Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

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Derière mise à jour 25-Fév-2024
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Israël octobre 2023 (2)

C'est le jour de la fête de la Torah que les islamistes de Gaza ont attaqué Israël en envoyant des milliers d'assassins laisser libre cours à leur sadisme contre de paisibles villageois, et contre des jeunes venus par milliers pour danser et s'amuser. Nous étions à l'abri, chez nos enfants, et nous devions gérer notre stress et jouer pleinement notre rôle de grands parents.

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Vendredi soir, 6 octobre 2023, nous avons pris un bon repas en famille, ma petite fille de Kyriat Arba était venue avec son mari et son bébé qui était presque né, après avoir bu, mangé, chanté, et bavardé plus que raison nous sommes allé nous coucher.

On fait souvent des rêves lourds le vendredi soir, surtout quand on fait un trop bon repas, et cette nuit j'ai fais un rêve étrange, une voiture de police passait dans la rue, et faisait un bruit pas possible, comme à New York dans les films policiers . Quand brutalement ma fille est entré dans la chambre en nous disant «Vite ! il y a une alerte ! venez vite dans le mamad».
Nous étions le 7 octobre 2023 à six heures du matin.

Le Mamad, est la chambre forte, généralement en béton armé avec une porte blindée qui est obligatoire dans tous les appartements israéliens construits depuis des décennies dans chaque logement, ainsi que dans tous les lieux accueillant du public : écoles, bureaux, synagogues etc...

Au bout de cinq à dix minutes, nous sommes partis nous recoucher, très étonnés, il n'y a jamais d'alertes à Beith Shemesh qui est relativement éloignée de Gaza, et encore plus du Liban où domine le Hezbolah.

Ce samedi était un jour de grand fête, Simh'at Torah, la fête de la Torah, ce jour là, dans toutes les synagogue du monde, on termine la lecture annuelle du pentateuque (les cinq livres de Moïse) et on recommence la lecture du même livre. Le dernier mot de la Torah est "Israël" et le premier mot "Berechit" qui veut dire au commencement.
Donc on termine par la lettre L=ל (Lamed en hébreu) et aussitôt, on commence par la lettre B=ב... et en hébreu לב qui veut dire cœur... tout un programme !

Après avoir pris un copieux petit déjeuner, plein de gâteaux, et traîné un peu à la maison, question de ne pas subir un office trop long, je me suis rendu à la synagogue de mon gendre.

On y lisait la torah, comme toutes les semaines, mais à Simh'at Torah tout le monde est appelé, et le rabbin lit un petit passage en votre honneur, et vous apporte une bénédiction pour vous remercier d'avoir remercier notre créateur de nous avoir donné la Torah. Les membres de la communauté étaient dans la cour, le rabbin m'a appelé, m'a béni, mais j'ai senti que tout ne se passait pas comme d'habitude, on parlait d'abréger la prière.

On allait commencer à danser avec les rouleaux de la torah quand à nouveau une sirène a retenti. La sirène en Israël sonne comme les voitures de police dans les séries américaines. Alors aussitôt, tout le monde s'est réfugié dans le Mamad, nous y étions en bonne compagnie, il y avait tout le repas prévu pour les fidèles : le Houmous, les cornichons, les salades tchoutchoukas, les cacahouètes, du hareng, de la charcuterie, et un énorme «Tchoulent» sorte de gâteau fait de blé, d'orge, de viande, de légumes et d'un tas d'autres choses qui a cuit toute la nuit, et qu'on mange le samedi matin..

Au retour dans la cour, la rumeur a commencé à enfler, "On a été attaqué ! " et on a vu des jeunes quitter précipitamment la prière sans que nous ne sachions trop pourquoi. En fait il y avait de jeunes soldats en permission à l'office, et ils avaient sur eux leur arme de service, un grand fusil d’assaut bien visible, mais plus caché, ils avaient leur téléphone, et ils ont reçu pendant la prière l'ordre de rejoindre immédiatement leur unité. Tous les réservistes ont reçu un tel message.

L'office s'est terminé rapidement, j'ignore si la communauté a pris comme d'habitude son repas en commun, car nous devions manger en famille. Sur le chemin de la maison, j'ai vu un jeune papa en uniforme, entouré de ses deux petits enfants, se faire bénir par son père, il partait se battre. Trois cent mille hommes ont été mobilisés en moins de quarante huit heures.

Nous avons mangé dans l'inquiétude, on sentait quelque chose de grave, mais quoi ? les juifs orthodoxes n'allument ni la radio, ni la télévision, ni leur smartphone pendant les fêtes religieuse, cependant, le drame transpirait. Il n'y avait personne dans les rues, la peur des missiles était réelle, et le parc Ayalon, toujours plein d'enfants et de familles le Shabbat était vide. Il y a eu sept alertes aux missiles ce jour là à Beith Shemesh.

Le drame du 7 octobre 2023

La frontière de Gaza était plutôt calme depuis un certain temps, aussi sur les conseils des services de renseignement, Benjamin Nethanyu avait décidé de donner son accord à deux revendications du Hamas, d'une part l'autorisation donnée aux agriculteurs gazaouis de cultiver leurs terres jusqu'à la barrière de sécurité, et d'autre part d'autoriser 30 000 travailleurs frontaliers supplémentaires de Gaza à venir travailler en Israël.

Depuis quelques jours, des observateurs israéliens avaient remarqué de mouvements suspects du côté de la barrière de fils de fer barbelés qui sépare Gaza d'Israël, ils ont transmis les informations, l'enquête déterminera pourquoi les responsables de la sécurité n'en ont pas tenu compte. Il faut savoir que cette barrière est étroitement surveillée, et que même une souris ne peut la franchir sans se faire remarquer par des équipes de militaires en poste derrière leurs ordinateurs. Ces équipes avaient bien remarque quelques dysfonctionnements mineurs et passagers, mais n'y avaient pas fait attention.

Or, pendant la nuit du 6 au 7 octobre, toutes les caméras de surveillances ont été "hackées", c'est à dire que des ingénieurs liés au Hamas ont remplacé les films des caméras par des images fixes. En même temps des drones détruisaient les caméras de surveillance. Aussitôt des tracteurs détruisaient en plusieurs endroits la barrière de barbelés, et des voitures, des motos, et des camions ont franchi la frontière chargés de combattants. On a parlé de deux à trois mille personnes.

Je n'ai ni l'envie, ni le courage, de vous décrire ce qu'ils ont fait, ils ont massacré plus de trois cents jeunes qui dansaient au cours d'une rave partie, ils sont entrés dans des villages, ont violé les femmes, avant de les égorger, et filmé leurs crimes pour les envoyer sur les smartphone de leur famille à tout leur carnet d'adresse, (Ils s'étaient munis à cet effet de caméra "gopro" afin d'avoir les mains libres pour tuer). Ils ont brûlé vivants des familles entières, des abominations dignes des nazis, plus de mille civiles assassinés ! ! et ils ont emmené des centaines de villageois en otage, de tous âges et sexes, des bébés et des vieillards. Vous trouverez des détails dans la revue de presse. Les villages attaqués étaient souvent connus pour leur sympathie envers les palestiniens, et leurs actions humanitaires envers les Gazaouis.

 
« L'attaque terroriste au festival de musique Nova » de Zoïa Tcherkasski, octobre 2023.
parue dans "The Times of Israel"

A Beith Shemesh a été épargné

Édith et moi, étions donc chez nos enfants pour un mois, et nous avons vécu les jours suivants dans une ambiance très particulière. Comme vous pouvez vous en douter, les forces militaires israéliennes n'ont pas tardé à réagir, d'abord chasser les assassins autour de Gaza, et puis ils ont commencé à détruire l'orgueil de Gaza, ses tours symboliques, et ses infrastructures militaires.

Il n'y avait plus d'école, et le télétravail était de rigueur, on ignorait combien de terroristes avaient franchi la frontière, si d'autres ne viendraient pas de la Cisjordanie tout proche, aussi on se barricadait dans la maison, et on évitait de sortir. Nous étions terriblement stressés, et les smartphone diffusaient en continue des messages sur watsapp nous donnant les dernières informations. On savait minute par minute où des missiles et des roquettes étaient menaçantes. Ce sont des milliers et des milliers de projectiles meurtriers qui ont été tirés sur les villes Israéliennes. Notre vol retour risquait fort d'être annulé, car Transavia, comme quasiment toutes les compagnies d'aviation avaient supprimé leurs vols vers Israël. Nos proches en France étaient morts d'inquiétude pour nous. Nous avons reçu plein de messages de sympathie venue de nos familles, et aussi d'amis, et de membres d'associations dont je fais partie, en particulier des amitiés judéo-chrétiennes.

Nos proches insistaient pour qu'on rentre de suite en France, en profitant du rapatriement gratuit que la France avait mis à notre disposition. Mais comment imaginer que mon épouse et moi, puissions nous sauver comme des lapins, en laissant nos enfants et petits enfants dans la détresse ? ? pour le meilleur comme pour le pire, nous sommes restés avec eux, en ignorant si demain de nouveaux fronts allaient s'ouvrir entraînant une guerre généralisée avec les milliers de missiles collectionnés par le Hezbollah au Liban, et les risques de subir des invasions iraniennes, voir irakiennes.

Alors, nous avons joué le rôle des grands parents aimants, et rassurants. Nous avons profité de nos petits enfants qui étaient tout le temps à la maison, les ados s'enfermaient dans leurs chambres avec leurs smartphones... mais la faim faisait parfois sortir les loups du bois, et nous pouvions avoir des discussions intimes. La plus jeune était terrorisée chaque fois qu'une alerte sonnait. Tous avaient des cours par zoom, ( Zoom est un logiciel qui permet de faire des conférences à distance, le professeur et les élèves se voient, et peuvent intervenir). Rivka, la plus jeune venait dans le salon suivre l'école, avec l'ordinateur portable de sa maman, elle écoutait en silence, puis nous faisait tous sursauter, quand elle répondait à la maîtresse, avec un nombre de décibels impressionnant pour une si petite personne.

Nous avons combattu le stress, en tentant de ne pas nous laisser intoxiquer par les «breacking news» qui nous harcelaient sur nos smartphones, et par les informations qui se diffusaient goutte à goutte sur des atrocités vécues dans les villageois autour de Gaza. Je me suis aussi transformé en professeur de peintures, j'avais ramené ma boite de peintures à l'huile miscible à l'eau, et mes trois plus jeunes petits enfants ont réalisé des chefs d'œuvres que vous pouvez voir ici. Ces cours m'ont offerts des moments d'échange inoubliables.

Toutes les nuits, à toutes heures et souvent le jour, on entendait très forts les avions passer tout près de nous, et nous ne les voyions jamais. Certains disaient qu'on ne les voyait pas, car ils volaient très haut, mais je suis sûr du contraire, Gaza n'est qu'à 60 kilomètres à vol d'oiseau, un avion qui vol en rase motte fait plein de bruit, et ne peut pas être vu, ni par nous, ni par des missiles terre-air, je pense qu'ils passaient à côté de la ville très bas. On entendait au loin le bruit étouffé d'explosions, vague écho de la bataille terrible qui se déroulait tout près de nous.

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