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Le monde juif et occidental ont rendu un vibrant hommage à cet acteur fondamental de l'histoire d'Israël. Il est mort le 28 septembre 2016 âgé de 93 ans, il a vécu presqu'un siècle.
Une vie de Sioniste :
Shimon Pérès est s d'un militant sioniste de la première heure. Il faut rappeler que le mouvement sioniste est le mouvement nationaliste juif, les sionistes croient en la nécessité de réunir les juifs sur la terre de leur ancêtres, soit pour des raisons de sécurité, soit pour des raisons religieuses, soit pour des motifs culturels, ils considèrent que les juifs forment un peuple unique qui a besoin d'une terre pour s'exprimer.
Il a 11 ans en 1934 quand sa famille arrive en Palestine. Il se souvient de son départ, et a rapidement compris que ses voisins, ceux de son village polonais (aujourd'hui Belarusse), ceux ne sont pas partis avec sa famille en Palestine ont tous été assassinés par les nazis. Avoir un état juif fort a toujours été pour lui une question de vie ou de mort, son histoire l'explique facilement.
On l'a envoyé dans un Kibboutz pour assurer sa formation, il a appris le métier d'agriculteur, et a très rapidement milité dans le mouvement socialiste. il s'est fait très vite remarquer par son énergie, son sens de l'organisation, et par son autorité naturelle.
Il n'a que 25 ans en 1948 quand Israël proclame sont indépendance et doit faire face à la fois à une révolte généralisée des arabes du pays, et à l'intervention militaire des pays voisins qui eux mêmes venaient d'être indépendants. Ben Gourion l'a placé à la tête de l'armée juive clandestine, il est chargé des effectifs, et dès l'armistice signée, on l'envoie aux États Unis pour procurer des armes au nouveau pays.
De retour au pays, Ben Gourion le nomme directeur général au ministère de la défense, où il noue de solides relations avec la France, participe à l'opération de Suez, et renforce considérablement l'armée grâce à l'achat d'armes françaises. On dit que Pérès aurait obtenu de la France les clés pour construire la centrale de Dimona, et produire la bombe atomique officieuse israélienne. Grâce à cette coopération, Israël gagne les guerre de 1956 et 1967.. au plus grand profit des armes françaises qui se vendront bien pendant plusieurs années. ( Le blocus imposé par le général de Gaulle en 1968 entrainera un manque à gagner considérable, les performances militaires israéliennes étaient une publicité gratuite inestimable)
Au cours de la guerre de 1967, Israël a conquis toute l'ancienne Palestine et le Sinaï, Shimon Pérès laisse les sionistes religieux s'implanter dans les territoires Palestiniens, et sans le déclarer officiellement favorise la "colonisation".
Très ambitieux, il a mené sa carrière politique au sein du parti travailliste. Obligé de cohabiter avec Yitsh'ak Rabin, il a suivi le même itinéraire que son concurrent de toujours au sein du parti.
Par opportunisme, il s'est convaincu que seule la paix pouvait améliorer la sécurité d'Israël. Israël était fort, grâce à lui, le pays devait profiter de sa force pour assurer la paix.
Il faut y voir un parallèle avec le président Sadate, faucon pro nazi lors de sa jeunesse, responsable de guerre de Kippour en 1973 qui a fait l'effort de conduire son pays vers la paix avec Israël. De même, dans l'échiquier politique de la droite, c'est Begin, le nationaliste qui a rendu le Sinaï à l'Égypte sur le même principe, c'est quand on est fort qu'on peut accepter des compromis.
Prix Nobel de la paix en 1994, pour avoir signé avec Arafat et Rabin les accords d'Oslo, il aura tout fait en qualité d'homme politique du gouvernement, de l'opposition, de président de la République, et d'ancien président pour améliorer l'image d'Israël.
Il a crée une fondation pour la paix, et plaidé sans cesse pour un compromis territorial, et pour des partenariats économiques israélo-palestiniens. (Biographie plus complète ici)
On reconnait de gauche à droite, Rabin son concurrent et ami, Hussein de Jordanie, Begin l'homme de droite qui a signé la paix avec l'Égypte, Arafat le leader palestinien incontesté, Sadat le président Égyptien qui a signé la paix, et Ben Gourion premier président de l'état d'Israël.
Son décès a été célébré comme un événement politique majeur, et a fait apparaître le nouveau clivage politique du monde. Bien qu'opposant à Nethanyahu, il a reçu en Israël un hommage unanime du peuple juif. Les occidentaux lui ont rendu un vibrant hommage, à son enterrement, on a vu le couple Nethanyahu entouré par le président américain Barak Obama, et l'ancien président Bill Clinton, montrant le choix d'alliance politique. Mais sont venus aussi François Hollande, et Nicolas Sarkozy qui ont pris le même avion pour faire des économies, le Prince Charles d'Angleterre, le premier ministre Canadien, le président Allemand, ainsi que de hauts responsables chinois, japonais, russes, africains et sud-américains.
Les Palestiniens ont détesté Shimon Pérès
Chronique Palestinienne, a dressé un portrait au vitriol de Shimon Pérès, elle lui reproche d'avoir fourni à Israël les moyens de se défendre, en particulier d'avoir introduit l'arme nucléaire au Proche Orient, d'avoir été l'acteur d'une purification ethnique en 1948, de souhaiter avoir une majorité juive dans tout le pays, de diriger un pays d'apartheid, de massacrer volontairement des civils pendant les guerres du Liban ou de Gaza, d'avoir volé les terres palestinienne pour y construire Ofra en Cisjordanie, et encore plus grave, d'avoir dit que si les Gazaouis voulaient la paix ils devaient cesser de tirer des roquettes sur Israël.
De telles propos, mêlant vrais de mensonges et des semi vérités, des insultes et des attaques au bon sens, pourraient faire sourire si elles n'avaient pas un écho au sein même d'Israël. Certains députés de la liste arabe unifiée sont en communion avec ces élucubrations.
Lorsque Shimon Pérès était très malade, proche de la mort, le député "Israélien" Basel Ghattas a lancé une diatribe très violente contre lui il a publié un statut sur Facebook dans lequel il parle de Peres, En négligeant le combat de Shimon Pérès pour l'évacuation des territoires occupés afin de permettre la création d'un état palestinien, il décrit l'ancien président comme « le plus nuisible et dévastateur pour la nation palestinienne.»
« Dans sa mort, souvenons-nous de lui, comme d'un tyran directement responsable de crimes et de crimes de guerre à notre encontre », ajoutant « il est noyé dans notre sang, de la tête aux pieds. »
Basel Ghattas est député israélien, et voici copie de sa page Facebook :
Je vous invite à la consulter, et à l'occasion à faire un petit tour sur celles de ses amis, vous pourrez même utiliser le traducteur automatique pour comprendre en gros le sens de ce qui est écrit. La conclusion est évidente, cet homme, et ses partisans, qui ont la "citoyenneté" israélienne et qui sont représentés au parlement n'en ont pas la nationalité. Ils font partie de la nation Palestinienne qui est en guerre avec Israël, il ne sont pas des opposants politiques, mais des ennemis de l'intérieur. Un peu comme un député nazi représentant la minorité allemande au parlement Tchèque en 1933.
Plus significative encore a été la décision prise à l'unanimité des 13 députés de la liste arabe unifiée de boycotter les funérailles de Shimon Pérès. Cette liste est la fusion de trois entités, les communistes laïques et partisans d'un état Judéo-arabe ('Hadash) dont le président est Ayman Odeh, président de la liste unifiée, le Balad parti laïque nationaliste palestinien dont fait parti Basel Ghattas, et le parti islamiste.
Ayman Odeh se justifie, les funérailles de Shimon Pérès sont un « jour de deuil national dans lequel je n'ai pas de place, ni dans le narratif, ni dans les symboles qui m'excluent, ni dans les histoires de Pérès, un homme qui a construit les défenses d'Israël»
Il faut noter que si la page d'Ayman Odeh où se mèle arabe et hébreu, ne montre aucun signe de patriotisme, elle n'affiche pas de drapeaux palestiniens.
Une attitude dangereuse et contestée
En 1948, les juifs de Palestine, agressés de tous côtés par les arabes de Palestine, qui avaient appelé à leur aide les armées à peine crées des pays voisins, Irak, Jordanie, Égypte, Syrie, Liban ont péniblement été repoussées grâce à la Hagana, donc grâce aussi à Shimon Pérès et à ses amis. Un grand nombre d'arabes ont fuit les avances Israéliennes, certains ont dit que leurs dirigeants les avaient incités à partir pour faciliter la reconquête, d'autres soutiennent que les juifs les ont expulsés en pratiquant un nettoyage ethnique planifié. Ce sont deux hypothèses hasardeuses.
La vérité la plus probable est que les populations arabes ont pris peur, comme les français en Algérie, et que les juifs ont été tout contents de cette panique. Ce fut un échange de population, car les juifs des pays arabes eux aussi ont été poussé à l'exil et ont choisi pour la plupart d'habiter en Israël.
Le comportement actuel des députés arabes fait dire à un nombre croissant d'Israéliens, " Nous aurions du procéder à un véritable nettoyage ethnique en 1948, et chasser tous les arabes " .
C'est bien ce danger qu'a perçu une grande partie de la population arabe du pays. Le maire de Sakhnine, (ville de 30 000 habitants) accompagné d'une vingtaine de responsables de districts arabes du pays, sont venus voir la famille de Shimon Pérès pour présenter leurs condoléances « Ils vont le payer cher » ont-ils déclaré en réaction à la décision des députés arabes de la Liste Arabe Unifiée à la Knesset, de boycotter les obsèques de l'ancien président.
« Ceux qui ont boycotté les funérailles ont fait cela de leur propre autorité, et pas au nom du public arabe », ont expliqué les élus à la presse.
« Shimon Peres était le père de nous tous. Nous ressentons ce que vous ressentez »
« Peres s'intéressait au public arabe, et il a consacré sa vie à promouvoir la coexistence et la paix, et il savait que les hommes ont tous été créés égaux. Il a marqué l'histoire d'Israël »
D'après un sondage, 60 % du public arabe israélien condamne l'absence des députés arabes au funérailles de Shimon Pérès, il reste que 40 % l'approuve.
Pendant ce temps, la police vient d'arrêter dans un village arabe "israélien" une cellule de DAESH Les trois suspects âgés de 20, 26 et 32 ans, et habitants de la ville arabe israélienne de Taybeh (centre), ont été arrêtés courant septembre alors qu'ils projetaient d'incendier un stade où devait être donné un concert à l'occasion de la fête musulmane du Sacrifice, a indiqué le Shin Bet dans un communiqué.
L'unité nationale reste à construire, elle passe par une réforme du mode de scrutin
Des amis israéliens se moquaient de la situation en France, où nos dirigeants font des efforts continus pour mêler les populations, et où nous constatons quelques fois des ratés évidentes, dans des cités comme "la Grande Borne" mais le danger est circonscrit à des voyous, le danger est plus grand quand des efforts sont fait par des élus pour empêcher l'intégration d'une minorité. Les députés arabes s'opposent au service civil et à toutes les mesures prises pour faire des arabes des citoyens responsables comme les autres. Ils veulent que les arabes d'Israël soient des "palestiniens de 48" victimes d'apartheid. Ils souhaitent de tout leur coeur cet apartheid pour justifier leur combat qu'ils espèrent probablement violent un de ces jours.
Cette situation est de moins en moins tolérable, et on ne peut pas retirer leurs mandats à des personnalités élues démocratiquement. Le mode de scrutin par liste, à un tour, faisant d'Israël une seule circonscription favorise les extrêmes et donne ces résultats catastrophiques. Pour être candidat sur la liste arabe, il faut plaire aux caciques du parti qui sont des ennemis de la nation.
Il est donc urgent d'établir des circonscriptions, et que chaque député représente son territoire. Si par exemple, on créait en Galilée, une circonscription peuplée à 65 % d'arabes et 35 % qui ne le seraient pas, les candidats seraient probablement majoritairement arabes, à l'image de la majorité, mais pour faire la différence entre eux ils devraient aussi draguer les électeurs non arabes. On aurait nécessairement des élus plus modérés soucieux de représenter tous leurs électeurs pour se faire réélire.
Cela favoriserait l'union du peuple d'Israël, sans exclure personne ni mettre en danger la démocratie.
On pourrait même pousser le rêve plus loin, et si en Cisjordanie on faisait des élections libres, où voteraient aussi les juifs qui y habitent ?
Dessin fait par Shimon Pérès et signé par Arafat et lui même .
Si les arabes qui habitaient Israël se considéraient comme Palestiniens cette frontière n'aurait plus de sens et n'amènerait pas la paix.
A moins de trouver un compromis assimilant les arabes israéliens qui se considèrent comme Palestiniens aux Juifs Palestiniens habitants la Cisjordanie qui se considèrent comme Israéliens.
Michel Lévy
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