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Derière mise à jour
17-Déc-2024
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La Alaouites, vivent dans la région de Lattaquié au bord de la Méditerranée près du Liban, où ils forment la majorité de la population. Mais ils ne représenteraient en tout que 10 % de la population syrienne.
C'est issu de cette minorité alaouite que le clan Assad a pris le pouvoir, en 1970 en jetant ses opposants en prison, et depuis Hafez, puis son fils Bachar ont imposé une dictature absolue. Le régime s'est maintenu par la terreur, en s'appuyant sur les minorités et en méfiant de la majorité sunnite du pays. La famille Assad contrôlait toute l'économie, l'armée et l'administration. Bachar El Assad avait conclu un accord stratégique avec la Russie qui disposait d'une base navale à Tartous, et de bases aériennes puissantes.
Les minorités chrétiennes et druzes soutenaient le régime, car elles ont peur de l'état islamique, dont les idées ont souvent contaminé la majorité sunnite.
Depuis 2011, des révoltes sunnites ont entrainé une guerre civile aux conséquences épouvantables. Les rebelles sunnites étaient sur le point de gagner la guerre quand les interventions Russes, iranienne, et de milices chiites comme le Hezbollah ont réussi à sauver le pouvoir d'Assad.
La Révolte ayant affaibli le régime, l'État Islamique s'est implanté au cœur du pays, et il a fait de Raqqa sa capitale. Les kurdes ont été héroïque contre DAESH en particulier à la bataille de Kobané, et ont réussi à contrôler une grande partie de la frontière Turque. Ils ont obtenu une certaine autonomie de fait, avec l'aide américaine, au grand dam des Turcs, qui combattent tout ce qui peut ressembler à la moindre autonomie kurde, chez eux, en Syrie ou en Irak.
L'aviation Russe a écrasé Alep, les quartiers rebelles de Damas, et toutes les villes où les rebelles sunnites ou démocrates, s'étaient installées. La répression, a été sans pitié. Il y aurait eu près de 500 000 morts, et 60 % de la population a été obligé de fuir. Un réfugié sur quatre dans le monde est syrien. Plus de six millions de syriens sont réfugiés à l'étranger, en particulier en Turquie et au Liban où leur situation est difficile. En effet, ces miséreux sont un coût pour le contribuable, et la population locale leur est de plus en plus hostile.
Parallèlement, le régime a fait venir des chiites pour repeupler le pays, on dit que lorsque le gouvernement ne plait plus au peuple, on change le gouvernement, mais Assad a innové, il a tenté de changer le peuple
Fin novembre 2024, la Syrie paraissait clame, les Kurdes autonomes tentaient de contenir les invasions turques, l'ordre régnait sur les prisons, mais toutes les milices n'avaient pas déposées leurs armes, et la région d'Idlib était restée au main de rebelles sunnites, HTS => Hayat Tahrir al Sham qui est le nouveau nom d'Al Nostra, mouvement islamiste violent de la guerre civile.
Lorsque l'armée israélienne a réussi à éliminer Sheikh Nassralah, on a été surpris en Israël de voir qu'à Idlib, les miliciens sautaient de joie et tiraient en l'air pour fêter l'événement. Le Hezbollah qui terrorisait les milices sunnites était perdu.
Israël aussi avait obtenu une victoire militaire importante sur l'Iran. En réaction à une attaque massive et avortée de missiles lancés sur Israël, l'aviation de l'état hébreu avait foncé sur l'Iran et détruit ses défenses, en particulier ses radars. L'Iran n'avait plus les moyens de voler au secours de son allié Syrien.
D'un autre côté, l'aviation Russe n'était plus renouvelée, car la priorité du Krémlin c'est la guerre en Ukraine qui n'en finit pas. Assad ne pouvait plus compter sur les Russes.
Les dirigeants d'HTS avaient abandonné le terrorisme, pour se constituer en armée, et dans ce but avaient formé ses cadres en Ukraine... vouloir taper sur les russes, était en soi un motif suffisant pour convaincre les ukrainiens !
Donc Assad était nu, ni la Russie, ni l'Iran et encore moins le Hezbollah n'avaient les moyens de venir au secours du tyran.
La Turquie armait l'HTS, milice sunnite, qui devait combattre le régime laïque d'Assad. en échange, la Turquie espérait bien étendre son occupation sur le nord Syrien et renvoyer dans leur pays les millions de réfugiés qui syriens qui lui coûtaient cher à entretenir. Ce serait pour eux une occasion en or pour taper encore davantage sur les malheureux Kurdes, qui n'aurait plus de protection de la part du régime Syrien.
Le départ des réfugiés serait bien vu par les électeurs turcs, ce qui consoliderait le trône du futur Sultan de la Divine Porte.
La population syrienne, a fêté un peu partout la chute du Tyran. On a beaucoup dansé, tiré en l'air avec des kalachnikov. un peu partout ce fut l'ambiance de fête. Le premier acte du nouveau pouvoir a été de libérer les prisonniers sans condition. Certains ne savaient même plus qui ils étaient ! ! Un foule de personne a espéré pouvoir revoir des disparus, hélas, comme au retour des camps de concentration, il y a eu beaucoup d'appelé et peu d'élus, le nombre de victimes syriennes morts dans les prisons d'Assad s'élèverait à plus de cent mille.
HTS => Hayat Tahrir al Sham a l'habitude du pouvoir, il a gouverné Idlib, en mettant en place une administration civile. Son historique fait peur. Ses origines sont Al Nostra proche de l'État Islamique. Il s'en est détaché mais reste très attaché à l'intégrisme islamique. Le nouveau ministre de la justice a annoncé par exemple que les femmes juges devaient démissionner.
A côté de cela, il a réuni à l'Alep ce qui reste de la très importante communauté chrétienne, et a promis la tolérance. Toutefois, à Idlib, il avait interdit aux religieux chrétiens de porter des tenues ostentatoires, c'est à dire de s'habiller en prêtre ou en moine.
Hayat veut dire organisation. Tahrir veut dire libération al-Sham c'est la grande Syrie qui comprend la Syrie, le Liban, Israël-Palestine, et la Jordanie.
C'est à dire que l'organisation n'est pas rassurante pour ses voisins, et l'on connaît les intrusions syriennes au Liban, et sa tradition antisioniste.
Israël se méfie, Tsahal a profité de l'incapacité de défense de la Syrie, pour occuper les zones démilitarisées autour du Golan, et pour* détruire tout ce qui pourrait le menacer, en particulier la faible flotte, les avions de guerre, les usines où Assad fabriquait des gaz asphyxiant dont il s'est servi contre son propre peuple.
Les chrétiens acceptent le nouveau pouvoir qu'ils accueillent avec inquiétude. Ils espèrent la paix, et sont satisfaits des promesses d'HTS mais restent prudents, un islamiste reste un islamiste.
Les alaouites sont angoissés, ils espèrent de l'indulgence de la part d'HTS, et en cas de problème, ils ne voient pas vers qui se retourner.
Les druzes ont leur propre milice, et ont étendu leur territoire, ils souhaiteraient obtenir une large autonomie dans une Syrie unifiée. Toutefois, les habitants de Hader, un gros bourg de dix mille habitants, n'ont aucune confiance en HTS. Quitte à être gouverné par le diable, ils préfèrent le diable sioniste au diable islamiste, et leur maire à demandé à Israël d'annexer la commune, afin qu'elle puisse rejoindre les gros bourgs syro-druzes du Golan israélien où beaucoup ont de la famille.
Les Kurdes sont menacés . Leur courage leur permet de combattre Al Qaïda, mais leurs forces ne peuvent résister à la puissante armée Turque. Erdogan considère que tout mouvement Kurde est un mouvement terroriste, proche du PKK qu'il combat de toutes ses forces. Le soutien américain les réconforte, et ils ont pris de contrôle de Deir Ez-Zor là où la Syrie a du pétrole. Le retrait d'Afghanistan a montré la faiblesse du soutien US, qui est davantage intéressé par le pétrôle que par les gens. Aussi, des dirigeants Kurdes ont-ils lancé des appels désespérés à Israël, afin qu'il prenne leur défense.
Les Turcs parrains d'HTS rêvent de reconstituer l'empire Ottoman, on diffuse en Turquie des cartes où la Syrie est annexée. Leur volonté de détruire le sentiment national kurde n'a guère de limite, mais sert de prétexte à envahir des zones de plus en plus importantes du territoire syrien. Il n'est pas sûr que si le régime d'HTS se mettait solidement en place qu'il apprécierait indéfiniment les empiètement turcs. Il est aussi surprenant que la "communauté" internationale, si sourcilleuse face aux empiétements israéliens sur des terres arabes soit aveugle et muette devant les avancées turques aussi bien à Chypre qu'en Syrie.
Il y a une fierté nationale arabe peu compatible avec les volontés hégémoniques turques. L'Iran ne sera pas en mesure de limiter les ambitions ottomanes.
Dans ce cadre, la destruction par Israël de l'armée syrienne, par peur des islamistes sunnites n'est peut être pas une mesure heureuse, la Syrie aura besoin d'un armée pour chasser les turcs de chez elle ! et si elle échouait, les armées d'Erdogan feraient planer une menace redoutable pour les israéliens... qui pourraient être sauvés par l'Iran, si les opposants réussissaient à chasser les Ayatolahs ! mais là on entre dans la politique fiction.
Michel Lévy