielle est celle de la sortie des traités européens », a assuré de son côté Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche. Les dominos tombent.
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Brexit : un royaume désuni choisit la sortie
Même les bookmakers se sont trompés cette fois. Avec 1.300.000 voix de majorité et 52% des suffrages, la Grande-Bretagne a décidé de quitter l'Union européenne. Toutes les prévisions des instituts de sondage ont été déjouées. La participation très élevée n'a pas été favorable au camp du maintien. C'est le camp du Brexit qui s'est mobilisé de manière massive. David Cameron est donc celui qui aura mis à nu les divisions béantes d'un royaume plus désuni que jamais. Le premier ministre britannique en a tiré les conséquences en annonçant sa démission, dès le 24 juin au matin. Le Scottish national party a annoncé qu'il demande un nouveau référendum sur l'indépendance écossaise. Enfin et une nouvelle fois, les Britanniques ont fait un bras d'honneur à Westminster.
Dans le flot des réactions qui ont accompagné la publication des résultats tout au long de la nuit, la palme revient encore une fois à Nigel Farage, leader du parti europhobe UKIP. Après avoir, dans un premier temps, annoncé sa défaite , il a salué la victoire du Brexit « sans qu'un seul coup de feu ait été tiré ». La famille de Jo Cox, parlementaire assassinée une semaine plus tôt et qui a été victime d'un coup de fusil en plein visage, a du apprécier…
La participation a été très élevée
Six électeurs conservateurs sur dix et un électeur labour sur trois ont choisi le brexit. L'Ecosse est la seule partie du Royaume-Uni à présenter un vote clair: l'ensemble des constituencies a voté majoritairement pour le maintien. L'Angleterre est majoritairement favorable au Brexit mais, comme nous l'avons déjà
mis en lumière, les divisions qui lacèrent la société britannique y sont patentes : en fonction de l'âge, de la classe sociale, du niveau d'études… En Irlande du Nord, la carte des votes en faveur du maintien et de la sortie recoupe dramatiquement les divisions confessionnelles. Le camp catholique et favorable à l'union irlandaise est pour le maintien ; le camp protestant et lié à la Grande-Bretagne affiche son orientation sortiste.
Les circonscriptions industrielles du Pays-de-Galles ont déjoué les pronostics en plébiscitant la sortie. Cameron pourra longtemps repenser à la manière dont il a géré la crise de l'acier. A Sunderland, au coeur du heartland travailliste, le brexit l'emporte avec 71% des voix. Témoignage de la manière dont bon nombre de communautés, notamment dans les anciens bastions industriels, de sentent marginalisées. Elles ont donc répondu à leur manière à Westminster qu'elles accusent d'abandon. Déjà, en choisissant Corbyn comme leader en septembre 2015, une majorité de travaillistes avait envoyé un message à ses responsables traditionnels. En voyant pour le brexit, un sur trois a renouvelé le message…
« Le vote du 23 juin est un hurlement contre l'establishment, contre Westminster », analyse à chaud la membre du parlement travailliste Diane Abbott, proche du leader travailliste.
Les partisans du maintien sont sonnés
A n'en pas douter, une partie des électeurs britanniques a utilisé le référendum pour exprimer sa colère envers le gouvernement conservateur. Depuis plusieurs mois, Cameron a multiplié les mesures impopulaires et, sous la pression d'une partie de son propre camp, a été contraint de reculer sur certaines. Cela a alimenté la perception d'un gouvernement devenu bateau ivre, totalement coupé des préoccupations des Britanniques. Lesquels le lui ont fait payer au prix fort. S'exprimant sur la BBC le 24 juin au matin, Jeremy Corbyn a résumé : « Les habitants de ce pays sont très en colère« .
Le leader du Labour va rapidement se retrouver sur la sellette. Une partie de la droite travailliste demande sa tête en l'accusant d'être responsable du Brexit.Déjà, deux membres du parlement ont déposé une motion de défiance visant explicitement Jeremy Corbyn. Le discours de l'eurosceptique Corbyn était favorable au maintien pour transformer l'Union européenne de l'intérieur. D'aucuns ne manqueront pas de trouver cet argumentaire trop compliqué pour être audible. Depuis l'Ecosse, le Scottish national party accuse déjà le Labour d'avoir manqué l'occasion de mobiliser ses troupes. Las, la participation des Ecossais au référendum est bien plus faible qu'attendue, ce qui permet aux travaillistes de retourner l'accusation contre Nicola Sturgeon, patronne du SNP.
Le SNP pourrait relancer l'idée d'un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse
Les attaques contre le SNP seront d'autant plus nourries que certains ne manquent pas d'évoquer une forme de duplicité de la part de Nicola Sturgeon. Après le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, la dame de fer de Hollyrood avait remis toute demande d'une nouvelle consultation à un changement caractérisé de la situation politique et d'évoquer le brexit comme l'un des points majeurs. En clair, puisque la Grande-Bretagne a choisi le Brexit, alors l'Ecosse se trouve fondée à organiser un nouveau référendum sur l'indépendance. Ce matin, Sturgeon a confirmé qu'elle tiendra sa promesse.
« La perspective d'une seconde consultation sur l'indépenance est hautement probable », a affirmé la Première ministre écossaise.
Elle a annoncé qu'elle prendra contact avec les autorités européennes et demande, comme Sadiq Khan, le maire de Londres, à être associée aux négociations sur le retrait du Royaume-Uni des instances européennes.
D'autres ne s'en priveront pas. Le Sinn Féin a déjà annoncé qu'il demandera un référendum sur le rattachement de l'Irlande du Nord à la République d'Irlande, tenant compte des résultats à Belfast et alentours. De fait, le référendum initié par Cameron pour réunifier le parti conservateur a pour effet d'écarteler les différentes composantes de la Grande-Bretagne. Alors que d'aucuns voient dans les résultats le début de l'effondrement de l'Europe, c'est le Royaume-Uni qui est au bord de l'explosion.
Boris Johnson se voit déjà à Downing Street
Bien évidemment, la colère provoquée par la politique d'austérité du gouvernement Cameron a, probablement, amené une partie de l'électorat de gauche à sanctionner le locataire du 10 Downing Street. Pour autant, il n'y aura aucun changement de cap dans l'orientation politique menée par Westminster. Le premier ministre a bien annoncé sa démission. Mais il a confié à la conférence du parti conservateur le soin de désigner son successeur. Le hérault du Brexit, Boris Johnson, fait figure de favori dans la course au 10 Downing Street.
En annonçant ce mode de succession, Cameron a fermé la porte à une élection générale anticipée. Le plus ironique dans cette situation est que, si le camp du maintien l'avait emporté, la probabilité d'un scrutin anticipé était bien plus élevée. Cameron ne disposait plus de majorité à la chambre des communes. Son successeur, s'il est auréolé de la victoire du Brexit, en aura une d'autant plus solide qu'elle est limitée à 20 parlementaires.
Silvère Chabot et Nathanaël Uhl |
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La findu Royaume-Uni
Publication: 24/06/2016 15:53 EDT Mis à jour: 24/06/2016 15:54 EDT
Il y a des décisions politiques qui font basculer l'Histoire. David Cameron ne portera pas seulement la responsabilité du Brexit, il aura aussi déclenché le démantèlement du Royaume-Uni: «Nous ne sortirons pas de l'Union européenne contre notre gré, a annoncé le Premier Ministre d'Écosse, Nicola Sturgeon dont le pays a massivement voté à 62% en faveur de l'Union. Cette fois nous gagnerons le second référendum pour notre indépendance.»
Le nouveau Maire de Londres, Sadiq Khan, a lui-aussi déclaré, ce matin, vouloir faire de Londres un État indépendant, afin qu'elle reste dans l'Union. Que cette initiative aboutisse ou non, des milliers de Londoniens ont déjà signé sa pétition.
Un pays sidéré par la nouvelle de la sortie de l'Union
La Grande-Bretagne s'est réveillée, ce matin, en état de choc. Même les partisans du Brexit avaient une mine sombre car ils n'en croyaient pas leurs yeux: la Livre n'était jamais descendue aussi bas depuis trente ans. Beaucoup d'électeurs ont déclaré avoir voté contre l'Union plutôt en guise de protestation. Devant le fait accompli, tous semblent assez décontenancés et beaucoup de gens interviewés regrettent déjà d'avoir voté en faveur du Brexit. «On ne savait pas quelles conséquences cela aurait, disent-ils. Les médias n'ont relayé aucune information de fond.» Depuis ce matin, selon le Washington Post, les recherches sur Google liées aux conséquences de la sortie de l'Union ont décuplé.
David Cameron s'est rendu à Buckingham Palace, selon la tradition, pour annoncer sa démission. Pendant la campagne, la Reine Élisabeth était sortie de sa réserve en demandant à plusieurs de ses invités: «Donnez-moi de bonnes raisons de rester dans l'Union européenne».
Le Financial Times vient de lui répondre, un peu tard peut-être:
«La triste réalité c'est que ce sont les classes défavorisées qui ont voté pour le Brexit contre les élites, car elles se sentaient en précarité économique, et que ce sont elles qui vont le plus souffrir en terme de perte d'emplois et d'investissements.
La deuxième tragédie est que nos jeunes ne pourront plus étudier et travailler librement dans 27 pays. On ne mesure pas le nombre d'opportunité perdues, d'amitiés et même de possibilités de mariages dont leur auront privé leurs parents, oncles et grands-parents en votant pour la sortie de l'Union.
Troisièmement, et c'est peut-être la plus importante, le triste constat que nous sommes dans une démocratie post factuelle qui préfère les mythes aux faits... Et le journal de conclure: Les Britanniques en avaient peut-être assez des experts, mais citez-nous une seule fois où une culture d'anti-intellectuels a mené à autre chose qu'à l'intolérance et la bigoterie.»
Car ce sont des mythes que l'on a effectivement entendus dans la bouche de Boris Johnson et de Nigel Farage, relayés allègrement par les médias qui portent une grande part de responsabilité, sur une entrée secrètement accélérée de la Turquie, sur les millions de réfugiés qui déferleraient sur le pays, ou pire sur l'échec et la dissolution annoncée de l'Union européenne.
Les Londoniens ne sont pas dupes puisqu'ils ont massivement hué Boris Johnson, ce matin, alors qu'il sortait de sa maison d'Islington.
Pour l'heure, l'essentiel est de rassembler et rassurer
Mais Boris Johnson, hier encore tribun, avait déjà changé de registre. Candidat pressenti pour prendre la tête du parti conservateur, il a adopté, lors de son intervention télévisée, une mine sombre, presque contrite. Faisant l'éloge de son rival, David Cameron, il a salué en lui le courage d'avoir donné aux Britanniques une chance «de reprendre les rênes de leur pays». Il a ensuite cherché à rassurer: «Nous ne pouvons tourner le dos à l'Europe. Nous sommes dans l'Europe et il n'est pas nécessaire de faire partie d'une fédération pour continuer à partager notre défense, nos services de renseignements...»
Or tout le monde sait, comme me l'avait confié l'ancien chef des Services Secrets, Sir Richard Dearlove, que ce ne sont pas la défense et la sécurité qui étaient en cause dans le référendum. C'est plutôt le retard que subira le pays, forcé de renégocier bilatéralement tous les accords avec chaque pays membre, ou bien la perte des subventions dans certains secteurs, comme l'éducation, ou des régions, notamment pour le Pays de Galles, qui poseront problème. D'autant que l'Union européenne ne leur accordera aucun traitement de faveur, cherchant à tout prix à décourager d'autres pays de choisir l'indépendance.
À Oxford, nous avons tous entendu les théories de grands historiens comme E. H. Carr, selon lesquelles il est hasardeux de consulter les opinions publiques sur les questions dont les pays dépendent, car elles n'ont pas toutes les cartes en mains. David Cameron, oxfordien et compagnon de classe de Boris Johnson, n'avait sans doute pas écouté en cours, ce jour-là.
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Le Brexit en 3 points
Au-delà des réactions vives et contrastées que le vote en faveur du Brexit aura fait naître,
il faut nous pencher sur les causes profondes.
PÈRE GUILLAUME PETIT 24 juin 2016
http://fr.aleteia.org/2016/06/24/le-brexit-en-3-points
L'honnêteté intellectuelle interdit à ceux qui auront à entreprendre ce travail de se retrancher derrière de trop faciles slogans qui empêchent de penser et masquent l'accès au réel. S'il est sans doute encore trop tôt pour se livrer à cette tâche nécessaire, quelques enseignements peuvent déjà en être dégagés.
1. La fracture des nations ne date pas d'aujourd'hui
Le Brexit conduit le Royaume-Uni à sortir de l'Union européenne. C'est un fait inédit qui va à l'encontre de l'idée d'une construction définitive. Cela nous rappelle que les institutions humaines sont périssables. L'Écriture le disait déjà : « Que les nations se reconnaissent mortelles » (Ps 9A, 21). Cette leçon, Paul Valéry l'avait redécouverte avec la Première Guerre mondiale : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » (La crise de l'esprit, 1919).
Il y aurait de l'orgueil à croire que nos cités sont éternelles. Athènes, Rome, l'Égypte, Ninive et Babylone… bien d'autres royaumes encore sont passés, et leur gloire avec eux.
Au début de l'Ancien Testament, l'épisode de la tour de Babel (Gn 11, 1-9), mais aussi la tentation du Seigneur, au commencement de son ministère public, nous rappellent que nous ne possédons pas la gloire de nos royaumes terrestres et que celle-ci pourrait bien nous détourner de notre vraie destination :
« Le diable l'emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » Mt 4, 8-10
Face aux changements et à la caducité de nos institutions humaines, nous sommes invités à rechercher l'unique réalité qui ne passe pas : « Jésus Christ, hier et aujourd'hui, est le même, il l'est pour l'éternité » (He 13, 8).
2. La méfiance grandissante à l'égard de l'Union européenne
La méfiance à l'égard d'une institution devenue opaque est sans doute légitime à bien des égards. Trop souvent l'Union européenne donne d'elle-même l'image d'une institution technocratique, à l'origine de lois décidées sans lien perceptible avec les citoyens des différents pays qui la composent. Son apparente soumission consentie aux lois du marché donne ainsi le primat à l'économique et au financier sur le politique et le social. L'impression finale est que le génie de chaque nation est gommé au profit d'un ensemble froid et impersonnel écrasant toute différence.
Cela doit conduire à repenser en profondeur le projet européen. Les acteurs de ce projet ont à se rappeler qu'ils ne sont pas d'abord au service de l'institution, mais au service de l'homme, accueilli avec tout ce qui le façonne. C'est ainsi que s'exprimait le concile Vatican II :
« Le caractère social de l'homme fait apparaître qu'il y a interdépendance entre l'essor de la personne et le développement de la société elle-même. En effet, la personne humaine qui, de par sa nature même, a absolument besoin d'une vie sociale, est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions » (Gaudium et spes 25.1).
Saint Jean-Paul II ne disait pas autre chose dans son discours aux Nations Unies en 1979 :
« Chacun de vous, Mesdames et Messieurs, est le représentant d'un État, d'un système et d'une structure politique, mais il est surtout le représentant d'unités humaines déterminées; vous êtes tous les représentants des hommes, pratiquement d'à peu près tous les hommes du globe: d'hommes concrets, de communautés et de peuples qui vivent la phase actuelle de leur histoire et qui, en même temps, sont insérés dans l'histoire de toute l'humanité, avec leur subjectivité et leur dignité de personnes humaines, avec une culture propre, avec leurs expériences et leurs aspirations, leurs tensions et leurs souffrances, et avec leurs attentes légitimes. C'est dans ce rapport que trouve son motif toute l'activité politique, nationale et internationale, qui, en dernière analyse, vient « de l'homme », s'exerce « par l'homme » et est « pour l'homme ».
Si cette activité prend ses distances par rapport à cette relation et à cette finalité fondamentales, si elle devient, d'une certaine manière, une fin en elle-même, elle perd une grande partie de sa raison d'être. Bien plus, elle peut aller jusqu'à devenir source d'une aliénation spécifique ; elle peut devenir étrangère à l'homme ; elle peut tomber en contradiction avec l'humanité elle-même. En réalité, la raison d'être de toute politique est le service de l'homme, c'est l'adhésion, pleine de sollicitude et de responsabilité, aux problèmes et aux tâches essentiels de son existence terrestre, dans sa dimension et sa portée sociales dont dépend aussi, en même temps, le bien de chaque personne ».
3. « Les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps »
Chargés du devoir de nous investir dans la vie politique de notre pays et de notre continent, il nous revient de le faire en chrétiens. L'auteur de la Lettre à Diognète formule ainsi la manière chrétienne de participer à la vie de la cité : « Pour tout dire, en un mot, les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps » (n.6). Si le devoir nous incombe de participer activement au développement politique, social et économique, c'est sans se tromper de perspective. Le Christ nous montre la priorité : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice ». (Mt 6, 33)
En prenant part à la construction de la cité terrestre, nous collaborons en réalité à l'avènement du Royaume, la Jérusalem nouvelle qui descendra du ciel d'auprès de Dieu (Ap 21, 2). Tout le labeur des chrétiens devrait être nourri de ce regard surnaturel : œuvrant pleinement à la construction de nos cités terrestres, nous n'oublions pas quelle est notre véritable patrie : « nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d'où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ » (Ph 3, 20).
C'est précisément dans la mesure où nous aurons reconnu que, nés de Dieu, nous sommes devenus membres de la nation divine que nous serons capables d'accomplir les œuvres de miséricorde et de travailler à la construction de la cité terrestre : le regard fixé sur la vraie finalité, nous ne nous laisserons pas captiver par des réalisations à courte-vue, orgueilleuses et oublieuses du bien de l'homme et de sa vocation ultime.
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Et si le Royaume-Uni ne quittait jamais l'Union européenne?
Par Jean-Jacques Mevel Mis à jour le 27/06/2016 à 09:50 Source : Le Figaro
Un nombre croissant de responsables directement impliqués se gardent de garantir la réalité d'un divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. David Cameron a fait savoir qu'il laisserait à son successeur le soin de provoquer la rupture, au plus tôt à l'automne.
Le Brexit? N'y comptez pas trop... Les 52 % de Britanniques qui viennent de voter «non» à l'UE ont déclenché un tremblement de terre en Europe, sur les marchés et dans les chancelleries. Mais de là à garantir un divorce officiel entre le Royaume-Uni et le Continent, il y a comme un bras de mer qu'un nombre croissant de responsables directement impliqués se gardent de franchir, à Bruxelles, à Londres et à Berlin.
Le premier flottement a surgi vendredi lorsque David Cameron a fait savoir qu'il laisserait à son successeur le soin de provoquer la rupture, au plus tôt à l'automne. Un haut responsable européen confirme que le premier ministre défait ne répondra pas à la question, lorsqu'il se retrouvera face à ses pairs des vingt-sept autres pays de l'UE, mardi soir à Bruxelles. «Je suis prêt à en mettre ma main au feu», renchérit un diplomate au fait des discussions.
Fuite calculée à Berlin?
Le doute s'est renforcé dimanche lors d'un couac - ou d'une fuite calculée? - à la chancellerie à Berlin. Peter Altmaier, confident d'Angela Merkel et hommes des dossiers difficiles, a amorcé une bombe: «La classe politique londonienne devrait avoir la possibilité de réfléchir une nouvelle fois aux conséquences d'un retrait». Le Royaume Uni pourrait-il rester dans l'UE, contrairement au leitmotiv officiel des 27? Le conseiller Altmaier a rectifié le tir, précisant que l'Allemagne n'entendait pas faire revenir les Britanniques sur leur choix.
Mais garantir que l'on ne cherchera pas à faire changer d'avis n'interdit pas au Royaume-Uni de se raviser de lui-même, poursuit un responsable. Après avoir mariné quelques mois dans un bouillon de chaos politique interne et d'instabilité économique, les Britanniques pourraient bien faire marche arrière. Pourquoi les Continentaux brusqueraient-ils le tableau, quand le problème peut se dissoudre tout seul, dans la durée? La chancelière, le premier ministre Cameron en sursis et son vainqueur Boris Johnson se disent prêts à attendre jusqu'à l'automne, sinon plus.
L'hypothèse d'élections législatives anticipées
«Ce qu'un référendum a fait, un autre référendum peut le défaire sans déni de démocratie», estime le diplomate. La Chambre des communes, où dominent les élus pro-européens, pourrait tout aussi bien ignorer le vote puisqu'un référendum n'est pas contraignant selon la loi. Des élections législatives anticipées dues à l'incapacité du successeur de David Cameron d'honorer les rêves de grandeur du 23 juin pourraient bouleverser la donne politique. Chut! Il ne faut pas (encore) le dire trop fort à Londres. À Bruxelles et à Berlin, beaucoup y pensent. À Paris, on semble s'en inquiéter.
Cette tournure ne ferait ni l'affaire de François Hollande qui juge le référendum «irréversible». Ni celle de Manuel Valls qui compte sur le départ immédiat du Royaume-Uni pour enterrer un traité commercial honni avec les États-Unis. Ni celle encore d'Emmanuel Macron qui a proposé sans rire d'adresser un «ultimatum» à Londres. L'ambitieuse promesse franco-italienne d'une refondation rapide de l'UE et de la zone euro risque au passage d'être écornée, ce qui ne déplairait pas à Angela Merkel.
Le Brexit connaîtrait ainsi le même sort que le «Grexit», sortie de la Grèce à
Mon sentiment personnel est que le Royaume Uni ne signifiera jamais à ses vingt-sept partenaires qu'il veut quitter l'UE »
Un diplomate
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laquelle beaucoup croyaient dur comme fer il y a tout juste un an. Elle ne s'est jamais produite. Alexis Tsipras, champion du désordre établi s'est depuis transformé en réformateur-modèle, avec la bénédiction de Bruxelles. Autre référendum, autres élections peut-être, Boris Johnson pourrait-il lui aussi se heurter à la réalité et emprunter le même chemin? «Mon sentiment personnel est que le Royaume-Uni ne signifiera jamais à ses vingt-sept partenaires qu'il veut quitter l'UE», assure le diplomate.
L'article 50 du traité de Lisbonne, désormais invoqué à toutes les sauces, ne permet en aucun cas de forcer le départ du Royaume-Uni. C'est à Londres qu'il revient légalement de l'invoquer, à sa guise et sans délai imparti. Il y aura de fortes pressions. Mais pourquoi les Britanniques se tireraient-ils dans le pied, en s'imposant un divorce aux conditions de l'UE, avec de surcroît un compte-à-rebours de deux ans, vraiment irréversible celui-là?
De fait, un discret rendez-vous des «sherpas» a confirmé, dimanche, que les Vingt-Sept changent peu à peu d'approche, à la veille du sommet: en clair, le «non» du 23 juin n'implique plus nécessairement un Brexit en bonne et due forme. Et dans tous les scénarios, Londres peut rester maître du calendrier...
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http://www.causeur.fr/brexit-royaume-uni-ue-boris-johnson-ecosse-irlande-38921.html |
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L'illusion de la sortie de l'UE par l'article 50 du traité de Lisbonne
http://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/illusion-de-la-sortie-de-l-ue-par-larticle-50/
« Il faut que tout change pour que rien ne change »
Giuseppe Tomasi prince de Lampedusa. Le Guépard
L'illusion de la sortie de l'UE par l'article 50 du traité de Lisbonne
Certains partis à prétention hégémonique fondés par des politiciens venus de l'UMP cherchent à faire croire que le seul moyen viable de sortir de l'union européenne est l'article 50.
Examinons ce que dit le traité et donc les conditions de sortie de l'UE par l'article 50. Voici ce fameux article 50 :
- Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l'Union.
- L'État membre qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. À la lumière des orientations du Conseil européen, l'Union négocie et conclut avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l'Union. Cet accord est négocié conformément à l'article 218, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. Il est conclu au nom de l'Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen.
- Les traités cessent d'être applicables à l'État concerné à partir de la date d'entrée en vigueur de l'accord de retrait ou, à défaut, deux ans après la notification visée au paragraphe 2, sauf si le Conseil européen, en accord avec l'État membre concerné, décide à l'unanimité de proroger ce délai.
- Aux fins des paragraphes 2 et 3, le membre du Conseil européen et du Conseil représentant l'État membre qui se retire ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil européen et du Conseil qui le concernent.La majorité qualifiée se définit conformément à l'article 238, paragraphe 3, point b), du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.
- Si l'État qui s'est retiré de l'Union demande à adhérer à nouveau, sa demande est soumise à la procédure visée à l'article 49.
Donc en conclusion, tant que les autres états de l'UE ne sont pas d'accord sur les conditions du retrait, le pays reste soumis à la Commission Européenne (Commission de Bruxelles) pendant deux ans. On voit bien que dans cette configuration, le pays qui veut sortir par l'article 50 est en position de faiblesse au cours des négociations du retrait. Pour sûr la Commission Européenne et les puissances atlantistes ne se priveraient pas de mettre la pagaille dans le pays réfractaire s'il était trop dur dans les négociations (NDLR. cf. notre article au sujet des menaces de la BCE). On ne peut donc que s'attendre à ce qu'un gouvernement passionnément épris de légalisme se plie à leurs exigences, surtout s'il est favorable au système capitaliste, c'est-à-dire au pouvoir des détenteurs du capital.
On voit donc bien que les partis qui proclament la sortie de l'UE par l'article 50 offrent objectivement une issue de secours au grand capital dans la situation où le maintien dans l'union européenne du pays concerné serait combattu massivement par la population
Donc en conclusion, tant que les autres états de l'UE ne sont pas d'accord sur les conditions du retrait, pendant une durée qui peut aller jusqu'à deux longues années le pays reste soumis à la Commission Européenne.
La tribune du M'PEP le 30 novembre 2015.
Pour sortir de l'Union européenne, ne surtout pas utiliser le miroir aux alouettes de l'article 50 du traite de Lisbonne !
Jusqu'à présent, le Mouvement politique d'émancipation populaire, devenu depuis le Parti de l'émancipation du peuple, a considéré que la sortie de l'Union européenne, et donc de la zone euro, pouvait se faire au moyen de l'activation de l'article 50 du Traité de Lisbonne (voir cet article intégralement à la fin de ce texte). Comme nous pensons que la sortie de l'Union européenne et de l'euro est la condition fondamentale pour résoudre les difficultés du pays, et principalement le chômage et la précarité, même si elle ne suffit pas, nous avons donc préconisé la sortie par l'article 50.
Aujourd'hui, après de nombreuses discussions, notamment avec des juristes, et surtout après l'expérience de la Grèce, nous arrivons au constat que la sortie de l'Union européenne en utilisant l'article 50 est non seulement illusoire, mais qu'elle est extrêmement dangereuse. Elle constitue une grave diversion ne pouvant aboutir qu'à l'enlisement du processus de retrait et à la démobilisation de la population. La sortie de l'Union européenne et de l'euro doit au contraire se faire par une décision unilatérale d'un pays, en créant une situation de fait, démarche qui ressemble à la politique de la « chaise vide » menée par le Général de Gaulle entre juin 1965 et janvier 1966.
Respecter la parole de la France ?
On entend dire, ici ou là, que ne pas utiliser l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui permettrait précisément de sortir légalement de l'Union européenne, puisque c'est écrit, reviendrait à ne pas respecter la parole de la France, notre pays ayant ratifié ce Traité. Mais c'est exactement le contraire ! Ce serait en activant l'article 50 que la souveraineté du peuple français serait bafouée ! En effet, le Traité de Lisbonne est illégitime depuis 2005. Il ne faudrait quand même pas oublier que le peuple français, le 29 mai 2005, à 55%, a dit NON au Traité constitutionnel européen. Or le Traité de Lisbonne n'est qu'un résumé du Traité constitutionnel européen. En outre, le Traité de Lisbonne a été ratifié par la France à la suite d'un coup d'État parlementaire. Le Congrès (réunion de l'Assemblée nationale et du Sénat) a d'abord révisé la Constitution française le 4 février 2008 pour introduire un Titre XV intitulé « De l'Union européenne » qui fait de l'appartenance à l'Union européenne, en citant le Traité de Lisbonne, une obligation constitutionnelle. Puis, le 8 février, le Congrès (PS, droite, verts) a ratifié le Traité de Lisbonne, passant outre le vote du peuple lors du référendum.
Si nos concitoyens votaient pour la sortie de l'Union européenne et de l'euro, la France aurait alors toute légitimité pour en sortir par un acte unilatéral, sans passer par l'article 50. Ajoutons que le mandat politique donné à la nouvelle majorité imposera qu'elle le respecte ce qui est incompatible avec le recours à l'article 50.
La sortie par l'article 50 est illusoire car c'est un parcours du combattant organisé pour empêcher toute sortie de l'UE
Une lecture attentive de l'article 50, éclairée par l'expérience grecque, montre le caractère parfaitement illusoire de l'utilisation de l'article 50. Qu'on en juge :
Un processus de négociation qui dépend uniquement du bon vouloir du Conseil européen
L'alinéa 2 de l'article 50 stipule que « l'Union négocie et conclut avec cet État [celui qui veut sortir de l'UE] un accord fixant les modalités de son retrait ». Pour nous, la souveraineté d'un État ne peut se « négocier ». Certes, il est évident que des discussions doivent s'engager entre l'État qui veut sortir de l'UE et les représentants de l'UE au niveau du Conseil. Mais en aucun cas il ne peut s'agir de « négociations », ce ne peut être que des discussions, pouvant déboucher – ou non – sur un protocole d'accord. Si aucun « accord » n'est trouvé, l'État souhaitant sortir sera bien obligé de prendre une décision. Par conséquent, autant prendre cette décision le plus vite possible afin d'éviter d'entrer dans le processus de l'article 50.
En outre, cet « accord » doit être « négocié » conformément à l'article 188 N, paragraphe 3 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE). Ce dernier prévoit que « la Commission […] présente des recommandations au Conseil, qui adopte une décision autorisant l'ouverture des négociations. » Autrement dit, le Conseil peut décider de ne pas ouvrir de « négociations ». C'est une raison supplémentaire pour se passer de son avis et indiquer au Conseil, si ce dernier tarde ou refuse d'ouvrir ces « négociations » ou les retarde, les conditions mises par l'État sortant.
Il faut « l'approbation du Parlement européen »
Si le Parlement européen vote pour la sortie de l'État demandeur (dans quels délais ?), il ouvre la voie à la décision du Conseil. Mais s'il vote contre, que va-t-il se passer ? Une nouvelle fois, le plus simple est de ne pas entrer dans ce garot et de prendre une décision unilatérale.
Le Conseil doit statuer à la majorité qualifiée
Celle-ci est définie par l'article 205 du TFUE, paragraphe 3, point b, qui stipule : « la majorité qualifiée se définit comme étant égale à au moins 72% des membres du Conseil représentant les États membres participants, réunissant au moins 65% de la population de ces États. » Ainsi, une majorité « qualifiée » peut refuser la sortie d'un État souverain qui le demande, ou lui proposer des conditions inacceptables. Là encore le plus simple est de ne pas mettre le doigt dans cet engrenage.
Les délais peuvent atteindre deux ans !
Le délai commence à partir de la « notification » de l'État au Conseil. Mais en deux ans il peut se passer beaucoup de choses, notamment des tentatives de déstabilisation du gouvernement qui s'engagerait dans cette voie.
Des « négociations » qui excluent le pays demandeur !
Il est en effet indiqué que l'État qui demande à bénéficier de l'article 50 « ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil qui le concernent ». C'est cela que le Traité de Lisbonne appelle des « négociations » ! Et c'est à cette mascarade que nous avons cru jusqu'à aujourd'hui.
Utiliser l'article 50 est extrêmement dangereux et même fatal
De fausses « négociations » qui placent le pays voulant sortir en position de faiblesse
Le pays qui voudrait sortir par l'article 50 se mettrait lui-même en position de faiblesse au cours de « négociations » jouées d'avance, qui reviennent à se mettre la tête dans la gueule du loup.
Offrir aux européistes de tous poils le temps de mettre la pagaille dans le pays sortant
L'exemple de la Grèce au cours de l'année 2015 doit être médité. Si le Premier ministre Tsipras a capitulé, c'est aussi à la suite des pressions énormes exercées par les oligarques européens et leurs relais en Grèce : grand patronat, grands médias, certains syndicats… Les conditions mises par l'article 50 sont telles, qu'elles sont de nature à empêcher toute réaction immédiate de l'État concerné à des attaques des marchés financiers ou à des troubles organisés par les classes dirigeantes.
Étaler une profonde incohérence politique
Un gouvernement qui s'engagerait dans cette voie serait un gouvernement à 60%, avec un président de la République qui accepterait de sacrifier 40% de son mandat (2 années sur 5) au nom du respect de la signature de la France d'un traité dont il veut pourtant se débarrasser. Où est la cohérence de cette position qui consiste à respecter à 100% les traités européens pendant les deux années de la « négociation », pour pouvoir ensuite en sortir totalement, mais uniquement passé ce délai ? C'est une attitude totalement incompréhensible pour la population à qui on expliquerait qu'elle doit attendre deux ans pour voir appliquer le programme pour lequel elle a voté. C'est même franchement ridicule et suicidaire.
L'article 50 vise en réalité à engluer dans des procédures juridiques interminables et incompréhensibles pour la majorité de la population, les États qui voudraient sortir de l'UE.
Sortir vite en créant un état de fait
Charles de Gaulle, dans C'était de Gaulle, tome 2, d'Alain Peyrefitte, écrit que « C'est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s'engager à rester couillonné, sous prétexte qu'un traité n'a rien prévu au cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : « Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça » ». Nous sommes entièrement d'accord avec cette remarque frappée au coin du bon sens.
La sortie de la France de l'Union européenne ne se fera surtout pas au moyen de l'article 50 du traité de Lisbonne. Pour sortir, la France invoquera les articles 61 et 62 de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités. Ces articles décrivent le droit de retrait d'un traité international par un État, au motif notamment d'un « changement fondamental de circonstances ».
La sortie de l'Union européenne devra être rapide et unilatérale, autrement dit la France décidera, seule, de sortir. Son geste, à n'en pas douter, provoquera une réaction en chaîne souhaitable, incitant les peuples des autres pays à se mobiliser pour retrouver leur liberté.
La sortie de l'Union européenne s'accompagnera d'un référendum pour réviser la Constitution française afin d'en éliminer tous les articles qui placent le droit français sous la tutelle du droit communautaire européen, particulièrement ceux contenus dans le titre XV intitulé « De l'Union européenne ».
La tragédie grecque démontre qu'aucune négociation n'est possible avec les représentants de l'Union européenne. Ses dignitaires ont dit à plusieurs reprises que les pays membres de la zone euro y étaient pour toujours. Il faut donc éviter la moindre naïveté et préparer dès à présent nos concitoyens à des épreuves qui ne pourront pas être « sereines ». L'angélisme, le juridisme, la naïveté, réels ou simulés, constituent une très grave faute politique.
La voie juridique de l'article 50, ce miroir aux alouettes, est une impasse politique aux conséquences désastreuses.
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