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Derière mise à jour
07-Déc-2024
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Au terme de la première guerre de l'Opium, déclenchée pour défendre les intérêts britanniques en Chine, Chinois et Anglais on signé le traité de Nankin le 29 août 1842, qui contraint le gouvernement chinois à céder l'île de Hong-Kong à la Grande-Bretagne.
Hong-Kong, qui signifie en cantonnais "port parfumé", devient colonie britannique pour plus de 150 ans. En 1898, la péninsule de Kowloon au nord de la ville fut loué à la Grande Bretagne pour une période de 100 ans. C'est la raison pour laquelle la ville a été rendue à la Chine le 31 décembre 1997.
Dans son discours d’adieu, le premier juillet 1997, le gouverneur britannique Chris Patten n’avait pas manqué de rappeler que « Hong Kong était une ville chinoise, très chinoise », et que ses habitants s’étaient efforcés de bâtir une société stable, paisible et riche. La contribution britannique n’avait alors consisté « qu’à garantir un système juridique solide dont nous sommes fiers, garantissant les libertés individuelles et laissant derrière elle une société imprégnée de valeurs universelles »
Hong Kong apporte un démenti flagrant à tous ceux qui prétendent que le système colonial est mauvais par nature, et ne peut apporter que le mal. On a vu un petit port de pèche devenir un des principaux centre financiers du monde, une aéroport avec une compagnie aérienne des plus puissante (Catay airway), une ville de près de sept millions d'habitants, avec un haut niveau de vie, une capitale chinoise, parlant d'égal à égal avec les plus grands.
La rétrocession de Hong Kong à la Chine s'est faite par voie diplomatique, Londres n'avait aucune envie de faire la guerre à la Chine, et n'avait pas le droit de son côté.
Les autorités de Pékin sont tout sauf démocratiques aussi la population de Hong Kong n'a pas été consultée.
Pékin n'a pas pu avaler la ville comme elle l'aurait probablement souhaité, car ce centre libéral est une poule aux oeufs d'or, très précieux pour tous les milliardaires chinois, cette ville a les souplesses nécessaires pour faire tout ce que le régime officiellement communiste ne peut réaliser. Elle attire des capitaux mondiaux, et la "normaliser" la tuerait. Pour cela, les Chinois ont crée un système hybride, "Un pays, deux systèmes" et Hong Kong a conservé sa monnaie, le dollar de Hong Kong qui vaut 0,11 €uros.
« Notre politique consiste à appliquer le principe dit « un État, deux systèmes » ; pour parler plus précisément, cela signifie qu'au sein de la république populaire de Chine, le milliard et demi de Chinois habitant la partie continentale vit sous un régime , tandis que Hong Kong, Macao et Taïwan sont régis par un système capitaliste. Ces dernières années, la Chine s'est attachée à redresser les erreurs « de gauche » et a élaboré, dans tous les domaines, une politique qui tient compte des conditions réelles. Cinq ans et demi d'efforts ont porté des fruits. C'est précisément dans cette conjoncture que nous avons avancé la formule « un État, deux systèmes » pour régler le problème de Hong Kong et de Taïwan. »
— Deng Xiaoping
M. Zhang, président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale (APN, parlement chinois) et membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), a appelé le gouvernement de la Région administrative spéciale (RAS) et la société de Hong Kong à continuer à contribuer au futur brillant de Hong Kong et à la réalisation du rêve chinois, soit le grande renouveau de la nation chinoise.
Le double système a bien fonctionné, Hong Kong reste le troisième centre financier et le cinquième port du monde, mais la croissance de la Chine est encore plus forte, et la ville qui représentait le quart de la richesse Chinoise, n'en représente plus qu'un quarantième.
Même si son importance relative a fléchi, dans le contexte actuel de tensions protectionniste et de guerre froide pour le leadership mondial entre les États Unis et la Chine, Hong Kong occupe une position stratégique. C'est d'autant plus vrai, que Donald Trump a pris des sanctions contre la Chine en vue de rééquilibrer les échanges. Les produits Chinois sont taxés, et la Chine applique la réciproque. Mais la mégalopole autonome évite les sanctions décrétées par Donald Trump car elle est intégrée au système économique libéral occidental.
Or le statut d'Hong Kong gêne la direction chinoise, Xi Jiping est le maître de la Chine, il mène un combat sans merci contre toute pensée étrangère à sa ligne politique. En particulier, il persécute les religions. L'islam est considéré comme une maladie mentale, et d'immenses camps de rééducation seraient peuplées de près d'un million de détenus, avant tout des populations du Xinjiang, d'origine turc, mais aussi de toute la Chine. En même temps, les églises sont détruites, comme les statues de Bouddah, et la minusculissime communauté juive n'est pas mieux traitée.
Il faut savoir qu'à Hong Kong il y a plus de 800 000 chrétiens, et plus de deux millions de bouddhistes qui sont très inquiets devant l'intolérance religieuse de Pékin.
Dans ce climat autoritaire et intolérant, la liberté de pensée qui accompagne le libéralisme économique, et la mondialisation ne pouvait pas plaire aux maître de Pékin, qui craignent la contagion.
Carrie Lam est la cheffe du gouvernement autonome de Hong Kong, elle est en même temps la voix de Pékin. Elle a mis en chantier un processus législatif qui devait faciliter le transfert de suspects en Chine afin qu'ils y soient jugés. Cette décision a mis le feu aux poudres. Des manifestations immenses, de millions de personne dit-on on eu lieu, aussi, Carrie Lam a confirmé que pour elle, cette loi était nécessaire pour empêcher la place financière asiatique de devenir un refuge pour criminels, mais elle a admis que son administration avait sous-estimé l'opposition populaire.
Elle a donc décidé de suspendre pour une durée indéterminée les travaux en attendant qu'une campagne de d'écoute de la population et de communication permette à ce projet d'être mieux compris par l'opinion. Pékin soutient Carrie Lam.
Toutefois, cela n'a pas suffit, pour calmer l'opinion, les manifestations ont redoublées, l'aéroport, un des plus important du monde a été occupé, et les manifestants ont étendu leurs revendications, certains allant jusqu'à hisser le drapeau britannique et demander le départ des colonisateurs chinois, ou plus fréquemment réclamer l'indépendance. Le parlement a été brièvement occupé, et on a tagué sur les murs "Hong Kong is not China".
Les policiers ont été de plus en plus nerveux, et la violence est monté d'un cran. Les autorités chinoises ont massé des troupes hors de la mégalopole, pour intervenir si nécessaire, Pékin n'acceptera pas l'anarchie.
Mais Hong Kong n'est pas Pékin, et le gouvernement chinois ne peut agir dans l'ombre comme il l'a fait à Tien An Men, ici tout le monde sait ce qui sa passe, la ville est hyper connectée.
Xi Jiping craint l'impacte économique et international d'une action très violente. Pour décourager les manifestant, il aurait lâché les triades, ces redoutables voyous pour effrayer les leaders de la manifestation, mais sans trop de succès. Il tente alors de diviser les manifestants, en expliquant que le mouvement est très mauvais pour le tourisme et le commerce afin de briser la solidarité entre les commerçants et les manifestants, et on peut lire sur http://french.xinhuanet.com organe de la propagande chinoise, des explications de ce style :
BEIJING, 14 août (Xinhua) -- Xu Luying, porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et de Macao relevant du Conseil des affaires d'Etat, a exprimé une indignation et une condamnation fortes vis-à-vis de l'encerclement et de l'attaque mardi soir visant un journaliste ainsi qu'un voyageur de la partie continentale de la Chine par des malfrats à l'Aéroport international de Hong Kong.
La porte-parole a exprimé son soutien à la police de Hong Kong pour arrêter les malfrats concernés conformément à la loi.
Nous condamnons le plus sévèrement ces actes quasi terroristes et exprimons notre profonde sympathie aux compatriotes blessés et à l'agent de police de Hong Kong, ces derniers jours, des radicaux violents à Hong Kong ont complètement franchi les limites de la loi, de la moralité et de l'humanité, et ont commis des crimes graves et violents, qui sont choquants et effrayants", a-t-elle révélé. Leurs actes montrent un extrême mépris de l'état de droit et ont saboté gravement l'image internationale de Hong Kong et heurté les compatriotes de la partie continentale de la Chine, a indiqué Mme Xu.
"Ces crimes violents feront l'objet de sanctions sévères selon la loi", a-t-elle ajouté, "nous soutenons fermement la police et les organes juridiques de Hong Kong dans l'application de la loi, l'administration stricte de la justice et pour amener les agresseurs devant la justice le plus rapidement possible".
Ne pas oublier de contexte de tension international !
Tout semble montrer que les autorités chinoises ont la ferme intention de réprimer les démocrates de Hong Kong, comme ils ont mâté les tibetains, ou les étudiants de Tien An Men, et la Chine, seconde puissance mondiale, en passe de devenir la première, a les moyens de ses menaces, on le sait à Taïwan et partout dans le Sud Est Asiatique.
Les Etats Unis, la France et les autres pays occidentaux n'osent pas critiquer Xi jiping, et c'est avec la plus grande modération que Donald Trump, en confirmant que l'armée chinoise était concentrée à la frontière de Hong Kong a décladré
"J'espère que ça va se résoudre pour tout le monde, y compris pour la Chine. J'espère qu'il puisse y avoir une solution pacifique. J'espère que personne ne sera blessé. J'espère que personne ne sera tué, ...La situation à Hong Kong est difficile, très difficile. On verra ce qui va se passer"
En attendant, les bourses sont très nerveuses, et la guerre commerciale fait rage; Les États Unis ne peuvent se passer des terres rares produites en Chine, elles sont indispensable à toute l'industrie informatique. Les États Unis sont le meilleurs clients des chinois. Les deux impérialisme ont besoin l'un de l'autre.
Les deux géants se redoutent, néanmoins, et tout le monde espère que la tension va retomber, que Pékin aura compris le message somme toute modéré transmis par les manifestants de Hong Kong, et que les manifestants de Hong Kong sauront ne pas aller trop loin, et n'obligeront pas Pékin à envoyer ses chars.
Michel Lévy