« Au premier siècle avant Jésus-Christ, le roi d'Arménie Tigrane II le Grand (95-55 av. J.-C.) assiégea Cléopâtre à Ptolémaïde afin de venger son père, Artavazd Ier, mais il dut abandonner ce siège, lorsque Lucullus attaqua l'Arménie. Le roi Tigrane II revint alors et établit les Juifs qui avaient été capturés dans les villes grecques à Armavir et sur les rives du Kasakh. ». On a écrit qu'à l'époque il y avait 300 000 juifs dans le pays.
Au cours d'un voyage organisé, une halte a été prévue à Égheguis, où habitait au XIII ieme et XIV ième siècle une mystérieuse communauté juive. On ignore cependant comment des Juifs se sont retrouvés là, qu'ils furent les descendants de ceux amenés par Tigrane II le Grand ou qu'ils soient arrivés plus tard.
On a retrouvé ici une minoterie et du mobilier, ainsi que le cimetière, qui appartenait à la communauté juive.
En plus des quarante pierres tombales, restées intactes dans le cimetière, trente autres furent découvertes aux alentours. Dix pierres tombales en Basalte portent des inscriptions en hébreu ou en araméen. Les inscriptions utilisent un vocabulaire funèbre des langues juives anciennes. On trouve des versets bibliques, religieux et les expressions, extraites du Talmud. Certains noms de défunts se retrouvent toujours
parmi les Juifs d'Iran, qui nous font supposer la possibilité de l'origine iranienne de la communauté juive, habitant à Eghéguis.
Les dates sur les pierres tombales sont déchiffrées selon le «registre de dates» : un calendrier ancien, institué en 331 avant J.C. et utilisé par les communautés juives orientales. Beaucoup de pierres tombales ne sont pas datées.
Vous remarquerez sur les pierres des cailloux, c'est le signe de passage de personnes ayant une pensée pour le mort. Ces cailloux ne peuvent dater du moyen âge, ils proviennent de touristes israéliens qui sont assez nombreux en Arménie. Ces cailloux sont symbole de transmission, comme le montre la petite étude que vous pourrez lire ici.
La pierre tombale la plus ancienne date de 1266 et la plus tardive de 1346. Donc le cimetière a « fonctionné » durant quatre vingt ans minimum. De même que l'origine mystérieuse des Juifs d'Eghéguis, les circonstances de la disparition de leur communauté restent toujours ignorées.
La restauration du cimetière et son aménagement pour les visiteurs, est une expression du respect témoigné par les Arméniens à cette communauté juive ancienne qui a vécu parmi eux.
Sur une des pierres on peut lire : «Baba, fils de David est décédé au mois de Tamouz, en 1600». cette inscription mentionne la mort d'un des habitants de la communauté où la date du décès est marqué dans le calendrier juif oriental, toujours en vigueur chez les juifs du Yemen, et équivalent à l'an 1289 du calendrier grégorien.
Une inscription araméenne rappelle la bonne mémoire du défunt et prie pour le bon repos de son âme. Dans une autre épitaphe un père déplore la mort de son fils, et exprime sa conviction sur l'éternité de l'âme, citant des passages de la prophétie d'Isaï sur la résurection après la mort.
Sur une troisième pierre tombale, Aaron, un cohen, descendant de prêtres du temple de Jérusalem.
L'une des plus belle inscription date du 18 tichri 1266, dédiée à la mémoire du fiancé d'Esther, fille de Michaël, «Pour que notre mère Sara soit maitresse de son sort » Sur le côté opposé, il y a une citation des proverbes «La grâce est un mensonge, la beauté une vanité» . Certaines pierres tombales du cimetière ont été utilisées comme fondation du pont, et pour paver le sol du moulin a eau.
Le cimetière a été étudié par une équipe arméno – israélienne en 2000-2003, dirigée par le Professeur Michael E.Stone et le Docteur David Amit. L'évaluation du cimetière et sa restauration ont été entreprises par l'évêque Abraham, le Primat du diocèse de Siunik de l'Eglise apostolique arménienne, avec le soutien du Ministère de la Culture de la République d'Arménie.
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