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Par Elisabeth Marteu, Ines Gil dans Les clés du Proche Orient
Publié le 18/08/2020 • modifié le 18/08/2020 • Durée de lecture : 9 minutes
Entretien avec Elisabeth Marteu sur l’accord d’Abraham :
Le 13 août, les Emirats Arabes Unis et Israël annoncent un accord de normalisation des relations auquel les Etats-Unis sont également partie prenante. L’« accord d’Abraham » comprend l’établissement de relations officielles entre les deux pays et la suspension de l’annexion programmée de 30% de la Cisjordanie par l’Etat hébreu.
Pour comprendre ces dynamiques, Elisabeth Marteu, docteure en science politique de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, chercheuse associée à l’Institut International d’Etudes Stratégiques (IISS) et chargée de cours à Sciences Po Paris, répond aux questions des Clés du Moyen-Orient. Ses recherches actuelles portent sur le conflit israélo-palestinien et ses dimensions régionales.
Historiquement, un consensus a longtemps existé parmi les pays arabes pour ne pas engager de relations avec Israël, considéré comme un pays ennemi. Les premiers à briser ce consensus parmi les pays arabes sont les Egyptiens avec le traité de paix de Camp David en 1978, puis les Jordaniens, qui font la paix en 1994 avec Israël.
Concernant les Etats du Golfe, le rapprochement avec Israël débute progressivement dans les années 1990-2000 (après la mise en place du processus d’Oslo) de manière informelle, le Qatar établit par exemple des relations économiques avec Israël et quelques visites de diplomates israéliens sont effectuées dans la zone, comme Itzhak Rabin à Oman en 1994. Le Koweït, par contre, est resté en retrait car il entretient un rapport étroit avec les Palestiniens, notamment au travers l’Organisation de Libération de la Palestine.
Les Etats du Golfe ont toujours tenu une position plus mesurée que d’autres pays arabes à l’égard d’Israël. Géographiquement et historiquement, le Golfe est éloigné du Levant, la problématique palestinienne n’y est donc pas aussi sensible, épidermique et mobilisatrice que dans des pays comme le Liban ou la Syrie. Ils n’ont jamais été les fers de lance d’un axe anti-israélien, contrairement aux Syriens, aux Irakiens, voire aux Algériens, qui ont constamment défendu une position ferme contre Israël au sein de la Ligue Arabe. Certes, la cause palestinienne a toujours été défendue par les Etats du Golfe, elle reste un leitmotiv traditionnel dans l’opinion publique, mais les familles régnantes de ces pays n’ont pas endossé de positionnement anti-israélien virulent. D’ailleurs la première esquisse de « paix régionale », communément appelée « Initiative de paix arabe », a été proposée par les Saoudiens en 2002.
Au milieu des années 2000, Israël et les Emirats arabes unis initient un rapprochement autour d’intérêts économiques. La nouvelle génération dirigeante et les milieux d’affaires voient un intérêt à échanger avec la « start-up nation » israélienne. Des coopérations ont alors commencé à se nouer avec des entreprises israéliennes, notamment dans les secteurs de la sécurité et la haute technologie, à travers leurs branches européennes ou américaines. Les Israéliens sont parvenus à vendre leur technologie à travers des intermédiaires, car le commerce avec l’Etat hébreu est alors officiellement interdit avec les pays du Golfe.
Ce rapprochement se fait aussi autour d’intérêts stratégiques. A partir du milieu des années 2000, avec l’élection d’Ahmadinejad en Iran en 2005, la question du nucléaire iranien revient sur le devant de la scène. Elle est considérée comme une menace tant par les Israéliens que par les dirigeants arabes du Golfe. Des contacts sont noués entre les diplomaties et les services de renseignement israéliens et golfiens. Quand je parle des Golfiens, je parle essentiellement des Emiriens et, dans une moindre mesure, des Saoudiens. Concernant Bahreïn, le rapprochement avec Israël est plus récent, il a lieu à partir des années 2010. Lorsque le dossier nucléaire iranien devient une problématique internationale, une vraie convergence de vue s’installe entre les Israéliens et les Bahreïnis face à l’Iran. En parallèle, le printemps arabe éclate en 2011, l’ensemble des régimes de la région sont frappés par la contestation et les Israéliens, autant que les Golfiens, s’inquiètent de la prise de pouvoir des Frères musulmans dans la région. La reprise en main par Abdel Fattah Al-Sisi après la présidence de Mohammed Morsi (issu de la confrérie) a été vécu comme un soulagement tant en Israël que dans le Golfe.
L’élection de Donald Trump fin 2017 a renforcé cette dynamique, elle est venue cimenter des relations jusque-là limitées et très discrètes. Le volet fondamental du « Deal du siècle » proposé par les Américains est d’ailleurs basé sur un rapprochement entre les Israéliens et les pays du Golfe. Depuis le début de son mandat, Donal Trump, et surtout ses conseillers dont Jared Kushner, cherchent à parrainer la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes « amis » de Washington.
Les accords de paix avec les Egyptiens et les Jordaniens sont très pragmatiques. Ces pays limitrophes ont été en guerre avec Israël. Les traités de paix permettent alors de sécuriser leurs frontières et d’établir des relations pacifiées.
Avec les Emiriens en revanche, il n’y a pas cette même urgence à signer un accord de paix. Je dirais même qu’il n’y a pas de nécessité à normaliser les relations. Nous assistons plus ici à une sorte de « coming-out », à l’officialisation de relations qui existaient déjà et qui nécessitaient de devenir officielles pour des raisons très politiques et stratégiques. Ces dernières années, plusieurs ballons d’essais avaient été lancés, notamment via la participation d’Israéliens et de Saoudiens dans des conférences organisées par des think tanks américains, ou encore l’interview de Mohammed Ben Salman donné au journal The Atlantic en 2018. Le prince héritier saoudien envisageait alors, publiquement, la possibilité d’un accord de paix avec Israël. Il affirmait cependant qu’il fallait en contrepartie des avancées sur la question palestinienne. Depuis deux ans, on assistait indéniablement à une intensification et à une visibilisation accrue de ces relations.
C’est probablement dans l’esprit des Américains de faire plier l’ensemble du monde arabe sur la reconnaissance de l’existence d’Israël. Mais la priorité pour la Maison blanche reste les pays du Golfe. Après Abou Dhabi, l’étape suivante sera probablement Bahreïn et Oman, au-delà cela pourrait être le Maroc. L’étape ultime serait de faire plier les Saoudiens.
Pour Bahreïn, c’est quasiment déjà fait. Les Bahreïnis ont été plus allants que les autres Etats sunnites dans leurs rapprochements avec Israël. On aurait par ailleurs pu imaginer qu’ils soient les premiers à engager des relations officielles avec Tel-Aviv. Ils ont notamment accueilli la conférence portant sur le volet économique du plan de paix américain en juin 2019 ; depuis plusieurs années ils envoient des délégations œcuméniques à Jérusalem et une petite communauté juive vit à Bahreïn (une cinquantaine de personnes environ). Les Bahreïnis pourraient donc être les prochains à normaliser leurs relations avec Israël.
Pour Ryad en revanche, la démarche est plus difficile à assumer à cause de la question de Jérusalem et des lieux saints musulmans. Les Saoudiens ne veulent pas perdre le rôle de leader du monde sunnite. Mais à présent tout devient envisageable.
Aujourd’hui, les pays qui normalisent les relations avec Israël s’assoient sur le volet fondamental de l’initiative de 2002 : la paix avec les Israéliens, seulement en cas de création d’un Etat palestinien.
Actuellement, une nouvelle équation, impensable il y a 20 ans, s’est établie : la normalisation des relations avec Israël en échange de la promesse qu’Israël n’annexera pas des pans de la Cisjordanie dans les mois qui viennent. Il n’y a aucune conditionnalité posée au rapprochement avec Israël. On parle d’ailleurs d’un gel ou d’une suspension du projet d’annexion d’une partie de la Cisjordanie, et non plus de son arrêt. Benyamin Netanyahou a déjà dit qu’il n’abandonnerait pas sa promesse d’annexer une partie des Territoires palestiniens, il souhaite seulement reporter son projet. Ainsi, on peut dire que les Emiriens ont accepté de négocier sans rien obtenir en échange. C’est un cadeau diplomatique fait à Benyamin Netanyahou et à Donald Trump, qui bénéficient largement de cette normalisation.
Pour le président américain, cela répond à une promesse de campagne (à l’approche de l’élection présidentielle américaine, il fait plaisir à une partie de son électorat évangéliste en poussant à la normalisation entre Israël et les pays arabes).
Côté israélien, Benyamin Netanyahou réalise un rêve, car depuis de nombreuses années, il veut montrer que la question palestinienne est une épine dans le pied des dirigeants arabes, que cette problématique n’est plus centrale pour la région. Pour le Premier ministre israélien, c’est une victoire immense. L’annexion de la zone C lui posait de toute façon problème. Elle a créé une forte opposition à la droite du Likoud car le plan de paix américain proposait un Etat palestinien. Elle n’est pas acceptable pour les pro-annexion les plus radicaux, qui rêvent toujours du « grand Israël ». Benyamin Netanyahou obtient donc une victoire diplomatique et parvient en même temps à repousser la controversée annexion.
En effet, cela pourrait lui coûter cher en interne car les colons exercent une pression forte sur le Premier ministre. Le rapprochement avec Abou Dhabi ne les intéresse pas. Mais de toute façon, Benyamin Netanyahou n’aurait jamais réalisé l’annexion de toute la Cisjordanie demandée par de nombreux colons.
Non, je ne pense pas. L’opinion publique dans le Golfe est bien différente de celle au Levant. Certes, dans les milieux intellectuels, une génération élevée au panarabisme continue de défendre la cause palestinienne, tout comme une petite partie de la jeunesse et de l’opposition, qu’il s’agisse des minorités chiites ou des militants des droits de l’homme. Mais au sein des opinions publiques en général, ce n’est pas une question mobilisatrice. Personne ne va descendre dans la rue à Abou Dhabi ou à Dubaï pour protester contre cet accord. Ceux qui voudraient le faire seraient de toute façon emprisonnés et accusés de porter atteinte à la sécurité nationale.
Oui, mais ce n’est pas nouveau. Depuis 2011 et depuis que les Etats du Golfe ont lâché la question palestinienne, les Turcs et les Iraniens se sont posés comme les seuls défenseurs légitimes et sincères des Palestiniens. Par ailleurs, Téhéran et Ankara se posent aussi comme les seuls défenseurs de la cause musulmane, avec la rhétorique sur la protection des lieux saints à Jérusalem. Les accords d’Abraham constituent donc une étape supplémentaire dans la décrédibilisation des dirigeants arabes vis-à-vis de la cause palestinienne.
La question est de savoir si le discours d’Ankara et de Téhéran a un réel écho dans les opinions publiques arabes. Je ne pense pas. Cela prendra probablement auprès de certaines composantes des sociétés arabes, dans les milieux militants comme les Frères musulmans ou les communautés organisées (les chiites au Liban par exemple, à travers le discours du Hezbollah). Mais même au Levant, cet accord n’est pas susceptible de faire descendre les gens dans la rue, car les populations ont aujourd’hui d’autres préoccupations. A titre d’exemple, au Liban, la population fait face à une crise économique majeure et elle vient de vivre une catastrophe au cœur de sa capitale, Beyrouth.
Par ailleurs, et c’est un point essentiel : on parle beaucoup de la convergence des intérêts entre Israël et les Emirats arabes unis sur la question iranienne. Cependant, le rapprochement avec Israël se fait surtout contre la Turquie. Le leadership turc inquiète fortement Abou Dhabi, qui craint l’influence des Frères musulmans. Certes, la problématique iranienne joue aussi un rôle dans la diplomatie émiratie, mais les Iraniens sont avant tout une obsession saoudienne. La grande problématique aujourd’hui concerne les velléités turques en Méditerranée orientale et en Libye (où les Emiriens sont très impliqués). Un axe rassemblant Israël, l’Egypte, la Grèce et Chypre, soutenu par les Emirats, est en train de se constituer contre les Turcs autour de la question du forage du gaz en Méditerranée orientale. Il y a une nécessité pour ces pays de former un axe anti-turc assez fort, qui passe notamment par ce rapprochement entre Tel-Aviv et Abou Dhabi.
Bien sûr, Mahmoud Abbas est préoccupé par le rôle que pourrait jouer Mohammed Dahlan. Cet ancien du Fatah est soutenu par les Emiriens et par les Egyptiens, qui font pression pour un changement de leadership à Ramallah. Mohammed Dahlan étant en exil à Abou Dhabi, il est très proche des dirigeants émiriens. Ce qu’il cherche in fine, c’est évincer Mahmoud Abbas, voire reprendre la tête de la cause palestinienne.
Mais dans quelles conditions pourrait-il revenir en Cisjordanie ? L’Autorité palestinienne est asphyxiée. L’équation est tellement déséquilibrée entre Israéliens et Palestiniens qu’il n’y a plus grand-chose à négocier pour les Palestiniens. Je ne vois pas ce que les pays du Golfe peuvent aujourd’hui exiger d’Israël. Ils ont tout donné aux Israéliens, ils ne peuvent plus rien réclamer pour les Palestiniens, qui se trouvent plus isolés que jamais.
La communauté internationale ne semble d’ailleurs pas vouloir se mobiliser sur ce dossier, même les Russes ou les Chinois ont trop d’intérêts avec Israël et avec les pays du Golfe pour réagir.
le 16 septembre 2020 Alliance.fr - par Claudine Douillet.
Dans le contexte de la signature de l'accord avec Israël à Washington, Abdullah bin Tuk dit dans une interview à "Globes" a déclaré que la coopération entre les parties sera dans tous les domains, santé, agriculture et jusqu'à l'espace, il propose aux Palestiniens de se joindre et d'en profiter également et appelle les Israéliens à acheter des billes d'avion ce n'est plus qu'une question de quelques semaines.
Le ministre de l'économie des EAU: "Je ne comprends pas comment nous ne l'avons pas fait avant"Encore un peu de brouillard entoure l'accord signé à Washington entre Israël et les Émirats arabes unis. Des enjeux économiques encore flous, concernant notamment tels ou tels accords de sécurité, et jusqu'à la question de l'avenir des Palestiniens.
Dans un entretien téléphonique avec "Globes" de Washington, DC, le ministre de l'Économie des Émirats, Abdullah bin touq al marri, qui séjourne avec la délégation
des Émirats arabes unis, a fait un certain nombre de déclarations intéressantes sur l'accord et à quoi ressemblera la coopération entre les pays.
Abdullah bin touq al marr (37 ans) a pris ses fonctions en juillet dernier dans le cadre d'une nouvelle série de nominations ministérielles.
Interrogé par "Globes" sur le lien sécuritaire de l'accord, y compris la possibilité d'éliminer l'opposition israélienne à la vente d'avions F35 à son pays,
il dit: "Bien sûr, je ne peux pas aborder la question des ventes d'armes de manière ciblée, et je dois pourtant comprendre que c'est une question importante."
"Israël et, bien sûr, les États-Unis, et l'alliance formée ici sont conçus pour maintenir cette sécurité, tout en préservant les intérêts communs et en dehors d'une vision partagée de progrès
et de stabilité. Il s'agit d'une véritable alliance stratégique qui préservera la sécurité de la région."
Cela signifie que non seulement la sécurité d'Israël ne sera pas affectée, mais que les émirats considèrent l'accord comme une alliance politico-sécuritaire qui rassemble des partenaires ayant des intérêts similaires et dans l'enclave, bien sûr, il fait également référence à l'ennemi commun, l'Iran.
Bin Touq implique qu'il existe une possibilité de relier les pays arabes d'Afrique du Nord à l'équation. La collaboration tripartite transcende notre région et peut faire progresser considérablement nos projets dans différentes parties du monde.
Ainsi en Afrique, dans certains pays du nord et du centre, nous avons de grands projets d'infrastructure et d'autres avec les États-Unis, et sommes ouverts à la connexion des entreprises israéliennes à ces projets.
Les technologies israéliennes ont beaucoup à offrir dans les domaines dans lesquels nous opérons. Et cela ne fait pas qu'étendre l'activité, mais communique également les questions stratégiques géopolitiques. "
La question palestinienne revient plus tard. Bin Touq présente la stratégie de son pays - économie, commerce et élévation du niveau de vie comme une étape préliminaire et décisive de la politique internationale, et confirme les nouvelles publiées dans Globes la semaine dernière sur une offre d'investissement majeure des Émirats et de d'autres pays à l'Autorité palestinienne dans le but de la ramener à la table des négociations.
"Rejoindre le mouvement dépend des Palestiniens, et seulement d'eux. C'est une décision indépendante de leur gouvernement. Nous sommes disposés à les encourager à le faire de toutes les manières possibles, en développant leur économie, leurs infrastructures et en particulier en promouvant des relations commerciales qui peuvent les aider considérablement.
Le commerce et l'économie ne sont pas politiques, ils sont basés sur la demande. "Fournir, pour les besoins économiques, et il est important qu'ils comprennent cela. Tout au long de l'histoire, les relations commerciales et économiques normales ont encouragé la paix, et c'est le principe qui nous a guidés dans les récentes initiatives. J'espère que les gouvernements suivront les hommes d'affaires et les économistes."
En d'autres termes, les Émirats laissent place au refus des Palestiniens de se dissoudre avec l'avancement et à l'amélioration de la qualité de vie des résidents, et aux hommes d'affaires palestiniens de profiter de la nouvelle situation et de diriger le mouvement, dans l'espoir que le gouvernement de Ramallah se joindra plus tard.
Le ministre de l'économie des EAU évoque l'accord signé à Washington en termes d '«histoire». Il dit: "Le sentiment parmi nous au sein du gouvernement et aussi dans le peuple est merveilleux. C'est un véritable moment historique et apporte un sentiment d'élévation. C'est un accord particulièrement important pour les deux pays, Israël et les EAU, pour la région, le monde entier et donnant espoir à leur avenir et à l'avenir des générations futures."
«J'ai rencontré des hommes d'affaires israéliens moi-même, ces dernières semaines, et la connexion a été immédiate. Nous étions déjà en affaire avec eux avant même l'annonce de l'accord, mais après cela, un plus grand sentiment de proximité s'est immédiatement installé.
Sur les réseaux sociaux, un flot de déclarations positives, et des connexions se sont nouées de manière tout à fait naturelle entre les émirats et les Israéliens, ce qui donne également une excellente atmosphère pour le développement des relations commerciales et économiques.
"L'aspect humain et commercial-économique. Nous accueillons des conférences, et des événements sportifs internationaux. Nous sommes ouverts sur le monde, y compris maintenant à Israël et aux Israéliens."
Bin Touq note également le contexte culturel similaire entre Israël et les Émirats en tant que facteur influençant le lien chaleureux et immédiat créé. «Nous sommes issus de cultures similaires, de la même région, et partageons des caractéristiques communes, de la curiosité, nous aimons voir le monde. Nous attendons avec impatience la vague touristique israélienne, et également sont attendus en Israël de nombreux visiteurs des EAU. Les deux peuples ont le désir d'apprendre à inventer et développer l'entrepreneuriat personnel et public.
" Notre collaboration s'étendra dans tous les domaines communs et compatibles et qui soulèvent la question inverse - pourquoi cela ne s'est-il pas produit jusqu'à présent?
La recherche d'innovations technologiques qui amélioreront la vie des gens, l'esprit d'entreprise, le progrès encourageant, la course pour apporter de bonnes solutions à des problèmes, dont beaucoup sont similaires à Israël tels que l'eau, l'énergie et plus encore.
"La connexion des intérêts et des objectifs et l'atmosphère internationale ont mûri pendant cette période, et merci à Dieu pour cela et aux dirigeants qui ont su promouvoir cette paix positive."
En bref, des technologies innovantes. Plus en détail, l'agriculture, par exemple Agritech, Israël est connue comme un pionnier mondial dans ce domaine, et en particulier dans des conditions climatiques désertiques comme la nôtre. Le monde entier apprend des technologies israéliennes et celles-ci apprennent pour d'autres pays dans le monde. Dessalement, recyclage et bon usage de cette précieuse ressource naturelle.
"Un autre domaine important est la santé, et ce n'est pas par hasard que dans ce domaine les premiers accords de coopération liés à la lutte contre la Corona ont été signés, et pas seulement."
Nous sommes en développement énorme sur cette question et dans le domaine de la recherche appliquée. "Il en va de même pour le domaine de l'énergie solaire, particulièrement performant dans notre région. Nous estimons que cet accord débouchera sur un nombre particulièrement important d'accords de commerce, de vente et d'investissement entre les pays, et entre hommes d'affaires et entreprises entre les pays."
Bin Touq dit que ces jours-ci "nous préparons une estimation de l'ampleur de la croissance des liens commerciaux et économiques que cet accord entraînera. À première vue, il conduira à une augmentation significative de la croissance et à la création de milliers voire de dizaines de milliers d'emplois dans les deux pays."
«Les hommes d’affaires israéliens et que tout Israélien qui veut établir des relations pourra trouver dans lequel il peut se développer.
"En juillet de cette année, nous avons lancé la 'Mission de l'espoir' sur Mars, un vaisseau spatial qui entrera en orbite autour de Mars l'année prochaine et explorera la planète. Il s'agit du premier lancement d'un pays arabe, et nous sommes convaincus que les scientifiques israéliens ont beaucoup à apporter et à coopérer avec nous dans ce domaine."
Les Émirats arabes unis sont un pont économique vers des pays de la région comme l'Arabie saoudite, mais en fait vers le monde entier, c'est notre stratégie déclarée , être un pont économique-commercial-financier vers le monde entier, d'où la grande opportunité pour Israël d'utiliser ce pont et de connecter les hommes d'affaires, les entreprises et la technologie à tous. "Une place dans le monde. Le ciel est la limite."
«La première chose est bien sûr la signature de l’accord de paix historique à la Maison Blanche, qui donnera le cadre et l’impulsion à tous les accords pratiques qui seront signés et entreront en vigueur dans les semaines à venir. Les aspects pratiques, économiques et commerciaux, donc j'estime qu'il ne s'agit que de quelques semaines avant la conclusion des accords diplomatiques, des questions de visas d'entrée et de vols directs. "
Juste avant qu'il ne prenne le temps de revenir aux affaires de la délégation à Washington, Bin Touq a déclaré: "Je veux terminer l'entretien par une salutation en hébreu
" Shana Tova ve Hag Sameah " (Bonne Année et bonne fête)
Agence Anadolu (Turquie) 15/08/2020
Les EAU et Israël ont annoncé jeudi 13 août que les relations diplomatiques bilatérales, initiées et développées en coulisses au cours des années passées, se normaliseraient officiellement et que des accords de coopération seraient signés entre les deux parties dans divers domaines.
Selon la déclaration faite par les États-Unis au nom d'Israël et des Émirats arabes unis, le président américain Donald Trump, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le prince héritier et ministre de la Défense d'Abu Dhabi et président du Conseil exécutif des Émirats arabes unis, Mohammed bin Zayid Al Nahyan, ont eu une conversation téléphonique et "un accord a été conclu pour la normalisation complète des relations entre Israël et les Émirats arabes unis".
Au cours des années passées, on a remarqué l'enthousiasme démontré officiellement et ouvertement par les pays du Golfe, par les Émirats arabes unis en particulier, pour normaliser leurs relations avec Israël, dotée du gouvernement le plus droitiste de son histoire.
Il convient de noter que le processus de normalisation entre les pays arabes et Israël, que les peuples de la région considèrent comme « l'occupant de la Palestine et des autres terres arabes », s'est accéléré, en particulier au cours des trois dernières années, notamment à travers diverses invitations, visites, réunions, déclarations et de multiples événements.
L'Agence Anadolu a recueilli et compilé les réactions de divers acteurs politiques palestiniens, qui ont tous qualifié cet accord de trahison.
- Autorité palestinienne
Selon une déclaration écrite de l'Autorité palestinienne, celle-ci condamne et rejette fermement l'accord conclu entre les EAU avec Israël en vue de normaliser leurs relations.
Le communiqué soulignait que les Émirats arabes unis avaient conclu cet accord en échange de la suspension temporaire de l'annexion de certaines parties de la Cisjordanie occupée par "l'État occupant" d'Israël qui planifie de judaïser la Mosquée Masjid al-Aqsa.
"L'accord des Émirats arabes unis avec Israël est une trahison de la cause de Jérusalem, de la mosquée Al-Aqsa et de la Palestine. Cette initiative vise à détruire les décisions issues des réunions de l'Initiative de paix arabe, de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ainsi que de la légitimité internationale. Cela signifie aussi ignorer les droits du peuple palestinien, son caractère sacré, en particulier [la sacralité de] la Masjid al-Aqsa, mais aussi ignorer les exigences d'un État palestinien indépendant, avec les frontières de 1967"
En réaction à l'annonce de l'accord, l'Autorité palestinienne a également rappelé son ambassadeur des Émirats arabes unis.
- OLP
Suite à l'annonce des Émirats arabes unis selon laquelle un accord de normalisation avait été conclu avec Israël afin de "préserver la chance d'une solution à deux États", Hanan Achraoui, membre du conseil d'administration de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a exprimé sa colère dans un message publié sur les réseaux sociaux, Achraoui déclarant : "Merci de ne pas nous rendre service. Nous ne sommes les feuilles de figuier de personne. (Nous ne couvrirons les défauts de personne)".
Un responsable de l'OLP a également adressé un message relatant le désintérêt du prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed Bin Zayed pour la Cause palestinienne : "Vous n'avez peut-être pas exprimé de gêne alors qu'on volait notre pays. Vous n'avez peut-être pas ressenti la douleur de vivre sous l'occupation et la captivité. Votre maison n'a pas été détruite, vos proches n'ont pas été tués, vous n'avez pas été vendu par vos amis", notait le message exprimant la colère des Palestiniens face à la lâcheté émiratie.
- Fatah
Abbas Zeki, membre du Comité central du Mouvement palestinien de libération nationale « Fatah », sous la direction de Mahmoud Abbas, a réagi à l'accord par une simple constatation : "L'accord de normalisation entre les EAU et Israël signifie que les EAU renoncent à leur devoir religieux, national et humanitaire en faveur de la cause palestinienne."
- Hamas
Le porte-parole du Mouvement de résistance islamique, « Hamas », Abdullatif al-Kanou, a déclaré à l'Agence Anadolu (AA) que l'accord était "une évolution dangereuse, concernant la normalisation", et qu'elle "ignorait les souffrances du peuple palestinien", ajoutant que "l'accord de normalisation entre les Émirats arabes unis et Israël est un coup de couteau perfide contre notre peuple."
Kanou a également rappelé que cet accord ne donnerait aucune légitimité au régime sioniste sur les territoires palestiniens.
Soulignant qu'"une telle normalisation avec Israël encourage les forces d'occupation à commettre davantage de violations contre le peuple palestinien", Kanou a établi qu'Israël continuerait à rester l'"ennemi juré" du peuple palestinien et que celui-ci continuerait à rassembler des forces pour éloigner Israël des terres palestiniennes.
- Mouvement du Jihad islamique palestinien
Le mouvement du Jihad islamique a qualifié la décision émiratie de normaliser ses relations avec Israël de "soumission" et de "reddition".
Le porte-parole du mouvement, Davud Chihab, a ainsi décrit les fait : "C'est la normalisation, la soumission et la reddition face à Israël. Cette décision ne changera pas les réalités du conflit, au contraire, elle transformera l'administration d'occupation en une structure encore plus terroriste".
Shihab a également condamné l'accord de normalisation entre les deux pays soulignant que ce traité vise également à secourir le gouvernement israélien des crises dans lesquelles il s'est embourbé.
- FPLP
Le Front de libération du peuple palestinien (FPLP) a décrit l'accord de normalisation entre les Émirats arabes unis et Israël comme un coup de poignard dans le dos du peuple palestinien.
Dans la déclaration écrite du FPLP, l'accord de normalisation entre les Émirats arabes unis et Israël a notamment été décrit comme une nouvelle conspiration contre la nation arabe.
"L'accord de normalisation des Émirats arabes unis et d'Israël est un poignard planté dans le dos du peuple palestinien. Cette fois, avec l'approbation des Émirats arabes unis, la voie sera ouverte à une guerre plus agressive et à l'expansion du sionisme, de la judaïsation et de la colonisation de notre terre", a déploré le mouvement politique palestinien.
La déclaration a souligné que l'accord entre les deux pays, consistant notamment de la construction du bâtiment de l'ambassade des Émirats arabes unis en Israël, était une menace pour la nation arabe et une mesure hostile contre le peuple palestinien.
- Bloc mixte de la liste arabe
Le Bloc de la Liste arabe commune, représentant les Palestiniens ressortissants d'Israël, a condamné l'accord conclu entre les Émirats arabes unis et Israël.
"Il n'est pas possible de parler d'un rapprochement, d'une confiance, d'une normalisation ou d'une paix entre les peuples sans rendre les droits du peuple palestinien", a déclaré sur les réseaux sociaux, Ayman Odeh, le leader du bloc de la Liste arabe commune, exprimant ainsi sa réaction.
- Accord de normalisation entre les EAU et Israël
Le président américain Trump a annoncé jeudi 13 août qu'Israël et les EAU étaient parvenus à un accord pour "normaliser complètement leurs relations". En réaction à la déclaration américaine, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait décrit l'événement comme "un jour historique"
L'agence officielle des EAU, Emirates News Agency (WAM) a déclaré, pour sa part, qu'Israël et les EAU étaient convenus de déterminer une "feuille de route commune" pour l'établissement de relations, et que les responsables des deux pays se réuniraient dans les semaines à venir et signeraient des accords bilatéraux dans différents domaines.
Les EAU sont devenus le troisième pays arabe à signer un accord de normalisation avec Israël, après l'Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994.
***
Le Conseil national palestinien a dénoncé la normalisation par les Emirats de ses relations avec Israël, considérant cet acte comme étant une « violation flagrante » contre le peuple palestinien et sa Cause.
C’est ce qui ressort d’un communiqué rendu public, vendredi, par le Bureau du Conseil, à Amman.
« La Cause palestinienne ne fait pas l’objet de chantages, de marchés et d’allégations mensongères ni de manipulations sordides, reflétées par l’accord conclu par les Emirats avec l’Etat d’occupation sous parrainage américain », lit-on dans le communiqué.
« La Déclaration tripartie israélo-émirato-américaine constitue une agression flagrante contre les droits de notre peuple et de sa Cause sacrée et à l’endroit des droits inaliénables de nos Nations arabe et islamique en Palestine et à la sainte mosquée d’al-Aqsa », poursuit le communiqué.
« Celui qui veut soutenir notre peuple ne signe pas d’accords avec son ennemi, tel un poignard dans le dos qui affaiblirait davantage sa position », indique le communiqué.
Par Gilles Paris Dans Le Monde
Certes, les photos n’ont pas eu la puissance symbolique de celles de la signature des accords d’Oslo, en 1993, ou du traité de paix entre la Jordanie et Israël, en 1994, pour ne parler que des plus récents.
Donald Trump a néanmoins obtenu une précieuse victoire diplomatique, mardi 15 septembre, avec les paraphes, à la Maison Blanche, des accords de normalisation parrainés par les Etats-Unis entre l’Etat hébreu et deux pays arabes du Golfe : la fédération des Emirats arabes unis et le royaume de Bahreïn.
A tout juste sept semaines de l’élection présidentielle du 3 novembre, cette double signature a gonflé l’optimisme du président.« Nous avons au moins cinq ou six pays [arabes] qui vont nous rejoindre très bientôt, nous leur parlons déjà », a-t-il assuré en recevant le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
Alors que l’Autorité palestinienne déplore une « trahison » par rapport à l’Initiative de paix arabe qui subordonnait la normalisation à la création d’un Etat palestinien viable, Donald Trump s’est dit assuré que « les Palestiniens vont totalement devenir un membre » :
« Je ne dis pas ça par bravade, je vous assure que les Palestiniens vont en faire partie au moment opportun ». Il a également pronostiqué qu’après une éventuelle réélection, l’Iran s’efforcerait de négocier avec les Etats-Unis.
Ce discours volontariste à propos de « l’aube d’un nouveau Moyen-Orient » vise à présenter le locataire de la Maison Blanche comme un artisan « de la paix et de la stabilité » dans cette région. Une perspective dont la conséquence serait le retrait des troupes américaines, conformément au souhait d’un président qui critique régulièrement les déploiements américains en dehors des frontières des Etats-Unis.
Ce parrainage américain est tombé à point nommé après les revers accumulés par l’administration Trump sur une série de dossiers internationaux. La percée provoquée par la normalisation entre les Emirats arabes unis et Israël, en août, a permis d’éclipser l’humiliation subie par Washington aux Nations unies à propos de l’Iran. Les Etats-Unis ont fait presque l’unanimité contre eux au Conseil de sécurité en voulant rétablir les sanctions onusiennes par un mécanisme prévu par l’accord international sur le nucléaire iranien dont ils se sont retirés en 2018.
La « pression maximale » contre Téhéran, tout en plongeant l’Iran dans une profonde crise économique accompagnée d’un raidissement du régime, n’a pas produit pour l’instant les résultats escomptés. Au contraire. La République islamique ayant repris ses activités d’enrichissement d’uranium en riposte à la volte-face américaine, elle est aujourd’hui plus proche d’une capacité nucléaire militaire qu’avant l’entrée en fonctions de Donald Trump.
Cette stratégie de pression maximale a été tout aussi infructueuse vis-à-vis du régime de Nicolas Maduro au Venezuela, en dépit du soutien massif accordé à l’opposant Juan Guaido, reconnu président par intérim du pays en janvier 2019.
Le président n’a pas obtenu davantage de résultats dans le dossier pour lequel il a engagé le plus de son capital politique : la dénucléarisation de la Corée du Nord. Trois rencontres historiques avec le maître de Pyongyang, Kim Jong-un, et quelques pas effectués sur le sol nord-coréen, à l’occasion de retrouvailles dans la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées, en juillet 2019, n’ont pas permis la moindre percée.
Ces revers se sont accompagnés d’une brutale dégradation de l’image des Etats-Unis dans le monde. Elle s’est accentuée en 2020, du fait d’une gestion jugée défaillante de l’épidémie de Covid-19, comme l’a confirmé le dernier baromètre du Pew Research Center publié le 15 septembre.
En France (31 %) et en Allemagne (26 %), les opinions favorables sont revenues à leur plus bas étiage de mars 2003, au moment de l’invasion de l’Irak par les troupes américaines. Les chiffres au Royaume-Uni (41 %), au Japon (41 %), en Australie (33 %) et au Canada (35 %), les plus proches alliés de Washington, n’ont jamais été aussi bas. Et dans ces six pays, l’image de Donald Trump est aussi mauvaise que celle de George W. Bush au terme de son second mandat.
Par KHALED ABU TOAMEH Jérusalem post repris sur Jforum
Les responsables palestiniens ont exprimé leur inquiétude quant au fait que le Qatar pourrait se diriger vers la normalisation de ses relations avec Israël et ont déclaré qu’une telle mesure faciliterait la mise en œuvre de la vision du président américain Donald Trump pour la paix au Moyen-Orient, la paix pour la prospérité, également connue sous le nom d’Accord du siècle.
La semaine dernière, les États-Unis et le Qatar ont publié une déclaration commune après avoir tenu leur troisième dialogue stratégique les 14 et 15 septembre. Les deux parties ont souligné la force de la relation bilatérale, les opportunités d’approfondir davantage la coopération au profit des deux pays.
Les deux gouvernements se sont déclarés préoccupés par les effets néfastes sur la sécurité, l’économie et la société de la crise du Golfe dans la région et ont affirmé leur soutien continu à un Conseil de coopération du Golfe fort et uni. Ils se sont concentrés sur la promotion de la paix et un avenir prospère pour tous dans la région et sur la lutte contre les menaces régionales. En outre, l’UA et le Qatar ont discuté des questions de sécurité régionale, y compris des efforts conjoints pour vaincre Daech; œuvrer pour la paix et mettre fin aux conflits en Libye, en Syrie et au Yémen; les développements politiques en Irak; et les perspectives d’une résolution négociée du conflit israélo-palestinien, comme indiqué dans la Vision américaine pour la paix.
«Le Qatar a une expérience de travail avec Israël qui, selon nous, finira par les amener à un accord plus large avec les Israéliens», a déclaré le secrétaire d’État adjoint adjoint Tim Lenderking, cité par Bloomberg. «Nous pensons qu’il y a beaucoup de choses sur lesquelles bâtir, chaque pays progressera à son propre rythme en matière de normalisation, selon ses propres critères, mais nous avons hâte que cela se produise le plus tôt possible.»
La ministre adjointe des Affaires étrangères du Qatar, Lolwah Alkhater, a déclaré cette semaine que son pays n’établirait pas de relations diplomatiques avec Israël tant que le conflit israélo-palestinien ne serait pas résolu.
Les responsables palestiniens ont déclaré que la déclaration conjointe américano-qatarie, qui parle de résoudre le conflit israélo-palestinien sur la base de la vision de paix de Trump, est une approbation qatarie du plan, qui a été rejetée par les Palestiniens.
Les Palestiniens ont dénoncé la vision de la paix de Trump, dévoilée en janvier dernier, comme un «complot destiné à liquider la question palestinienne et les droits nationaux».
Les Palestiniens boycottent également l’administration américaine depuis décembre 2017, lorsque Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et a décidé de déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.
Les relations entre l’Autorité palestinienne et le Qatar ont été tendues ces dernières années en raison du soutien financier et politique continu de Doha au Hamas.
Monir al Jaghoub, un haut responsable de la faction au pouvoir palestinien Fatah, a déclaré que le Qatar semble avoir peur de rater le train de la normalisation avec Israël.
«Notre peuple et nos dirigeants ont catégoriquement rejeté le plan de Trump», a commenté al-Jaghoub sur Twitter. «Les dirigeants palestiniens ne peuvent pas entamer des négociations sur la base de ce plan, qui constitue une menace pour tous les peuples de la région, car il ignore l’essence du conflit, à savoir le droit du peuple palestinien à la liberté dans un État indépendant et pleinement souverain avec Jérusalem-Est comme sa capitale. Ce n’est pas un pas vers la paix. »
Ahmed Majdalani, membre du comité exécutif de l’OLP, qui dirige un groupe appelé Front de lutte populaire palestinienne, a également accusé le Qatar d’approuver le plan Trump, «qui est rejeté par les Palestiniens et la communauté internationale».
Majdalani a déclaré qu ‘ »il n’y aura ni sécurité ni stabilité dans la région sans mettre fin à l’occupation et établir l’État palestinien ».
Il a ajouté que la pression américaine continue sur certains pays arabes pour qu’ils emboîtent le pas aux Émirats arabes unis et à Bahreïn avant les prochaines élections présidentielles américaines.
Bassam al-Salhi, secrétaire général du Parti du peuple palestinien et membre du Comité exécutif de l’OLP, a déclaré que le Qatar était devenu le premier pays arabe à approuver officiellement la vision de paix de Trump.
Se référant à la déclaration conjointe américano-qatarie, al-Salhi a déclaré: «C’est une évolution très dangereuse qui confirme l’importance d’accélérer la mise en œuvre de tout ce qui a été convenu lors de la dernière réunion des factions palestiniennes et, surtout, de mobiliser les énergies de notre peuple pour affronter les dangers et renouveler notre projet national et les institutions de notre peuple.
Walid al-Awad, un autre haut responsable du Parti du peuple palestinien, a déclaré que «l’approbation par le Qatar de l’accord Trump représente une déclaration selon laquelle il a décidé de rejoindre la voie de la normalisation [avec Israël]».
La "normalisation" entre Israël et les Emirats Arabes Unis annoncée la semaine dernière est caractéristique de la "diplomatie Netanyahu". Le Premier ministre israélien se cherche des alliés dans le Golfe pour isoler l'Iran. Mais plusieurs polémiques entachent cet accord historique.
Une véritable course. Dès l'annonce d'un accord de normalisation entre Israël et les Emirats Arabes Unis (E.A.U.) jeudi dernier en fin d'après-midi, les grandes chaînes de télévision israéliennes se sont lancé un défi : avoir le premier envoyé spécial dans le pays. Pour la petite histoire, Doron Herman est le premier arrivé à Dubaï pour la chaîne 13 avant d'être rejoint par nombre de confrères et consœurs israéliens.
Dès lors, les médias israéliens ont abreuvé le public de reportages sur le petit Etat richissime : ses gratte-ciels exubérants, ses centres commerciaux gigantesques et ses hôtels de luxe, ses 50 degrés dehors et sa piste de ski couverte à -2 degrés, sa petite communauté juive visiblement à l'aise dans ce pays majoritairement musulman... Sans oublier les promesses économiques d'un tel accord entre high-tech, agriculture et tourisme. En Israël, plusieurs grands axes routiers ont été pavoisés du drapeau émirati également projeté sur la mairie de Tel Aviv. Durant le weekend qui a suivi, bon nombre d'Israéliens se sont réjouis sur les réseaux sociaux à grands coups de cœurs, de smileys et de "shabbat shalom, salam aleikoum" ("passez le shabbat en paix" en hébreu, "que la paix soit sur vous" en arabe).
Netanyahyu considère que le passé est devant lui. Il voit avant tout la sécurité de l'Etat d'Israël dans une perspective historique en rappelant régulièrement la Shoah et les menaces que représenterait l'Iran.
Mais derrière cet emballement parfois un peu mièvre s'est produit un événement diplomatique considérable qui met en lumière le Premier ministre israélien membre du Likoud (droite). Après l'Egypte en 1978 et la Jordanie en 1994, les Émirats ne sont que le troisième État arabe à reconnaître officiellement Israël.
L'accord final doit encore être écrit mais cette normalisation annoncée par Donald Trump qui a chapeauté l'accord, est l'aboutissement d'une démarche entamée par Benyamin "Bibi" Netanyahu dès son retour au pouvoir en 2009.
D'abord, il poursuit le désenclavement diplomatique et économique d'Israël. Ensuite, invoquant les déclarations belliqueuses des dirigeants à Téhéran, le chef du gouvernement israélien est persuadé que l'Iran constitue une menace existentielle pour Israël.
" L'Iran est une obsession israélienne, quand Netanyahu se met à en parler, il en devient pavlovien, on sent qu'il se passe un truc dans la tête du bonhomme. Mais le pire, c'est qu'il croit à fond à son narratif ", nous confie un diplomate européen qui s'est entretenu à plusieurs reprises avec "Bibi". Dès lors, une grande partie de son action extérieure a été guidée par cette préoccupation et par une vision "catastrophiste" du destin du peuple juif (le mot Shoah signifiant catastrophe) selon le diplomate et journaliste Freddy Eytan, biographe du chef du gouvernement israélien, joint par France Culture : " C'est le fils d'un historien de droite nationaliste et il rappelle toujours les faits à la lumière de l'Histoire juive. Netanyahyu considère que le passé est devant lui. Il voit avant tout la sécurité de l'Etat d'Israël dans une perspective historique en rappelant régulièrement la Shoah et les menaces que représenterait l'Iran. Il donne aux électeurs l'impression que nous sommes assiégés. Il dramatise."
L'accord avec les Émirats est donc porté par cette préoccupation permanente de Netanyahou. Monarchie sunnite proche des États-Unis, les Émirats sont résolument opposés au régime de Téhéran. Les ennemis de mes ennemis étant mes amis, Israël s'est donc entendu avec les Émirats avec l'espoir de conclure des accords similaires avec d'autres pays arabes du Golfe comme Bahreïn, Oman voire l'Arabie Saoudite, pour constituer un glacis anti-chiite face à l'Iran.
Mais mercredi, le ministre saoudien des Affaires étrangères a douché les espoirs israéliens. Le prince Fayçal Ben Farhane a déclaré qu'il fallait d'abord "parvenir à une paix entre les Palestiniens et Israël" avant une normalisation entre l'Arabie Saoudite et Israël. "Une fois que cela se réalise, tout sera possible", a-t-il ajouté en conférence de presse à Berlin. Cette déclaration n'est pas anodine car l'accord entre Israël et les Émirats a constitué une mauvaise nouvelle pour les Palestiniens. Certes, l'accord est assorti d'un abandon des projets israéliens d'annexion partielle de la Cisjordanie. Donald Trump dit que l'annexion "n'est plus à l'ordre du jour", Israël évoque une "suspension" mais ce n'est qu'un soulagement apparent pour les Palestiniens. Fondamentalement, ces derniers évoquent "une trahison".
"Les dirigeants palestiniens rejettent ce que les Émirats arabes unis ont fait. Il s'agit d'une trahison de Jérusalem et de la cause palestinienne", déclare le Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas au pouvoir en Cisjordanie.
"Cela ne sert pas la cause palestinienne", estime de son côté le Hamas qui contrôle la bande de Gaza. Pourquoi ? Parce qu'avec cet accord, les Émirats rompent avec le plan de paix arabe proposé en 2002 sur initiative saoudienne, prévoyant que la création d'un État palestinien dans les frontières de 1967 précéderait tout accord entre un pays arabe avec Israël. "Il a renversé le paradigme. Aujourd'hui, la résolution du conflit israélo-palestinien n'est plus un préalable à une normalisation. Aujourd'hui, le dialogue avec les autres Arabes a supplanté le dialogue avec les Palestiniens", nous explique Barak Ravid, spécialiste diplomatique pour les sites d'information israélien Walla et américain Axios. Voilà pourquoi depuis une semaine, Benyamin Netanyahu martèle sa doctrine de "Paix contre Paix" : "La gauche et beaucoup de gens des média passent un moment difficile en voyant un Premier ministre israélien de droite conclure une paix véritable. C'est la Paix contre la Paix et non plus la Paix contre la terre", s'est-il vanté dans un communiqué.
Jusque là, donc, tout va bien pour Netanyahu. Le Premier ministre recordman de longévité en Israël (déjà plus de 14 ans cumulés au pouvoir) tient désormais son legs. L'éditorialiste du Jerusalem Post Seth Frantzman nous rappelle que "Bibi tient beaucoup à laisser son empreinte. Il veut devenir une figure historique à l'image d'un Churchill. Il veut donc se voir crédité d'une grande initiative."
Begin avait signé avec l'Egypte, Rabin avec l'OLP et la Jordanie, Barak avait évacué le sud-Liban et Sharon quitté Gaza ; Netanyahu peut à présent brandir la normalisation avec les Émirats. Sauf que le legs est déjà sujet à polémique. À peine l'accord annoncé, Bibi expliquait qu'il n'avait pas tenu au courant ses ministres - centristes - des Affaires étrangères et de la Défense pour éviter "des fuites". C'est dire le niveau de confiance au sein du cabinet ! Chargé de la Défense dans le gouvernement de coalition, son rival Benny Gantz a réagi mollement lors d'une conférence de presse à Tel Aviv : "Il est vraiment inconvenant que je n'ai pas été informé de l'accord avec les Émirats. Mais si je dois ravaler ma fierté en échange d'un accord de Paix, je ferai ainsi. Je ne suis pas ici pour retirer un bénéfice quelconque." Le public israélien et les commentateurs n'ont même pas été surpris par le cavalier seul de leur Premier ministre qui a préféré s'appuyer sur le directeur du Mossad ou sur le Conseil de sécurite nationale tous deux à sa main, plutôt que sur les diplomates ou les militaires. Pour Seth Frantzman "C'est toute l'histoire de Bibi. Malgré son procès en cours pour corruption, il veut montrer qu'il est le seul à pouvoir arriver à quelque chose.
Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Mardi dernier dans le quotidien Yediot Aharonot, le plus vendu en Israël, le célèbre journaliste Nahum Barnea affirmait que le deal conclu entre Israël et les E.A.U. sous la houlette de Washington prévoyait la vente d'avions F35 américains ultra-perfectionnés aux Émirats. Or, la loi américaine garantit à Israël qu'il est le seul au Moyen-Orient à bénéficier du matériel militaire de pointe provenant des États-Unis. Par cette clause, Israël est certain d'avoir toujours l'armée la mieux dotée de la région. Depuis, c'est parole contre parole. Benyamin Netanyahu affirme qu'il n'a jamais été question de faire sauter cette clause en faveur des Émirats quand Donald Trump déclare à la Maison-Blanche que les E.A.U. "ont de l'argent et ils aimeraient bien commander quelques F35 qui sont les meilleurs avions de combat du monde. On verra ce qui se passe, tout cela est en cours d'examen."
Pour le professeur Nahum Shiloh, spécialiste du Golfe au Centre Moshe Dayan de l'Université de Tel Aviv interrogé par France Culture "C'est un problème car Israël va perdre le monopole des F35 et son avantage technologique. Cela va accélérer la course aux armements dans la région. Une fois que les E.A.U auront leurs F35, l'Arabie Saoudite voudra les siens, puis l'Egypte et d'autres pays encore. Puis, des ennemis d’Israël comme l'Iran ou la Syrie chercheront l’équivalent des F35 auprès de la Russie ou de la Chine. Et bien sûr, personne ne garantit qu'il n'y aura pas de vols de technologies par des hackers.
Je pense que c'est un souci majeur pour la sécurité d'Israël
Benyamin Netanyahu, le "monsieur Sécurité", d'Israël a-t-il accepté qu'un pays arabe accède à de telles armes pour conclure la Paix avec ce dernier ? A-t-il bradé la supériorité militaire israélienne pour figurer en bonne place dans les livres d'Histoire ? A-t-il pris un risque calculé comme c'est souvent le cas en diplomatie ? A-t-il dû plier pour faire plaisir au parrain américain ?
"Personnellement, même si je n'ai pas la preuve de ce que j'avance, je pense qu'il savait que les Etats-Unis voulaient vendre des F35 et qu'il y a consenti. Mais en réalité, c'est surtout une décision des États-Unis et non d'Israël. Je pense que l'administration Trump a très envie de vendre des systèmes d'armements sophistiqués et coûteux dans la région.
L'élection présidentielle arrive et le gouvernement américain veut montrer qu'il fournit du travail à l'industrie d'armement américaine", estime Nahum Shiloh. Qu'il s'agisse d'une décision américaine, israélienne ou d'un compromis entre les deux pays, Netanyahu est très critiqué en Israël : "c'est la Paix contre les avions", ironisent plusieurs éditorialistes ou opposants politiques, en paraphrasant la doctrine du Premier ministre. Dans le Jerusalem Post, l'ambassadeur américain David Friedman, tenant de la ligne Netanyahu, a assuré que "la sécurité israélienne n'était pas amoindrie par l'accord". Mais si les E.A.U. accèdent aux mêmes équipements de pointe qu'Israël, ses propos suffiront-ils à rassurer l'establishment militaire en Israël et le lobby pro-israélien aux Etats-Unis AIPAC ?
En leur temps, Begin, Rabbin et leurs successeurs évoqués plus haut avaient été accusés de mettre en danger la sécurité d'Israël à l'occasion de leurs grandes manœuvres diplomatiques ou stratégiques. Le biographe de Netanyahu Anshel Pfeffer s'interroge dans le quotidien de gauche Haaretz : "Comment la grande réussite diplomatique de Netanyahu a-t-elle tourné au fiasco politique ? Une erreur du Premier ministre dont il est seul responsable a transformé son coup de maître en un scandale potentiellement explosif touchant à la sécurité nationale." À coup sûr, cet accord entre Israël et les E.A.U. restera dans l'Histoire. En bien ou en mal ? Cela reste à écrire.
ALGER - Plusieurs pays ont exprimé leur indignation et leur rejet de l’accord de "normalisation" entre les Emirats arabes et Israël, conclu sous l’égide des Etats-Unis, qualifié par l'Autorité palestinienne de "trahison" de la cause palestinienne.
"Les dirigeants palestiniens rejettent ce que les Emirats arabes unis ont fait. Il s'agit d'une trahison d'El-Qods et de la cause palestinienne", a indiqué dans un communiqué la direction palestinienne, appelant à une "réunion d'urgence" de la Ligue arabe pour dénoncer le projet soutenu par les Etats-Unis. L'Autorité palestinienne a rappelé aussi son ambassadeur à Abou Dhabi.
"Cet accord est rejeté et condamné. Il ne sert pas la cause palestinienne mais est considéré comme une continuation du déni des droits du peuple palestinien", a déclaré pour sa part Hazem Qassem, le porte-parole du mouvement palestinien Hamas, ajoutant qu'il s'agit d'un "chèque en blanc" pour la poursuite de l'occupation israélienne.
"Cet accord annoncé jeudi est une "stupidité stratégique" d'Abou Dhabi et d'Israël qui "renforcera sans aucun doute l'axe de résistance", a déclaré par ailleurs le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Pour Iran, l'"établissement de relations diplomatiques entre Israël et les alliés des Etats-Unis dans le Golfe est un objectif clé de la stratégie régionale du président américain Donald Trump pour contenir l'influence grandissante de l'Iran".
Pour sa part, la Turquie a dénoncé cet accord en affirmant qu’il ne s’agit que d’une "hypocrisie qui ne servira que les intérêts des Emirats arabes".
"Les Emirats arabes unis s'efforcent de présenter cela comme une sorte de sacrifice pour la Palestine, alors qu'ils trahissent la cause palestinienne pour servir leurs petits intérêts", a réagi le ministère turc des Affaires étrangères, ajoutant que "l'Histoire et la conscience des peuples de la région n'oublieront pas cette hypocrisie et ne la pardonneront jamais".
Le président turc, Rajeb Tayeb Erdogan, a indiqué vendredi avoir "instruit le ministre des Affaire étrangères quant à la suspension de toute relation avec les Emirats arabes Unis".
Israël et les Émirats arabes unis ont conclu un accord de coopération historique, appelé « accord d'Abraham », qui normalisera les relations diplomatiques entre l'État juif et la nation du Golfe. Un accord, dans lequel les États-Unis ont joué un rôle fondamental dans la négociation, ce qui a signifié une avancée sur la voie de la reconnaissance entre les pays arabes et Tel Aviv.
« De GRANDS progrès aujourd'hui ! Un accord de paix historique entre nos deux GRANDS amis, Israël et les Émirats arabes unis », a écrit le président américain Donald Trump sur son compte Twitter. Le magnat new-yorkais vise une victoire diplomatique majeure à l'approche des élections de novembre, où, selon les derniers sondages, il se situe à 12 points de son rival, le démocrate Joe Biden.
Dans une déclaration commune d'Abou Dhabi, de Tel Aviv et de Washington, il a salué « la percée » qui apportera la paix dans la région du Moyen-Orient ». Dans le cadre de cet accord, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a accepté de suspendre l'annexion de certaines parties de la Cisjordanie occupée. Le Premier ministre israélien a ensuite nuancé ce point et a déclaré aux journalistes que cette annexion n'avait été que « retardée » mais que les plans étaient toujours sur la table.
Il ne s'agit pas d'un accord de paix comme ceux signés entre Israël et l'Egypte en 1979 ou avec la Jordanie en 1994, ces deux pays ayant eu de forts affrontements guerriers, mais plutôt du début de la feuille de route marquée par Washington pour normaliser les liens entre un Etat du Golfe, avec lequel Israël avait déjà des contacts en matière de renseignements et d'échange d'armes.
Les Nations unies, par l'intermédiaire du porte-parole du secrétaire général, António Guterres, ont déclaré que la normalisation des relations entre les deux États pourrait aider à trouver une solution avec les Palestiniens : « Le secrétaire général se félicite de cet accord, espérant qu'il donnera l'occasion aux dirigeants israéliens et palestiniens de s'engager à nouveau dans des négociations sérieuses qui permettront de parvenir à une solution à deux États, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies, au droit international et aux accords bilatéraux », a ajouté le porte-parole dans une déclaration.
Le pacte entre les deux pays a été considéré comme une bouteille d'eau froide pour les autorités palestiniennes. « Les dirigeants palestiniens rejettent et dénoncent l'annonce trilatérale surprenante des Émirats arabes unis, d'Israël et des États-Unis », a annoncé Nabil Abi Rudeineh, conseiller principal du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas.
Abu Rudeineh a qualifié l'accord de « trahison de Jérusalem, d'Al-Aqsa et de la cause palestinienne ».
L'Autorité palestinienne a immédiatement demandé une réunion d'urgence de la Ligue arabe, mais ces derniers jours, plusieurs États qui composent l'organisation ont applaudi le pacte.
La Ligue arabe, qui est née la même année que les Nations unies, en 1945, se voulait l'organisation qui allait unir, coordonner et servir de médiateur entre les pays arabes, dans une zone particulièrement sensible aux luttes géopolitiques et d'intérêts.
L'organisation est née à la lumière de l'idéologie panarabe, une sorte de nationalisme qui cherche l'unité politique des États arabes.
Le sionisme et l'invasion juive de la Palestine ont uni le sentiment arabe face à une lutte commune : la libération des Palestiniens de l'ingérence juive.
Les pays qui composent la Ligue arabe sont au nombre de 17 : EAU, Maroc, Égypte, Yémen, Tunisie. Irak, Bahreïn, Koweït, Qatar, Comores, Syrie, Libye, Mauritanie, Somalie, Algérie et Jordanie. Bien que la plupart de ces pays ne reconnaissent pas Israël, ce sont leurs réactions au pacte qui ouvre une nouvelle voie au Moyen-Orient.
Les deux États avaient déjà entretenu des relations avec Israël depuis que le Caire, puis Amman, ont signé des accords de paix. En 1979, l'Égypte est devenue le premier pays de la région à signer un accord de paix avec le pays hébreu. Dans le cadre de cet accord, Israël a accepté de restituer la péninsule du Sinaï, qu'il a occupée en 1967.
La Jordanie a signé l'accord en 1994 et s'est concentrée sur les intérêts économiques et commerciaux. Selon le ministre jordanien des affaires étrangères, Ayman Safadi, l'accord pourra faire avancer les négociations de paix qui sont au point mort si les EAU réussissent à faire pression sur Israël pour qu'il accepte un État palestinien. « Si Israël l'utilise comme une incitation à mettre fin à l'occupation, il fera avancer la région vers une paix juste », a-t-il déclaré dans une déclaration.
Les bonnes relations entre le Caire et Abou Dhabi ont été démontrées dans le message qu'Abdel Fattah al-Sisi, le président égyptien, a posté sur son compte Twitter après avoir pris connaissance de l'accord : « J'ai suivi avec intérêt et appréciation la déclaration commune entre les États-Unis, les Émirats arabes unis et Israël visant à mettre fin à l'annexion israélienne de la terre palestinienne et à prendre des mesures pour parvenir à la paix au Moyen-Orient ».
Le petit État de Bahreïn, proche de l'Arabie Saoudite, a salué l'accord, a appris l'agence de presse d'État BNA. L'ouverture des voyages et des échanges entre les EAU et Israël permettra un flux important de voyageurs, ce dont Oman se réjouirait également
Pour sa part, le Koweït a déclaré que ses relations avec Israël resteront « inchangées » après les accords et, selon des sources au sein du gouvernement koweïtien, il a assuré qu'il serait le dernier à reconnaître Israël, selon les informations du journal Al-Qabas.
Le Qatar a également de bonnes relations avec Israël depuis les années 1990. Cela s'est passé après la guerre du Golfe en 1991, où Israël, les États-Unis et le Qatar ont formé une sorte de triangle.
Bien qu'aucun des pays de la Ligue arabe pour l'Afrique du Nord n'ait conclu d'accord de paix officiel avec Israël, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont tous entretenu des relations relativement stables. Par exemple, les Israéliens peuvent se rendre à Marrakech ou en Tunisie avec un passeport israélien. Pour sa part, l'Algérie semble loin de toute normalisation avec Tel-Aviv.
Pour la Libye, qui est divisée en deux factions et qui est en pleine guerre civile, il n'est pas dans ses projets, pour le moment, de formaliser les relations avec Israël.
Ni Damas, ni Bagdad, ni Khartoum, ni Sanaa n'ont de liens diplomatiques avec Israël. La Syrie et Israël ont mené plusieurs guerres dans la région. Israël, en 1967, a annexé le plateau du Golan après l'avoir occupé, tandis que la Syrie considérait qu'Israël conservait illégalement le Golan sous son emprise.
Bien que l'Irak et Israël n'aient eu aucun lien, la présence des Kurdes, grands amis des Israéliens, dans le nord de l'Irak - dans la région du Kurdistan - a fait que les deux pays ont maintenu des politiques de coopération pour l'échange de renseignements et ont développé des alliances silencieuses de convenance.
De leur côté, le Soudan et le Yémen, en pleine crise, ont manifesté leur intérêt pour se rapprocher d'Israël. La proximité du Soudan avec l'Egypte et la rencontre entre Netanyahou et le président du Conseil Souverain Soudanais, le Général Abdel Fattah al-Burhan, a déclenché une tempête à Khartoum et a été comprise comme une forme de « normalisation des liens entre les pays ». Cette réunion a été orchestrée par les EAU, dans le but d'amener le Soudan à trouver le soutien de Tel-Aviv pour qu'il soit rayé de la liste de Washington des pays parrainant le terrorisme.
Le même rôle a été joué par le leader yéménite Hani Bin Breik qui, également soutenu par Abou Dhabi, a manifesté son intérêt pour visiter Tel-Aviv.
Il ne fait aucun doute que l'accord a bouleversé le tableau géostratégique qui constitue le Moyen-Orient et que les nouvelles alliances qui pourraient être formées dessineront une nouvelle carte.
https://www.jpost.com/opinion/an-arab-israeli-take-on-the-abraham-accords-643308