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Derière mise à jour
17-Déc-2024
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https://news.un.org/fr/story/2021/03/1091792
Il s’agit du nombre de Syriens qui ont été contraints de fuir leur foyer au cours des dix dernières années. Cela représente plus de 60 % de la population estimée du pays. Sur ces 13 millions de personnes, 6,6 millions ont quitté leur pays. Près d’un réfugié sur 4 dans le monde est Syrien. La majorité des réfugiés syriens sont accueillis par des pays de la région. La Turquie en accueille le plus grand nombre, suivie par le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Egypte. Les autres réfugiés sont répartis dans d’autres régions d’Afrique, et 1,05 million se trouvent en Europe. Sept autres millions de Syriens sont déplacés à l’intérieur du pays, ce qui représente la plus grande population de personnes déplacées au monde.
C’est le nombre d’enfants non scolarisés en Syrie. Un tiers des écoles du pays ne peuvent être utilisées car elles ont été endommagées ou détruites, abritent des familles déplacées ou sont utilisées à des fins militaires. De nombreux enfants sont également retirés de l’école pour travailler ou sont contraints de se marier à d’autres enfants dans des mariages arrangées par leurs parents. La détresse psychologique dont souffrent les enfants aura des effets durables et un impact profond sur leur vie d’adulte.
De nombreuses familles sont dans une situation des plus précaires. Près de 90% des enfants en Syrie ont besoin de l’aide humanitaire, soit une hausse de 20% au cours de la seule dernière année.
Dans le camp d’Al-Hol et dans le nord-est de la Syrie, 27 500 enfants d’au moins 60 nationalités et des milliers d’enfants syriens associés aux groupes armés languissent dans des camps et des centres de détention.
Le nombre de kilomètres que Fatima, une fillette syrienne de 7 ans vivant à Idleb, doit parcourir chaque jour avec des béquilles pour rejoindre son école. Fatima a perdu une jambe lors d’un bombardement.
C’est le nombre d’heures que certains enfants travaillent chaque jour juste pour acheter du pain ou un kilo de légumes pour faire vivre leur famille.
Amina, 11 ans, travaille pour nourrir sa famille de neuf personnes. Elle explique : « Chaque matin, je ramasse des fleurs. Puis je les vends au bord de la route pour acheter du pain ».
C’est le nombre d’orphelins que Mohamad Hamad élève en même temps que sa propre famille. Chaque jour, il doit trouver 500 livres syriennes (0,97 USD) pour acheter du pain. Hamad ne peut nourrir les enfants que grâce au soutien des organisations humanitaires.
L’UNICEF a mis en place des moyens pour qu’un enseignement formel ou au moins partiel soit de nouveau accessible pour 3,7 millions d’enfants.
Près de 3 tonnes de pain sont produites chaque jour par la seule boulangerie restante à Maadan, Raqqa. Elle est l’une des nombreuses boulangeries de Syrie réhabilitées par l’ONU pour la création d’emplois et faire face à la crise de l’approvisionnement en denrées alimentaires du pays.
C’est le nombre moyen de personnes qui ont reçu une aide humanitaire en Syrie chaque mois entre janvier et septembre 2020.
"Au départ, le but d’Erdogan n’était pas de renverser le régime d’Assad. Il voulait simplement exercer une pression sur lui."
AFP
« L’État de barbarie est tombé. Enfin » C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron a salué la chute de Bachar el-Assad.
Signe de leur méconnaissance du Moyen-Orient, beaucoup de médias ont relayé ces termes sans relever que l’expression « État de barbarie » renvoyait au titre du livre que l’anthropologue français Michel Seurat avait consacré au régime syrien avant de trouver la mort au Liban en 1986, séquestré par le Hezbollah sur ordre de la Syrie. Michel Seurat avait compris que la terreur et la barbarie étaient au cœur du pouvoir syrien depuis la prise du pouvoir par Hafez el-Assad en 1970. Les images effrayantes des prisons syriennes qui circulent depuis la chute de Bachar confirment la pertinence de cette analyse.
Mais comment cet « État de barbarie » en place depuis 54 ans et qui avait survécu à une guerre civile de sept ans (2011-2018) a-t-il pu s’effondrer comme un château de cartes sous le coup d’une offensive rebelle fulgurante qui a duré à peine 12 jours ? Il est difficile de répondre à cette question, car nous ne savons pas ce qui s’est dit lors des intenses négociations entre Russes, Iraniens et Turcs au moment où les rebelles encerclaient Damas. Nous ne savons pas non plus s’il y a eu des échanges secrets entre la Russie et l’équipe de Donald Trump au sujet de la Syrie. Il nous manque donc l’essentiel.
Toutefois l’on sait que c’est le président turc Erdogan qui a déclenché et soutenu la grande offensive des rebelles du nord, menée par deux groupes : le HTC d’al-Joulani et l’ANS. Au départ, le but d’Erdogan n’était pas de renverser le régime d’Assad. Il voulait simplement exercer une pression sur lui. En effet, la population turque ne supporte plus la présence sur son sol de quatre millions de réfugiés syriens. Erdogan voulait donc qu’Assad reprenne progressivement ces réfugiés et lui avait tendu la main. Il était même allé jusqu’à déclarer cet été qu’il souhaitait inviter « son ami Bachar » avec lui le long de la mer Égée, comme il le faisait avant 2011.
Or, d’un tempérament froid, rigide et autistique, péchant par excès de confiance, Bachar al-Assad avait refusé toute négociation avec Erdogan. Et ce malgré les recommandations de son allié russe. L’ombrageux sultan turc n’a pas toléré cet affront et le parrain russe s’est agacé de l’attitude de son protégé. En plus de cela, Erdogan souhaite détruire le proto-État kurde du YPG dans le nord de la Syrie. Pour ces deux raisons, il a ordonné aux rebelles de passer à l’action. Mais le système Assad était tellement vermoulu qu’il s’est effondré à la vitesse de l’éclair, à la grande surprise de tout le monde, y compris d’Erdogan et des rebelles. Face à cette surprise, Erdogan a pris son gain en faisant tomber Damas.
Pour lui, exercer une influence sur la Syrie, c’est faire rentrer dans le giron turc cette terre qui fit jadis partie de l’Empire ottoman. Et c’est affaiblir l’Iran, pays avec lequel la Turquie entretient un antagonisme historique depuis le XVIe siècle. Erdogan espère désormais faire construire un gazoduc reliant la Turquie à son allié le Qatar via la Syrie, rétablir les routes commerciales dans le pays et rouvrir la route syrienne pour les pèlerins turcs se rendant à La Mecque. Il espère également que la Turquie empochera le marché de la reconstruction du pays : les entreprises turques du BTP étaient d’ailleurs en forte hausse en Bourse après la chute de Bachar al-Assad.
Si le régime syrien s’est effondré, c’est parce qu’il était devenu déliquescent. Certes, il a toujours été népotiste, corrompu et kleptocratique. Mais lorsque la guerre civile a éclaté en 2011, il a montré qu’il était alors encore puissant et résilient. En effet, il pouvait compter sur une économie plutôt bien portante (selon les standards de la région), un appareil sécuritaire solide et le soutien d’une partie de la population.
Durant tout le conflit, le régime a bénéficié non seulement du soutien des minorités (alaouites, ismaéliens, druzes, Kurdes, chrétiens…) effrayées par l’islamisme des rebelles, mais aussi d’une partie de la bourgeoisie sunnite laïque. L’épouse de Bachar el-Assad ou Ali Mamlouk, ancien chef des services de renseignement, sont ainsi des sunnites. C’est ce soutien d’une partie conséquente de la population, couplé à une indispensable aide étrangère, qui a permis à Assad de finalement gagner la guerre en 2018. Mais si Assad a su gagner la guerre, il n’a pas su gagner la paix. Il a sauvé son trône, mais ce fut pour régner sur un champ de ruines. Plongé dans une très grave crise économique et sociale, le pays est dévoré par une inflation galopante. Cette asphyxie s’explique à la fois par le poids des sanctions occidentales (qui ont contribué directement à la souffrance du peuple syrien) et par l’incurie du régime.
La corruption structurelle du pouvoir avait pris ces dernières années des proportions hallucinantes : alors que deux tiers des Syriens sont en insécurité alimentaire, on découvre aujourd’hui que la famille Assad possédait une collection pléthorique de voitures de luxe. Cette situation a fait naître colère et dégoût dans la population. Et ce même chez les groupes qui l’avaient soutenu durant la guerre civile. Ainsi en 2023, les Druzes manifestèrent contre la vie chère et l’explosion du prix de l’essence. Ils furent réprimés. Mais quand fut lancée la grande offensive de 2024, ils passèrent un pacte de non-agression avec les rebelles et lâchèrent Bachar al-Assad. Les Ismaéliens firent de même, grâce à une négociation menée par leur chef spirituel – l’Aga Khan – avec les rebelles.
Au fur et à mesure que l’économie syrienne s’est effondrée, l’État lui-même s’est délité. Les services publics n’étaient presque plus assurés. Hors de Damas, les infrastructures détruites par la guerre n’ont pas été reconstruites. Beaucoup de régions du pays étaient abandonnées par le pouvoir central, gangrenées par les rackets, les enlèvements et les trafics divers et variés. De nombreux soldats furent démobilisés après la fin de la guerre, notamment les plus expérimentés. Ceux restés sous les drapeaux, payés 30 dollars par mois, maltraités, démotivés, désorganisés, n’avaient plus aucune envie de se battre pour un tel régime, devenu fortement impopulaire dans toutes les communautés.
De plus, la Syrie s’est transformée en narco-État. inondant les pays du Golfe de captagon, une drogue de synthèse particulièrement destructrice. La famille Assad jouait un rôle central dans ce trafic. Mais il faut croire qu’elle n’en avait pas le monopole puisque le rebelle al-Joulani touchait lui aussi une dîme dessus.
En ce qui concerne les alliés de Bachar el-Assad, ils n’ont pas pu lui venir en aide. L’avancée de la rébellion a été trop rapide et trop surprenante pour qu’ils puissent avoir le temps d’élaborer une stratégie. Entièrement mobilisée en Ukraine, la Russie n’avait ni les moyens ni les hommes pour intervenir efficacement en Syrie. Elle est assez puissante pour dominer sur un front (qu’il s’agisse du front syrien entre 2015 et 2018 ou du front ukrainien aujourd’hui où elle est en train de prendre l’avantage), mais elle n’est pas assez forte pour gérer deux fronts en même temps.
Avant la guerre en Ukraine, la Russie jouait un rôle de stabilisateur au Moyen-Orient, au Caucase et en Asie centrale. Mais la guerre en Ukraine l’empêche de jouer ce rôle, comme le montrent la prise du Haut-Karabagh arménien par l’Azerbaïdjan en 2023 ou la chute de Bachar el-Assad. Quant à l’Iran, il est sorti affaibli de son récent duel avec Israël. Il en va de même pour le Hezbollah libanais très fortement étrillé par les éliminations ciblées, les bombardements israéliens et les combats avec Tsahal.
Erdogan et les rebelles ont donc su profiter d’un alignement des planètes unique et momentané. S’ils avaient attendu, il est probable qu’ils se seraient retrouvés dans une situation où la Russie, à la suite d’une éventuelle victoire en Ukraine, aurait été en mesure de sauver Bachar al-Asssad. De même, quoique très affaibli, le Hezbollah peut reconstituer ses forces à l’avenir, ce qui aurait pu lui permettre d’aider le président syrien.
De plus, la nouvelle administration Trump doit attendre le 20 janvier 2025 pour prendre les rênes des États-Unis. Or, Trump a choisi Tulsi Gabbard comme directrice du renseignement national. Le choix de cette Hawaïenne anciennement membre du Parti démocrate, jadis proche de Bernie Sanders, antiguerre et isolationniste convaincue, n’est pas une bonne nouvelle pour Erdogan. À la fois pro-israélienne, pro-arménienne, pro-russe, hostile à la cause ukrainienne, très proche du régime d’Assad, nuancée sur l’Iran, elle aura vraisemblablement à cœur d’essayer de contrecarrer les ambitions qu’Erdogan nourrit dans le Caucase au détriment des Arméniens. Elle aurait pu également soutenir Assad si l’offensive avait eu lieu après sa prise de fonction. Il était donc urgent d’agir.
Si, comme le pensait Thucydide, la politique est l’art de saisir le kaïros – le moment opportun –, alors Erdogan vient de démontrer qu’il était un maître en la matière.
Par Jean-Loup Bonnamy
Dans son analyse pour The Independent, Kiley revient sur la chute dramatique du régime Assad et explique notamment ce qui suit :
« Israël ne veut pas d’une Syrie stable, car l’État juif occupe le plateau du Golan syrien depuis 1967 et en a conquis davantage en 1973. Il ne permettra jamais à Damas de revenir sur les rives orientales de la mer de Galilée. »
Vraiment?
L’histoire et le bon sens suggèrent le contraire.
Mais peut-être que l’interprétation de Kiley repose sur ses propres préjugés concernant l’État juif. Il souligne qu’Israël a conquis une plus grande partie du plateau du Golan en 1973. Ce qu’il ne dit pas, c’est que, dans le cadre de l’accord de désengagement susmentionné, Israël a restitué tout ce territoire supplémentaire – une vérité gênante qui ne cadre pas avec le portrait que Kiley dresse d’Israël comme un colonisateur agressif.
Il y a une raison pour laquelle Israël a annexé le plateau du Golan , et ce n’est pas l’accaparement des terres que suggère Kiley. Avant 1967, le plateau stratégique situé à 2 600 mètres au-dessus d’Israël permettait à la Syrie de dominer les communautés les plus septentrionales d’Israël. Les tirs d’artillerie syriens ont régulièrement touché le nord d’Israël et des hostilités intermittentes ont éclaté, les deux camps faisant des incursions sur le territoire de l’autre. Les forces syriennes ont régulièrement attaqué les agriculteurs israéliens. Entre 1950 et 1967, environ 370 Israéliens ont été touchés par des tirs syriens, et 121 ont été tués.
Après la conquête du territoire lors de la guerre des Six Jours, l’avantage de la hauteur et la position stratégique du plateau du Golan ont fait que le territoire ne pouvait plus être utilisé pour tirer sur le nord d’Israël. C’est pourquoi il existe une opposition quasi unanime à la cession de ce territoire à la Syrie, qu’elle soit dirigée par un dictateur comme Bachar al-Assad ou par des djihadistes qui pourraient potentiellement permettre à des groupes extrémistes de construire des infrastructures terroristes à la frontière d’Israël, de la même manière que le Hamas et le Hezbollah l’ont fait à Gaza et au Liban respectivement.
En fin de compte, l’analyse de Sam Kiley est à la fois erronée et biaisée. Pour un rédacteur en chef de la rubrique Affaires internationales, Kiley semble avoir une vision floue des affaires internationales.
JForum.fr avec HonestReporting
Agnès Pinard Legry - publié le 10/12/24
https://fr.aleteia.org/2024/12/10/syrie-sur-place-les-chretiens-se-veulent-rassurants
Les minorités chrétiennes présentes en Syrie sont-elles menacées par la coalition de groupes rebelles, menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), qui a entrainé la fuite de Bachar al-Assad après une offensive éclair début décembre ? Elles semblent en tout cas, pour le moment, rassurées. Les responsables de toutes les Églises et communautés religieuses présentes à Alep, en Syrie, ont eu le 9 décembre une deuxième rencontre avec les représentants des groupes armés qui ont pris le contrôle de la ville. "Nous étions tous présents : évêques, puis prêtres et religieux", a déclaré à l'agence Fides le jésuite Antoine Audo, évêque chaldéen d'Alep, parlant d'une "rencontre très positive".
Cette rencontre a eu lieu dans l'église et le couvent franciscains où se trouve également le vicariat apostolique des catholiques de rite latin. "Leur intention, rapporte Mgr Audo, semble être de donner confiance. Les attentes sont bonnes", surtout si l'on tient compte du fait que "nous sommes maintenant dans une impasse : il n'y a pas d'électricité, tout est cher, il est difficile de manger pour beaucoup de personne". Lors de cette réunion, "on nous a assuré que la relation entre eux et la famille chrétienne serait bonne", a de son côté affirmé au micro de France info Mgr Georges Assadourian, évêque arménien catholique de Damas. Lors de cette rencontre, "on nous a assuré que la relation entre eux et la famille chrétienne serait bonne", reprend-t-il en ajoutant : "On n'aura pas de problème".
Ils essaient de donner confiance en se montrant respectueux de nos traditions et de nos prières.
Les groupes rebelles à l’origine de la fuite de Bachar al-Assad ne manifestent pour le moment aucune volonté d'imposer quoi que ce soit aux communautés chrétiennes, poursuit l’évêque chaldéen d’Alep. "Au contraire, ils essaient de donner confiance en se montrant respectueux de nos traditions et de nos prières. Je leur ai dit que nous, chrétiens arabes, représentons une réalité unique dans l'histoire et dans le monde. J'ai rappelé quelques exemples de l'histoire des Arabes musulmans avec les chrétiens, et de la contribution des chrétiens à cette histoire", poursuit-il. "J'ai ajouté que le statut des "Dhimmi" (membres non musulmans d'un État guidé par la loi islamique, ndlr) peut être interprété dans un sens négatif et dans un sens positif, que les chrétiens ne peuvent pas être des citoyens de seconde zone et que nous devons travailler ensemble. Ils semblaient très intéressés par ces considérations."
"Au tout début des combats, quand les grandes villes sont tombées, nous avons eu peur, nous ne voulions pas vivre la guerre une autre fois", a reconnu auprès d'Aleteia ce 9 décembre le père Jacques Mourad, archevêque d'Homs, lui-même fait otage par Daesh en 2015. "Mais aujourd'hui, on se sent en paix. C'est la première fois que je vis pleinement ce sentiment de liberté. Certains chrétiens ont peur, mais une majorité pense que la chute du gouvernement d'Assad rendra la dignité à notre peuple et entraînera un vrai renouvellement." Sous le gouvernement de Bachar Al-Assad, la minorité chrétienne bénéficiait de la liberté de culte, mais "la discrimination était omniprésente dans tous les aspects de la vie". Et le père Jacques Mourad de poursuivre : "Là, nous avons des raisons d'espérer qu'une égalité de traitement entre tous les citoyens puisse advenir."
Mais certaines voix demeurent prudentes, voire inquiètes. "Ceux qui ont pris le pouvoir sont des islamistes. Nul ne connaît leur projet, mais ce qui est certain, c’est [...] qu’ils vont donc devoir composer avec d’autres forces pour exercer le pouvoir", s'est inquiété Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’O
rient et vicaire général de l’ordinariat des catholiques orientaux en France, dans La Croix. "On connaît, en revanche, le passé violent de ces groupes islamistes. Les chrétiens ne peuvent donc qu’être prudents." "Il ne faut pas croire que les chrétiens sont une catégorie homogène : certains viennent d’être libérés des prisons du régime et partagent le sentiment de libération d’une partie des Syriens, d’autres ont pu être proches du pouvoir", raconte-t-il. "Le temps est encore flottant pour les chrétiens, mais les évêques restent et appellent au calme."
Ruth Michaelson dans "The Guardian"
https://www.theguardian.com/global-development/2024/dec/10/syrian-activist-who-symbolised-assad-brutality-found-dead-in-sednaya-prison
Lorsqu’il s’adressait aux dirigeants et dans les amphithéâtres du monde entier, le visage de Mazen al-Hamada racontait l’histoire de la torture brutale infligée par le régime de Bachar al-Assad. La découverte du corps du militant syrien à l’intérieur de la tristement célèbre prison de Sednaya, dans la banlieue de Damas, a apporté la nouvelle qu’il n’a jamais vécu pour voir sa chute.
Les yeux enfoncés et le visage hanté de Hamada, ses larmes alors qu’il décrivait la profondeur des horreurs qu’il a vécues, ont fait de lui un symbole des crimes commis par le régime d’Assad contre ceux qui s’exprimaient contre lui. Hamada a été détenu et torturé aux côtés de dizaines de milliers de personnes après le soulèvement de 2011 contre le régime d’Assad.
« Mazen avait enduré une torture si cruelle, si inimaginable, que ses récits avaient un poids presque surnaturel. Quand il parlait, c’était comme s’il regardait la mort en face, suppliant l’ange de la mortalité pour un peu plus de temps », a écrit l’ami de Hamada, le photographe et réalisateur Sakir Khader.
Il « est devenu l’un des témoins les plus importants contre le régime d’Assad », a-t-il dit.
Des détails sur l’échelle industrielle des centres de détention et de torture gérés par l’État syrien font maintenant surface après le renversement d’Assad.
Le Réseau syrien des droits de l’homme (SNHR) a enregistré 15 102 décès causés par la torture dans les prisons gérées par le régime entre mars 2011 et juillet de cette année. Il a déclaré que 100 000 autres personnes étaient portées disparues et que l’on pensait être détenues, et que certaines pourraient être retrouvées maintenant que les populations carcérales ont été libérées.
Fadel Abdulghany, le chef du SNHR, qui suit les personnes qui ont été « disparues de force », s’est effondré en direct à la télévision cette semaine lorsqu’il a déclaré que les 100 000 personnes étaient probablement « mortes sous la torture » en prison.
Hamada a été libéré en 2013 et a obtenu l’asile aux Pays-Bas en 2014, après quoi il a commencé à faire le tour des capitales occidentales, faisant pleurer le public en leur montrant ses cicatrices et en décrivant ce qu’il avait enduré aux mains des autorités syriennes.
Dans le documentaire appelé "Les disparus de Syrie", il a pleuré devant la caméra en disant : « La loi leur demandera des comptes. Je ne me reposerai pas tant que je ne les aurai pas traduits en justice et que n’aurons pas obtenu justice».
Mais, selon ses amis et ses partisans, Hamada a été affecté par l’inaction du monde. Sara Afshar, qui a réalisé Disparus en Syrie, a partagé une photo de lui recevant une ovation debout pour son témoignage. « Il a émut les gens, et il parlait encore et encore. Pourquoi le monde n’a-t-il pas agi ? Pourquoi ? » a-t-elle demandé.
Puis, dans une décision qui a terrifié et dérouté ses amis et s’est répercutée sur la communauté des exilés dissidents, Hamada a disparu au début de 2020 après avoir apparemment décidé de retourner en Syrie.
Le fait que quelqu’un qui avait connu le pire des chambres de torture en Syrie choisisse de revenir a conduit beaucoup de gens à croire qu’il avait été incité par des éléments du régime d’Assad à le faire pour l’empêcher de s’exprimer.
« Assad porte la culpabilité principale, mais le gouvernement néerlandais est coresponsable de sa mort », a déclaré Khader, qui pensait que le système d’asile néerlandais avait échoué envers son ami. Les autorités néerlandaises, a-t-il affirmé, ont ignoré les souffrances de Hamada et ont coupé son soutien. « Il considérait le retour à Damas comme sa seule option », a déclaré Khader
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Le ministère néerlandais des Affaires étrangères a détaillé le cas de Hamada, affirmant qu’il était « retourné en Syrie » et que l’on ignorait où il se trouvait, dans un rapport sur la Syrie un an plus tard, mais n’a pas commenté ce qui l’avait poussé à partir. Les Pays-Bas ont été l’un des pays à annoncer cette semaine qu’ils cesseraient de traiter les demandes d’asile et de séjour des Syriens.
Hamada a disparu peu après son arrivée à Damas, alors que des indications indiquaient qu’il avait de nouveau été détenu par l’État. Ses amis, sa famille et ses partisans espéraient qu’il pourrait être retrouvé vivant et pouvoir sortir de l’expansion du système carcéral avec des milliers d’autres.
Mais la découverte de son corps a montré que Hamada était mort aux mains de ceux qu’il avait échappés, à Sednaya, considérée comme synonyme de la cruauté du système carcéral d’Assad. Amnesty International a décrit la prison comme un « abattoir humain », un lieu où des milliers de personnes ont été torturées, violées et tuées lors d’exécutions massives régulières.
Les forces rebelles ont déclaré avoir trouvé 40 cadavres empilés dans la morgue de Sednaïa montrant des signes de torture, avec une image circulant en ligne montrant Hamada parmi eux.
La découverte de son corps indique qu’il a probablement été tué peu de temps avant que les détenus ne soient libérés par les insurgés. Khader a décrit la souffrance de son ami comme « l’agonie inimaginable d’un homme qui est ressuscité d’entre les morts pour se battre à nouveau, pour être condamné à une mort lente à l’ouest ».
Sandra Salomon : La prison de Sednaya s’ouvre et libère ses prisonniers dont certains sont enfermés depuis 40 ans. Cette prison de Sidnaya dit toute l’horreur du régime tortionnaire et criminel d’Assad. Haut lieu d’une répression monstrueuse organisant les conditions d’enfermement les plus atroces possible où les prisonniers vivaient une torture permanente quand ils ne mourraient pas à petit feu.
Dans les sous-sols de la prison de Sidnaya on découvre des cellules scellées par du béton avec une toute petite ouverture pour laisser passer l’air et une porte que seuls les gardiens pouvaient ouvrir bien entendu.
De minuscules cellules dans lesquelles des prisonniers étaient enfermés depuis des décennies, sans jamais voir la lumière du jour, indistinct de la nuit.
Les prisonniers ne sont pas tous encore libérés cependant. On découvre dans les étages souterrains des prisonniers enfermés dans des cellules dont les gardiens sont partis avec les sésames tandis que le système d’aération est coupé. L’horreur jusqu’au bout.
Dominique Bertin : J'ai entendu des informations qui disaient que certains prisonniers de longue date, libérés avaient oublié leur nom , le lieu de leur domicile , et toute leur histoire subjective
Sandra Salomon : Oui, des hommes détruits par des années de torture et de traitements inhumains. Certains avaient perdu la parole.
Affaiblissement de la Russie par Catherine Pederzoli-Ventura le 3/12/2024
La tentative de déclencher un conflit au Moyen-Orient pour y attirer Israël et détourner l’Occident de l’Ukraine s’est avérée être un coup dur pour Poutine.
Après plusieurs coups durs portés au Hezbollah, Israël a considérablement affaibli le groupe, et Bachar al-Assad s’est appuyé sur lui entre autres. L'affaiblissement des forces a été utilisé par les rebelles qui combattent Assad. Les troupes gouvernementales se retirent et Alep est déjà sous le contrôle des rebelles. De nombreuses armes ont été saisies, y compris du matériel russe.
La Syrie a été un important bastion de la Russie dans la région, d'où étaient coordonnées les opérations au Moyen-Orient et en Afrique.
La Syrie était un important centre logistique, d'où étaient acheminées les armes et les spécialistes militaires russes, arrivant principalement par voie maritime via la mer Méditerranée.
La base aérienne de Khmeimim était également une installation importante. Cependant, en raison de la guerre en Ukraine, la capacité de la Russie à maintenir le contrôle de ses satellites a fortement diminué.
La Syrie est également devenue une sorte de « retraite » pour les généraux de l'armée russe qui se sont montrés tous médiocres, mais pour ceux qui se sont particulièrement distingués par des échecs majeurs. Ainsi, le groupe est actuellement commandé par Sergei Kisel, qui a été envoyé en Syrie après son échec à prendre Kharkiv.
Ce qui se passe en Syrie nuit principalement a la réputation de la Russie. C'est un signal envoyé aux autres pays que la Russie perd son emprise et que dans un avenir proche, il faut s'attendre à une augmentation des tensions dans d'autres lieux de conflits gelés. Géorgie, Moldavie, Tchétchénie, Daghestan - une liste de pays qui veulent quitter la Russie , et dès qu'il deviendra clair sur le terrain que la Russie n'a plus la force de les maintenir dans son orbite, une lutte pour l'indépendance et une lutte pour le pouvoir commenceront.La Russie est en train de craquer et va bientôt commencer à se déchirer là où elle est faible. Il faut augmenter la pression des sanctions sur l'économie, accroître le soutien à l'Ukraine et cela se produira plus tôt.
@GG_politzer 8 décembre
Le régime terroriste de Tel-Aviv tel un vautour voyant un cadavre frais est déjà en train d'envahir le sud de la Syrie , pendant ce temps les coupeurs de têtes d'Erdogan sont occupés a "casser" du kurde a Manjib.
@bruguigue (Bruno Guigue) :
La Syrie d'Assad était le pivot de l'axe de la résistance à la barbarie sioniste. Les takfiristes qui ont pris Damas sont au service de Tel Aviv. C'est si difficile à comprendre ?
@elfathiyou93 8 décembre : la CIA et israël ils ont créé Al-Qaïda qui est devenu DAESH qui est devenu ISIS qui est devenu HTC faut m’expliquer comment les occidentaux arrivent à en faire des alliés des ennemis et des monstres en même temps selon leurs relations avec le monde extérieur ?
@Danielkalombo : Un « rebelle » syrien accorde une interview à la chaîne israélienne 11 : « Chers voisins et amis de l'État ami d'Israël Il n'y aura pas d'extrémisme, nous partageons la même passion. Nous invitons Israël à venir en Syrie et à investir »
Mais la masse des Kurdes voudrait rejoindre la révolution et s’intégrer au mouvement. Il semble donc que le PYG qui est le bras armé et le prolongement du PKK, serait désavoué, comme l'ANS lié à Turquie. Ça c’est extrêmement important et une très bonne nouvelle.
Vincent Présumey
Manifestations massives à Deir Ezzor exigeant le retrait des forces armées des FDS-YPG et l'ouverture de la vil le à toutes les forces de la révolution syrienne.
Breacking news
Frontière Syrie-Liban : Des masses de chiites «réfugiés de la guerre en Syrie» se concentrent dans la zone du passage d'El Matsana et demandent aux Libanais de leur accorder l'asile au Liban.
Parmi les « réfugiés » figurent principalement des Irakiens, des Iraniens et des Afghans que l’Iran a « importés » en Syrie pour y renforcer la « colonie chiite ».
Actuellement, l’armée libanaise ne leur permet pas de passer.
Syrie , les islamistes DES qui ont libéré Alep avec l’ASL, de l’armée syrienne libre, ont rompu avec al-Quaïda depuis longtemps, ils se sont même battus contre, ils ont rompu avec le djihâd, ils se présentent comme un groupe national, et là où ils gouvernent une région ils le montrent, ils protègent les minorités et disent les protéger dans les zones conquises
Ils protègent en effet les minorités, chrétienne, druze et proposent aux Kurdes de les protéger, soit les Kurdes non embarqués par YPG, la milice qui lutte au côté d’Assad, et ils lancent un appel aux Alaouites
L’avenir dira ce qu’il en est.
Si effectivement ils tiennent leurs promesses et si les Kurdes acceptent leur protection, dans une logique de réconciliation des Syriens, c’est à dire ceux qui n’ont pas pris les armes pour soutenir el-Assad, ( les FDS-YPG) la Syrie pourra se réunifier sans Assad.
Mais d’ores et déjà , un signe, les minorités syriennes soutiennent l’insurrection anti- Assad. Le problème c’est évidemment la Turquie, sa présence et son aide avec ses milices car la Turquie a fait des Kurdes son ennemi privilégié et sa cible 1ère.
Breaking news le 15 décembre :
Le président turc Erdogan, lors de son discours à Sakarya a déclaré dans sa langue de merde, qu'il inversera les résultats de la première guerre mondiale. Idlib syrien, Alep, Damas ety Raqqa qui faisaient parties de l'mpire Ottoman jusqu'en 1918 reviendront des provinces turcs a déclaré Erdogan.
Jforum avec Ynet 13 décembre 2024
Les combattants décrivent que les habitants syriens des villages les ont accueillis avec une belle hospitalité. « Ils ne nous ont pas jeté de riz ni de bonbons, mais beaucoup d’entre eux ont exprimé un soupir de soulagement après la chute du régime d’Assad et se souviennent de l’aide que nous leur avions apportée au cours de la décennie précédente, pendant la guerre civile. Les résidents syriens continuent ici, et certains d’entre eux, qui avaient peur de nous parler pendant des années de la présence des soldats d’Assad, ils nous parlent maintenant ouvertement et sans peur, tout en cultivant leurs terres et en prenant soin de nous et de leurs moutons. »
Les combattants se sentent à l’aise dès les premiers jours: ils se promènent sans casque, la réception téléphonique est relativement bonne, l’ambiance est bonne, il n’y a pas de menace terroriste, mais la vigilance est maintenue : un des combattants, un un tireur d’élite et un soldat solitaire du 101e bataillon, s’empare de la hache de guerre qui était utilisée jusqu’il y a cinq jours par un soldat syrien et l’observe à travers de longues jumelles. Selon lui, « je sais très bien que ce n’est ni Gaza ni le Liban, c’est quelque chose de complètement différent ».
La zone tampon est pratiquement un territoire syrien, avec environ sept villages et villes comme Jubta al-Hasab, la vieille Quneitra, Jamla, Khader et aussi Kodana, dont les habitants syriens voient ces jours-ci les soldats de Tsahal entre leurs champs et leurs anciennes terres. des maisons en terre battue, comme s’il s’agissait d’une chose naturelle et routinière.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les combattants de l’armée d’Assad ont abandonné leurs postes à la frontière avec Israël. Après un bref briefing et l’embarquement dans les camions, ils ont commencé à fuir vers l’est après avoir été avertis par les rebelles arrivés dans la zone, en provenance de Daraa. Les soldats de Tsahal étaient préparés à l’entrée selon une procédure de combat accélérée et le lendemain, en quelques heures et sans combat, ils ont traversé la troisième frontière de l’année écoulée, après avoir combattu à Gaza et au Liban.
Cette fois, les soldats de Tsahal étaient attendus par un ancien avant-poste rouillé avec trois chars hurlants et sept missiles antichar, des tranchées de combat vétustes abandonnées en un instant, des résidents étrangers qui les accueillaient avec un sourire détendu et surtout un sourire différent, et un sentiment plus optimiste que celui qu’ils ont rencontré dans les champs de bataille et les quartiers détruits – dans l’enveloppe de Gaza, puis à In Aliya et Khan Yunis, et jusqu’à il y a seulement une semaine environ dans les bastions du Hezbollah Al-Khyam et Al-Adaisa.
Le général de brigade Palai, commandant de la division 210 qui contrôle le secteur, a déclaré : « Nous continuerons à protéger et à suivre toute menace – la mission qui est sous nos yeux : protéger les citoyens d’Israël et du Golan »
Cette demande de rattachement marque un changement radical d'attitude chez les habitants de Hader, autrefois fidèles au régime Assad
Hader (10 à 12000 habitants avant guerre) présente une situation particulière : le village a été séparé lors de la guerre des Six Jours des quatre autres villages druzes passés sous contrôle israélien - Majdal Shams, Messaada, Buqaata et Ein Kiniya. En 2017, après une attaque meurtrière ayant fait neuf victimes, Tsahal s'était engagé publiquement à "protéger les Druzes et empêcher l'occupation du village syrien de Hader".
Cette demande de rattachement marque un changement radical d'attitude. Les habitants de Hader, autrefois fidèles au régime Assad, s'étaient même opposés violemment à Tsahal, notamment lors d'opérations menées avec le Hezbollah. Des incidents en 2013 et 2015 avaient fait plusieurs victimes, dont quatre villageois tués alors qu'ils préparaient une attaque.
Cette demande intervient dans un contexte plus large de soulèvement druze. La semaine dernière déjà, la communauté prenait le contrôle d'al-Sweida, bastion druze historique, après des affrontements avec l'armée syrienne. Cette action, approuvée par le chef spirituel druze Sheikh Hekmat al-Hajri, a notamment permis la libération de prisonniers du régime.
Le commandant de la force ayant pris al-Sweida, Cheikh Lui, a souligné que cette action contre le régime était coordonnée avec l'organisation rebelle "Hayat Tahrir al-Sham", acteur clé dans la chute de Damas.
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Un événement inattendu dans le village druze de Hader, situé du côté syrien du plateau du Golan, a suscité une large attention. Lors d’un congrès rassemblant des dignitaires locaux, un appel officiel à un rattachement à Israël a été formulé, provoquant une onde de choc dans la région. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent un orateur, s’exprimant devant une foule, déclarer : « Au nom de tout le peuple de Hader, si nous devons choisir, nous opterons pour le moindre mal : être annexés au Golan israélien ! »
L’intervenant a justifié cette position en présentant Israël comme une alternative préférable aux menaces imminentes des milices islamistes, qui, selon lui, pourraient s’emparer des villages, mettant en péril leurs familles et leurs biens. « Nous sommes avec ceux qui préservent notre dignité… Nous demandons à être annexés au Golan pour échapper à l’injustice et à l’oppression », a-t-il affirmé, une déclaration accueillie par des acclamations unanimes des participants.
Selon des sources syriennes citées par The Jerusalem Post, cette initiative s’explique par la situation particulière des villages druzes du Golan syrien, qui sont restés fidèles au régime d’Assad. Toutefois, avec la chute du régime, ces populations redoutent des représailles de la part des opposants au gouvernement syrien. Ils en appellent à Israël pour garantir leur sécurité, tout en espérant que leur passé pro-Assad ne ternira pas leurs intentions actuelles.
Le Dr Yusri Khaizran, spécialiste des études moyen-orientales au Shalem College et à l’Université hébraïque, met cet appel en perspective avec ce qu’il appelle « la désintégration progressive de la Syrie ». Selon lui, bien que l’État syrien persiste officiellement, son territoire est de facto morcelé sous le contrôle de diverses milices. Dans ce contexte, la proximité des Druzes de Hader avec Israël et leurs liens familiaux avec la communauté druze israélienne ont joué un rôle crucial dans leur demande.
« Pendant des années, Israël a maintenu un équilibre subtil dans la région. D’un côté, il a établi des ententes tacites avec les groupes rebelles du Golan, mais, de l’autre, il a protégé les Druzes de Hader contre les menaces islamistes en vertu de son engagement envers la communauté druze israélienne », explique Khaizran.
La communauté druze en Israël, bien que la plus petite parmi les Druzes du Moyen-Orient, joue un rôle central dans la résilience de ses homologues syriens. Khaizran souligne que les dirigeants spirituels druzes en Israël, notamment Cheikh Muwafaq Tarif, ont constamment plaidé en faveur des Druzes en Syrie. Ces efforts incluent des discussions récentes avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le leader émirati Cheikh Mohamed Bin Zayed, visant à mobiliser un soutien diplomatique et humanitaire.
Concernant leurs aspirations politiques, Khaizran estime que les Druzes de Syrie ne visent pas nécessairement à créer un État indépendant. « Ils aspirent plutôt à une autonomie complète, comme ils l’avaient jusqu’en 1954, et cherchent avant tout à éviter les incursions des forces islamistes dans leurs territoires », précise-t-il.
La chute du régime d’Assad et l’affaiblissement du Hezbollah représentent des opportunités stratégiques pour Israël, bien que le pays reste vigilant face à l’influence turque croissante en Syrie. Selon Khaizran, ces évolutions renforcent la position d’Israël dans la région et permettent d’envisager un soutien accru aux Druzes du Golan syrien.
Cette situation inédite illustre les profondes mutations du paysage politique syrien et souligne le rôle croissant d’Israël en tant que garant potentiel de stabilité pour certaines minorités de la région.
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